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LE COMPROMIS NECESSAIRE
 
 

Une série d'articles, dans le Monde, l'Humanité et le Canard enchaîné s'en prennent à l'extrême droite, ou du moins à ce qu'ils appellent ainsi en dessinant les traits caricaturaux d'une mouvance qui correspond d'autant plus aux stéréotypes qui invitent à la haïr qu'elle est dessinée dans ce seul but. Dans le même temps, une loi due en grande partie à l'un des chiraquiens les plus fidèles, Pierre Lellouche, aggrave considérablement les peines encourues dans le cas où une intention raciste serait associée à un délit ou à un crime ; cette loi instaure dans notre droit un véritable délit de conscience puisqu'un même acte sera puni tout à fait différemment s'il est commis dans une intention raciste ou non. Associée au renversement de la charge de la preuve qui avait été instauré par le gouvernement socialiste, cette loi complète un arsenal redoutable contre quiconque entendrait contester la politique immigrationniste de la république française. Dans le même temps, la répression de la presse dite " nationale " s'aggrave.

Que voyons nous ? Un parti gaulliste – ou qui du moins se réclame du gaullisme – domine avec l'appoint de ses alliées démocrates-chrétiens  la vie politique française. Il est arrivé au pouvoir par un événement politique imprévu qui s'est traduit par le soutien d'une large partie du pays. L'un des axes essentiel de sa politique se dessine comme la répression des " nationaux " des " identitaires " et de tous les gens de cette famille de pensée, alors même qu'il cherche à donner des gages concernant des aspects de son action que l'on sait liés par ailleurs à la famille nationale : sécurité, immigration.

J'ai longtemps pesté contre les nostalgiques de la guerre d'Algérie qui nous la serinaient sur tous les tons et à tout propos. C'est Martin Peltier, avec son livre J'ai choisi la bête immonde, qui m'a fait comprendre le caractère fondateur de cet épisode algérien. Les récits d'ancien combattants pleins de vent chaud et de rêves de cohabitation avec les arabes n'agacent toujours autant, et ils me semblent bien près de vouloir essayer ici en apprentis-sorciers de leurs rêves perdus un fantasme qui s'est fini là-bas dans le sang. En revanche, je comprends mieux que par le passé le caractère fondateur qu'a eu pour beaucoup l'implacable répression gaulliste de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à l'OAS ou pouvait être soupçonné d'avoir des liens ou des sympathies avec elle. Déjà l'on voyait des gaullistes arrivés au pouvoir dans des convulsions imprévues donner quelques gages verbaux vite oubliés puis engager une répression implacable, avec la complicité de leurs alliés démocrates-chrétiens et de la gauche.

La guerre d'Algérie n'est donc pas finie, en ce sens que nous nous trouvons dans une configuration semblable. On verra une ironie de l'histoire ou la continuation obstinée d'une vieille collusion dans le fait que les chiraquiens, comme leurs prédécesseurs gaullistes, se trouvent de fait en position de donner la main à l'islam contre la France. Au bout de cette guerre d'Algérie continuée il n'y aura pas de rapatriement possible, car nous n'avons plus de patrie de rechange. La seule possibilité qui nous restera si nous la perdons, encore sera-t-elle pour bien peu, ce sera l'exil. Bien pire que celui déjà si douloureux imposé aux pieds-noirs.

Encore ne sommes nous pas dans la situation de la fin de la guerre d'Algérie, où cette question traversait et orientait toute la vie politique. Les troupes, aujourd'hui, à la fois par le poids des clivages passés et à cause d'une plus grande dispersion, paraissent bien moins cohérentes.

Prenons l'exemple de nos amis indépendantistes bretons d'ADSAV : à la lecture de leur journal War Raok, je m'aperçois que je ne partage pas du tout certaines de leurs opinions. La perspective d'une France démembrée face à l'Allemagne dont on sait que sa cohérence profonde résiste historiquement aux partages ou aux régionalismes ne me paraît pas très réjouissante. Je comprends mal ce qu'une Bretagne indépendante de 5 millions d'habitants, mettons même 10 pour être optimistes, pèsera dans le monde de demain face à une Allemagne de 80 millions d'habitants, qui plus est adossée à tout son hinterland d'Europe centrale.
De la même manière, nos amis de Granika sont favorables à un vaste ensemble européen qui ne me paraît pas aujourd'hui cohérent et qui me semble expulser de son expression géographique étroite des pans entiers de la culture occidentale.
Prenons un troisième exemple, celui qui fâche et divise du sionisme radical à la manière de ce qu'il est convenu d'appeler la mouvance sos-racaille où nous comptons aussi des amis : je suis de ceux qui n'ont pour le peuple palestinien aucune affinité de quelque sorte que ce soit et qui considèrent qu'un Israël planté dans le flanc de l'islam ne peut être une mauvaise chose. Beaucoup semblent considérer au contraire que tout sionisme est sinon un danger plus grave que l'islamisation de notre pays du moins un vice rédhibitoire qui empêcherait tout contact impur avec ceux qui en sont porteurs. Les sionistes radicaux, eux, sont parfois prompts à s'enflammer contre un révisionnisme qui ne se réduit pas à ses caricatures philo-palestiniennes et qui est en fait plus dirigé contre ceux qui ont instrumentalisé cette question – souvent les mêmes qui ont poussé à l'immigration – que contre les juifs en tant que tels.
Au sein même de C&R enfin, si l'on veut bien y regarder, de telles divergences existent et tous n'ont pas les mêmes engagements ni les mêmes parcours.

Les divergences sont donc à la fois profondes et de diverses natures dans ce qui apparaît comme un vaste mécano conceptuel où chacun met en avant ce qu'il veut en fonction de ses affinités locales, idéologiques, géopolitiques, etc. Ces divergences sont encore accentuées par le poids du passé, qui survit dans des conditionnements, des interdits ou plus prosaïquement des rancunes personnelles. Un compromis, souvent clef de l'action politique, est-il possible ? Répondre non c'est se condamner collectivement. Un compromis doit être possible.

Quel pourrait-il être ? La profondeur des divergences et les passions contraires fait penser qu'il ne peut être que sur l'essentiel. Qu'est-ce qui fait aujourd'hui la cohérence, même lâche et paradoxale de cet ensemble ? Car au-delà des divergences il y a un ensemble. Nos ennemis du Monde ou de l'Humanité ne s'y trompent pas qui rassemblent tout cela sous le nom d'extrême droite ou plus précisément encore d'ultra-droite, terme qui dessine d'autant plus une réalité à droite du FN que les récentes déclarations de Marine Le Pen laissent penser que contrairement à son père elle a décidé de rejeter hors de ses préoccupations les forces décrites sous ce terme d'ultra-droite.

Disons-le sansfausse pudeur, en choquant le bon bourgeois d'AF s'il le faut : ce qui réunit ces mouvement c'est l'idée que la population française n'est pas interchangeable avec une autre : une France peuplée majoritairement d'Africains, de Maghrébins, de Pakistanais et de Chinois ne serait plus la France, ou alors à la manière d'une fiction juridique sans réalité charnelle. Cela d'autant plus que ces populations ont des manières de vivre qui n'ont pas historiquement leur place parmi les réalités qui composent la France, mais encore véhiculent des valeurs contraires à celles de la France, c'est en particulier le cas de l'islam dont le développement dans notre pays apparaît à tous comme un danger particulièrement grave.

Je laisse à d'autres le soin de développer ici les problèmes et questions que cela pose, en particulier le fait de savoir s'il est ou non possible de revenir sur la situation actuelle, avec quels outils, en posant le problème de définir qui est Français ou ne l'est pas dans une république qui elle donne ce nom de Français à n'importe quoi pondu sur son territoire ou y habitant depuis suffisamment longtemps. Ce qui m'importe, c'est de trouver dans ce critère racial – n'ayons pas peur des mots – le point de rencontre le plus général des divers mouvements de ce que nos ennemis appellent en nous désignant  l'ultra-droite.

Si compromis il doit y avoir, c'est donc sur cette base la plus commune qu'il pourrait prendre corps. Sans faire d'angélisme en croyant que des sensibilités ou des individus qui se haïssent depuis des décennies parfois pourront soudain devenir les meilleurs amis du monde, on peut espérer que le danger qui se dessine et la répression qui s'accentue permettront au moins de faire passer ces rancunes au second plan et faire apparaître que l'ennemi mérite plus les coups que le camarade de tranchée, même si le camarade a des choix différents ou ne combat pas l'ennemi pour la même raison que soi.

Il ne s'agit pas de fondre ces groupes dans une structure. Cela serait impossible et n'aurait pas de sens. Il s'agit, dans ce compromis, de les mettre suffisamment en rapport pour qu'il se reconnaissent pour ce qu'ils sont : des alliés objectifs. Les principes de la guérilla nous ont appris depuis longtemps qu'il n'y a pas besoin de centralisation pour être efficace, ni même de lien permanent entre des organisations pour qu'elles poursuivent les mêmes objectifs. En revanche, qu'elles ne s'épuisent pas en guerres stériles et intestines ou en méfiances paralysantes et sans fin est une condition de leur réussite face à l'ennemi. Bien plus : la réticularité seule permettra de gagner la partie face à l'Etat et à ses hommes vendus à l'islam et à l'immigration-invasion ; réticularité qui interdit toute structure pyramidale, mais qui impose des liens – ténus mais réels – entre les différents points nodaux du réseau.

Si je voulais résumer à toute force par une formule : il devient urgent de mettre en place un Conseil National de la Résistance, largement ouvert, qui permettrait de rendre visible et réel ce compromis nécessaire et de dégager les grandes orientations communes acceptables par tous.

 

T.G. 13 février 2003.

 

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