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LE CAS GIDE

PAR ANATOLY LIVRY
 
 

De nombreux travaux ont déjà été consacrés aux sources de l'intérêt qu'André Gide porta au marxisme, à la préparation de son voyage en URSS, à ce voyage lui-même , ou encore aux réactions que suscita, en France ou en URSS, la publication de Retour de l'URSS . Par ailleurs, il est intéressant d'étudier de manière approfondie les événements des années trente, car la brève période qui va de l'adhésion de l'écrivain à l'idéologie socialiste à son lynchage par les presses soviétique et française, reflète parfaitement l'essence de ce socialisme, déjà partiellement disparu. Cet article sera donc consacré à l'analyse des relations de l'Union Soviétique avec le "Casus Gide", et à l'examen de certains aspects du socialisme, comme système politique.

En 1871, dans son premier grand ouvrage, La Naissance de la tragédie , Friedrich Nietzsche, ne se contente pas de révéler le processus de naissance et les causes de la disparition de la tragédie. Il prouve encore, par l'étude des drames d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide qui sont parvenus jusqu'à nous, que le perfectionnement et la prospérité de la "polis" grecque, comme de toute autre société - et, il s'agissait alors de l'Allemagne  - repose sur la coexistence de principes fondateurs antagonistes : l'apollinien et le dionysiaque, le féminin et le masculin . Dans cet article, nous utiliserons les détails de l'analyse nietzschéenne pour explorer le "Casus Gide" ; l'examen de celui-ci dans la perspective de la tragédie attique est, en effet, d'autant plus intéressant que Gide lui-même fut l'un des grands exégètes de la philosophie de Nietzsche. Ainsi, dès le 26 janvier 1921, bien avant la plupart des hommes de lettres occidentaux, alors qu'il travaillait sur les œuvres de Dostoïevski, il remarque les liens qui unissent l'écrivain russe et le philologue allemand  : "...comment, pourquoi, Adler, dans son livre sur les précurseurs de Nietzsche, ne parle-t-il pas de Dostoïevski? "

En outre, dans son Retour de l'URSS, Gide fait allusion à l'héritage nietzschéen. En effet, dans ses réflexions sur le culte de la personnalité de Joseph Staline, il parle du caractère "menschliches, allzumenschliches " du système soviétique, mentionnant ainsi le titre d'un ouvrage de Nietzsche que nous étudierons ici. D'ailleurs, l'auteur de Retour de l'URSS, mit lui-même l'accent sur la réception tragique du passé, en choisissant, pour le prologue de son ouvrage, le mythe de Déméter et de Démophoôn . Comme Dionysos, Déméter apparaît comme une divinité "ambulante", dont les souffrances furent à l'origine de la tragédie .

Nous reviendrons bien sûr souvent aux récits sur Déméter, mais l'essentiel de notre article sera consacré au mythe de Phèdre, connu dans la dramaturgie européenne grâce à la tragédie de Jean Racine écrite en 1677.

André Gide rédigea Retour de l'URSS comme des souvenirs de voyage, c'est-à-dire sous une forme depuis longtemps familière au lecteur français. Il faut cependant noter que cet ouvrage est le fruit d'une réflexion mûrie et de l'analyse d'un écrivain expérimenté, ayant reçu une éducation classique et considérant Eschyle et Euripide comme ses maîtres , ce qui nous autorise à considérer ce livre comme une allusion permanente à la mythologie grecque. Celle-ci est d'ailleurs constamment présente à l'esprit de l'écrivain alors qu'il travaille à son Retour de l'URSS. En effet, nous trouvons dans son seul Journal sept mentions du Phèdre  de Racine et deux mentions du nom d'Hippolyte . Il faut d'ailleurs préciser que Retour de l'URSS, qui jusqu'à ce jour, a surtout intéressé les politologues et les historiens, renferme, outre la préface déjà évoquée, de nombreux noms d'auteurs antiques et de personnages mythiques .

Deux des tragédies antiques consacrées à l'amour malheureux de Phèdre pour son beau-fils nous parvenues dans leur intégralité : une Phèdre, de Sénèque (1er siècle ap. J.C.) et un Hippolyte, d'Euripide (428 av. J.C. ). C'est par le biais de cette dernière pièce, la plus ancienne, que nous analyserons les relations d'André Gide avec les communistes, ses compagnons de route occidentaux, le gouvernement soviétique, ou encore avec la presse française et soviétique, car les péripéties de cette tragédie, comme les événements liés au voyage de Gide en URSS, peuvent être divisé en trois principales étapes :

I.      Le refus d'Hippolyte de s'incliner devant la déesse de l'amour et les souffrances de Phèdre, provoquées par sa passion pour son beau-fils.

II.     La mise en place du plan devant permettre de réaliser les désirs de la  reine et la tentative infructueuse de séduire Hippolyte.

III.    La calomnie d'Hippolyte comme moyen employé par Phèdre pour  sauver sa réputation. La malédiction proférée contre son fils par Thésée,       trompé par sa criminelle épouse. L'apparition divine qui ouvre trop tard les yeux du juste mais crédule Thésée.

 

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