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le syndrome de Stockholm

Avec Olivier Bardin, chez Janine Taxier et Jacques Taris, Angoulême, 2001 

Dans une petite chambre aux murs sombres, au premier étage de la maison, une quarantaine de personnes, 
famille et amis, répondent successivement à la question : Quand vous êtes-vous senti enfant pour la dernière fois  ? 
Ils sont assis sur une petite chaise d’écolier orange. Les réponses sont filmées. 
 

« Ce syndrome apparaît chez les victimes de prise d’otage pendant et après leur séquestration et se construit 
à partir de trois critères : le développement d’un sentiment de confiance, voire de sympathie des otages 
vis-à-vis de leurs ravisseurs, le développement réciproque d’un sentiment positif des ravisseurs à l’égard 
de leurs otages, et l’apparition d’une hostilité des victimes envers les forces de l’ordre. Pour que ce syndrome 
puisse apparaître, l’agresseur doit être capable d’une conceptualisation idéologique suffisante pour pouvoir 
justifier son acte aux yeux de ses victimes ; de plus, il ne doit exister aucun antagonisme ethnique, aucun racisme, 
ni aucun sentiment de haine des agresseurs à l’égard des otages. Des contacts positifs peuvent s’établir
entre les ravisseurs et leurs otages qui traversent ensemble une “situation d’exception”.» 
Dr Eric Torres, Virginie Grenier-Boley.
 

Claudine : Un souvenir précis, une situation précise, j’en vois pas. 
Annabel : Peut-être maintenant ? 
—  (rires) Oui mais c’est pas forcément un bon souvenir parce que là, j’ai l’impression… enfin oui, 
   c’est assez difficile… alors oui, ça me remet dans des situations… un petit peu… où je dois répondre
    à des demandes… oui, rendre des comptes… voilà, mais bon. (silence) Je vous ennuie là, hein ? 
— Pas du tout ! 
— Je bloque… je bloque !… 
— Parfois, il faut du temps aussi, c’est pas évident, c’est une question… 
— Oui, c’est vrai que… pour moi, elle est particulièrement embarrassante !… (silence) 
  Mais c’est pas forcément un moment heureux ? 
— Oui, c’est pas toujours agréable d’être un enfant. 
— Et si j’en trouve pas, on fait comment ? 
— On attend. 
— Il faut absolument que je trouve quelque chose ? (…) Si, finalement quand je suis dans mon jardin
  en fait, ça me rapproche de… Le jardin me rappelle en fait le jardin de la maison… de mes parents. 
  Oui. Là, j’ai été bien, c’est vrai. (…) Oui. Voilà, on dira ça.