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La Mante-religieuse (suite)
Les orthoptères, regroupent des insectes très présents tout autour de nous et pourtant mal connus. On trouve donc dans cet ordre, les criquets, les sauterelles et les grillons. On dénombre actuellement plus de 20000 espèces différentes mais bien d'autres sont encore à découvrir... Il présentent les traits morphologiques suivant : appareil buccal du type broyeur, antennes filiformes, troisième paires de pattes permettant le saut (sauf chez les courtilières) et hypertrophiées, deux paires d'ailes dont la première est beaucoup plus épaisse et qui sert de protection à la seconde. Ces insectes, qui sont apparentés au blattes (blattoptères), aux mantes (mantoptères) et aux perce-oreille (dermaptères) appartiennent au super ordre des orthoptéroïdes. Leur développement est alors qualifié d'hémimétabole. Cela signifie que tout au long de la croissance, le jeune ressemble à l'adulte mais en taille réduite. Cet ordre se divise en deux groupes bien distincts et très facilement reconnaissable.Tout d'abord les ensifères qui contiennent toutes les sauterelles et les grillons. Ils sont facilement reconnaissables car leurs antennes (du moins pour les sauterelles) sont plus longues que le corps. De plus, ces insectes possèdent un organe tympanique (responsable de l'ouïe) qui se situe au niveau du genou sur le tibia des pattes postérieures.. La femme se différencie aussi aisément du mâle par son oviscapte appelé généralement "couteau". Ensuite, le sous-ordre des cælifères regroupe les criquets. La méthode pour les reconnaître est la même que pour les ensifères si ce n'est que leur antennes sont plus courtes que leur corps. Chez les criquets, il y a aussi des tympans, mais ceux-ci sont placées sur l'abdomen et sont assez difficile à voir. Midi. Le soleil se tient au zénith. Sans pitié, ses rayons brûlent la terre desséchée. Les oiseaux se cachent dans lombre des arbres, somnolant, sans faire bouger une feuille. Seul le bourdonnement des insectes remplit le silence. Mais tandis que tous les animaux et plantes semblent souffrir de la chaleur, il y a au moins un être qui se sent à laise. Lourdement, il traîne son corps oblong à travers lherbe jaunie, en route vers sa place préférée. Il sarrête devant une carotte sauvage, lenvisage, hésite quelques secondes, puis il commence lentement son ascension pour, finalement, grimper jusquau bout extrême dune feuille. Ici, il sinstalle, immobile, comme si, avec la plante, il ne faisait plus quun. Seul un oeil exercé saurait encore le distinguer. Sil faut, notre amateur de la chaleur se tient maintenant pendant des heures dans la même position, les pattes de devant jointes comme pour prier. On dirait quil aurait lair dun saint. Mais par les autres petits animaux, cette posture - qui lui a rapporté son nom pieux - nest probablement pas tellement bien vue. Puisque ce geste au premier coup doeil si innocent est lattitude typique dune mante religieuse à laffût. Aucun insecte ne devrait être mieux équipé pour la chasse que la mante. Les deux pattes de devant - qui ne servent dailleurs jamais pour marcher, tout au plus pour grimper - représentent des outils quasi idéals. Tandis que les cuisses sont suspendues à des hanches extrêmement mobiles, les tibias sont pourvus de longues griffes très pointues et légèrement courbées qui rappellent plutôt des grappins dabordage que des pattes dinsecte. Lorsque lanimal est à laffût, il retire les cuisses jusquaux hanches et replie les tibias de la manière que les grappins se tiennent directement devant le thorax, prêts à tout moment à se précipiter en avant. Tant quil ny a pas de victime à la portée des outils à chasser, la mante ne bouge pas dun millimètre. Mais dès quun insecte sapproche, elle jette les hanches en avant, déplie les cuisses et le tibia, et encore avant quil sache se qui arrive, il est déjà coincé entre les grappins. Pendant un petit moment il se débat encore, décidé de senfuir - mais même sil arrivait à se sortir des griffes, il resterait accroché aux épines aiguës qui couvrent les côtés intérieurs des cuisses et des tibias. Ce nest guère sa technique de chasse que lhomme reproche à la mante religieuse. Et encore moins le genre de proie quelle chasse - comme elle est surtout portée sur les insectes nuisibles ce qui, dailleurs, a mené les Américains à lintroduire dans leur pays pour quelle protège leurs champs. Malgré tout, il ny a que peu danimaux dont seul le nom provoque déjà pas mal de personnes à faire la moue, et sur lesquels circulent tant de préjugés et autres histoires étranges. Ce quon désapprouve est la réputation de la femelle davaler son mâle pendant la copulation. Cette idée atroce a vu le jour dans les rapports dune poignée de scientifiques qui, après lavoir étudiée en captivité, ont confondu le comportement dun insecte en cage avec ses habitudes en liberté. Dans les années 80 et 90, par contre, on est arrivé à dautres conclusions. Rendons donc encore une fois visite à notre carotte sauvage, où la mante religieuse guette toujours, sans être dérangée par la chaleur de midi. Depuis peu de temps, quelquun sest mis à lobserver, épiant le moindre mouvement quelle fait. Cest un mâle qui, excité par le printemps et lardeur du soleil, se tient derrière elle et la fixe, immobile, comme pétrifié. Seules ses antennes tremblent légèrement. La femelle ne la même pas remarqué. Elle ne pense quà ses proies. Prudemment, il sapproche un peu, elle ne soccupe toujours pas de lui, il sapproche encore, quelques centimètres de plus et il pourrait la toucher. A ce moment, elle fait bouger sa tête. Le mâle commence à trembler. Mais il ne senfuit pas. Il reste sur place, de nouveau comme pétrifié. Cinq minutes, dix minutes, parfois il laisse passer des heures. Jusquà ce quil prenne son courage à deux mains et latteigne, avec un dernier mouvement rapide. Dabord il ne touche que ses ailes, doucement, comme sil voulait lui demander dêtre gentille avec lui, puis il se décide, lui saute sur le dos et serre son thorax entre ses pattes antérieures. La phase la plus dangereuse est surmontée. Cest quau cours de son manoeuvre dapproche il a couru le risque dêtre pris pour une proie. Un seul pas maladroit, et elle laurait avalé avant quil ait eu le temps de se faire reconnaître. Mais ici, sur son dos, il se sent plus ou moins en sécurité. Comme, de toute manière, il est beaucoup plus petit quelle, sa gueule affamée ne pourrait pas latteindre, même si elle le voulait. Il est bien possible que, dans cette position, la femelle ait envie de croquer son prétendant, ce qui - au moins au début - ne lempêcharait même pas de poursuivre les ébats amoureux. Après que la copulation a été entamée, les réactions du mâle ne sont plus dirigées par le cerveau, mais par des nerfs spécialisés situés à labdomen. Sa virilité ne souffre donc pas, même si la tête lui manque. Cependant, dans la pratique, cet avantage sert peu à lamante affamée. Puisque, justement, elle nest pas capable datteindre son partenaire. On aurait bien observé quelques cas exceptionnels où une femelle aurait réussi à faire tomber le mâle pendant laccouplement et à lavaler encore avant quil ait pu se sauver. Mais il ne faut pas oublier non plus quelle a grand intérêt à faire féconder ses oeufs ce qui, dans ces circonstances, serait devenu impossible. La raison de cette soi-disant avidité de manger le mâle pourrait consister dans le besoin de protéines qui est encore plus fort à la saison de la ponte quà lordinaire. Mais comme ce comportement cannibale de la femelle a été observé surtout chez des individus en captivité, on est plutôt amené à croire que leur gardien les aurait insuffisamment ou mal nourris. Si la femelle mante religieuse a finalement envie de grignoter son partenaire, nous ne le savons pas. Mais il est vrai que - selon les expériences les plus récentes - il ny a quune seule espèce où 25 pour cent des mâles semblent être avalés pendant ou après la copulation. Chez toutes les autres espèces, la mauvaise réputation de la femelle na pas pu être confirmée en liberté. On sest par contre aperçu que ces messieurs nont souvent pas mal de succès auprès de leurs dames : beaucoup de mâles ont été observés qui se sont accouplés plusieurs fois avec la même femelle - sans se faire manger. fait par Joey le 20 novembre 2002
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Mis à jour le 25 novembre, 2002 |