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LA PUNAISE (suite) Cycle de vieAu Québec, l'insecte passe l'hiver à l'état adulte sous les litières de feuilles, aux abords des champs et des sous-bois. Il affectionne les endroits où l'herbe est longue et non-entretenue. Au printemps, la reprise de l'activité des punaises adultes hivernantes coïncide avec le débourrement des bourgeons des pommiers où elles se nourrissent jusqu'après la nouaison. Elles se reproduisent sur les herbacées y compris les légumineuses couvre-sol du verger. Au Québec, on compte de deux à trois générations tandis qu'aux USA on en compte de trois à cinq (Agriculture Canada, 1981; Davidson & Lyon, 1979; Langlais, 1991). Au sud-ouest de Montréal, l'activité de la punaise terne débute dès les premières chaleurs du printemps, fin avril-début mai, et atteint son maximum entre 10 h et 14 h, à des températures oscillant entre 10 et 16 C (50-60 F). Il semblerait que le nombre de degrés-jours cumulés (DJ5C) ne soit cependant pas un bon indicateur de l'émergence des adultes d'une année à l'autre, pas plus que des pics d'abondance des divers stades larvaires des générations ultérieures (Michaud, 1987; Polk, 1990). Ceci pourrait découler du fait que la punaise terne est un polyphage qui préfère les mauvaises herbes et les légumineuses en croissance et en floraison (Boivin et al., 1981; Brodeur, 1988; Grossman, 1988). La sécheresse favoriserait aussi le développement des populations contribuant à l'augmentation des dommages à la récolte (Langlais, 1991). MOYENS DE LUTTEPiégeage et dépistageParmi des matériaux utilisés et éprouvés pour la confection de pièges, le carton blanc englué de glu Tangletrap possède le plus grand pouvoir d'attraction sur les adultes de la punaise terne, suivi du Plexiglas transparent et des cartons englués de couleur jaune, gris et vert (Propoky et al., 1978). Toutefois, la peinture blanche ne doit pas réfléter les rayons UV en quantités appréciables. Les blancs à l'oxide de titane et de zinc recommandés pour les pièges utilisés contre les adultes de l'hoplocampe sont aussi efficaces contre la punaise terne. Pour une plus grande efficacité, des pièges blancs de 15 x 20 cm devraient être suspendus à 70 cm vers l'extérieur de l'arbre et de manière à ce qu'il y ait un espace libre de feuillage sur un rayon de 40 cm (Polk, 1990; Prokopy et al., 1982). Au Massachusetts, Coli et al. (1985) ont établi des seuils de traitement correspondant à 2,4 captures cummulatives par piège jusqu'au stade pré-bouton rose, et à 4,2 punaises ternes par piège au stade bouton rose avancé pour éviter des dommages économiques (Coli et al., 1985). Ils recommandent l'utilisation d'une densité de pièges supérieure à 1.2-2 à l'hectare selon le rapport coûts-bénéfices(1) . Pour les vergers biologiques de la région de la Pocatière, Langlais (1991) suggère l'application d'un traitement à la pyrèthre naturelle seulement lorsqu'un seuil de 2,4 captures/piège-hectare est atteint. Le piégeage des mâles de la punaise terne au moyen d'appâts constitués de femelles vierges enfermées avec de la nourriture dans des manchons d'organdi et placées à l'intérieur de cylindres de carton blanc collant (Slaymaker et Tugwell, 1984) ne semble pas avoir été adopté, possiblement en vertu des coûts de la main d'oeuvre pour la production, l'installation et entretien de tels pièges puisque le pouvoir d'attraction des femelles diminue rapidement après deux semaines. De tels pièges auraient peut-être avantage à être utilisés en bordure des vergers. On peut avoir recours au piégeage massif près des sources de prolifération de la punaise telles les prairies, brise-vent, ruisseaux, fossés, cultures avoisinantes et endroits négligés (Langlais, 1991). L'installation de pièges en bordure du verger au stade de débourrement avancé assurerait la détection hâtive de la reprise de ses activités au printemps et un meilleur contrôle. Moyens de lutte culturauxMesures sanitaires Couvre-sol l Il faut éviter les cultures de légumineuses en compagnonnage avec celles des productions fruitières (Langlais, 1991). Le trèfle rouge, le trèfle blanc ainsi que la vesce et la luzerne comptent parmi les plantes les plus attrayantes. Si on désire conserver les avantages de la fixation d'azote, on recommande l'utilisation du trèfle souterrain (Trifolium subteraneum) et du trèfle blanc hollandais qui paraîtraient moins alléchants pour la punaise terne (IPM Practioner, 1989; Propoky et al., 1978). Il est important d'éviter la tonte du couvre-sol au moment de la floraison. Les nymphes pourraient être tuées par privation de nourriture, d'abri, ainsi que par l'élévation de la température du sol et la chute d'humidité suite à la tonte, mais l'adulte qui est extrêmement mobile migrerait sur les arbres fruitiers par manque de plantes-hôtes (Khattat et Stewart, 1980).Plantes-pièges Il serait désirable d'étudier une stratégie permettant l'utilisation de légumineuses et d'adventices en fleurs ou en croissance comme plantes pièges où s'effectuerait le contrôle ou piégeage massifs (Grossman, 1988). Puisque l'arrivée des adultes de la punaise terne dans les cultures correspond généralement avec la sénescence de mauvaises herbes hôtes ou la tonte de la luzerne, s'assurer d'avoir toujours autour du verger une partie de la végétation suffisamment attirante pour la punaise terne, c'est-à-dire, en état de succulence et en floraison. Parmi les adventices les plus attirantes en début de saison on compte la barbarée vulgaire, la centaurée jacée, l'amarante à racine rouge et le trèfle rouge, site de ponte prévilégié de la première génération. La grande molène offre un microclimat avantageux par la température légèrement supérieur de son coeur. Viennent ensuite, la marguerite en fleur, la verge d'or rugueuse, et la verge d'or du Canada (Boivin et al., 1981).Environnement du verger Il est bon d'assurer la présence de plantes pouvant servir d'abri aux prédateurs telles les vinaigriers (Sumac sp.) et les érables (Acer sp.)(Arnoldi, 1987). Des abris de carton peuvent aussi être confectionnés économiquement pour favoriser l'hivernage de prédateurs dans le verger (The IPM Practitioner, 1986). Résistance des cultivars Le cultivar Melba serait plus sensible aux attaques de la punaise terne que les cultivars Fameuse, McIntosh et Cortland ayant à leur tour plus tendance à la déformation que la Red Delicious (Michaud, 1986). D'autre part, les piqûres de ponte provoqueraient plus de dommages sur les cultivars Red Delicious, Cortland et Ben Davis que sur les cultivars Duchess, Greening et Baldwin. En Indiana, la comparaison de divers porte-greffes n'a révélé aucune différence significative quant à la densité des captures de punaises ternes. Par contre, certaines variétés sélectionnées pour leur résistance à la tavelure et à la mouche de la pomme (HCR21T79 et S80ER13T2) ont eu moins de captures de punaise terne comparativement à d'autres (PWR14T42) (Goonewardene et al., 1989). La littérature ne fait toutefois pas mention de tests de préférence des ravageurs pour les porte-greffes et les variétés sélectionnées pour la résistance et utilisés dans nos régions.
Moyens de lutte physiquesUtilisé tôt en saison, un aspirateur de dimensions moyennes et à coût modéré serait peut-être efficace pour détruire les populations de punaises ternes aux abords du verger et prévenir des infestations (Grossman, 1989). Moyens de lutte biologiquesParasitoïdes Des études menées dans le sud-ouest du Québec indiquent que deux familles d'Hyménoptères, les scelionidés et mymaridés seraient des parasitoïdes efficaces des oeufs de L. lineolaris. Les quatre espèces et les niveaux de parasitisme retrouvés sont les suivants:
Quoique A. iole se soit avéré un candidat potentiel pour l'augmentation des populations en Arizona, ce sont E. miridiphagus et P. pratensiphagum qui offrent le plus grand potentiel de contrôle au sud-ouest du Québec, mais avant qu'ils ne puissent être utilisés en lutte dirigée pour augmenter la mortalité de la punaise terne, il faudra entreprendre des études plus approfondies de leur biologie (Sohati, 1989) .Prédateurs Six espèces ont démontré un potentiel intéressant pour la lutte biologique contre la punaise terne dans des vergers du sud-ouest de Montréal (Arnoldi, 1987; Arnoldi & Stewart, 1988):
Fait par :Leyla le 4 décembre 2002 |
Mis à jour le 11 décembre, 2002 |