LA CHENILLE

 

Le monarque

 

CLASSIFICATION

Phylum : Arthropodes

Classe : Insectes

Ordre : Lépidoptères

Famille : Nymphalides

Nom scientifique : Danaus plexippus plexippus Linné

Nom anglais : Monarch butterfly

ESPÈCES APPARENTÉES

Un autre papillon de la famille des Nymphalides ressemble à s'y méprendre au monarque. Il s'agit du vice-roi (aussi appelé sylvain royal ou mimique), Limenitis archippus (Cram.). On distingue ce dernier par la ligne noire qui traverse les nervures de ses ailes postérieures et par le fait que la bordure de ses ailes contient une rangée de points blancs de moins que celle du monarque. Le vice-roi est aussi plus petit que le monarque.

Danaus plexippus plexippus est la sous-espèce de Danaus plexippus qui vit en Amérique du Nord. On ne trouve aucune autre sous-espèce de ce papillon au Québec.

DESCRIPTION DE L'ADULTE

Le monarque est un papillon aux ailes orange nervurées de noir. Chaque aile porte une bordure noire marquée de rangées de points blancs. La face inférieure des ailes ressemble à la face supérieure mais sa coloration est plus pâle. Avec une envergure de 93 à 105 mm, il est l'un des plus grands papillons diurnes du Québec.

Le mâle se distingue de la femelle par deux petites taches noires situées sur ses ailes postérieures. De plus, les bandes noires qui soulignent la plupart des nervures alaires de la femelle sont plus épaisses que chez le mâle.

René Limoges, Insectarium de Montréal

 

CYCLE DE VIE

Au printemps, la femelle du monarque pond ses œufs, un à un, sur le revers des feuilles de l'asclépiade, sa plante hôte. Dans de bonnes conditions, la femelle peut pondre plusieurs centaines d'œufs blanc verdâtre ou crème, de la taille d'une tête d'épingle. Trois à douze jours après la ponte, une minuscule chenille sort de l'œuf. Elle mesure environ 2 mm de long et pèse autour de 55 mg. Elle mange d'abord une partie de sa coquille puis se nourrit de feuilles de l'asclépiade. Elle s'alimente ainsi durant deux semaines.

 

 La chenille est rayée de noir, de jaune et de blanc. Elle porte une paire de longs filaments noirs près de sa tête et une autre paire de filaments plus courts près du bout de son abdomen. Ces appendices auraient un rôle tactile et pourraient servir à confondre les prédateurs, qui ne sauraient plus distinguer les deux extrémités de l'animal. Au terme de sa croissance, la chenille a mué cinq fois et multiplié plus de 2 000 fois son poids initial. Elle cesse alors de s'alimenter, tisse un petit coussinet de soie sous une feuille et s'y suspend, la tête en bas, dans une position en J. Après être restée ainsi immobile un certain temps, elle se transforme en quelques minutes en une chrysalide de couleur verte décorée de points or et d'une ligne dorée soulignée de noir.

 

  Au bout de deux semaines, l'insecte adulte émerge de cette chrysalide. Il libère d'abord ses pattes et ses antennes, puis dégage le reste de son corps. Il demeure suspendu sous l'enveloppe de la chrysalide, attendant que la pression des fluides dans les nervures de ses ailes déploie celles-ci. Le papillon est prêt à s'envoler lorsque ses ailes sont sèches.

Cette première génération de monarques se reproduit au Québec. Les mâles meurent après l'accouplement et les femelles après la ponte. De ces œufs naîtra la deuxième génération de monarques, qui n'atteignent pas leur maturité sexuelle au Québec. À la fin de l'été, les jours plus courts et la température plus basse influencent le développement et le comportement de ces monarques adultes. Ils entreprennent alors leur longue migration vers le Mexique, où se trouvent les sites d'hibernation de la population de monarques du Québec.

Le monarque effectue en deux mois et demi un périple de quelque 4 000 km qui l'amène dans des forêts constituées principalement de conifères, situées sur de hautes montagnes, à 2 700 m d'altitude. À cet endroit, il entre dans un état léthargique et cesse de se nourrir.

L'hibernation se poursuit jusqu'en mars, au moment où les journées s'allongent et où la température s'adoucit. Les papillons recommencent alors à s'activer et à s'alimenter. Mâles et femelles complètent leur maturation sexuelle, qui avait été interrompue, et s'accouplent. La plupart des mâles meurent peu après, alors que la majorité des femelles remontent individuellement vers le nord. Tout au long du voyage, elles pondent leurs œufs sur les pousses printanières de l'asclépiade et meurent à leur tour.

Plusieurs générations de monarques, nés en chemin, se succèdent et se chevauchent avant que les papillons atteignent nos régions, en juin. Il est exceptionnel qu'une femelle revienne pondre au Québec. Les rares papillons qui accomplissent ce périple ont vécu neuf mois et parcouru un trajet d'environ 7 000 km.

 

HABITAT

Le monarque se rencontre dans plusieurs milieux, en particulier dans les lieux ouverts et fleuris, ainsi que dans les champs et les terrains abandonnés.

 

DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE

Sur le continent américain, on trouve cet insecte depuis le Canada jusqu'en Argentine. Il s'est également établi dans plusieurs îles et pays tropicaux, dont la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande, l'Inde, le Sri Lanka, les Bermudes, les Bahamas, les Antilles, les Açores et les Îles Canaries.

Plusieurs sous-espèces non migratoires de Danaus plexippus se retrouvent en Amérique centrale. La sous-espèce Danaus plexippus plexippus est la seule qui s'est établie ailleurs dans le monde.

 

ALIMENTATION

Le monarque adulte se nourrit du nectar de plusieurs fleurs, dont celles des verges d'or, des asters et des asclépiades. Pendant la saison froide, sur les sites d'hibernation, il cesse de s'alimenter.

La chenille mange exclusivement les feuilles des asclépiades, ou " petits cochons ". Au Québec, l'espèce la plus fréquente dans la nature est l'asclépiade commune, Asclepias syriaca. Souvent considérée comme une mauvaise herbe, cette plante pousse généralement en colonie dans les champs, les terrains abandonnés et sur les bordures de route. Elle synthétise des substances qui sont toxiques pour certains animaux. La chenille du monarque est capable d'ingérer les feuilles de l'asclépiade sans problème, mais elle accumule les toxines dans son organisme tout au cours de son développement. L'insecte devient ainsi un aliment non digestible au goût très désagréable.

 

RÔLES ÉCOLOGIQUES

Les papillons participent à la pollinisation de diverses plantes nectarifères en butinant leurs fleurs.

Sur les sites d'hibernation, le monarque adulte est dans un état léthargique qui le rend très vulnérable. Il est alors mangé par des oiseaux (gros-becs, geais et orioles), des souris, des araignées, des fourmis et des guêpes.

La chenille du monarque a peu de prédateurs à cause de sa toxicité. L'adulte, qui ne se nourrit plus de feuilles d'asclépiades, contient de moins en moins de toxines à mesure qu'il vieillit. Il arrive toutefois que des oiseaux s'en repaissent avant son arrivée au Mexique, même si la plupart le recrachent immédiatement ou l'évitent.

 

 

COMPORTEMENTS PARTICULIERS

Le phénomène de la migration est peu répandu chez les insectes. Qu'est-ce qui pousse donc le monarque, un papillon pesant environ un demi-gramme, à parcourir plus de 4 000 km pour aller passer l'hiver dans le sud ? Certains scientifiques pensent que cet insecte, incapable de supporter le gel, se serait adapté aux climats rigoureux en acquérant la capacité de migrer (l'espèce est originaire du sud et a gagné du terrain vers le nord avec le retrait des glaciers). Toutefois, cette théorie n'explique pas tout. En effet, aucun des papillons participant à la migration n'a parcouru le trajet auparavant, et tous ne le feront qu'une seule fois. On ignore encore quel instinct les pousse à migrer, mais on sait que leur départ vers le sud est influencé par la baisse de luminosité due au raccourcissement des journées à la fin de l'été. Pour s'orienter en cours de route, ces papillons utilisent probablement une panoplie de méthodes de navigation, dont la position du soleil, le biomagnétisme (grâce aux champs magnétiques terrestres) et la mémoire génétique.

 

Au cours de leur long voyage, les monarques volent uniquement de jour et profitent des vents au maximum. Experts en vol plané et en économie d'énergie, ils réussissent à maintenir une vitesse moyenne d'environ 32 km par heure, ce qui leur permet de parcourir de 80 à 120 km par jour. La nuit venue, les papillons se reposent dans des sites qui ont déjà servi d'arrêts migratoires à leurs ancêtres. Plusieurs de ces aires de repos sont devenues d'importants centres écologiques où les papillons sont protégés. Malgré cela, de nombreux obstacles affectent les monarques en cours de route. L'épuisement, le manque de nourriture, les vents contraires, la neige, la pluie, les grands écarts de température, l'épandage d'insecticides et bien d'autres facteurs réduisent peu à peu leur nombre.

ÉLEVAGE

La transformation de la chenille du monarque en papillon est un phénomène fascinant. Faites-en l'expérience grâce à la trousse d'élevage Monarque sans frontière de l'Insectarium de Montréal. Destinée aux groupes scolaires, cette trousse comprend le matériel nécessaire pour assister à la métamorphose des chenilles en chrysalides puis en papillons. Elle contient également les étiquettes et les instructions d'étiquetage et de relâche qui permettent aux élèves de participer activement au programme de recherche Monarch Watch (voir plus bas). Le nombre de trousses est limité et la distribution a lieu seulement à la fin de l'été. Contactez Les amis de l'Insectarium au (514) 872-7097 pour plus d'information.

 

CROYANCES POPULAIRES

Au Mexique, dans la zone des sites d'hibernation du monarque, on rapporte l'existence d'une croyance vieille de plusieurs milliers d'années. Les gens de la région identifiaient les papillons qui revenaient chaque année aux âmes des morts. On trouve des représentations stylisées du monarque sur des pyramides mayas et des tuiles de céramique anciennes.

 

Plusieurs personnes croient à tort que le monarque est l'insecte emblème du Québec. Notre emblème entomologique est en fait l'amiral. Par contre, le monarque, grand migrateur célèbre à travers toute l'Amérique du Nord et connu presque partout dans le monde, a été adopté comme emblème par l'Insectarium de Montréal. Une partie de l'exposition permanente du musée lui est consacrée et on peut l'observer chaque été dans la volière extérieure, en compagnie d'autres papillons indigènes.

QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES

Comment les monarques font-ils pour trouver leur route lors de la migration ?

Les scientifiques n'ont pas encore de réponse claire à cette question, mais certaines hypothèses ont été mises de l'avant. On pense, par exemple, que les papillons pourraient utiliser le champ magnétique terrestre pour se diriger. Une partie de leur " mémoire ", transmise génétiquement, pourrait aussi contenir des informations sur la topographie des couloirs migratoires.

Peut-on attirer les monarques dans nos jardins ?

Les chenilles se nourrissant exclusivement d'asclépiades (indigènes ou non), la présence de ces plantes hôtes est nécessaire pour que les femelles puissent pondre. On peut ensuite observer le développement des chenilles.

Les monarques adultes s'alimentent en butinant le nectar de plusieurs espèces de plantes. Un jardin ensoleillé garni d'une bonne variété de plantes nectarifères, plus particulièrement celles dont les fleurs ont une corolle profonde, constitue un attrait pour le monarque et pour plusieurs autres espèces de papillons. Parmi les plantes à privilégier, on compte le buddléia, le phlox, la monarde, les asters, les verges d'or, les asclépiades et le lantana, par exemple. Il est aussi préférable de planter des espèces végétales qui fleurissent à différents moments, pour prolonger la période d'observation.

 

FAITS INTÉRESSANTS ET CURIOSITÉS

Le célèbre navigateur Christophe Colomb a observé un vol de monarques en migration lors d'un de ses voyages en Amérique.

 

Les sites d'hibernation des monarques de l'Ouest américain sont connus depuis longtemps. Par contre, ce n'est qu'en 1975 qu'on a découvert les refuges d'hiver des monarques du centre et de l'est du continent nord-américain. Il s'agit de hautes forêts constituées principalement de conifères (en particulier de sapins oyamel), situées à 2 700 m d'altitude dans le nord de l'État du Michoacan, au Mexique. Lorsqu'il fit la découverte du site, l'entomologiste Fred A. Urquhart se retrouva parmi des millions de monarques qui couvraient toute la végétation. À certains endroits, le sol disparaissait littéralement sous un tapis orange qui pouvait atteindre jusqu'à 10 cm d'épaisseur. Les papillons cachaient les troncs et faisaient ployer les branches sous leur poids.

 

La migration saisonnière des monarques est un phénomène complexe qui suscite encore de nombreuses questions. Les scientifiques croient que si l'on arrivait à déchiffrer ce mystère, il serait possible de mieux protéger les populations de monarques. C'est pourquoi l'Insectarium de Montréal et plusieurs autres institutions participent au vaste programme de recherche panaméricain Monarch Watch, coordonné par le département d'entomologie de l'Université du Kansas, aux États-Unis. Ce programme met l'accent sur la découverte des routes migratoires, la protection des aires de repos, l'aménagement de zones protégées et l'éducation populaire.

    Page3            

Fait par Mylène le 11 novembre 2002

 

Mis à jour le 28 novembre, 2002