« Défendre le pouvoir d’achat » ? Non ! Rétablir l’index et combattre l’exploitation

A l’heure où l’inflation atteint 6 %, les organisations syndicales entament seulement une campagne pour « la défense du pouvoir d’achat ».
On serait tenté de dire « enfin! », si cette campagne ne consistait pas essentiellement en une série de discours, à quelques actions et manifestations symboliques. Pas de véritables mobilisations dans les entreprises et les services publics, pas de grève ni d'action sérieuse. Surtout, ne rien faire qui puisse gêner le gouvernement et, en particulier, le P.S.

L’inflation est une conséquence de la crise de surproduction de capital financier, centre d’un mode de production anarchique et dépassé historiquement. Pour y faire face, la bourgeoisie n’a d’autre recours que d’accroître encore et toujours l’exploitation des travailleurs : alors que les prix de toutes les marchandises augmentent, celui de la force de travail stagne. La seule mesure efficace pour défendre réellement les salaires réels (car c'est de cela qui se cache derrière le « pouvoir d’achat »), c'est l'index. Non pas l'index-croupion actuel qui ne sert qu'à préserver la paix sociale par la collaboration des syndicats. Un véritable index. Un index qui suit la hausse de prix de toutes les dépenses des travailleurs: loyers, nourriture, vêtements, chauffage, frais de santé, frais scolaires et d’autres postes nécessaires, y compris les transports et la culture. Toute autre proposition n'est qu'une diversion, comme la demande de diminuer les taxes sur le gaz, le mazout, l’essence, lancée par P.S. et adopté par un PTB définitivement devenu la « cinquième roue » de la charrette social-démocrate. L’application de cet index aux salaires, aux allocations et aux pensions, c’est tout simplement une hausse générale des salaires et des allocations sociales de 6%. Et cela même n’est qu’une mesure de défense immédiate, car le travail est toujours plus productif, et la plus-value que le Capital peut extraire de la journée de travail ne cesse de croître, même sans rogner sur le salaire réel des travailleurs.

Comme la crise est profonde, et le rapport de forces défavorable aux travailleurs, « les patrons et le gouvernement ne seront pas d’accord ! » pour maintenir l’index.

C’est certain. Trouver des milliards pour voler au secours des actionnaires de Fortis et de Dexia (en prétendant voler au secours des épargnants...) ne pose aucun problème. Mais c'est une autre chanson quand il s'agit d'assurer un niveau de vie digne à ceux qui créent la richesse réelle de ce pays (pas les spéculateurs ou les exploiteurs, mais ceux qui construisent les immeubles, qui fabriquent les biens de consommation, qui transportent et qui soignent les personnes).
Il ne s'agit pas d'avoir l'accord du gouvernement et des patrons, ni même de négocier avec eux, mais de rétablir un rapport de force entre eux et nous qui les obligent à céder. A d’autres époques de l’histoire, pas tellement éloignées, la force du prolétariat international – qui avait conquis le pouvoir politique en Union Soviétique – lui a permis de nombreuses conquêtes, en Belgique et ailleurs. L’indexation des salaires, la réduction du temps de travail, les congés payés ne sont pas le fruit de la générosité d’un capital moins en crise. Même en crise, le capital ne cède pas, et ne rompt pas sans qu’on l’y contraigne : au contraire, il lui est plus essentiel que jamais d’accroître l’exploitation.

Récemment, les compagnies aériennes, la direction de l’aéroport de Zaventem, et même les délégations syndicales étaient opposées à la grève des bagagistes. Mais les bagagistes ont obtenu satisfaction sur une partie de leurs revendications. Par peur de la contagion les médias et les organisations syndicales ont soigneusement passé cela sous silence.
Il faut rétablir le rapport de force en développant nos moyens de lutte. La revendication de l’index est la base d’une solidarité entre tous les travailleurs. Elle offre la possibilité d’étendre le mouvement aux luttes contre les licenciements, les restructurations, les cadences infernales, les attaques contre les délégués. Cette lutte ne peut être efficace que par la création de comités de lutte syndicale, de groupes d’opposition syndicale aux trahisons social-démocrates au sein des organisations réformistes.
Elle ne peut être efficace que dans la perspective de la construction d’une organisation communiste des avant-gardes révolutionnaires, qui cimentera idéologiquement le prolétariat en lui permettant de se réapproprier sa glorieuse histoire. C’est ainsi seulement, en combattant de front le capitalisme et sa crise que nous pourrons nous libérer définitivement de l’économie marchande, et mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme.

Contre le capitalisme
Contre les larbins du capitalisme
La lutte de classe, dirigée par un Parti Révolutionnaire
Jusqu'au communisme!

Bloc Marxiste-Léniniste,
6 octobre 2008


Le pouvoir des travailleurs

Un certain jour dans toute l’Espagne
Les ouvriers arrêtèrent le travail. Les trains
Restaient froids sur les rails. Sans lumière
Les maisons et les rues, les téléphones
N’étaient que ferraille inutile. Les mercantis
Ne pouvaient plus appeler les policiers. Et à la place
Les masses causaient entre elles. Pendant trois jours
Les servants des puissants appareils
En furent les maîtres. Les travailleurs, en cessant de
travailler,
Montrèrent leur puissance. Le champ fertile
Tout à coup n’était plus qu’un sol pierreux. La laine
Non traitée ne chauffait plus personne, le charbon
Dans sa mine non plus. Même les bottes des policiers
S’en allaient en morceau sans trouver de remplaçants.
Puis
La désunion brisa la force du soulèvement, mais
Même alors
Les ordres des bonzes : Finissez la grève !
Pendant des jours ne purent atteindre les travailleurs ;
Pas de vapeur dans les locomotives, des bureaux de poste
Déserts.
Ainsi même alors
Se montra le
Grand pouvoir des travailleurs.

B.Brecht


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