[L'Equipe]
L'histoire du Championnat du
Monde de Formule 1 fut ouverte à Silverstone le samedi 13 mai 1950, par une magnifique journée printanière, en présence de la famille royale britannique. Pompeusement baptisé Grand Prix d'Europe, titre honorifique destiné à changer de théatre chaque année, la course ne donna malheureusement pas lieu au duel Alfa Romeo / Ferrari attendu. En désaccord financier avec les organisateurs britanniques, Enzo Ferrari préfera
déléguer ses pilotes dans une course de Formule 2
disputée à Mons, en Belgique, le même week end.
Les lourdes Talbot et les vieillissantes Maserati 4CLT constituaient, avec quelques Era britanniques, une opposition symbolique pour la puissante écurie Alfa Romeo. Celle-ci était emmenée par Giuseppe Farina, auquel avait été adjoint un redoutable équipier, l'Argentin Juan Manuel Fangio.
Farina s'était cassé une clavicule dans un accident au Grand Prix de Marseille qu'il disputait sur une Osca. Alfa Romeo en profita pour aligner l'Argentin, à titre d'essai, dans le Grand Prix hors championnat de San Remo. Il s'agissait essentiellement de ménager la susceptibilité de Farina. S'étant imposé aux Ferrari officielles d'Ascari et de Villoresi, Fangio fut intronisé et Farina mis devant le fait accompli... C'est ainsi qu'Alfa Romeo aligna Farina, Fangio et Fagioli, équipe communément connue sous l'appelation des "trois F".
A Silverstone, Farina s'assura l'avantage, enlevant le premier Grand Prix de l'Histoire du championnat du monde de Formule 1. Fangio eut sa revanche dans l'épreuve suivante, Monaco, où rageusement lancé à sa poursuite, Farina en tête-à-queue déclencha un carambolage inouï. Sur le dangereux circuit de Bremgarten, à Berne, l'Italien reprenait le commandement du championnat, tandis que Fangio se retirait, une soupape cassée.

Premier Champion du Monde F1 de
l'Histoire
©AllF1.info
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Au Grand Prix de Belgique, à Spa-Francorchamps, la loi de
l'alternance redonnait la victoire à Fangio. Tandis que Fagioli obtenait la deuxième place pour la troisième fois de l'année, Farina, en butte avec sa pression d'huile, obtenait une quatrième place qui allait s'avérer décisive en fin de saison.A reims, Fangio et Fagioli signaient un nouveau doublé Alfa Romeo. Au Nürburgring la firme milanaise réeditait l'exploit, cette fois avec Farina et Fagioli. Le titre se joua à Monza, en faveur de Farina qui s'imposa devant la Ferrari de Serafini qu'Ascari avait opportunément relayé
après avoir cassé son moteur.
Sur le plan des victoires, Farina et Fangio se retrouvent à égalité. Trois chacun : Farina, avec les quatre points glanés au GP de Belgique (3 de la quatrième place et 1 du Meilleur Tour), prenait l'avantage sur l'ensemble de la saison, pourtant, Fangio émergeait ayant décroché trois victoires hors championnat (San Remo, Genève et Pescara) contre une seule à Farina.
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