1957 - La poursuite impitoyable de Fangio.

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A cette époque, le Grand Prix d'Allemagne est un sprint de 501 km qui a pour cadre le majestueux Nürburgring. 170 virages répartis sur 22 km. Juan Manuel Fangio est en lice pour un cinquième titre de Champion du Monde, au volant d'une Maserati 250F propulsée par un "petit" moteur de 2500 ccm3 sans compresseur avec laquelle il a déjà gagné trois fois. En débarquant sur le difficile tracé allemand, l'Argentin se doute qu'il va devoir affronter les Lancia-Ferrari des Anglais Mike Hawthorn et Peter Collins.

La Lancia Ferrari D50
Probablement sa plus belle course! ©kanerogers.com/
Pour contrer les Ferrari ennemies, Fangio espère faire la différence grâce à une subtile stratégie de course. Il décide de prendre le départ avec un demi-plein d'essence pour bénéficier d'une voiture plus légère en début de course. Il a vu juste. Après deux tours, il s'est porté en tête. Au cours des 200 km suivants, il se ménage une substancielle avance pour mieux négocier son arrêt ravitaillement, souvent incontournable à l'époque pour changer les pneus ou remettre du carburant, compte tenu de la longueur des Grands Prix. 

Comme prévu, Fangio s'arrête donc à la mi-course, alors que les Ferrari, moins gourmandes en essence et en pneus n'ont pas prévu de stopper. Décontracté, l'Argentin descend même de son habitacle et se désaltère. Mais le changement des quatre roues est plus fastidieux que prévu, la chaleur ayant légèrement déformé le métal, rendant les écrous récalcitrants. L'arrêt s'éternise. Fangio, qui s'était arrêté avec vingt-huit secondes d'avance, en compte désormais quarante-huit de retard quand il repart derrière les deux Ferrari de Hawthorn et Collins, qui sont à nouveau en tête.

Dès lors, l'Argentin engage une poursuite infernale qu'il a décrite lui-même dans ses mémoires : "Je négociais chaque virage sur le rapport supérieur, me disant à chaque fois que c'était une folie" A chaque passage devant les stands, Fangio améliore son propre record du tour. A deux tours de l'arrivée, il distingue de loin deux points rouges : ce sont les Ferrari.
Pilotant avec une audace et une précision absolument uniques, Fangio éfface le temps et le danger. Il a 46 ans et se bat comme un jeune chien devenu complètement fou. Dans les tout derniers kilomètres, Fangio rejoint Collins et ne lui laisse pas la moindre opportunité de se défendre. Projetant sur son adversaire une pluie de graviers après avoir mis une roue dans le bas-côté, il le double, avant de fondre sur Hawthorn. Dans une courbe rapide, à la limite de l'équilibre, l'Argentin s'installe en tête. Il gagne la course avec un avantage de 3.6 secondes. Un succès déterminant pour l'obtention de son cinquième titre mondial.
Mais ce que l'on retient de ce 4 aout 1957, ce sont les paroles de Fangio à sa descente de voiture. Epuisé nerveusement, il avoue : "Je pense que j'étais possédé aujourd'hui. J'ai fait des choses au volant que je n'avais jamais faites et je ne veux plus jamais conduire comme cela..." De fait, quelques mois plus tard, l'Argentin décidait de prendre sa retraite, à l'âge de 47 ans.
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Fangio étant présent au premier GP en Angleterre 1950, et a pris part à 51 Grand Prix.
Il est monté 35 fois sur le podium, dont 24 sur la plus haute marche.
Il est l'auteur de 29 Pôle Positions et de 23 Meilleurs Tours.

5 titres de Champion du Monde : 1951, 1954, 1955, 1956 et 1957



Source : Lionel Froissart pour Reader's Digest : "Formule 1 - Les Moments Inoubliables"
Photos: kanerogers.com & clicweb.fr.fm




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