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La saison débute en
Hollande à Zandvoort où l'on découvre la toute nouvelle création de Colin Chapman, la Lotus 25 monocoque qui fait l'effet d'une bombe dans le petit monde de la Formule 1. Cette monoplace semble si moderne et avancée techniquement parlant qu'elle effraie déjà ses adversaires, à commencer par BRM.
Malgré cela, Hill réalise la pole position aux
essais, mais en course, Clark effectue un départ foudroyant, laissant tout le monde sur place. La démonstration va durer onze tours, jusqu'à ce qu'un problème de boîte de vitesses le contraigne à l'abandon. Graham qui le suivait, prend alors la tête et ne va plus la quitter. Il enlève son premier Grand Prix à l'âge de 33 ans et donne ainsi le coup d'envoi d'une saison qui promet d'être animée.

Une saison 1962 pleine de suspense.
© f1datenbank.at
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Dans les rues de la Principauté, Hill va livrer une farouche bagarre à un Clark handicapé par sa boîte toujours récalcitrante. Après l'abandon de l'Ecossais, Graham semble se diriger vers un deuxième succès consécutif lorsque son moteur serre à dix tours de l'arrivée. Son équipier, le pauvre Richie Ginther, n'ira pas bien loin, étant pris dans le carambolage provoqué au départ par Willy Mairesse sur sa Ferrari. Pour le rapide circuit de Spa, on revient à un échappement traditionnel à la place des fameux tuyaux d'orgue qui avaient tendance à se détacher et surtout à perturber l'aerodynamisme de la voiture. Hill décroche la pole position, mais Jim Clark va enfin triompher de la malchance qui l'accablait en ce début de saison et remporter une magistrale victoire. Graham sauve les meubles en terminant second. Cette fois-ci il est désormais clair que tout se jouera cette année entre Lotus et BRM, et plus particulièrement entre Hill et Clark, tant les voitures et les pilotes sont d'une classe supérieure à la concurrence.
Sur le circuit de Rouen pour le Grand Prix de l'ACF, les deux
protagonistes sont de nouveau au centre des débats, Jim devant Graham. En voulant doubler la Cooper de Lewis, Hill se fait accrocher par celui-ci et part en tête-à-queue. Il peut repartir au ralenti et terminera 9e. Mais comme Clark a dû renoncer et que Ginther ramène les points de la troisième place, le week-end ne sera pas totalement perdu pour BRM. En revanche, rien ne marche vraiment quinze jours plus tard à Aintree, en Angleterre, où Graham ne peut qu'assurer une quatrième place alors que son rival l'emporte. Sur le Nürburgring, Graham doit tester une nouvelle voiture allégée. Lors des essais, il est
percuté par une caméra que la Television Allemande avait fixée sur la Porsche de Godin de Beaufort et qui s'est détachée, venant percer le carter d'huile de la nouvelle BRM qui termine dans le fossé. Le pilote britannique est indemne mais la voiture détruite. C'est donc avec sa voiture habituelle, munie d'un nouveau capot moteur qui fait office de prise d'air pour les trompettes d'admission, que Hill va remporter le lendemain une nouvelle victoire et accroître son avance sur Clark au Championnat.

Hill empoche le titre in extremis
© formula1news.it
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En Italie, les deux BRM vont s'octroyer un doublé incontestable et une bonne option pour le titre suprême puisque Clark renoncera en début de course une fois encore à cause de sa boîte de vitesses. A Watkins Glen aux Etats-Unis, Hill termine second derrière un Jim Clark intouchable.
La dernière épreuve de la saison se situe pour la
première fois en Afrique du Sud sur les bords de l'Ocean Indien à East London. Graham possède 39 points et Jim 30. Mais à cause du système de comptage des points qui ne prend en compte que les cinq meilleurs résultats, l'Anglais doit retirer ses places d'honneur alors que l'Ecossais peut faire le carton plein.
Pour résumer ce problème quelque peu complexe, une
victoire est impérative pour les deux hommes qui abordent la course dans une tension extrême. Pour BRM et Lotus, c'est aussi une grande première de se retrouver ainsi en lutte pour le sacre. Les deux pilotes sont côte à côte sur la ligne de départ et lorsque le directeur de course abaisse son drapeau, Hill fait trop patiner ses roues et est immédiatement "déposé" par Clark qui a réussi une fois de plus le départ parfait.
La Lotus accroît son avance au fil des tours et va creuser avec la BRM un écart irrattrapable. Graham s'accroche malgré tout à un maigre espoir d'abandon de Jim, lorsqu'aux 3/4 de la course, il voit celui-ci arrêté à son stand. Le moteur Climax de la Lotus a serré, à cause d'un boulon mal freiné. Graham Hill peut dès lors lever le pied et passer la ligne d'arrivée en vainqueur de Grand Prix et du Championnat du Monde. L'écurie BRM remporte quant à elle la coupe des constructeurs en réussissant la prouesse d'avoir
marqué des points à chaque fois cette saison. Pas mal pour une équipe qui jusqu'à l'année
dernière collectionnait les casses en tout genres et terminait à peine une course sur cinq. [...]
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