1972 - Fittipaldi Champion du Monde
Emerson Fittipaldi a connu une réussite vraiment exceptionnelle
: fin 1966, il a quitté son Brésil natal pour venir
tenter sa chance en Europe. Il venait tout juste de fêter son
vingtième anniversaire. En 1969, il accedait à la F3,
après une glorieuse saison de Formule Ford en Grande Bretagne.
L'année suivante, Colin Chapman lui donnait sa chance en Formule
1 au Grand Prix de Grande Bretagne (soit deux ans avant son titre!). Au
mois d'octobre de cette année-là, alors que la mort de
Rindt avait fait de lui le pilote n°1 de Lotus, il gagnait le Grand
Prix des Etats Unis.
Et après une saison 1971 passée à enrichir son
expérience, il figurait dès le début de 1972 comme
le plus sérieux rival de Jackie Stewart pour le titre de
Champion du Monde.
Comme l'année précédente, les pronostics devaient
donc être déjoués en 1972. A Jackie Stewart et
l'équipe Tyrell allaient en effet se succéder Emerson
Fittipaldi et l'équipe Lotus dont la géniale Type 72,
née en 1970, s'avéra irrésistible. Tout
commença pourtant comme en 1971 lorsque Stewart domina le Grand
Prix d'ouverture en Argentine. Mais, victorieux du premier Grand Prix
du Brésil (hors championnat), Fittipaldi récidivait
à la Course des Champions (Brands Hatch), puis à
l'International Trophy (Silverstone). A l'évidence, Colin
Chapman avait trouvé en ce brésilien de 25 ans, l'homme
capable de succéder aux Champions du Monde l'ayant
précédé chez Lotus...
Le brésilien s'imposait irrésistiblement dans le cadre du
championnat dès le GP d'Espagne. En douze Grands Prix, il
accédait huit fois au podium, dont cinq en vainqueur. Il
s'adjugeait en outre une épreuve tres convoitée en
août à Brands Hatch (le 'Rothmans 50000', doté de
50000 Livres Sterling de prix! Soit bien plus qu'un Grand Prix de F1)
Fittipaldi victorieux à Monza
©Formula1News.it
Autre victoire d'homme, celle que Jacky Ickx remporta au volant de sa
vieillissante Ferrari 312B2 sur le grand Nürburgring - encore
considéré comme le plus sélectif du championnat du
monde. L'impressionnante domination du belge sur ce tracé
où il avait déjà brillé si souvent fut
légèrement assombrie par la colère de Jackie
Stewart après l'arrivée : en bagarre avec Regazzoni pour
la deuxième place, le Champion du Monde 1969 et 1971 accusa le
Tessinois de l'avoir catapulté hors de la piste au cours du
dernier tour.
Parmi les nouveautés 1972, on mentionnera l'acquisition de
l'équipe Brabham par un homme d'affaires, ancien pilote : Bernie
Ecclestone. D'autre part, après avoir fait courir des chassis
Brabham, de Tomaso et March, Frank Williams s'était lancé
dans la construction de sa première Formule 1. Il lui donna le
nom de son sponsoring : Polytoys. Une première expérience
désastreuse qui faillit coûter cher à son pilote,
Henri Pescarolo. Malheureux en F1, celui-ci eut sa revanche en Sport,
en offrant à Matra la victoire que convoitait le plus Jean-Luc
Lagardère : les 24 Heures du Mans.
Une victoire qui décida le patron de Matra à tout miser
sur Le Mans désormais. Au détriment de la F1,
hélas...