1977 - Renault monte au créneau.
Le 14 Juillet 1977, Renault fait sa révolution technologique...
Le constructeur français tente sa chance en Formule 1 en faisant
preuve d'une certaine audace. Pour son arrivée dans le grand
bain du Championnat du Monde, à l'occasion du Grand Prix de
Grande Bretagne, Renault engage une monoplace propulsée par un
moteur suralimenté. Pour ses débuts, le petit moteur V6
Turbo de 1500 ccm3 dont est équipée la monoplace jaune et
noir semble souffrir pour extraire de la puissance de ses entrailles
surchauffées.
En cette date historique, le pilote français Jean-Pierre
Jabouille, lui, n'est pas vraiment à la fête. Outre les
difficultés de mise au point vers lesquellles il
s'élance, il sent sur ses épaules la lourde
responsabilité de ce projet ambitieux et d'envergure nationale.
Celui d'un grand constructeur (Renault était encore une
régie nationale à l'époque), associé dans
cette aventure à un grand pétrolier (Elf) mais aussi
à un manufacturier de pneumatiques (Michelin) de dimension
mondiale. Ce dernier innove lui aussi en introduisant en Formule 1 des
pneumatiques à carcasse radiale.
Ce jour de baptême de feu, la Renault RS01 obtient un
encourageant quinzième temps après avoir couvert dix
tours du rapide circuit de Silverstone. C'est le début d'une
grande aventure pour les techniciens de l'équipe, même si,
dans un premier temps, les ambitions restent modestes. Le jour de la
course, le moteur cède au bout d'une quinzaine de tours.
C'était prévu, ou presque. L'Equipe française n'a
retenu à son programme que les circuits les plus rapides, le
temps de maîtriser - un peu - l'infernal temps de réponse
du turbocompresseur.
Malgré les difficultés et l'ampleur de la tâche,
Jabouille croit en la réussitte de ce programme lancé
deux ans plus tôt à l'initiative d'Elf, qui a d'ailleurs
financé la construction du premier moteur.
Aux commandes de la "théière jaune" - ©grandprix.com
Les problèmes à résoudre sont multiples et
concernent la vitesse de rotation des éléments du Turbo,
mais aussi les fortes chaleurs engendrées par un tel
système.
Mais le véritable souci des motoristes de Viry-Chatillon vient
du réglement technique lui-même. la suralimentation est
autorisée, mais avec un rapport d'équivalence tout
à fait défavorable à cette technique. À
cette époque, les moteurs atmosphériques ont une
cylindrée de 3000 ccm3. Pour les moteurs Turbo, elle est
divisée par deux. Un handicap radical que les motoristes
français vont pourtant parvenir à surmonter à
force d'obstination et d'ingéniosité.
Premier signe prometteur : à peine plus d'un an après ses
débuts dans le concert de la F1, la Renault de Jabouille se
classe quatrième du Grand Prix des Etats Unis. Mieux encore, en
1979, Jabouille signe la Pole Position dès le 3è Grand
Prix de la saison, à Kyalami. Il remporte, quatre mois plus
tard, sa première victoire en Grand Prix,
précédant de 14 secondes le célèbre duel
qui opposa Gilles Villeneuve à René Arnoux, en lutte pour
la seconde place, sur le circuit de Dijon-Prenois.
Pour Renault, d'autres satisfactions sont à venir. À
commencer par celle de voir Ferrari, puis la majorité des grands
motoristes, l'imiter dans sa quête de la puissance en adoptant,
chacun à leur tour, le principe de la suralimentation, ouvrant
ainsi, à l'orée des années '80, la fabuleuse
ère des Turbos en F1.