Piquet au bout du suspense.

[L'Equipe] Entamé dans la confusion et les querelles, le championnat s'acheva en apothéose à Las Vegas, où le titre se jouait entre Piquet, Reutemann et Laffite. Le bras de fer opposant toujours Balestre et Ecclestone avait pour enjeu immédiat la querelle entre les constructeurs FOCA - qui prônaient l'interdiction des turbos et le maintien des "wing cars" bardées de jupes de carrosserie mobiles - et les constructeurs "légalistes" (Ferrari, Renault, etc.), qui appuyaient les choix inverses : maintien des moteurs suralimentés, mais suppression des jupes.

Un compromis politique fut trouvé et enterriné à Maranello sous l'appelation d'"Accord Concorde". Au plan technique, résultat immédiat : désormais , les jupes ne seraient plus coulissantes mais fixes et à bonne distance du sol (5 cm). Ainsi, estimait le législateur, l'effet de sol serait diminué, au bénéfice de la sécurité. Mais il existe toujours des moyens de contourner les reglements techniques : Colin Chapman tenta une élégante parade en lançant une Lotus à deux chassis, le plus léger des deux supportant la seule carrosserie articulée indépendamment de la coque. Audacieuse tentative technique qui provoqua un tollé chez certaines équipes rivales - notament Williams et Brabham : la belle unité de la FOCA était fissurée.

Piquet 81
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D'autant plus que Brabham passait un accord avec BMW pour utiliser dès qu'il serait prêt, un moteur à turbocompresseur développé par le constructeur Munichois. À se demander si cette perspective n'avait pas incité Ecclestone à tempérer sa position dans la bataille FISA-FOCA, et s'il ne fallait pas y voir une raison à l'"Accord Concorde" si difficile à échafauder auparavant !

L'ingénieur Gordon Murray trouva une parade plus grossière, mais finalement plus réussie que celle de Lotus, à l'interdiction des jupes coulissantes : un système à vérins pneumatiques permettant aux Brabham de se présenter aux contrôles de hauteur des jupes en règle, puis sitôt le contrôle passé, de redescendre de 5 cm.

Ainsi les jupes (fixes mais souples) étaient au contact avec le sol, assurant un plein fonctionnement aérodynamique de leurs pontons Venturi : l'effet de sol était totalement récupéré. Les autres constructeurs se ruèrent sur la trouvaille, mais Piquet avait eu le temps de creuser un écart qu'il sut maintenir jusqu'au bout, quoique de justesse. Reutemann, battu au championnat dans la course décisive de Las Vegas, se fit remarquer par une constance rare... qui laissa l'équipe Williams totalement indifférente. A l'opposé de l'Argentin se situa Gilles Villeneuve, rarement à l'arrivée au volant de l'inédite Ferrari turbo, mais auteur de deux exploits spectaculaires à Monaco et à Jarama, deux circuits peu propices aux moteurs turbo et où il triompha ! Car suivant le bon exemple de Renault, Ferrari était venu avec ce type de moteur. Et BMW n'était pas loin. [...]


Nelson Piquet a débuté au GP d'Allemagne 1978, et a pris part à 207 Grands Prix.
Il a signé 23 victoires, 24 pole position et 23 meilleurs tours.
Il a terminé 100 fois dans les points, dont 60 sur le podium.

3 titres de Champion du Monde : 1981, 1983 et 1987.


Texte : © Johnny Rives pour - Photos : © gptotal.com.br & clicweb.fr.fm