Williams : Revanche amère.

[L'Equipe] Le championnat 1987, largement dominé par l'équipe Williams-Honda, s'acheva de façon déroutante. Cette équipe avait obtenu une belle revanche après la défaite que lui avait imposée Prost et McLaren en 1986. Comme l'année précédente; les rugissantes F1 pilotées par Piquet et Mansell s'adjugerent neuf victoires en seize Grands Prix, mais cette fois, le championnat ne leur échappa nullement. Malgré les exploits isolés de Prost (trois victoires), Senna et Berger (deux chacun), elles accomplirent pratiquement un cavalier seul. Lequel s'acheva de façon paradoxale : leur plus brillant pilote (Mansell) fut largement devancé par Piquet au championnat, tandis qu'à l'issue de cette saison qu'elles avaient enfin dominée (deux premières places au championnat des pilotes et 61 points d'avance sur McLaren à celui des constructeurs), Honda mettait un terme à leur association pour s'allier avec McLaren !

Piquet vs Senna. ©frecksautoart.com

Le motoriste japonais, qui venait de suppléer Renault auprès de Lotus, allait remplacer Porsche qui, à son tour, avait décider d'abdiquer. BMW ayant également renoncé après avoir lentement décliné, et Ford ayant décidé d'abandonner son joli mais peu fructueux petit V6 turbo, il apparaissait que Honda allait faire le vide en F1. La seule firme à tenir bon était Ferrari qui avait engagé l'ingénieur John Barnard (ex-McLaren) pour dynamiser son bureau d'études ; ce qui se traduisit par une fin de saison triomphale, Berger ayant imposé sa Ferrari à Suzuka (fief de Honda) et en Australie.

Piquet vs Mansell. ©automobileart.co.uk

Il est vrai que ces deux courses se déroulèrent sans grande tension : victime d'une sortie de route, Mansell, seul challenger possible de Piquet au championnat, renonça. Ainsi le Brésilien coiffa sa troisième couronne mondiale avant la fin de la saison alors qu'il avait régulièrement été dominé par son coéquipier ! Mais la réussitte était avec lui. Profondément sonné en début de saison après une violente sortie de route à Imola dans la courbe de Tamburello, Piquet accumula les deuxièmes places avant de décrocher trois victoires miraculeuses à Hockenheim, à l'Hungaroring et à Monza à cause de la malchance ayant accablé tour à tour Prost, Mansell et Senna. Ce dernier avait réussi une saison moins brillante que les deux précédentes, la suspension "active" (gérée par ordinateur) de sa Lotus-Honda ayant apporté plus d'inconvénients que d'avantages. Après quoi il fut, sur les chaudes recommandations de Honda, engagé par Ron Dennis pour faire équipe avec Prost.

Ainsi les futures McLaren-Honda s'annonçaient comme des épouvantails. Pour le français, qui venait de battre le record du nombre de victoires détenu depuis 1973 par Jackie Stewart, l'arrivée de Senna dans l'équipe où il régnait depuis 1984 constituait un changement dont il mesurait encore mal la portée...