1995 - Alesi gagne le GP de Montreal
[...] Dix tours restaient à couvrir dans le Grand Prix du Canada 1995
quand Jean Alesi s'est mis à pleurer dans son casque. Il venait
d'apercevoir sur un écran géant du circuit la Benetton de
Michael Schumacher arrêtée à son stand. Jusque
là, l'Allemand avait dominé les débats et
s'acheminait vers une victoire tranquille, surtout apres l'abandon de
son principal adversaire, Damon Hill. Mais quelque chose s'est
détraqué à bord de la Benetton-Renault,
nécéssitant un changement de volant.
Alesi était déjà loin et en tête de la
course, avec son premier succès en point de mire. Le jour de son
trente et unième anniversaire, le cadeau était trop
énorme pour y croire. Les derniers tours, le pilote
français les a couverts tous les sens aux aguets de peur de
sentir, une fois de plus, la machine le trahir. Il avait connu si
souvent ce genre de désillusion dans le passé.
Montreal 1995, son unique victoire en F1. ©f1rejects.crosswinds.net
Sur la Benetton de Schumacher, taxi d'un jour. ©a-r.ru
Timidement, presque avec retenue, il a levé la
main sobrement avant de se laisser gagner par la ferveur ambiante au point de se
dresser, presqu'à la verticale, dans son cockpit, au point de
caler dans l'épingle située au pied des plus grandes
tribunes. Alors, Alesi a salué la foule, longuement,
délicieusement. Et puis il est revenu vers les stands et le
podium, à califourchon sur la Benetton de Schumacher qui, grand
seigneur, s'est arrêté pour le prendre en stop.
A cet instant, tout à sa joie et gagné par celle des
autres, Jean Alesi ne savait pas encore qu'il quitterait la Scuderia
Ferrari à la fin de la saison, après cinq ans de folle
passion, pour laisser la place à son chauffeur de luxe d'un
jour. Michael Schumacher lui devait bien cette victoire, qui resterait
la seule inscrite au palmarès du Français. [...]