À la table de des matières
 

FRANCIS PICABIA

POÈMES ET DESSINS
DE LA
FILLE NÉE SANS MÈRE

Je dédie cet ouvrage à tous les docteurs
neurologues en général
et spécialement aux docteurs:
Collins (New-York), Dupre (Paris), Brunnschweiller
(Lausanne).

F. Picabia.

Termine à Gstaad, 5 avril 1918.

PAPE RELIGIEUX

Merveilles naturelles plage de sable isolée

sous forme colossale pleine de calme utile.

Ce soir la crainte salutaire déguise la vérité

en croisant les jambes

la queue. —

Ma maladie squelette de souvenirs

se dresse à coup sûr en ennemi insupportable

où le singe fait des raisonnements subtils

mentalement.

Le trappeur désarme la philosophie intriguée

sur la grève articulée des choses.

Je crois à mon image.

C'est un système final

car vous pensez en chinois libre.

Infini du monde effrayant

vibrations voisines

vallée prodigieuse

devenir fou et ainsi de suite.

PENEUMONIE

33 33 33 33 33 33 33

élément du calcul

dans ses ténèbres.

Un spectacle d'enfant du bout des doigts

calculateur prodige d'hypothèses

de carottes et la fin correctement

sous des yeux noirs brillants 33.

Les merveilles meurent comme nous

dans la situation que nous exigeons

énigme du berceau.

CRI

Le matelas est probablement une langue

plus incrédule peut-être

le décès la glu visiteurs

Captifs dans l'antichambre

des magazines sur le sommeil

de mise en scène —

Le point sensible dévore

sans espoir —

BALANCOIRE

Nounou nouage impolitesse

Vous êtes venu boire mon épaule

C'est drôle

De prendre l'amour fixement

Enfantines gaîtés

D'une mendiante supplémentaire

Et zut après le déjeuner à la gare

Gambades des affaires —

PETIT ZÈBRE

Scottich en patois dans l'azur aveugle

Moins vrai avec un sourire

Qu'au Bois de Boulogne

Rassure-toi l'hiver du charbon

Dans l'atelier de mes amis.

Des ampleurs épanouies tout simplement

S'étaient abattues en phonographies

Sous la main des poumons

Avec une aisance de lapin huileux

Délices de Barcelone

Aux récents déboires

Tu ne tromperas pas ma carrière.

LABYRINTHE

La volonté attend sans cesse

Un désir sans trouver.

Le cran d'arrêt passionne l'absence

de gaudriole.

Une cicatrice vers la nuit

profane la réflexion.

Il n'y a que détachement

incrédule.

On me fait souffrir

parce que je sais l'indifférence

Banalités embarquées sans cesse

sur elles-mêmes :

Les horizons attirent les yeux

de nos sentiments.

RAHAT-LOUKOUMS

J'ai des misères en pentes raides et nues,

les ricochets sans jupes contemplent la mer

Pour m'embrasser voluptueusement comme un bouquet

C'est endormir mes petits larmes d'opium

La science infinie, personnage mandarin de la lune

Voilà mon vêtement en cerf-volant de miel glacé.

Je l'ai écrit sur le lit transformé de la belle saison

Que se câliner plusieurs fois les seins

Dans le musée fermé

Sous des vêtements en boule

Devient du fard sur une pendule.

La croix de l'alcool au menton bleu poétique

Me révèle une barrière de lanternes,

Redoutable volte-face

Du danseur sur la piste plate-forme

Dans l'imprévu silencieux d'une allée vide

Je suis sur la montagne des femmes fières

Sculptées jusqu'au cou.

GLOBES ÉLECTRIQUES

Un temple mollement au bord de l'eau

commenca à bouillir comme aux cimes

des montagnes pacifiques.

Les fées quenouilles prennent racine

le long de mon cerveau de pavot

et peu à peu comme des coupes mêlées

elles revêtent la liste des gens

cernés devant la route de jade

FLEUR COUPÉE

Nous habitons le même âge

dans une ville déserte

et le rideau électrique

introduisait deux fois ses batteries

dans une boîte d'allumettes bizarres

VIVRE

L'égoïsme conquérant récrée un sot

Un amant attend le bonheur

Affaires d'apparences

Moi je n'ai jamais vu

Ceux qui les portent

L'inconnu n'a pas de théories

Sur le gaspillage

Le long du fleuve naufragé

HÉLAS!

Des femmes des hommes

Les affaires

Un pays ambitieux

De souveraineté

J'aime que l'on plie les yeux

Des ennuis

Surtout dans la mer de thorax

Mais je dis des mensonges désintéressés

C'est à peu près la même chose

La vérité de l'âme

Est la grande lâcheté de l'orgueil académique

Mes yeux dans vos yeux

Je suis content

Dans ma solitude oubliée

RAVI

Métamorphoses multiplies

du rêveur fantastique

qui embrasse des peaux de poulets aplatis

et devient sans effort le génie

étroitement extasié de la pensée —

Ouvre la porte à trois filles de prostitution

en bois de violette.

LE GERME

L'homme animal

Vers le néant

Enveloppe ses sens

Les ombres de son égout

Sont l'obstacle à l'amour

Système chinois d'athéisme

Comme un regard vide

Moëlles squelettes couleur de limacon

De la pénétration mutuelle

Mécanisme aveugle et muet

Nous trouverons des ailes qui vivent selon Platon

Dans les apparences des réalités.

PRESQUE FINI

Dans la rue comme dans le cantique

Une grosse

Bonbon

Vêtue de blanc

Quand je joue un baiser déchiré

Le goût de Paris me console

Je vois dans le tulle une arabesque

Les yeux cernés tracent autour de moi le divan des toasts

La lumière rosée dans mes cheveux aplatis

Questions inutiles

Dans une famille de sucreries bercées

Je cherche ma taille.

BELLADONE

Je suis seul comme vous êtes l'aveugle

de la félicité des champs de bataille

car vous tricotez une odeur de grenouille et d'araignée

la jeunesse des mots voudrait

le secret des tombeaux entr'ouverts de bavardages stériles

des hommes héros domestiques

de l'homme sage

 

Pickpockets gladiateurs

fanés par les danseuses d'un rêve terrifiant

cauchemars dans le ring rouge naturellement

nous avons choisi les sensualités candides

des clowns flasques flagellés dans le ciel

où le fer calme l'endroit dangereux

moi je tremblotte des reflets qui scintillent

 

Un chef de sang frais enfin intelligence d'homme

dont vous êtes si fier pour sa gourmandise

continue à enseigner la toute puissance

des mensonges de nouveaux cavaliers extravagants

sur le fumier des imaginations de gloire

avec une pointe identique du misérable mécanisme

avant la syncope

 

Bancs secs palpables déchargés du fardeau

les vieux bégayaient les bonnes choses pour mourir

Jusqu'à la Noël des curés dont la piété magnifique

perd à flots la guerre de larmes

où le soldat imaginaire brait l'obscurité

trébuche l'œil en ossement de bébé

et réclame une motte de femme

 

Une cigarette bizarre rectangulaire

arrête net la sirène d'angoisse

pourvu que le Dieu camarade

une baleine sur le dos à chaque pas

tourmente la statue des formules faites

sur les nouvelles de l'obscurité belladone

griffant la bougie de quatre sous

 

Qu'y a-t-il de beau les vainqueurs

aujourd'hui l'honneur rien de plus

voilà les sentiments avec lointain pour rire

méprisable cette vie dépourvue d'habitudes

où la lampe se passe dans la nuit dégrisée

pour revenir accoucher sur le siège

nonchalamment perceptible

 

J'ai sans doute homme du public spirituel

devant la police d'un sabre africain

frappé les noces de Cana

j'aimerais mieux risquer d'éprouver

au fond des ciseaux ce que je dis là

et plus longtemps avoir ma poupée

qui fut la nécessité de m'ennuyer.

LEVRETTE

Mon pays dédaigné souffle

des étoiles

pour dégager la grande injustice

Cet anneau rappelle un amour

dont le sillage s'agite loin du rivage.

Terre de cuivre

harpe enchantée

magicien des hirondelles

ma vie préparée aux aventures

se souvient de ses pieds.

Jamais plus sans douleur

mon chevreuil

aimé

ne verra luire

des draps marqués

en désordre.

IMMENSES ETRAILLES

J'étais le dispensateur le plus extraordinaire

des sermons imperturbables —

Il me semblait que tout avait été dit

d'une facon intermittente

par les âmes d'apôtres —

Maintenant c'est la nuit

pleine de morts martyrs

de poltrons, de héros incomparables

emportés dans la boue des jarretelles

sans preuves —

Ma courbe pacifique

est l'air doux des excursions

du cocher sans numéro —

PEAU

Je veux demain assorti

A une feuille de draps brodés

Dans la valise russe

Voilà pourquoi mon vrai plaisir

Des laquais en robe de bal

D'ici deux ans semblables aux déesses

M'apportent le péché mortel

Que j'aime

A la grille du jardin caramel.

OISEAU RÉSÉDA

Un soir, ses longs cheveux en arrière

la petite danseuse bizarre se faisait une ceinture.

avec la fièvre des marais souvenir de promenade

Animée elle pressait sur ma bouche un boisson.

 

* * *

 

Gâteaux de sucre rouge renflement en chignon

où l'église vieille boîte à musique

parée avec un collier de perles de petit chien

entra dans ma chambre magnifique.

 

* * *

 

La nuit mes bras tournoient sur l'herbe

son sourire scintillait par derrière immobile

dans la pièce particulièrement silencieuse

et toujours droite elle s'endormit.

ÉPOUSE CHEVALET

Ses feuilles anormales parasite étranger

Contiennent les faits divers

dans une compagne lourde de nerfs.

Le noyer dans l'inconnu banal

c'est la seule vérité

plus loin.

TROUSSE OREILLER

Un gant noir de deuil devant une glace de jais

comme dans un vertige d'isolement

pendu à mon bras

marchait en peignoir

Les fraises des bois dédaigneuses retombent

par saccades envolées.

Pendant ce long trajet le drap trop large

onctueusement enfouit dans sa poche la reliure.

PÉTULANCE

L'âme du pape spirituelle fantaisie

fait entendre un bruit acajou.

Le pain nourriture d'opinion

fait un petit bon d'installation électrique

dans l'âme de la soustraction

à chaque heure pour les morphinomanes.

Sujet perdu les petits pains du silence

dans le tumulte d'Oxford-street

Est-ce possible le charme d'invoquer Dieu

d'un symbole nègre.

Oui, car la vie est l'irruption de la tortue

à l'œil passionné.

Coulisse génie de mouche pour rire.

La machinerie du soldat viole des cubes d'eau

avec des chaussettes cornemuses.

BOUCHES

Azur ivoire ton corps

Amour à deux mains

Dors-tu

Mon amie bien-aimée

Chaque soir sur la poitrine

De notre amour.

ZOIDE

Entre les deux elle se lève et bande la main

souriant toujours.

Elle gouverne la science d'enchaîner

les degrés de l'eau.

Elle est le seuil des amitiés particulières

en nous assignant jusqu'aux larmes

les traces des faïences sous l'horizon.

Je suis le monarque fauvette variété

pudeur de passivité spermatozoïde.

Inesthétique le matelot pâle

près du lac sens soleil.

CEINTURE DE SOIE

Le peintre ramoneur timbre la cheminée du torrent

Nous irons l'aider au printemps un brochet sur le béret

Moissonneurs de la groseille frappée par la foudre

L'aigrette d'une fraise mûre chante une jolie chanson

Ecole des girafes des carpes capucines

Les sapins couvrent le ciel

Biscuit du cygne je suis allé à Paris

Sur une côtelette noyée au soleil des économies

Je porte un jeu de dominos dans un poulet égaré

Et le chant des tuyaux de gaz

Amis joyeux ôtent la housse du canapé

Pour assister par la fenêtre au concert des abeilles.

CACODILATE

Sa parade dont l'ébullition a des bornes impitoyables

faisait cortège d'un œil cacodylate rose vif

dans ma vie de suralimentation suisse.

Les chaises longues existaient après la mort

ce qu'elles pensaient couvre l'abandon c'est net

tout cela dans un peu de cristal médecin-

 

je m'en fais gloire infiniment des bibelots d'ivoire

dussé-je souffrir aujourd'hui pendant ce long trajet

vers le peignoir rose en plis de cierges allumés-

 

Abominablement la science comme un dépôt

limite le cœur avec une invisible caresse

dans je ne sais quoi, mais en rond-

 

Les livres spirales caractérisent d'intimes délicatesses

de petit Saxe gisant épars partout où se glisse

la passagère flottante d'isolement chocolat.

 

Elle m'a laissé sa main d'hygiène arsenic

à cette place meurtrie d'acalmie froncée

comme le foyer d'un nouveau lit nuptial.

QUOI

Là-bas ensemble le terrain qui navigue

demeure mon désir.

Messagère à petite vitesse d'ardoises

ouatée de neige blanche

les bonnes choses d'hiver échappent

en étoiles comme des cloches à sonnettes.

Sonnez en momies tapageuses dans le gosier des colonnes

comme les nues obscures.

POISON OU REVOLVER

Mante religieuse des images intérieures

espèce de marotte qui gonfle la pudeur

tous nous avons un petit livre de sournoiserie

suivant le mécanisme en idole

 

Mon clavier de vieille femme infatuée

avec une tristesse infinie fait la grimace

traduisant le désir de la roue fébrile

du drame inscrit dans ma tête

 

Musiciens en silhouettes masquées

goinfres frénétiques des styles fondus

sur la plage imprimée des champignons

nous avancons dans la vie géniale

 

Comme les saccades du somnambulisme

trop tard dans ma vie d'alchimiste

car l'image de soi gravite

dans le suicide

LA BONNE

L'auto-cycliste aux cheveux cuivrés

féérie

dont la fantaisie

était sortie d'une vallée mominette

protesta le trémolo.

Lassitudes sereines j'attendais le chef de bureau

le long de la discussion

ridicule

dans une chambre de bonne

devenue un chou à la crème.

Si seulement les chaussures orgueilleuses

comprenaient les améthystes

avec des plumes de lapins vivants.

L'affaire en omnibus s'assombrirait

des explosions du civet de lièvre caméléon.

Savants futurs des places publiques

vous vous imaginez que mes yeux

du vierge nabote

font la culbute cambrioleuse.

CHAUSSON DE VISIÈRE

L'aurore de mon corps contenait tes bras noués

Loin de mon tombeau en œuf d'autruche

Je l'épouserai quelquefois en poussant des hurlements

Ne sois pas silencieuse si je meurs le premier

Paupières bleues rouillées

Dents lumineuses

Comme mon désir ramassé dans l'eau

Mes reins n'entendent plus nos hymnes

Sous les ombrages du linge fenêtre

A l'aube l'indifférence

de jet d'eau en collier

Dieu sourit.

VIDE

Deux directions contraires à toutes langues

car les fantômes créent des abstractions

et développent dans leurs formes parfaites

les merveilles auxquelles une coquille

comme on le voit forme entièrement

la parole humaine

 

Dans ses lois propres

sous l'influence actuelle de la vie

où l'épuisement intérieur du cœur

qui survient du dehors

est le mouvement continu

qui sépare le Dieu qui se cache

 

Selon la volonté des hommes

les trois rayons impliquent

que l'atmosphère immobile

de putréfaction règne sur cette terre

qui souffre de la nature spirituelle

comme on le voit.

 

Belle chanson comme l'on s'amuse sur le siège

de la sympathie rousse du piano de cuir

l'exécutant en lunette de flanelle halée

me dit allons voici la chanson de véranda

où la jeune fille aimait un petit revolver

bourré de savoir.

C'est un chanson de marin des écuries

au moment sévère sur le vieil instrument

dans la zone espérée.

TOUS LES JOURS

La nuit brille comme des feuilles de verre

J'ai compris

Les feuilles se couvrent de nuages

Nouvelle aventure

La nuit toute neuve

Qui se balance en l'air comme une béquille

Infirme

Dans la maison je suis sur une petite échelle.

PERSONNALITÉ

Ma proportion exiquë

Ne se trouve pas dans ces régions

Esclaves des habitudes nègres

Folie que la sottise montre de nos jours

Instincts d'enseigner toutes les littératures

Ils veulent pétrir un génie dans les temples

Nains de la morale multimillionnaire

La force musculaire des géants visibles

A une vie médiocre et criminelle

La clef des champs jusqu'à l'excès même

Pour se sauvegarder de ce va-et-vient économique

Emigrés du monde nos espérances aujourd'hui

Furent recrutées aux assemblées politiques

Monter à l'échafaud monter à la tribune

Ne fait que confirmer cette entrevue

Depuis des milliers de générations

Ce qui frappe chez les géants

C'est surtout la longueur des oreilles.

BONHEUR

Je veux que l'objet

Comme l'alcool païen

Cribouille l'estomac de la raison

Et que le chant du coq

Maudisse le soleil

Passe-temps du diable

Lubies quel bonheur

Je me porte bien

Au hasard.

PHARMACIEN CALIN

Une femme grimace

Snobisme torture du lit

Au bord d'une allée

Sous l'affût d'une position nouvelle

Elle vivait soumise aux bras d'un passager

Malfaiteur dans l'étreinte des caresses

Amoureux marqués des empreintes

Sans suite

Dans les nuits leurs visages

S'amusaient dans le silence

A travailler quelque ouvrage violon

Unique sujet ce cri visible

De l'étrange pudeur d'amour.

RIRE

L'autre devant mes yeux chante

un javelot dans un cadre de nymphe

au milieu de la nuit du médaillon.

 

Ce fut inutile elle ne riait ni ne faisait

que notre rocaille tomba sur le nez

dans la liberté du ratelier caprice.

 

Grande variété les eaux basses rougeole

vous vous trompez : chacun d'après un système

abandonne l'ambition.

CHANGEMENT DE VITESSE

Envie folle de prendre dans mes bras

Le doigt vers le ciel

Plus loin et plus haut

Je voulais avec toi faire un petit tour

Comme un enfant malade qui déraisonne

Je suis le collaborateur de l'usine

Qui alésait les cylindres du bonheur

Mon esprit a des rêves d'hôtels insensés

D'autres n'ont qu'une maîtresse

que je n'ai plus

Le chagrin s'efface plus vite dans la Seine

Mais une joie égoïste de taxi-auto

Dans la pente ouatée des étoiles

Aux grandes lézardes Monaco

Me fouette le visage dans cette nuit

Car de fines silhouettes goélands

Regardent un spectacle unique

Mon moteur en voyage de noce

Et mon joli ovaire

Que je goute avec moi.

MOTTES DE GAZON

L'intelligence de l'amour

comme il n'est rien.

J'essaierai sans coquetterie

l'amour de la faim

et des épluchures

infranchissables.

SUBSTANCE

Une niche chemine

Et chatouille le nez du soir essoufflé

La lampe la plus utile

Gronde les reflets malades des cages

Un petit singe à tire d'aile

La figure dans un tablier

Cherche sa maîtresse bien élevée

Avec la casserole brillante remplie de disputes

Comme c'est amusant d'aller avec rapidité

Voltiger contre les mouettes

Gouttelettes mouillées de multitudes grillons

Les oiseaux commencent ce demi-jour

Qui tricote son bas

A l'ombre des escargots

Dans un jardin acide

Fortifiant le vent du Nord

Et enlève la grelotte dans une sébille perchée.

Plaisir coco pour cacher mes bronches nues.

EN SUISSE

La cloche en bas pour mourir longtemps

C'est signé comme un loir confiture espagnole

Dans ces montagnes de paille bleue

Cette clarté change vite du blanc à l'ombre

Sommets tachés de vert

Les sapinières de beurre rient pour boire du café

Un paysan brouillard fétide serre les lèvres

Pendant que mes pieds pataugent en somnambule

La boue sévère était louche au soleil

L'odeur acheva de griller les paysages parisiens

La nature s'agenouille devant moi.

BORGNE

L'illusion des nouvelles

comme des paysages

plus beaux

ressemblent aux amants et amantes.

C'est le système nerveux

à l'imagination personnelle

des plaisirs d'éprouver

l'impossibilité.

NÉANT

Les formes de l'univers sensuel

participent de la volonté obtacle.

Les formes mystiques

sans l'intelligence

comme les mathématiques

sont dans les bras l'une de l'autre.

ODORAT

La victoire en sauvegardant la liberté dans ma poche

à cet égard j'estime par des vociférations mon chien

si le service militaire des déserteurs est accordé

 

Le scrutin de la pensée n'a cessé de croiser

au-dessus avec un chat organique d'esprit fraternel

animal terrible sous les grands molletons

 

Pourtant je m'excite dans l'eau épave

que des ennuis monotones pieds nus

les yeux dans les vieux regards amusent

 

Scepticisme strophe de bonheur illusion réalisée

quand on sait avec la peau des papillons vivre

on y enfonce comme les fleurs du miroir

 

C'est trop quelque chose de sensé dans la vie

sur mon orgueil phénomène de gazon champêtre

dressé sur l'oubli magique

 

Et maintenant s'écoule l'exercice sensuel

joies de l'amour qui fait souffrir l'inattendu

géométrie de forme oreille

ÉCHOUÉ

Devant moi la petite hauteur hasard

Galopait merveilleusement dans le lointain

Mais si changée dans la chambre

Où une douce lumière est prête à s'éteindre

Son petit visage que j'avais connu trésor m'apparut

Sur la corde fixée à des roches opposés au gouffre

Et les oreilles bourdonnantes dans l'excès volonté

Je veux clouer la porte de la chambre silencieusement

Car toujours sur mon désir qui affole le monde

Je l'ai entendue dans la chambre cachée séparément

Dans le milieu derrière le buisson invisible de la petite hauteur

Je fourrage dans le sable avec mon visage livide

Gouttes de sueur engagées sur ce sentier

Par la main du guide j'expliquerai cela

Sans appeler au secours car les buissons touchent ma poitrine

Avec une résignation de métal contenu

Attendre la mort comme pour la défense

Et enfoncer la porte opposée de la pièce

Voici le récit de ma fiancée dans la chambre bagatelle

A onze heure et demie du matin.

ANECDOTE

Voyez-vous, je suis fou de me l'imaginer

Je suis un homme aux doigts agiles

Qui veut couper les fils des vieilles peines

Faux plis de mon cerveau anxieux

Histoires en arabesques souvenirs

Je ne suis heureux qu'en pleine mer

Où l'on va plus loin

Sur les vagues anonymes.

TÉLÉGRAPHIE SANS FILS

Ma maladie écoute mon cœur

Bouton clos des joies perdues

Je veux en espiègle m'assombrir dans les bras

De ma jolie maman

Souvenir du ciel bleu

Où j'aurais pu me blottir

Il faut tâcher de tout oublier

L'agonie du monde en vertige

De héros qui tournoient

les valses hideuses de la guerre

Dans l'atmosphère énigmatique

Et masqué.

DESSERT

Rien que du bonheur et des sensations physiques

Pour discipliner la volonté sur in bloc-note

Voilà l'embrocation raide comme un pantin.

 

Ecoutez-moi qu'il s'agisse d'un assassinat

Principalement dans la sphère militaire

Il ne me reste plus rien à dire

 

Le front dans les mains je prends la résolution

A l'aide d'un casse-tête tombé des lèvres

D'embrasser une Américaine sur un transatlantique

 

Quelques gorgées de thé enfiler un pyjama

La lumière anglaise dans la mémoire

C'est une enveloppe majuscule

 

Qu'on en sente l'odeur le tour est joué

Sur la surface aux moyens pratiques automobiles

C'est un problème et bon exercice

 

Tous ces clichés là de bien charmantes gens

Avec leur cerveau sans volonté

Ont toujours l'air d'un jeu bien habillé.

 

Car j'ai appris également le nom des héros

Et de bonnes tournures photographiques

Avec le contenu des portes fenêtres.

OXYGÉNÉ

Vierge des allusions anxieuses

L'abbé s'enfuit à Tahiti

Où un pigeonnier héliotrope

M'énervait dans le pupitre des cigarettes anglaises

Dans mes bras le pile énorme

Couronnée de mouches

Souille le tramway de sa mère

Les filles s'abreuvent de cocktails au duvet écarlate

Au-dessus de sa bouche.

CAFETIÈRE DE BEURRE

Les guides à la main semant sa jolie langue

toute essoufflée avec une gaule amazone

la montagne bébé ramasse cinquante centimes

dans le jardin sangsue anémone

tombée d'une échelle carte postale.

Le frein de la salade en ceinture de cuir

une orange à la main souffle sur les vêtements

du pâtissier qui fait les vendanges à l'hôpital

du drapeau à la hampe de radis,

Nous sommes dans le grenier des merles

où l'aimable araignée porte des pépins

d'un air fatigué dans la large liqueur

des gilets en petits vers rongeurs.

Voltiger en l'air festin de chenille

c'est le risque du paradis de fer blanc

suspendu au plafond de la chaminée.

ODEUR

Toiles d'araignée lamentables du marquis de faïence

Tissus emmêlés dans un faux pas en cadence

Dans sa robe au pied du Christ rose

La surprise c'était des grand yeux

Vaguement anxieux comme une huile vénérable

Engourdis de bonheur dans un jardin unique

Emotion extraordinaire sur l'ivoire.

Peu à peu la mer respirait comme on respire

Et dans une sorte de dédoublement

Une grande paix de buis projetait vers elle

L'irrésistible sommation du panorama mortuaire

Les cheveux en désordre son âme religieuse

Souriait à mesure que ma vie originale

Se donnait toute entière

Comme un soleil de soie

Architectures magnifiques dans les vagues