Episode 2
[ Egarés ]



Nouveau Personnage: Florian Daumas (Voir : Personnages)


Il est là … Je le fixe. Pourquoi ? Pourquoi est-il venu ? Pourquoi lui ?
Evidemment, il est là pour moi. Evidemment, il sait que je ne l’ai pas oublié… Evidemment, il pense que je lui ai pardonné. Il est toujours aussi beau… Encore plus. Il a les cheveux un peu plus longs, et son visage s’est éclairé. Il a l’air heureux, épanoui… Il a changé. Il vient vers moi… Que va-t-il me dire ? Deux ans ont passés … Non, je ne l’ai pas oublié, mais je ne lui ai pas pardonné. Il est face à moi… Il ne sourit plus. Il a l’air triste, désolé…
- Natalia…
- Florian…
Nous ne disons rien. Nous n’avons pas besoin de parler pour nous comprendre, cela a toujours été ainsi. Nous avons toujours été complémentaires, depuis notre première rencontre et c’est ce qui a fait que tout de suite j’ai compris qu’il allait prendre une place importante dans ma vie. 4 ans ce n’est pas rien, surtout dans une vie aussi courte que la mienne.
Un silence s’installe durant plusieurs minutes entre nous. Puis il parle :
- Tu te demandes sûrement ce que je fais ici … Je ne sais pas moi-même. J’ai vu une petite annonce dans le journal avec l’adresse de te boutique et ton nom… et je me suis précipité ! Même maintenant, lorsque je suis face à toi, je me demande toujours pourquoi j’ai fait cela… une pulsion ? Un soudain désir ? Une envie profonde de te revoir… Mais j’avais peur… De toi… Du regard que tu poserais sur moi, car je sais que je t’ai fait du mal, énormément de mal. Mais je sais également que je ne t’ai jamais expliqué les raisons de mon soudain départ. Deux ans, c’est tellement long… Tu as tellement changé, Natalia… On dirait même que notre rupture t’a permis de t’épanouir en toute liberté.
Il s’arrête, il me regarde. Je reste silencieuse.
- Natalia… On pourrait discuter dans un endroit plus tranquille ? Il y’a un café ou un bar dans le coin ?
- Il y’a un bistrot en face.
Florian me tire par le bras.

Nous sommes assis l’un en face de l’autre. Florian rie. Je souris. Je me remémore encore le jour de son départ. Je le pressentais. Nous vivions ensemble… Mais il changeait un peu plus de jours en jours, et puis un jour, en me réveillant le matin, il n’était pas à côté de moi, il avait vidé ses armoires … La maison semblait vide et sur la table de chevée, j’avais trouvé un papier, une lettre, écrite de sa propre main :

Un seul ciel, une seule destinée
Je pense à toi où que tu sois
Que nos soucis s’envolent et que nos cœurs fusionnent
Le moment est venu de réaliser ce voeu
Et qui sait ?
L’aventure ne sera peut-être pas si périlleuse…
Sans doute a-t-elle déjà commencé ?
Nous ne vivons plus dans le même monde
Mais nous sommes sous le même ciel…
Je t’aime


Depuis ce jour, jusqu’à aujourd’hui, je ne l’avais pas revus, Il était parti. Je pensais ne plus jamais le revoir… Il m’avait laissé, sans aucune explication ! Et durant des mois, j’ai souffert, ressassant notre histoire, tous ce que nous avions vécu… recherchant ce qui aurait pu déclancher son départ… Mais je n’avais rien trouvé et aujourd’hui encore je me demande pourquoi il m’avait quitté.

- A quoi penses-tu, Natalia ?
Florian me regardait. J’étais encore partie dans une de mes rêveries habituelles et aujourd’hui elle m’avait porté quelques années auparavant.
- A rien… A toi.
Son regard se fige. Puis, doucement, son regard se pose sur ma main, allongée sur la table… Il pose sa main sur la mienne. Je sens la chaleur m’envahir… Cette chaleur qui m’était si habituelle, avant… Il semble vouloir me dire quelque chose, il a le regarde baissé et me sert de plus en plus fort la main.
- Natalia … Natalia…
Une larme coule sur sa joue. Il pleure !
- Tu m’as tant manqué… Je ne pensais pas que ça allait être aussi dure de vivre sans toi. Je pensais pouvoir t’oublier, en 2 ans… 2 ans déjà… Et tu envahis toujours mon cœur. Je sais que tu ne veux plus de moi, après ce que je te fais subir. J’ai parlé avec Marie… Il y’a quelques jours, je suis passée à la boutique, tu n’étais pas là. Elle m’a tout raconté, ce que tu avais subis après mon départ, tout ce que tu as souffert. Mais je lui ai fait promettre de ne pas te parler de ma visite. Je t’ai aimé, passionnément et aujourd’hui ce sentiment si étrange est toujours présent en moi. Ce sentiment qui m’empêche de poser mon regard sur les autres femmes. L’image d’une silhouette est toujours gravée dans mon esprit. Ta silhouette…
Il s’arrête, me regarde, attendant une réponse. Que vais-je bien pouvoir lui dire ? Il m’a tant fait souffrir, je ne sais pas si je pourrais un jour lui pardonnait !
Puis il reprend :
- Je t’aime et je t’ai toujours aimé, depuis notre première rencontre… mais quand je suis partie…
Je n’en peux plus… Je me lève et je sors en courant du café. Pourquoi me fait-il toujours autant souffrir ? Ne comprend-t-il pas que j’ai mis du temps pour pouvoir me réadapter à une vie sans lui et il revient tout gâcher !
Je cours… Je cours… Je rentre à l’intérieure de "Fleur Bleue", je prends mon sac, je m’excuse auprès de Marie. Je quitte la boutique en direction de mon appartement. Je suis en larmes. Au bout d’une demi heure, j’arrive à l’appartement. Je cours vers ma chambre, je me jette sur le lit et je m’assoupis.

"Ne me laisse pas". Un crie retentit de nulle part… Je marche, je suis seule. D’où émanait ce crie ? Un vent froid me fit frissonner, où suis-je ? J’ai peur… Il fait nuit. C’est le vide autour de moi, je ne vois rien, absolument rien, ni personne. Puis, soudain, le décors change et je me retrouve dans une plage de sable dorée, des palmiers et des cocotiers m’entourent et je vois face à moi une mer d’une couleur transparente. Le soleil brille en haut du ciel produisant une chaleur étouffante. Je me regarde, je suis habillée d’un haut de maillot couleur miel et un fin foulard entoure ma taille. Qu’est-ce que je fais ici ? Tout est désert et silencieux, seul le bruit de l’eau s’échouant sur la côte arrive à mes oreilles. Soudain, une femme apparaît, elle court au bord de l’eau, se dirigeant vers moi. Je l’a reconnaît, c’est elle, la maîtresse de mes rêves, celle qui m’apparaît chaque nuit… Elle porte une robe de soie blanche, elle a les pieds nus et ses cheveux châtain virevoltent au gré du vent. Elle est belle, si belle… Et sourit d’une bien étrange façon, comme si cela lui demandait énormément d’efforts. Elle vient vers moi, me tire par le bras jusqu’au bord de l’eau. Elle s’assied sur le sable et me regarde. Je l’a suis, je m’assied tout près d’elle. Nos pieds sont pratiquement dans l’eau… Elle sourit toujours, de la même façon. Puis, elle se met à rire, regardant le ciel. Je suis son regard et mes yeux se posent sur une mouette traversant le ciel à toute allure… La jeune femme lève le bras vers le ciel, fixant le soleil brûlant. Que fait-elle ? Elle ne sourit plus, un voile noir traverse ses yeux. Elle a peur, on le lit sur son visage. Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-elle peur ? De qui ? De quoi ? Que veut-elle me dire ?
Elle baisse les yeux, fixant le sable. Puis, elle tourne son visage vers moi, et ses lèvres commencent à bouger. Elle essaye de me parler mais aucun son ne sort de sa bouche. Comprenant que je ne comprenais pas, elle recommence à fixer le sable et de son doigt y écrit quelque chose : "Ne regarde pas le soleil".
- Pourquoi ? Dis-je.
"Ne regarde pas le soleil".
- Mais pourquoi ? Dis-je, encore une fois.
"Ne regarde pas le soleil".
Ne comprend-elle pas ce que je veux lui dire ? Pourquoi ne devrais-je pas fixer le soleil ? Qu’il y a t’il là haut ? Soudainement, la jeune femme disparaît et laisse place à une petite fille aux cheveux châtains. Elle porte une petite robe de soie blanche. Elle me regarde d’un air angélique. Elle a de fine petite tache de rousseur sur les joues. Elle ressemble énormément à la jeune femme, la même douceur se lit dans ses yeux. Mon regard se pose soudainement sur le soleil. Elle me tire par le bras.
- Je t’ai dit de ne pas regarde le ciel ! Me crie-t-elle.
Je n’avais pas tort, c’est bien la jeune femme, rajeunie.
- Mais pourquoi donc ? Répondis-je.
- Ils vont arrivés et traversés le soleil. Tu ne dois pas les voir. Si tu les fixes, ils sentiront ta présence, notre présence. Ils ne doivent pas.
- Qui sont-ils ?
- Des hommes égarés, ne retrouvant plus leur chemin. Ils se sont endormis et se sont perdus dans les méandres du monde des rêves, ne pouvant plus le quitter. Depuis, ils cherchent sans fin leur chemin et sont assoiffés de vie. Si tu les regardes, ils t’emporteront avec eux et tu ne quitteras plus cet endroit, acquérant l’immortalité, tu voyageras sans fin à travers le ciel, tu auras le corps brûlé par le soleil, par tous les soleils que tu toucheras durant ton voyage. Tu ne boiras plus, tu ne mangeras plus, tu ne ressentiras ni la douleur, ni la souffrance, ni la soif, tu seras comme mort. Mais tu ne seras plus toi même, aveuglé par ton objectif : retrouver ton chemin vers le monde réel. Jamais aucun de ses hommes égarés n’est ressorti de ce monde…
- Mais qui contrôle de cela ? Qui gouverne ce monde ?
- On ne l’a jamais vu… On ne le connaît pas. Il est celui dont on ne doit pas connaître le nom, ni l’existence. On doit l’oublier, comme si ce monde, nos actions, nos vies ici n’étaient contrôlées que par nous même.


Je me réveille. Quel rêve étrange, différent des autres… Je me suis sentie si proche de cette jeune femme, puis de cette jeune fille, qui était en fait la même personne. Je ne dois surtout pas me laisser aller… Ses rêves ne doivent pas me gâcher la vie… Je me relève, je prends un vers d’eau… Je bois et je me rendors.

8H00. Encore en retard, je me lève lacement… Soudainement, je pense à Samuel. Il devait passer me voir hier, il a sûrement dû venir mais je n’étais pas là… Je me sens honteuse, Marie a sûrement dû lui expliquer.

J’arrive à la boutique, je rentre… Et je reste figé, un brun aux cheveux mi-longs et un grand blond sont debout face à face. Que font-ils là ?

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Fin de l'épisode 2
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