LE
CHATEAU
Une chambre mal éclairée
Remplie de perce-oreilles
Évoque un lieu abandonné
Par la mort d`une petite fille
Qui a anéanti à jamais les joies de l`attente.
Doucement, on ferme la porte
On rejoint l`allée à peine meublée
Le vide a transcendé l`attente.
Le courage dans les deux mains,
On tourne une autre poignée.
Au fond d`une pièce dénudée
Un cercueil tient lieu de lit
La mort a encore frappé
Elle a saboté le cycle de la vie
Elle a fait jaillir un spectre de folie.
Le corridor devient un salut
Son dénuement procure l`indispensable oubli
Sorte de pansement sur une plaie grande comme le
monde.
Prêts à vivre ou à sombrer
Les parents déchirés continuent leur avancée.
A côté d`un lit de bébé
Un petit garçon souriant
Rappelle le triomphe de la vie.
Comme on a eu raison de tout risquer
La vie contient le désespoir.
Dehors, le couloir hanté est encombré
Mort, souffrance et désarroi se sont échappés
Ils ramènent les fantômes du passé.
La famille est emportée, divisée
La mère s`en va avec son enfant.
Dans la cour aux arbres solitaires
Le père resté seul subit l`humiliation des fantômes
Jour après jour, il revoit le cadavre de ses filles
Il pense à son fils, bien vivant, mais absent
Le coeur vide, il observe de loin son château.
Mon château.