Comme tel

L'adverbe et conjonction “ comme ” est souvent employé pour introduire une comparaison. Bien que les effets associatifs à saveur poétique soient à l'occasion causés par le rapprochement introduit par “ comme ”, ce terme peut vite devenir plus nuisible que poétique.

Il n'est pas simple de se passer de “ comme ”, ni même de juger s'il est à ce point nécessaire qu'aucune tournure ne saurait mieux dire.

Comme pour toute chose en poésie, plus la comparaison est recherchée, plus elle est poétique. Jumeler une chevelure à une chute ou un torrent n'est donc pas poétique au sens propre, puisque la comparaison est connue et attendue.

En contrepartie, jumeler une tignasse à des câbles d'acier créé une image qui évoque la force, la rubustesse et le désordre, et convient par exemple à dépeindre en prose, de façon subtile, le caractère x d'un personnage y :

« Sa tignasse grisonnante tombait en anarchie tel un amarrage filandreux de câbles d'acier. »
(Yann Ropers)

Sans prétention ni fausse modestie, il suffit parfois d'une poignée de mots pour constituer l'essence d'un personnage x, et en cela l'usage de “ comme ” ou de “ tel ” se voit justifié.

La question à se poser pour juger de la force de l'image introduite par la comparaison, est à savoir si cette image est commune. Habituellement, les premières idées sont à rejeter, en ce qu'elles risquent de refléter les lieux communs assimilés. Il faut, on le comprendra, chercher loin l'image pour qu'elle soit innovatrice.

Il n'est à cette fin cependant pas toujours nécessaire de chercher le terme rarissime. Parfois la simplicité suffit. Exemples :

[…] Cet amour mort comme un pays […]
[…] Sur une surface qui vous porte comme un empereur […]
[…] Mais le cœur des vivants est dur comme un bon arbre […]
[…] L'esprit tel un coursier qui s'abat vers le soir […]
Saint-Denys Garneau, Poèmes, Montréal, Fides, coll. « Nénuphar », 1972.

(2007)