La page blanche

L'astuce pour combattre le “ syndrôme de la page blanche ” consiste à délaisser d'abord toute volonté d'écriture, et de s'adonner au grappillage (2 P et 2 L) d'un livre, quel qu'il soit, à commencer par une page au hasard aux environs du milieu. Je recommande à cette fin quelque recueil de poèmes – le plus littéraire le mieux – et idéalement dans la langue qui nous est maternelle, à tout le moins la langue dans laquelle on écrit.

Au bout d'un certain nombre de pages l'esprit devrait être nourri par de nouvelles idées et de nouveaux mots. Aussitôt qu'on sent l'inspiration, on se remet derechef à l'écriture pour attester du moment de saisissement de la matière qui fermente. Advenant que rien qui vaille ne se ponde, il faut en revenir au grappillage (toujours avec 2 P et 2 L). Cela peut durer des jours, mais tôt ou tard tout nous revient, et le goût d'écrire se voit restauré.

(2007)