Sagesse (et malaise) du “ tel quel ”

Le croquis, l'esquisse, ce qui devrait présenter un stade, un état entre le blanc et le noirci, cela constitue pour moi quelque chose de complet, d'achevé, dans lequel il y a de l'espace, du mouvement. On peut à loisir imaginer la suite, s'inventer un… complet veston cravate. Ça n'est pas tant là un signe de paresse, mais plutôt une forme de… sagesse, disons, dans l'acceptation du tel quel malgré les imperfections, le “ non terminé ”.

Voilà où débute l'apprentissage d'une démarche, celle de l'esthétique de l'inachevé. Et même si l'on a beaucoup écrit sur cette forme, tout reste à dire : croquis, ébauches, esquisses présentés en tant qu'objets complets, terminés, oui, tout reste à dire sur cette… esthétique littéraire. Sinon, pourquoi y aurait-il tant de malaise(s) à justifier une démarche qui irait de soi, en trant que travail de la forme, plutôt qu'une simple manifestation de paresse, à supposer qu'au départ il y ait eu quelque volonté paresseuse ?  Le clivage m'apparaît bien mince, bien difficile à définir. Cette proposition (d'esthétique et de… défense d'une esthétique) ne va pas sans susciter quelque embarras.

(2003)