À quoi servent les études littéraires ?

A-t-on besoin d'avoir étudié en littérature pour (savoir) écrire ?  La réponse : non, pas plus qu'on a besoin d'avoir étudié en art culinaire pour pouvoir se préparer de bons petits plats l'après-midi, à la limite d'avoir étudié en mécanique automobile pour pouvoir conduire une voiture, savoir comment s'en servir.

Alors à quoi sert d'étudier en littérature ?

Disons que ces études permettent d'accéder à un certain niveau de compréhension du texte littéraire, et en ce sens nous pouvons devenir de meilleurs écrivants dans la mesure où nous comprenons ce qui se passe quand nous écrivons, mais encore…

J'ai remarqué que beaucoup de gens — qui n'ont pas étudié en littérature — écrivent quand même et souvent très bien. Ils lisent aussi et sont en mesure de dire / savoir, de façon instinctive peut-être, lorsqu'un texte fonctionne bien ou non. La différence réside en fait dans la capacité d'expliquer, de mettre un parce que ou un peut-être que à la réponse pourquoi ?  Et encore, je suis souvent surpris par la justesse intuitive de ces peut-être que, ce qui nous ramène à la question initiale : pourquoi étudier en littérature ?

Considérez la mécanique automobile. Quand la voiture ne va pas, nous le savons bien vite, elle nous le fait savoir. Mais qu'est-ce qui ne va pas ?  Nous allons consulter. Le mécanicien, en général, dispose des connaissances relatives au (mal) fonctionnement du véhicule. Il peut diagnostiquer et, dans la plupart des cas, réparer. De même, en littérature (études littéraires), nous apprenons la “ mécanique ”, textuelle cette fois : ce qui se passe sous le capot. On peut dire aussi, hélas, que ça s'arrête là. Rien ne garantit qu'un jour ces connaissances seront mises en pratique (à profit), si ça n'est dans la lecture, en raison de l'habitude. Mais pour l'écriture…

À quoi ça sert, au juste ?

À rien. Et puis… non : on le fait parce qu'on aime, on s'y consacre à l'occasion, parce que l'écriture répond à une nécessité. Et puis… ce que j'ai appris en dix ans, il m'en aurait fallu davantage si j'avais été laissé à moi-même. Les études littéraires ne m'ont pas donné que des outils. Elles m'ont donné des ailes.

(2003)