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Approche de la vérité

ombien de fois avez-vous pensé en entendant quelqu'un parler : « Ça sonne faux… »  Voilà que votre intuition (ou votre instinct, votre bon sens) s'en mêle. Qu'est-ce qui est vrai ?  Qu'est-ce qui semble faux ?  Pourquoi ment-on ?

• Pour dissimuler quelque chose ;
• Pour manipuler quelqu'un ;
• & cætera.

Je n'écris pas pour mentir — pourquoi écrirais-je si mon seul dessein consistait à manipuler, à tromper, à dissimuler tout surtout… dans un texte hermétique ? dire ce que je ne ressens pas, ce que je ne pense pas ? écrire pour impressionner. Cette phrase de Philippe Haeck que je cite souvent :

[Écrire] non pour séduire l'autre mais pour cesser de mentir, de parler sans sentir ce que je dis. Je ne donne pas un spectacle, ne veux pas éblouir, j'offre ma clarté faite de certitudes et de tremblements […] (Préparatifs d'écriture — Papiers d'écolier 2, Montréal, V.L.B., coll. « Essais critiques », nº 2 (402), 1991, p. 174.)

Je paraphrase cette idée, je la reprends, la reformule. Je la cite pour montrer qu'elle n'est pas de moi — à l'origine —, mais que je n'en pense pas moins. Clarté (illumination) de certitudes et de tremblements. J'ajouterais à cela que l'écriture d'un doute, d'une incertitude, d'un pourquoi… constitue un acte de vérité : admettre que l'on ne sait pas, offrir ses questionnements, ses impressions brutes.

Socrate disait, à propos, quelque chose en ce sens, bien que je ne dispose pas de la citation exacte : que la seule certitude que l'on peut avoir, c'est de n'être certain de rien. Voilà un exemple d'offrande d'une vérité, même dans le doute. L'écrivant, lui aussi, n'est certain de rien. Tout ce qu'il peut offrir : des incertitudes, des questionnements, des tentatives de compréhension, des rapprochements de la vérité (la ou les siennes) à travers l'expression verbale poétique.

La vérité pour moi consiste en un regard singulier sur l'univers intérieur, de concert avec le don, l'offrande, le partage de ce regard, cette vision, cette illumination. Contraire à l'avarice, en un sens. Pourquoi mentir si la (recherche de) vérité constitueà mon sens l'une des quêtes de toute démarche artistique ?

De toute manière, en écriture, le texte manipulé prend toujours sa revanche : traître, il dénonce les tentatives de mensonge par cet effet de “ faux semblant ”. L'écrivant n'y gagne rien, sinon le retour (en retour) de l'écho de la voix “ agonique ” (cf. Gaston Miron) du fœtus texte mort-né… fauché par la faux.

Nota :  “ faux ” vient du latin fallere, qui signifie “ tromper ”. Comment ne pas y voir quelque grivoiserie en interchangeant deux voyelles, et associer fallere à fellare pour s'amuser un peu ?  Je vous laisse le loisir de saisir l'allusion.

(2003)

 

 

©  Yann Ropers, 2003-2008

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