J'estime important, d'abord, d'établir la différence entre le poème et la poésie, au risque d'en réduire le sens et de me faire des ennemis. Lorsque j'entends “ poème ” (et que j'en parle, s'il m'arrive d'en parler), j'entends d'abord… le texte. Le texte poétique. Rien que le texte.

La “ poésie ”, elle, transcende le texte, immane du texte, l'habite, le fait vivre. Mais la poésie n'est pas qu'une affaire de littérature. Elle englobe toutes les formes d'art qui lui donnent… forme. Elle constitue une façon d'être, de penser.

Je mentionne aussi cette approche de René Char : « Le poème est ascension furieuse ; la poésie, le jeu des berges arides. » (René Char, « Feuillets d'Hypnos », nº 56, in : Fureur et mystère, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1962, p. 101.)

À présent cette distinction établie, nous pouvons continuer.