Accueil | Arrière
À propos du site

 

Rythme et sons

Au terme d'une séance d'entraînement, les muscles endoloris, j'en étais à cette réflexion : il y a, par moments, peut-être trop souvent, des aspects que je néglige dans la rédaction de mes textes, en l'occurrence les aspects sonore et rythmique.

À ce propos, il y a beaucoup à apprendre des règles de versification classique(s), où les syllabes, par exemple, sont comptées. Considérez l'alexandrin : douze syllabes divisées en deux hémistiches de six syllabes, avec césure (on appelle aussi cette césure… hémistiche, pour des raisons que je m'explique mal compte tenu de l'étymologie, hemistichium (lat.) qui, en fait, vient du radical grec stikhos, c'est-à-dire… rangée, ligne d'écriture, mais… bon… passons…)  Baudelaire parmi d'autres excelle dans cette pratique. Pour ma part, bien que je ne sois pas adepte de la versification classique, laquelle m'apparaît… “ passé date ”, il demeure qu'en terme de rythme, comme je l'ai souligné plus haut, il y a beaucoup à apprendre.

Mais qu'est-ce que le rythme (ou l'arythmie) ?  Disons… une succession de battements, de temps forts et de temps faibles. Ça se joue notamment (vous devinez bien) au niveau des syllabes, des phonèmes — par exemple (exemples simples) [d] contre [t], [f] contre [v], [b] contre [p], [k] contre [g], [s] contre [z], [a] [u] [a] [u] [i] [e] [i] [e]…

Pour percevoir le rythme, il convient de réciter un texte à voix haute. Ça n'est pas une obligation, mais l'oreille tend à percevoir — par moments — des choses que la tête n'entend pas, que l'œil ne voit pas. Pour ma part, je me rappelle la première fois où j'ai été sensible à cela. Cela se passait dans un cours de poésie québécoise, à l'Université de Montréal, donné par Pierre Nepveu. Quelqu'un a lu « Sémaphore » de Gilles Hénault (Signaux pour les voyants). Or, j'ai constaté (et quelqu'un l'a fait remarquer d'ailleurs) à quel point les aspects sonore et rythmique étaient… manifestes, évidents, flagrants. Un accident ?  Venant de Gilles Hénault, j'ai peine à croire qu'il n'y ait pas eu quelque travail. Ça s'entend.

Elle est partie en laissant ses mégots. Eh ! pourquoi pas, le feu est sans histoire
Et l'art de bien fumer pare les continents. Qu'en dites-vous, lutins des magiques journées ?
Ces temps sont révolus parce que l'âme clame en toi
la floraison des voyages délétères.
Gilles Hénault, « Chansons des mégots », in : Totems, in : Signaux, Montréal, L'Hexagone, 1972.

Et voilà que ces dimensions ajoutent au sens du texte, participe au sens. Je ne veux pas ici aborder les questions de sémantique (je le ferai ailleurs). Juste rappeler d'une part qu'il ne faut pas croire à la gratuité, d'autre part que les sons et le rythme sont liés à la voix et à la parole. Mais ça aussi, vous deviez bien vous en douter.

(2003)

 

 

©  Yann Ropers, 2003-2008

Le contenu de ce site est protégé en vertu des lois relatives aux droits d'auteurs. Toute reproduction est assujettie à certaines conditions, à savoir que le contenu doit demeurer inchangé, qu'il ne doit pas être plagié, et qu'en aucun cas il puisse servir à des fins lucratives. Si vous désirez citer une partie du contenu de ce site, il vous faut en fournir la référence complète, y compris l'adresse URL.

 

Votez pour moi sur le site Top Kenako