Vivre l'écriture en totalité

Un jour, une collègue de travail me parlait d'un cours de littérature qu'elle avait eu, qu'elle avait réussi, mais dont elle doutait de l'utilité — elle étudiait dans une autre discipline. Cela m'a piqué, sur le coup. Puis, je me suis questionné sur l'utilité de l'écriture, de la littérature, ou plutôt : en quoi est-ce utile ?

Je ne sais pas.

Je ne pense pas que l'écriture, dans sa dimension littéraire, soit utile, sans quoi on parlerait d'écriture utilitaire, faisant abstraction de sa dimension artistique. Pour moi, l'écriture devient créatrice dans la mesure où elle constitue un choix… auquel personne n'est contraint. Lorsque quelqu'un fait ce choix, on peut dire qu'il est écrivant.

En un sens, l'écriture est aussi une forme de religion : on y adhère ou on y adhère pas ; on la vit ou on ne la vit pas. La vivre à moitié revient à (y) croire à moitié. Or, pour moi, cela se vit en totalité ou pas du tout.

(2003)