Luc Dufour garde des souvenirs heureux de son passage dans la LNH
Rémi Gilles Tremblay
Le Quotidien
Luc Dufour est tombé sur les fesses «pas mal souvent» avant de trouver l’équilibre sur ses lames. C’est d’ailleurs un peu grâce à Justin Rochefort, aux tout débuts de l’école de patinage des Comètes, qu’il réussit enfin l’impossible. Mais après avoir gravi tous les échelons menant à la Ligue nationale de hockey, le Chicoutimien conserve d’excellents souvenirs et la certitude que la leçon de vie a été bénéfique...
CHICOUTIMI (RGT) - Luc Dufour est né à Chicoutimi le 13 février 1963. À une époque où la plupart des p’tits Québécois égrènent les saisons au rythme des bâtons de hockey et de baseball.
Dufour n’échappe pas à la règle, ce qui l’amène à chausser des patins pour la première fois à l’âge de sept ans.
«J’ai commencé sur la patinoire d’un de mes chums de la rue des Champs-Élisées, raconte Dufour. J’ai ensuite joué au niveau local, sous la direction d’Honoré Martel, mais à l’époque, il n’y avait pas de régional avant le pee wee.»
À ce niveau, Daniel Mercier prend en mains la «carrière» du jeune Dufour.
«C’est lui qui m’a coaché pendant deux ans pee wee et l’année suivante, au bantam. Au début, je n’ai pas joué souvent. J’étais une recrue et l’équipe était bonne. Nous avions perdu seulement un tournoi, en plus de gagner le championnat provincial à Val-D’Or. Le genre de saison dont on se rappelle», souligne Dufour.
Mais pendant son année bantam, Dufour domine à un point tel, à l’aile gauche, qu’il est surclassé midget la saison suivante, au cours de laquelle il jouera sous les ordres d’Alain Pedneault et Paul Gauthier.
À 15 ans, on l’invite au camp d’entraînement de Boisbriand-Laurentides de la Ligue de hockey midget AAA. Ses parents, Raymond Dufour et Gemma Gaudreault, paraissent surpris. Ils savent que Luc a du talent, mais de là à le voir quitter la maison pour le hockey, il y a une marge... qu’ils sont bien obligés de franchir.
«Mes parents m’ont permis d’y aller en croyant que je serais retranché. Quand je les ai appelés pour leur dire que je restais, ç’a été tout un choc», raconte Luc Dufour en riant.
À Boisbriand, le Chicoutimien se trouve en pays de connaissance.
«En deux ans, j’ai côtoyé là-bas plusieurs joueurs de la région», souligne-t-il en parlant d’André Martel, Roberto Lavoie, Steeve Gagnon, Carol Murray, Sylvain Laflamme, André Villeneuve. «Et peut-être quelques autres», risque-t-il de peur d’en avoir oublié.
Heureux au midget AAA, Dufour est littéralement aux anges lorsqu’Orval Tessier, alors entraîneur des Saguenéens junior majeur de Chicoutimi, le protège en première ronde lors de la séance de repêchage du printemps 1980.
«J’étais tellement content de revenir dans mon coin. J’ai même pas eu besoin de me chercher une pension», lance-t-il.
Tessier parti, Michel Morin dirige les destinées du jeune Dufour au cours des deux années suivantes. Deux saisons entrecoupées par l’appel de la «grande ligue». Repêché par les Bruins en deuxième ronde, en juin 1981, Dufour assiste au camp d’entraînement des Bostonnais, puis revient à Chicoutimi pour le calendrier 81-82.
Entre 1982 et 1985, Dufour endosse tour à tour les couleurs des Bruins, des Nordiques de Québec et des Blues de St.Louis. Le temps de jouer 185 matchs de marquer 24 buts et d’obtenir 21 mentions d’aide, sans compter 231 minutes passées au banc des punitions.
Après une saison au sein de la Ligue américaine, Dufour vit l’expérience du hockey européen, 1986-87, à Aronzo DiCodere, dans le nord de l’Italie. Le dépaysement n’est pas total. Un Jonquiérois, Laval Ménard, y occupe effectivement le poste d’entraîneur.
«Au plan hockey, ce fut très agréable, mais surtout très différent du hockey nord-américain. Pour la famille, il faudrait demander à Denise (son épouse). Le bébé avait trois mois et il n’y avait pas d’eau chaude dans notre appartement. C’est pas évident», souligne-t-il.
Dufour vit à Chicoutimi depuis sa dernière saison au hockey professionnel. Tout en admettant qu’il aurait bien aimé vivre une carrière de quinze années dans la LNH, il rétorque sans hésiter à ceux qui le taquine à ce sujet :
«Personne ne peut m’enlever les 185 matchs que j’y ai joués. C’était une époque différente d’aujourd’hui et les choses se faisaient différemment. Moi, j’ai décidé d’en faire une expérience positive», ajoute Dufour qui a pendant plusieurs années continué de jouer au hockey avec des copains.
«J’ai cessé par manque de temps il y a deux ans, mais il faudrait bien que je m’y remette, ne serait-ce que pour garder la forme», conclut Dufour.
Avis aux dépisteurs...
Progrès-Dimanche, 2 Septembre 2001