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Boucle de la Roche Ecrite 1998 La revanche de Sellaye Le Cafriplainois a parfaitement maîtrisé les 38 kilomètres autour de la Bretagne, malgré des conditions météorologiques difficiles, pour signer son premier succès en solitaire. 3h22'27", nouveau record de l'épreuve.
Extrait du Journal de l'Ile de la Réunion |
Depuis le
temps qu'il la ruminait cette revanche. Depuis le temps
qu'il préparait son retour au premier plan, il fallait
bien que ça arrive. C'est chose faite depuis hier matin,
puisque Jocelyn Sellaye a franchi en premier la ligne
d'arrivée à la Bretagne. Une revanche contre le sort,
contre ceux qu'ils désignent comme les coupables et
contre la terre entière. "Cette course, je la
voulais, explique-t-il fermement. Déjà pour effacer
l'année dernière où j'avais fini à égalité avec
Willy (Payet). Il m'avait lâché pendant deux minutes,
je l'avais rejoins et je pouvais gagner. Mais bon, c'est
comme ça..." Jocelyn Sellaye tenait aussi à
effacer au plus vite une année athlétique en
demi-teinte. Une de ces périodes où rien ne va plus,
où l'on a l'impression que le plus mauvais est encore à
venir. "Aujourd'hui (hier) c'est aussi une revanche
sur ma saison. Là, je montre à tout le monde que
Sellaye est encore là. Je n'ai pas été gâté, surtout
au niveau de la Ligue." Le Cafriplainois reproche à
l'instance régionale de ne pas avoir tout fait (à son
avis) pour qu'il puisse disputer les Trophées mondiaux
de courses en montagne ("on m'a refoulé"),
alors que le côté logistique du déplacement en
métropole semble avoir été parfaitement organisé.
Malade et hors du coup aux championnats de France,
Sellaye cherche aussi à masquer ses propres
défaillances. "Ma grande faute, reconnait-il, c'est
d'avoir été blessé pendant quatre mois. Pour les
responsables, ce qui compte seulement c'est la présence
des boug' et les performances tout le temps. Mais ce
n'est pas possible. Il y a trop de courses ici pour être
bien à chaque fois." "J'ÉTAIS BIEN, PRÉPARÉ" Dans la foulée, il regrette aussi de ne pas avoir été sélectionné pour les Jeux des îles. Il estime avoir "l'impression" qu'on n'a pas voulu de lui. "J'aurais aimé courir. Je voulais faire le 3000 m steeple. J'en avais couru un seul en 9'32". Peut-être estimait-on que j'étais trop vieux..." Et il rumine, il rumine, Jocelyn Sellaye. Il entretient le sentiment revanchard de cette rancoeur qui fut son moteur, l'année durant. Grâce à cela, en tout cas, il a carburé très fort sur les pentes de la Roche Ecrite. Ne laissant le soin à (presque) personne de faire la course en tête. Tout juste a-t-il été inquiété durant la première partie du parcours par un diable d'Espagnol sorti de nulle part. Apilluelo-Fernandes pointe donc en tête au sommet de la Roche Ecrite (16e kilomètre) et compte près de trois minutes d'avance sur Sellaye, un peu plus sur Candassamy, Payet et Esparon. Hélas pour lui, le champion d'Espagne de duathlon est "très mauvais en descente". Son avance fond donc comme neige au soleil (bien absent hier) et Sellaye passe comme une fusée au Gîte de la plaine des Chicots (20e kilomètre). "La course était dure, avoue le vainqueur du jour. Mais j'étais bien préparé. J'ai pris les choses en main dès le départ mais il y avait cet étranger... Il a fait la différence dans la montée parce que j'ai eu des crampes dues à ma course du Dimitile. Après, la descente c'est ma spécialité. Je me suis laissé emporté et j'ai fait le trou." A l'arrivée, record de la course battu de 17 secondes, il empoche donc une prime de 7000 francs qui panse bien des plaies et lui fait oublier bien des mésaventures. "C'est sûr que ça motive", lâche-t-il dans un grand éclat de rire. Fort de ce succès, il reparle même d'avenir. Malicieux, il dit qu'il va récupérer avant, sans doute, de disputer la Course de l'ail, dans trois semaines à Saint-Joseph. "Parce que ça porte un peu mon nom. Sellaye, la course de l'ail, ça donne des idées..." Le revoilà rigolard et taquin Jocelyn. Comme si toute la bile accumulée depuis des mois s'était évacuée d'un coup, hier matin sur les pentes de la Roche Ecrite. Oubliées et enfouies les paroles de revanche. C'est bien. Voilà Jocelyn Sellaye reparti vers de nouvelles aventures. Parce que la colère n'a jamais été bonne conseillère et la vaincre, en oubliant ou en pardonnant, c'est sûrement triompher de son plus grand ennemi... |
