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LA CHOSE DE FREUD ET LACAN : COURS DE DAVID PAVON CUELLAR A L'UNIVERSITE DE PARIS VIII (2003-2004) http://www.ding.fr.tc
Conclusion
Nous voici arrivés, avec la Chose mélancolique, au bout de notre parcours. Il s'étend de tout son long, derrière nous, à perte de vue. Nous sommes très loin de notre point de départ. Nous l'avons certainement oublié. En l'oubliant, nous ne pouvons pas vraiment avoir une vue d'ensemble de notre cours. Nous ne savons pas évaluer ce que nous avons avancé jusqu'ici. Nous ne sommes pas en état de situer notre aboutissement par rapport à notre commencement.
Sans vouloir donner une définition de ce qui est absolument indéfinissable, il convient maintenant, toutefois, de résumer quelques traits généraux de la Chose, la nôtre, et de revenir en même temps à la Chose de Freud, afin de montrer notre fidélité à celle-ci -tout en laissant voir les dérives, dans notre champ lacanien, à partir de certaines idées freudiennes sur la Chose :
a) Notre Chose est une présence réelle, à l'opposé de sa représentation imaginaire et de son représentant symbolique. Nous reprenons de cette manière la distinction ternaire freudienne, de 1891, entre la Chose, l'apparence de la Chose -ou la représentation d'objet- et le mot -ou la représentation de mot.
b) Notre Chose est ce dont un sujet ne cesse jamais de parler sans arriver à en parler. Elle est ainsi le sujet insignifié de tous les prédicats, de même que la Chose du Freud de 1895, comme sujet (a) échappant au jugement, sujet constant, incompris et non-assimilable de tous les prédicats (b1, b2, bn).
c) En tant qu'objet dernier du désir du sujet, comme confusion chosique entre le subjectif et l'objectif, notre Chose n'est pas sans rapport avec celle du Freud de 1895, comme ce qu'il y a en commun entre les investissement perceptifs et les investissements par le désir.
d) En contraste avec les différences symboliques et les similarités imaginaires, notre Chose correspond logiquement à l'identité réelle. De ce fait, elle coïncide avec la Chose du Freud de 1895, comme sujet constant, qui reste toujours identique à lui-même (a = a = a), à l'opposé des prédicats variables (b1 g b2 g bn), mais aussi comme fondement de la similarité entre ce qui est perçu et ce qui est désiré.
e) En tant que totalité unitaire, notre Chose possède un des caractères de la Chose du Freud de 1895, celui d'être un tout cohérent.
f) De même que la Chose du Freud de 1895, la nôtre est refoulée dans l'hystérie.
g) Comportant la présence de ce qu'elle représente, la représentation réelle de notre Chose, par l'objet a, ne se distingue pas tout à fait de sa présence réelle. Nous avons ici la même indistinction qu'il y a chez Freud, en 1900, entre la Chose, comme Ding, et la représentation de cette Chose, comme Dingvorstellung.
h) De même que Freud, qui distingue la représentation du Ding -la Dingvorstellung-, la représentation du Sache -la Sachvorstellung- et le représentant de cette Vorstellung -le Vorstellungrepräsentanz-, nous distinguons la représentation réelle, la représentation imaginaire et le représentant symbolique.
i) Comme forme pure sphérique de la totalité unitaire, de la confusion incestueuse avec la mère, nous rencontrons dans notre Chose, après sa coupure, la dualité de la Chose que Freud remarque en 1912 : dualité entre ce qui est présent comme corps, donnée au sens et à la conscience dans une connaissance qui est projetée dans la réalité externe, et ce qui est latent ou présent comme esprit, dans sa capacité d'être remémorée ou représentée lorsqu'il est soustrait à la perception.
j) Le caractère signifiant de notre Chose insignifié généralise l'idée, exprimée par Freud en 1915, selon laquelle dans la schizophrénie, ainsi que dans le travail de rêve et dans une certaine philosophie, les mots ne recouvrent pas la Chose, mais ils sont mis à la place de la Chose, ils sont traités comme la Chose.
k) Le lien profond entre la mélancolie et notre Chose ou sa représentation réelle, l'objet a qui entraîne le mélancolique dans sa chute, reprend la description du travail mélancolique, faite par Freud en 1915, comme délaissement de la représentation inconsciente de la Chose (unbewußte (Ding-) Vorstellung).
l) Notre distinction entre les signifiants et l'insignifiance de l'objet a, celui-ci comme reste de la Chose signifiante et insignifiée, est conforme à la distinction, tracée par Freud en 1923, entre les mots et les restes mnésiques de la Chose.
m) La définition des différents états de notre Chose par rapport au symbole, notamment l'effacement et la quête ou le rapprochement, rejoint celle de Freud, de 1925, d'une fonction de jugement qui décide premièrement si la Chose apporte du plaisir -et si elle peut donc être représentée-, pour concéder ou contester ensuite si la représentation de la Chose existe dans la réalité -si la représentation a le corrélât de la Chose qu'elle représente. Par cette fonction de jugement, seulement ce qui donne du plaisir n'est pas effacé ou meurtri, perdu ou réduit au rien, étant inclus -non-absent- dans la sphère du moi-plaisir, mais devant être ensuite retrouvé, rapproché et incorporé par le moi-réel -incorporé jusqu'à la transformation de l'objectif moïque en subjectif, suscitant une confusion chosique qui s'exprime, nonobstant sa méprise par le sujet, dans l'ouverture de la Chose, ainsi que dans l'adéquation entre la réalité et l'intellect.
Voilà comment la Chose de Freud imprègne tout notre cours. Elle est tacitement présente dans chacun de nos raisonnements, dans chacun de nos apports et points de vue, même les plus personnels et les plus apparemment innovateurs. Elle est présente ainsi, et de manière fondamentale, comme fondement de toute notre longue réflexion.
Par son caractère fondamental, l'imprégnation de notre cours par la Chose de Freud n'est comparable à aucune autre, sauf à celle par la Chose de Lacan. Or, à propos de cette Chose, il n'y a certainement plus besoin, à mon avis, de justifier sa présence dans notre cours.
Certes, en plus des Choses de Freud et de Lacan, ou -plus précisément- de la Chose de Freud et Lacan -puisque c'est presque impossible de la scinder-, il y a eu le noumène de Kant, le pragma de Platon, le Sphaïros d'Empédocle et autant d'autres Choses que nous n'avons plus le temps d'évoquer ici. Néanmoins, dans toutes ces Choses nous n'avons retrouvé que la Chose que nous cherchions, la Chose de Freud et Lacan, telle que nous la concevons. Nous n'avons retrouvé que cela, cela et rien d'autre, non pas évidemment parce qu'il n'y avait rien d'autre, mais parce que nous ne cherchions rien d'autre.
Même si nous avons retrouvé toujours la même Chose de Freud et Lacan à la même place dans notre cours, je vous rappelle que nous en avons fait le tour, connaissant à chaque étape de notre parcours un aspect différent de ce qui reste pourtant, invariablement, au-delà de tout aspect que nous puissions connaître.
Les aspects connus de la Chose n'ont pas seulement été ses douze états par rapport au symbole, mais aussi ses états par rapport à l'imaginaire, ainsi que ses liens profonds à l'absence, le désir, la jouissance, la présence, la représentation, l'objet, le sujet, l'Autre, le Même, l'amour, la mère, la confusion, la totalité, l'unité, l'identité, l'immortalité, la sublimation, la perversion, etc.
Dans notre cours, chaque aspect de la Chose apparut comme une Chose différente. Bien entendu, les Choses différentes étaient invariablement la même Chose. Leur pluralité, en effet, n'était qu'illusoire. Et pourtant, cette impression de pluralité, bien qu'illusoire, ne put être évitée. En fait, elle ne peut aucunement être évitée. Le plus que nous pouvons faire, c'est de ne pas nous égarer dans notre illusion, en sachant toujours que ce n'est qu'une illusion -ce qui n'est possible qu'en mettant de l'ordre dans l'illusion, comme nous avons fait jusqu'ici, en essayant de concevoir simultanément les Choses différentes qui manifestent des aspects de la même Chose.
Pour nous garantir contre tout égarement dans la pluralité illusoire des différentes Choses, il convient maintenant, vers la fin de notre longue réflexion, de récapituler ces Choses, ainsi que les positions des unes par rapport aux autres, en les ordonnant dans une sorte de classification dynamique -relativement arbitraire- qui traverse déjà implicitement tout notre cours :
Chose absente
Chose comme objet dernier de désir.
Pragma platonicien.
Chose maternelle.
Sainte-Vierge.
Herzeloïde.
Souverain Bien.
Gute kantien.
Chose absente dans la parole.
L'achose.
L'Autre réel de l'Autre symbolique.
Chose forclose.
Chose du paranoïaque.
Chose de la sublimation scientifique.
Chose perdue dans l'objet.
Chose insignifiée.
Chose fermée en soi.
Noumène kantien.
Yohualli-Ehecatl.
Chose réduite au rien dans le sujet.
Chose pâtissant du signifiant.
Chose évitée
Chose effacée par le signifiant.
Chose de l'obsessionnel.
Chose de la sublimation religieuse.
Saint-Sépulcre.
Image de la Sainte-Vierge.
Pain et vin de l'Eucharistie.
Chose meurtrie par le symbole.
Chose axiale.
Chose courtoise.
Dame.
Blanchefleur de Perceval.
Guenièvre de Lancelot.
Notre-Dame.
Trompette puante d'Arnaud.
Chose refoulée.
Chose de l'hystérique.
Chose de la sublimation artistique.
Chose de Swann.
Chose présente.
Chose comme présence réelle.
Chose réellement représentée.
Chose indiscernable de sa représentation réelle.
Dingvorstellung.
Saint-Graal.
Saint-Vou.
Saint-Chose.
Chose représentée dans l'imaginaire.
Chose représentée dans le symbolique.
Chose de jouissance.
Chose amoureuse.
Même.
Totalité unitaire chosique.
Un parménidien.
Sphaïros d'Empédocle.
Affreuse beauté idéale.
Univers chosifié de Pessoa.
Confusion chosique
Moyucoyatzin aztèque.
Chose incorporant le sujet.
Chose du mélancolique.
Chose de Barreira.
Chose luthérienne.
Chose d'une certaine philosophie.
Chose lointaine.
Chose cherchée.
Chose rapprochée.
In Tloque in Nahuaque.
Chose heideggerienne.
Chose comme sujet de tous les prédicats.
Chose comme sujet ou confondue avec le sujet.
Le Christ.
Joseph d'Arimathie.
Roi-Pêcheur.
Perceval.
Chose adéquate au sujet.
Chose comme signifiant ou confondue avec le signifiant.
Chose sans signification de Caeiro.
Vide chosique.
Nihil.
Vortex.
Vacuole.
Chose aérienne.
Chose du potier.
Création ex-nihilo.
Vide chosique dénié.
Chose de la pseudo-sublimation.
Anneau.
Gant.
Chose du pervers.
Bouteille d'Eugènie.
Chose de l'éthique.
Chose de Paul.
Chose d'Origène.
Chose d'Erasme.
Chose de Kant.
Chose ouverte.
Chose ouverte pour soi.
Chose hégélienne
Chose parlante.
Chose freudienne.
Chose cartésienne.
Chose de Moravia.
Là, pulvérisée dans cette multiplicité imaginaire, cernée par cette complexité symbolique, la Chose de Freud et Lacan n'a pas cessé toutefois de nous échapper. Elle a toujours glissé entre nos doigts. Comme sujet de tous les prédicats, elle est resté incomprise, insaisissable, inassimilable par ces prédicats mêmes dont elle était le sujet.
La Chose reste inaccessible. C'est précisément pour cela qu'elle est un défi à notre pensée, un défi que nous avons relevé, comme l'ont aussi relevé autant d'autres. Vous savez bien, en effet, que la Chose, tout en étant une concept limite, elle est devenue un concept incontournable de la psychanalyse. Depuis que Lacan lui a donné sa place d'honneur, elle apparaît souvent dans des dictionnaires de psychanalyse aussi bien que dans des enseignements, des livres, des articles et même des discussions cliniques.
Avant de nous quitter, et à guise de préparation afin de regagner la sortie vers notre actualité psychanalytique, je voudrais bien vous rappeler brièvement, de manière chronologique, quelques-uns des plus récents apports à la réflexion sur la Chose -des apports qui se sont déjà traduits par des contributions ponctuelles à notre cours. Si j'isole maintenant ces apports, et si je les déploie dans leur succession temporelle, ce n'est que pour vous permettre d'apprécier comment se développe actuellement la réflexion sur la Chose, comment certains aspects nouveaux surgissent, comment d'autres sont privilégiés ou tout simplement oubliés.
Après que nous sommes entrés dans notre cours du côté de Freud, et une fois que nous avons traversé Lacan, nous voilà sortis du côté des nouveaux auteurs freudiens et lacaniens :
1983. En faisant la distinction entre le réel "insignifiable" et la réalité comme "fantasme du sens", Pierre Martin situe le réel de la "Chose" du côté de la "chaîne signifiante" et du "morcellement originaire", à partir duquel "le monde 'des choses' s'ordonne en une logique du manque où le désir se fonde sur la perte de jouissance"1.
1984. Alain Juranville, dans son livre Lacan et la philosophie, conçoit la Chose comme "signifiant incarné, réel"2, signifiant "sans signifié"3, dans sa "pure signifiance", qui "à la fois fait attendre la plénitude et l'affirme impossible"4 -comme quoi elle "suscite originairement" le désir5.
1984. Dans son étude sur la Chose lacanienne, Juranville discerne "trois plans de la rencontre" de cette Chose, lesquels correspondent aux époques discernées par J.-A. Miller dans l'enseignement de Lacan. Premièrement, la Chose, dans la "logique de la psychanalyse", comme "le mythique objet absolu du désir", divisé selon la "structure quadriparti du désir" -entre l'objet a, le trait unaire, le Nom-du-Père et le phallus6. Ensuite, dans "l'éthique de la psychanalyse", la Chose "comme la femme" -où "la Chose prend par la jouissance dégagée de la sublimation une réalité"7. Finalement, dans la "politique de la psychanalyse", la Chose comme "le discours analytique", comme "vérité totale" d'un "signifiant nouveau qui n'aurait aucun sens"8.
1987. Après son examen de la transition, chez Lacan, de la Chose à l'objet a, Pierre Bruno considère la sublimation comme "condition de l'évidement premier de la Chose"9.
1987. Dans le Soleil noir de Julia Kristeva, la Chose, comme ce dont le mélancolique fait le deuil, est décrite comme "le réel rebelle à la signification, le pôle d'attrait et de répulsion, demeure de la sexualité de laquelle se détachera l'objet de désir"10.
1988. Dans un article intitulé Topologie de das Ding, N. Charraud tente d'articuler, dans cette topologie, le vide et l'inaccessibilité, ce qui la mène à décrire la Chose comme "un trou" duquel "on pourra s'approcher indéfiniment sans jamais atteindre son bord"11. Cette description repose sur la conception d'une Chose qu'on "ne peut pas appréhender positivement", une Chose "ineffable, inaccessible, infinie, incommensurable", comme "altérité radicale par rapport au symbolique", dont la "face proprement réelle" serait l'objet a12.
1988. Dans un article sur la saudade portugaise, M. Ligouzat la dépeint comme une sorte de sublimation, où "le souvenir de la femme enchanteresse, de ce quelque chose d'ineffable, d'illimité qui la rend inoubliable, devient point d'infini, d'insondable, d'insaisissable, mystère de la Chose"13.
1988. S'inspirant du Soulier de Satin de Paul Claudel, Rey-Flaud aborde le vide chosique, sous la forme du "vide impitoyable" de "l'idole de chair vivante" qu'est le soulier de satin, comme expression de l'amour et la féminité, celle-ci "posée comme vase d'une promesse intenable", comme "l'être de vase qui tout à la fois la contient et la retient prisonnière"14.
1988. Au cours d'une discussion à propos de la Chose japonaise, Nakagawa décrit la confusion et la totalité unitaire chosique à partir de la présence de la Chose, laquelle "apparaît d'une façon accablante", avec une forme à laquelle le sujet ne peut pas "résister", se laissant "absorber tout entier" par elle, jusqu'au point de devenir "ce qui remplit le cosmos"15.
1990. À la question "Qu'est-ce au fond que le champ freudien ?", François Regnault répond : "C'est le champ qui suppose ceci : que ce qui reçoit le nom de vide, c'est la Chose. Que pour faire la philosophie, il faut l'appeler l'être... Que dans la philosophie, elle est causa noumenon, cause de noumènes, mais que dans la science elle doit n'être plus rien que l'ensemble vide". Et il conclut : "Cette Chose, désignée comme causa pathomenon, comme la Mère, donnera à proprement parler le champ freudien"16.
1990. À partir du Nebenmensch freudien, F. Peraldi tient la Chose pour "un tout inconnaissable et terrifiant". Ensuite, "en tant qu'elle n'est pas nommée", il la pense comme "condition de l'objet"17.
1994. Slavoj Zizek situe la Chose lacanienne par rapport aux Choses de Descartes, Kant et Hegel. Au Cogito cartésien, il oppose les arguments de Kant et la formule lacanienne du fantasme, où "je pense dans la seule mesure où je suis inaccessible à moi-même en tant que chose qui pense"18. À propos des concepts kantiens de la Chose-en-soi et l'objet transcendantal, il considère que la distinction entre les deux "correspond parfaitement"19 à la distinction lacanienne entre la Chose et l'objet a. Quant à Hegel, il souligne comment, chez lui, une "tension entre la notion et la réalité" devient une "tension intra-notionelle" -où toute "altérité", comme celle de la Chose, "implique toujours une détermination notionnelle minimale"20.
1995. En continuant avec ses réflexions, Zizek s'oppose radicalement à la "substantialisation" de la Chose. Il affirme qu'il n'y a "rien -aucune entité substantielle positive- derrière le rideau phénoménal"21, et que "das Ding n'est rien qu'un fantasme qui, a posteriori, vient remplir le vide de l'objet transcendantal"22.
1995. Hassoun décrit la mélancolie comme "un deuil interminable, sans fond ni limite", suscité par la Chose, qu'il entend comme "part obscène jusqu'à la fascination d'une mère non symbolisée"23.
1995. R. Lamboley compare la Chose heideggerienne et celle lacanienne. Il découvre, dans l'Éthique de Lacan, un "quadriparti secret", où il situe le sujet, l'objet a, le désir et la "Chose extime au sujet"24. Il entend le désir comme "désir de l'impossible", comme ce qui vise le "retour -impossible- au fusionnel incestueux avec la Chose"25.
1998. Dans un cas présenté par Solano, une mère décrit son enfant, Alien, comme étant "à la fois le plus étranger et le plus proche" d'elle, constituant ainsi pour elle un certain "retour de la Chose"26.
1999. Dans Les six paradigmes de la jouissance, J.-A. Miller définie la Chose comme "jouissance assignée au réel", posée "hors système, structurellement inaccessible, sinon par transgression" -comme ce serait le cas d'Antigone. En fait, il estime que "n'importe quel terme symbolique est susceptible de venir à la place de la Chose s'il est coupé du système, s'il est doté de la propriété d'absoluité"27.
2001. M. Safouan estime que le "point culminant des développements" lacaniens "concernant la Chose", se situe dans l'idée selon laquelle cette Chose, comme signifiant, "n'a pas de sens propre", étant "comme le vase : création d'un vide qui laisse la perspective de le remplir"28.
2002. Dans son Vocabulaire de Lacan, J.-P. Cléro présente la Chose comme ce qui "aimante le désir" et ce qui "ne sera jamais atteint, mais autour duquel tout ne cesse de tourner". À propos de ce tournoiement, il remarque la "neutralité" et "l'imperméabilité" de la Chose "aux actes qui s'organisent autour" d'elle. Toujours dans la même direction, il insiste sur le caractère non-représentable, non-connaissable et non-symbolisable de la Chose lacanienne, qu'il compare naturellement à la chose en soi kantienne29.
2003. Dans le Dictionnaire de la psychanalyse de Chemama et Vandermersch, ce dernier définie la Chose comme "objet de l'inceste", comme "ce qu'il y a de plus intime pour un sujet, quoique étranger à lui, structurellement inaccessible, signifié comme interdit (inceste) et imaginé par lui comme le souverain Bien : son être même". Après cette définition, la partie encyclopédique se concentre sur la Chose du Freud de 1895 et de 1925, la Chose de la perversion et l'éthique, la Chose maternelle et la sublimation30.
2003. D'après P.-L. Assoun, "si la névrose est une lâcheté envers l'ordre du désir", la psychanalyse, par contre, "suppose la confrontation avec la Chose"31.
2
Juranville, A. 1984. Lacan et la philosophie, op. cit., p. 215. 3
Ibid., p. 218. 4
Ibid., p. 216. 5
Ibid., p. 215. 6
Juranville, A. 1984. "La Chose lacanienne", op. cit., p. 5. 7
Ibid., p. 11. 8
Ibid., p. 18. 9
Bruno, P. 1987. "De la Chose à l'objet a", op. cit., p. 8. 10
Kristeva, J. 1987. Soleil noir, dépression et mélancolie, op. cit., p. 22. 11
Charraud, N. 1988. "Topologie de das Ding", op. cit., p. 27. 12
Ibid., p. 25. 13
Ligouzat, M. 1988. "Saudade et Chose", op. cit., p. 8. 14
Rey-Flaud, H. 1988. "La Dame et la Chose", op. cit., pp. 19-20. 15
Nakagawa, H. 1988. "Jusqu'où suis-je moi", op. cit., p. 94. 16
Regnault, F. 1990. "Ex nihilo", op. cit., p. 11. 17
Peraldi, F. 1990. "Chose", op. cit., p. 320. 18
Zizek, S. 1994. "Moi, il ou chose qui pense (première partie)", op. cit., p. 115. 19
Ibid., p. 117. 20
Ibid., p. 118. 21
Zizek, S. 1994. "Moi, il ou chose qui pense (deuxième partie)", op. cit., p. 122. 22
Ibid., p. 121. 23
Hassoun, J. 1995. La cruauté mélancolique, op. cit., p. 52. 24
Lamboley, R. 1995. "Le champ de la Chose selon Heidegger et Lacan", op. cit., p. 94. 25
Ibid., p. 93. 26
Solano, L. 1998. "Alien, le retour de la Chose", in Mental, N°5, 07.98, p. 144. 27
Miller, J.-A. 1999. "Les six paradigmes de la jouissance", op. cit., pp. 12-13. 28
Safouan, M. 2001. "L'éthique de la psychanalyse", op. cit., p. 151. 29
Cléro, J.-P. 2002. "La Chose", op. cit., pp. 17-18. 30
Vandermersch, B. 2003. "La Chose", op. cit., pp. 54-56. 31
Assoun, P.-L. 2003. Lacan, op. cit., p. 98.
1
Martin, P. 1983. "Du signifiant à la réalité des choses, de la Chose au réel", op. cit., p. 83.