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PROPOSITIONS

1. La Chose n'est réellement représentable que par elle-même. Elle est donc réellement irreprésentable par une autre chose qu'elle-même.

1.1. Puisque la Chose n'est réellement représentable que par elle-même (1), sa représentation réelle n'est qu'une présentation.

1.2. En tant que Chose qui n'est réellement représentable que par elle-même (1), le corps du Christ ne pourra pas être réellement représenté par le Graal, puisqu'il ne pourra pas être réellement représenté par une autre chose que lui-même.

1.3. Ou bien je crois que le Graal représente réellement le corps du Christ, mais alors je ne pourrai plus croire que ce corps soit la Chose réellement irreprésentable par autre chose qu'elle même (1), ou bien je crois que ce corps est la Chose réellement irreprésentable par autre chose qu'elle-même, mais alors je ne pourrai plus croire qu'il soit réellement représenté par le Graal (1.2).

1.4. Si malgré le bon sens (1.3), je croyais quand même que le Graal représente réellement le corps du Christ en tant que Chose, ma croyance ne serais soutenable que si je croyais aussi, d'une manière assez irrationnelle, que le Graal est lui-même le corps présent du Christ, puisque ce corps est la Chose (1.2), laquelle n'est réellement représentable que par la présentation de ce qu'elle est elle-même (1.1).

1.5. On peut discerner clairement, chez Lacan, au moins douze états de la Chose par son rapport au symbole, douze états qui permettent de reconnaître douze différentes sortes de situations que le corps du Christ ou le Saint-Graal (1.4), en tant que représentation réelle ou présentation et représentation du corps du Christ, peut subir dans son univers mythique et légendaire: son absence dans la parole de Perceval, sa réduction au rien dans la château du Roi-Pêcheur, sa perte au sein même de son propre mystère, son effacement par les aventures de ces quêteurs, sa passion de ses propres mythes et légendes, son meurtre en tant que Jésus crucifié, son éloignement par rapport à ceux qui prétendent l'atteindre, sa quête par les chevaliers de la Table Ronde, sa confusion avec se qu'on raconte à propos de lui, son ouverture en tant qu'il s'exprime par la parole, son adéquation aux expectatives de ses favoris et la méprise qui le caractérise dans ses apparitions.

1.6. Si la Chose n'est représentable réellement que par elle-même (1.1), c'est parce qu'elle n'est dans le réel qu'en présence d'elle-même et parce qu'il n'y a dans le réel que sa présence qui puisse être en présence d'elle-même.

2. La Chose n'est représentable, de manière non-réelle, que par autre chose. Elle est donc irreprésentable, de manière non-réelle, par elle-même (1).

2.1. Si dans le réel la Chose n'est qu'en présence d'elle-même et il n'y a que sa présence qui puisse être en présence d'elle même (1.6), c'est parce que le réel de la Chose n'est réel que de la Chose, parce que la Chose n'est réellement que sa présence et parce que là où la Chose est réellement, dans l'espace réel qu'elle occupe, il n'y a d'autre présence que la présence réelle de la Chose.

2.2. Si la représentation réelle de la Chose est une présentation de la Chose (1.1), et si dans le réel il n'y a que la présence de la Chose qui puisse être en présence de la Chose (1.6), alors la Chose n'est réellement représentable que pour elle-même.

2.3. Puisque la Chose n'est réellement représentable que pour elle-même (2.2), alors il n'y aura aucune distinction entre la Chose et celui pour qui la Chose est réellement représentable. Pour que nous puissions être distincts de la Chose, elle devra être réellement irreprésentable pour nous.

2.4. Puisque la Chose n'est réellement représentable que pour elle-même (2.2), alors, si elle est distincte de nous (2.3), elle ne pourra pas être présente pour nous, en tant que Chose, dans une représentation réelle. Elle sera seulement représentable pour nous de manière non-réelle.

2.5. Puisque la Chose n'est représentable pour nous que de manière non-réelle (2.4), et puisque la Chose n'est représentable, de manière non-réelle, que par autre chose (2), alors la Chose n'est représentable pour nous que par autre chose. La Chose est donc absente pour nous.

2.6. En tant que Chose qui n'est représentable pour nous que de manière non-réelle (2.4) et par une autre chose qu'elle-même (2.5), le corps du Christ ne pourra être représenté pour nous, de manière non-réelle, que par autre chose que lui même. Ce que cette autre chose présentera pour nous, ce sera uniquement notre image du corps du Christ, une représentation imaginaire de ce corps, voire une autre chose que la Chose, une autre chose que le corps réel du Christ (1.2).

2.7. Ce dont un graal constitue le représentant symbolique n'est pas la présence réelle du corps du Christ, mais sa représentation imaginaire (2.6). Le représentant symbolique ne représente pas la Chose, mais autre chose que la Chose.

2.8. Si nous sommes distincts du corps du Christ, en tant que Chose, alors celui-ci n'est pas réellement représentable pour nous (2.4). Il est absent pour nous, il n'est représentable pour nous que par une autre chose que lui-même (2.5), par une autre chose que la Chose. Il est seulement représentable pour nous de manière imaginaire, par une représentation telle qu'un icône (2.6), laquelle sera ensuite représentée d'une manière symbolique, par un représentant tel que le graal, qui ne représente donc pas la chose, mais autre chose que la Chose (2.7).

3. La Chose est absente dans la parole. On ne parle jamais que d'autre chose pour parler de la Chose.

3.1. On parle toujours de la Chose.

3.2. Lorsqu'on parle, notre parole représente symboliquement ce dont on parle.

3.3. Si on parle toujours de la Chose (3.1), et si notre parole représente symboliquement ce dont on parle (3.2), alors notre parole sera toujours, dans chacune de ses locutions, un représentant symbolique de la Chose.

3.4. En tant que représentant symbolique de la Chose (3.3), une locution comme "le corps du Christ", de même qu'un graal ou une hostie ou une croix, ne représente pas directement la présence ou une représentation réelle du corps du Christ en tant que Chose, mais une représentation imaginaire ou une image mentale de ce corps (2.7). Le représentant symbolique n'est ainsi qu'un représentant indirect de la Chose.

3.5. Lorsqu'on parlera de la Chose qu'est le corps du Christ, on devra parler, en prononçant à un moment donné une locution comme "le corps du Christ" (3.4), de l'autre chose que sera, à ce moment-là, notre représentation imaginaire de ce corps (3).

3.6. Comme locution qui ne représente pas directement la Chose (3.4), un représentant symbolique n'est pas déterminé par la Chose, mais par le contexte symbolique locatif où il apparaît, c'est-à-dire par sa place dans une structure signifiante.

4. L'achose est absente dans la parole. On ne peut jamais parler que d'autre chose pour parler de l'achose, bien qu'on ne parle d'autre chose que pour pouvoir parler de l'achose.

4.1. En prononçant à un moment donné une locution comme "le corps du Christ" (3.4), ce que puisse être à ce moment-là notre représentation imaginaire de ce corps, en tant qu'autre chose (3.5), ne peut correspondre à la Chose qui est le corps du Christ que dans la forme déterminée par la place qu'à ce moment-là occupe ladite locution, en tant qu'entité signifiante, dans une structure signifiante (3.6).

4.2. Entre la Chose et sa représentation réelle il y a une identité formelle et matérielle (1). Entre la Chose et son représentant symbolique, celui-ci déterminé par une structure signifiante (3.6), il n'y a aucune identité ou similarité, mais seulement un rapport arbitraire, soumis à l'arbitrage d'une convention. Entre la Chose et sa représentation imaginaire, celle-ci déterminée par la place de son représentant symbolique dans la structure signifiante (4.1), il y a une certaine similarité formelle.

4.3. Au moment d'être prononcée, une locution comme "le corps du Christ", en tant qu'entité signifiante, détermine d'une certaine manière, toujours arbitraire, une représentation imaginaire de ce corps (4.1), laquelle n'est ce qu'elle est, comme entité signifiée, que pour autant qu'elle est déterminée de cette manière par l'entité signifiante qui la signifie.

4.4. En tant qu'entité signifiante et en fonction de sa place dans une structure signifiante (3.6), un représentant symbolique comme "le corps du Christ" détermine une représentation imaginaire de ce corps (4.1), en tant qu'entité signifiée (4.3), mais ne détermine pas la présence réelle de ce corps ni sa représentation réelle comme Saint-Graal, en tant qu'entités insignifiées. Il n'y a ainsi que l'autre chose (la Sache de Freud) qui puisse être signifiée dans une représentation imaginaire (la Sachvorstellung). Quant à la Chose (le Ding) et sa représentation réelle (la Dingvorstellung), elles resteront toujours hors signifié, voire absentes dans la parole (par rapport aux Wortvorstellungen).

4.5. La Chose ne sera insignifiée, elle ne restera hors signifié ou absente dans la parole (4.4), qu'en raison d'une insignifiance, voire un manque ou une insuffisance dans la structure signifiante qui régit la parole. Cette insignifiance on la désignera comme objet a.

4.6. En étant substantivé, l'objet a est susceptible d'admettre comme qualification, sous la forme d'un adjectif, l'insignifiance qu'il substantive (4.5). Nous serons alors en mesure d'affirmer que la Chose reste ce qu'elle est, insignifiée (4.4), parce que l'objet a devient ce qu'il est, insignifiant.

4.7. La Chose doit s'écrire "l'achose" parce qu'on ne parle que d'autre chose pour parler d'elle (3.5), parce qu'elle est ainsi absente dans la parole (4.4), et parce que dans cette parole, c'est la présence comme absence de l'objet a insignifiant (4.6), comme insignifiance dans la signifiance (4.5), qui est à la place de la Chose. On peut dire alors, en reprenant la troisième proposition principale (3), que c'est l'achose qui est absente dans la parole et que c'est pour parler d'elle qu'on ne parle jamais que d'autre chose.

5. Les corps du fils et de la mère sont une même chose, la Chose.

5.1. La Chose est aussi le corps de la mère, de la Sainte-Vierge, et non pas seulement celui du fils, celui du Christ (1.2). Ainsi, le corps du fils, en tant que Chose, ne pourra pas être distingué de celui de la mère (5).

5.2 Puisque les corps du fils et de la mère, l'un et l'autre en tant que Chose, ne pourront pas être distingués (5.1), la Chose sera la confusion de ces corps, une confusion amoureuse.

5.3. L'objet a insignifiant (4.6), comme le sein maternel, constitue la seule représentation réelle de la Chose insignifiée (4.4), comme confusion amoureuse entre les corps de la mère et du fils (5.2). Puisque la Chose n'est réellement représentable que par elle-même (1), alors l'objet a, le sein maternel, sera lui-même la Chose (1.4), la confusion entre les corps de la mère et du fils.

5.4. Comme insignifiance (4.5) ou comme ce qui manque dans la parole pour représenter la Chose qui n'est réellement représentable que par elle-même (1), l'objet a, comme le sein maternel (5.3), sera le corps de la mère absent dans la bouche, ou la Chose absente dans la parole (3), c'est-à-dire la Chose en tant que l'achose (4.7), en tant qu'absente.

5.5. Cause de désir, l'insignifiance de la parole ou l'absence inhérente à l'objet a (4.5), en tant qu'absence de la seule représentation réelle de la Chose insignifiée (5.3), est équivalente à l'absence de la présence réelle de la Chose (1.1), voire la distinction ou l'absence de la confusion amoureuse entre les corps de la mère et du fils (5.2).

5.6. Cause de désir, l'absence inhérente à l'objet a, comme absence de la Chose ou distinction entre les corps de la mère et du fils (5.5), on l'appellera castration, privation ou frustration.

5.7. Ce qui est signifié (4.3), le moi ou l'objet i(a), sera la représentation imaginaire, pour le désir, de l'objet a insignifiant (4.6), cause du désir, ou de la représentation réelle de la Chose insignifiée (5.3), celle-ci en tant que l'achose (5.4), en tant que distinction ou absence de la confusion amoureuse entre la mère et le fils (5.5), entre l'Autre et son objet, entre le sujet et l'objet a.

6. Même si la Chose est absente en nous, perdue pour nous et réduite au rien en tant que nous, elle est présente en tant que telle, en soi et pour soi.

6.1. En tant qu'il est insaisissable au miroir, l'objet a représente réellement la Chose absente dans sa représentation imaginaire (2.6). En tant qu'il tombe de la chaîne signifiante, le même objet a représente réellement la Chose absente dans son représentant symbolique (3.4).

6.2. Puisque la représentation réelle comporte la présence de ce qui est représenté (1.1), alors la Chose représentée réellement par l'objet a (5.3) ne sera plus exactement la Chose, mais l'absence de la Chose totale dans l'objet partiel, qui ne pourra la présenter qu'en partie. Or, puisque l'objet a n'est présent qu'en présentant la présence de la Chose qu'il représente, et puisqu'il ne peut la présenter qu'en présentant son absence, alors il faut reconnaître qu'il ne pourra pas être présent sans devoir être en même temps absent -absent comme ce qui est insaisissable au miroir, absent comme ce qui tombe de la chaîne signifiante (6.1).

6.3. La Chose est absente dans le sujet par l'absence inhérente à la présence de sa représentation réelle (6.2), ainsi qu'elle est absente pour le sujet dans sa représentation imaginaire et en tant que sujet dans son représentant symbolique (6.1).

6.4. Si la Chose est absente en tant que sujet dans son représentant symbolique (6.3), c'est parce que celui-ci, comme signifiant, ne signifie auprès d'autre signifiant que la Chose qu'est le sujet en tant que rien -en tant que la présence en lui de cet objet a qui tombe de la chaîne signifiante (6.1), cet objet a dont la présence est une absence (6.2).

6.5. Si la Chose est absente pour le sujet dans sa représentation imaginaire (6.3), c'est en raison de sa perte dans l'objet, en raison donc de l'absence inhérente à sa représentation réelle dans la représentation imaginaire qu'elle soutient -en tant qu'objet a insaisissable au miroir (6.1), objet a dont la présence est une absence (6.2).

6.6. Même si la Chose est perdue dans l'objet (6.5) et réduite au rien en tant que sujet (6.4), même si elle ne peut être réellement représentée que par une absence (6.2) dans des représentations qui ne sont que symboliques ou imaginaires (6.1), même si elle est absente dans le sujet, pour lui et en tant que lui (6.3), elle reste pourtant présente en tant que telle, en soi et pour soi (6).

7. L'objet qu'il sublime, le sujet le prend pour la Chose.

7.1. La sublimation élève un objet i(a) signifié ou présent pour le désir du sujet (5.7), un objet imaginaire où la Chose réelle est perdue (6.5), à la dignité de cette Chose absente ou insignifiée (4.4) que l'objet signifié représente de manière imaginaire pour le sujet (6.3).

7.2. Forme exemplaire de la sublimation (7.1), l'amour courtois -comme Minne-, à distinguer de l'amour non courtois -comme Liebe-, entoure et cerne, par le réseau signifiant des buts pulsionnels, un vide chosique à la place duquel sera mise une Dame, laquelle, comme objet imaginaire, ne pourra être élevée à la dignité de la Chose insignifiée (4.4), dont elle occupe la place, qu'en cessant d'être signifiée, en étant vidée ou dépersonnalisée, comme être de raison et signifiant, et en devenant inaccessible pour le sujet qui se prive d'elle.

7.3. La Dame, pour être élevée à la dignité de la Chose (7.2), devra recevoir au moins un ou quelques-uns des attributs qui correspondent aux caractères hypothétiques de cette Chose, à savoir son absence dans la parole (4.4), sa valeur comme beauté en soi, sa qualité d'être de jouissance, son statut d'objet ultime de désir, sa perte dans l'objet (6.5), sa réduction au rien en tant que sujet (6.4), sa nature comme confusion amoureuse (5.2) et son assimilation à la totalité réellement représentée par l'objet partiel (6.2).

7.4. À la différence de la Chose en général, la Chose propre de l'amour courtois (7.2) constitue le réel auquel est élevé, par la sublimation (7.1), l'imaginaire de l'objet qu'est la Dame (7.3).

7.5. Dans la science, la religion et l'art, si la sublimation peut élever l'objet à la dignité de la Chose (7.1), c'est parce que la place de celle-ci est vide -en étant, cette place, forclose dans l'incroyance de la sublimation scientifique, évitée par le déplacement de la sublimation religieuse ou refoulée tout en étant entourée par la sublimation artistique.

7.6. Pour accepter qu'une représentation imaginaire, soit religieuse, artistique ou scientifique (7.5), puisse représenter la Chose, il faut nécessairement la sublimer, l'élever à la dignité de cette Chose qu'elle prétend pouvoir représenter (7.1).

8. Effacée par le signifiant, la Chose pâtit l'action meurtrière du symbolique.

8.1. L'Autre symbolique, ou l'être symbolique langagier, en tant que lieu du signifiant où manque la Chose et où chemine le sujet, se distingue comme tel de l'être réel chosique, en tant qu'Autre de l'Autre ou Autre réel, premier extérieur, absolu, préhistorique et inoubliable, autour duquel s'oriente tout le cheminement du même sujet.

8.2. Le sujet du signifiant, le sujet qui existe dans la chaîne signifiante, peut élever son objet signifié à la dignité de la Chose insignifiée (7.1) parce qu'il fait le signifiant en effaçant la Chose -et en devenant, par cet effacement, la Chose privilégiée qu'il est en tant que rien (6.4), comme insignifiance de l'objet a (4.5).

8.3. Premier effacement de la Chose (8.2), le graal qui la représente symboliquement, ce graal en tant que trait unaire n'est qu'un trait signifiant de cette Chose, un trait isolé, une marque distinctive, celle de l'Un de la totalité unitaire chosique, en même temps qu'une trace, une trace vide, comme celle du Saint-Sépulcre.

8.4. Dans la névrose obsessionnelle, de même que dans la sublimation religieuse (7.5), le sujet du signifiant, qui fait le signifiant en effaçant la Chose (8.2), veut effacer l'effacement par un déplacement métonymique, lequel, après éviter le vide qui résulte de l'effacement, élève l'objet de l'obsession, comme but déplacé, à la dignité de la Chose éffacée (7.1). Dans la paranoïa, de même que dans la sublimation scientifique (7.5), le sujet ne peut élever l'objet à la dignité de la Chose (7.1), en le subjectivant comme Autre réel persécuteur, que par une métaphore délirante qui efface la Chose forclose (8.2). Dans l'hystérie, de même que dans la sublimation artistique (7.5), le sujet élève à la dignité de la Chose un objet (7.1) qui entoure le vide laissé par cette même Chose, en tant qu'effacée par le refoulement propre à la métaphore paternelle (8.2).

8.5. En étant effacée par le signifiant (8.2), la Chose réelle est meurtrie par le symbole qui est censé la représenter, mais qui ne représente -comme Vorstellungrepräsentanz- qu'autre chose (2.7), à savoir une image mentale ou une représentation imaginaire de la Chose (3.4), voire l'objet imaginaire élevé à la dignité de la Chose (7.1) que cet objet représente -comme Vorstellung- dans la sublimation artistique, scientifique et religieuse (7.5).

8.6. La Chose n'est absente dans la parole (4.4), perdue dans l'objet (6.5) et réduite au rien dans le sujet (6.4), que par ce qu'elle pâtit du signifiant qui l'efface (8.2) ou la meurtrit (8.5).

9. Présente en soi et pour soi, la Chose est présente en tant que soi.

9.1. Comme représentation réelle de la totalité chosique (6.1), l'objet a est une partie de cette totalité, la partie qui n'est présente, comme indice pour le sujet, qu'en tant que manque, inconsistance, vide au sein de la Chose qui s'ouvre, vide qui devient monde, espace, lieu de l'Autre ou de l'être symbolique langagier, où la consistance de l'être réel chosique manque (8.1).

9.2. En étant à chaque moment effacé par le signifiant (8.2) ou meurtri par le symbole (8.5), l'être réel chosique, tout en étant pour cette raison absent dans la parole, perdu dans l'objet et réduit au rien dans le sujet (8.6), tout en étant ainsi absent dans le sujet, pour lui et en tant que lui, il reste pourtant présent en soi, pour soi et en tant que soi (6), comme ce qui du réel pâtit à chaque moment de l'action du signifiant ou de l'être symbolique langagier (8).

9.3. Comme l'objet a qui la représente réellement (6.1), la Chose est d'abord absente dans le sujet, dans la parole où il existe (3), comme le sein maternel qui lui manque depuis la frustration du sévrage, mais ensuite elle est aussi réduite au rien en tant que sujet, comme l'être dont il est privé en tant que signifiant pour un autre signifiant (6.4), alors que finalement elle est encore perdue pour le sujet, dans son moi et dans ses petits autres imaginaires (6.5), comme le phallus, insaisissable au miroir, dont il est castré,

9.4. En étant présente en soi (6.6), la Chose est fermée en soi, absente pour le sujet (6.5), inconnaissable, inaccessible, inconsciente comme Chose psychique et suprasensible comme Chose physique.

9.5. La Chose, insensible et inconsciente, fermée en soi (9.4), est pourtant ouverte pour soi, présente pour soi (6.6) indépendamment de la conscience et de la sensibilité, soit de manière psychotique, comme présence réelle proprement dite, soit de manière nevrotique, dans sa représentation réelle.

9.6. La Chose n'est présente pour soi (9.5), en étant seulement présente en soi (9.4), qu'en étant présente en tant que soi -comme vide chosique-, et non pas en tant que telle (6.6) -dans la mesure où elle est suprasensible et inconsciente (9.4), absente donc en tant que Chose, absente dans le sujet, pour lui et en tant que lui (6.3).

10. La Chose est éloignée du sujet du signifiant, lequel peut toutefois se rapprocher d'elle jusqu'au point de se confondre avec elle.

10.1. La Chose, bien qu'absente dans le sujet, pour lui et en tant que lui (6.3), elle doit être présente quelque part, certainement loin du sujet -elle doit être présente là, comme réel ou partout dans le réel, en présence d'elle même (1.6), présence en soi (9.4), pour soi (9.5) et en tant que soi (9.6).

10.2. La Chose lointaine pourra être présente -en soi et pour soi et en tant que soi- tout en étant absente -dans le sujet et pour lui et en tant que lui-, précisement parce qu'elle sera loin, parce qu'elle sera ainsi présente quelque part, là-bas, où elle se trouve (10.1), malgré son absence ici, où se trouve le sujet.

10.3. Si le sujet du signifiant se rapproche de la Chose insignifiée qui est présente quelque part loin de lui (10.1), c'est parce que cette Chose elle-même le rapproche d'elle -tout en le tenant à distance.

10.4. Puisqu'elle se rapproche le sujet tout en le tenant à distance (10.3), la Chose peut à juste titre être définie, à partir de son action, comme un rapprochement dans l'éloignement, lequel se manifeste symboliquement comme le désir du sujet soumis à la Loi du signifiant, voire le déloignement de son être-là, être symbolique langagier, par rapport à l'être-en-soi, l'être réel chosique.

10.5. Puisque là où la Chose est réellement (10.1), dans l'espace réel qu'elle occupe, il n'y a d'autre présence que sa présence réelle de Chose (2.1), le sujet ne pourra se rapprocher de la Chose (10.3), au-delà d'une certaine limite, qu'en se confondant avec elle -dans une proximité absolue, sans éloignement, où le désir disparraît dans la jouissance d'un sujet qui n'est plus soumis à la Loi du signifiant (10.4).

10.6. Tout en étant réellement représentée (5.3) par l'insignifiance de l'objet a (4.5), la Chose qui se rapproche le sujet du signifiant (10.3) sans pour autant le confondre avec elle (10.5), cette Chose qui est toutefois le sujet chosique ou le sujet de tous les prédicats ou le sujet en tant que rien (6.4), cette Chose ne reste insignifié (4.4), sa place ne reste vide, que dans la mesure où elle est signifiante -en tant qu'extimité, déloignement, rapprochement dans l'éloignement, présence dans l'absence, Da dans le Fort ou objet ultime de désir dans la soumission à la Loi (10.4).

11. L'adéquation entre la Chose qui s'ouvre et le sujet qui assiste à cette ouverture n'aura lieu que dans la méprise de la Chose par le sujet.

11.1. Dans la chose freudienne qui parle, on assiste à l'ouverture du vide signifiant de la Chose insignifiée (10.6).

11.2. Il peut y avoir une vérité, une adequation des choses au sujet -comme adaequatio rei et intellectus-, parce que la Chose freudienne ouverte et parlante (11.1), la Chose présente pour soi (9.5), qui parle au sujet par les choses -en ouvrant pour lui son vide signifiant du monde-, cette Chose, comme sujet de tous les prédicats -en étant présente en soi-, est le même sujet pour lequel elle est présente -en étant présente pour soi-, elle est donc la Chose qui s'ouvre et parle comme intellect dans le sujet -pour autant qu'il est sujet du signifiant-, tout en étant la Chose qui lui parle d'elle -en lui parlant de lui-même comme sujet insignifié de tous les prédicats- au moyen des choses de la réalité signifiée -par la parole de la Chose en tant que chaîne signifiante où existe le sujet du signifiant.

11.3. Même en ouvrant pour le sujet son vide signifiant du monde (11.2), la Chose en tant que telle ne s'ouvre pas -à proprement parler- pour le sujet (6.5), mais seulement pour soi (6.6), dans la mesure où elle ne peut s'ouvrir pour le sujet qu'en étant le sujet, ne pouvant donc s'ouvrir pour lui qu'en s'ouvrant pour soi (9.5).

11.4. Du fait que la Chose ne s'ouvre dans le sujet et pour lui qu'en s'ouvrant en soi et pour soi (11.3), le sujet, en tant que lui, méprendra necessairement cette ouverture du vide signifiant de la Chose insignifiée (11.1) ; il méprendra, d'une part, cette ouverture en soi et pour soi, qui n'est en lui et pour lui que pour autant que lui n'est plus vraiment lui mais le soi de la Chose, ainsi qu'il méprendra, d'autre part, sa propre vérité, c'est-à-dire l'adéquation, à l'intérieur du soi, entre l'intellect et le réel réel ou la réalité imaginaire, voire l'adéquation entre l'ouverture en soi -comme son existence dans ce que la Chose parle en lui- et l'ouverture soit pour soi -comme son être insignifié dont la Chose lui parle- ou bien pour lui -comme le semblant d'être de la réalité signifiée par la parole de la Chose (11.2).

11.5. La Chose, comme sujet insignifié de tous les prédicats, est absente, en tant que l'achose (4), dans sa propre parole de Chose freudienne (11.1), comme chaîne des prédicats où existe le sujet du signifiant.

11.6. Le vide signifiant de la Chose insignifiée (10.6) ne sera évité dans la religion et l'obsession, refoulé dans l'art et l'hystérie et forclos dans la science et la paranoïa (8.4), que pour autant que la Chose, qui pâtit d'elle-même en pâtissant du signifiant (8.6) qui l'efface (8.2) ou la meurtrit (8.5), ne peut s'ouvrir en soi et pour soi (11.3) que dans sa méprise par le sujet du signifiant (11.4) dans lequel et pour lequel elle s'ouvre (11.2), tout en étant réduite au rien en tant que lui (6.4) -ainsi qu'absente dans sa parole (3) et perdue.

12. La Chose, ouverte pour le sujet, ne sera jamais aussi proche de lui, ou aussi relativement présente pour soi, que dans la perversion et la mélancolie.

12.1. Le vide signifiant de la Chose insignifiée (10.6), ce vide qui ne peut s'ouvrir en soi et pour soi (11.3) que dans sa méprise par le sujet du signifiant (11.4) dans lequel et pour lequel elle s'ouvre (11.2), sera dénié dans la perversion, ainsi que dans une certaine éthique, où le sujet divisé, tout en étant identifié à l'Autre du vide signifiant, se rapporte à l'objet insignifiant qu'il est pour soi, cet objet qui remplirait le vide signifiant de la Chose en soi, du sujet ou de l'Autre, si la perversion ne conservait pas un rapport seulement fantasmatique ($(a) entre le vide en soi ($) et l'objet (a) pour soi.

12.2. Dans la perversion et dans une certaine éthique, le déni du vide signifiant, ce déni sous une forme purement signifiante, suprasensible ou insignifiée, peut à lui seul remplir ce vide, afin de le dénier (12.1), dans la mesure où il correspond à la signifiance insignifiée de la Chose (10.6).

12.3. À l'horizon, au-delà du principe de plaisir, dans la nature suprasensible ou insignifiée (12.2), dans le droit pervers à la jouissance et dans le champ de la Loi morale kantienne comme autonomie de notre volonté (12.1), nous avons le Souverain Bien, le Gute, en tant que Chose maternelle (5.1), en tant que Ding, Chose de jouissance ou objet dernier de notre désir (10.6). En-deça de cet horizon, dans la nature sensible, soumise au principe de plaisir, nous avons le bien comme confort ou bien-être, le Wohl, au niveau des autres choses, des Sachen, ou plus précisement des Sachvorstellungen (4.4), des représentations imaginaires de la Chose, en tant que des objets imaginaires désirés (5.7).

12.4. Il n'y a que la locution signifiante à l'état pur -telle une Loi universelle qui dénie le vide chosique dans l'éthique ou la perversion (12.1)-, et non pas l'objet comme entité signifiée (7.1), qui puisse être dignement élevée à la dignité d'un Chose, comme Souverain Bien (12.3), qui ne reste insignifiée que pour autant qu'elle est signifiante (10.6).

12.5. Par rapport au vide signifiant de la Chose, au lieu du refoulement hystérique, du déplacement obsessionnel, de la forclusion paranoïaque (7.2) et du déni pervers (12.1), ce qu'il y a dans la mélancolie c'est une incorporation du sujet par le vide.

12.6. Le vide signifiant de la Chose insignifiée (10.6) sera comblé dans la mélancolie, ainsi que dans une certaine philosophie, où le sujet non-divisé en soi, en étant indiscernable de l'objet insignifiant qu'il devrait être pour soi, cesse d'exister lorsqu'il se précipite par le suicide ou par l'ontologie dans le vide qui l'incorpore (12.5), cette place de l'Autre qui devient la place du Même lorsqu'elle cesse d'être ouverte pour soi (11.3), en reprenant dans une confusion chosique, dans un rapprochement sans éloignement (10.5), l'être du sujet, qui était pour soi, et en se fermant sur lui ou en soi -dans la mesure où l'être du sujet ne pourra plus ex-sister par rapport à elle.