Saynète au clair de lune

La scène se déroule à la nuit tombée. Quelques cailloux frappe une vitre. Une jeune femme ouvre une fenêtre surplombant un jeune homme tapis dans le noir.

Qui donc m'appelle par cette heure tardive?

   Un errant, un amant qui part à la dérive.
   De cet amour grandissant, mon âme est
   inquiète
   Il est fougueux, imprudent et d'allure piètre.

Mais de qui, cet hercule, est-il donc amoureux?

   D'une clarté qui vibre et qui vous rend
   heureux
   Du soir au matin et de l'aube au
   crépuscule.
   Dans cette lueur, drapée de soie et de tulle,
   Vous m'apparaissez, brillante, un rien
   ingénue.

Vous me comblez d'aise à parler là dans la rue
D'un élan familier qui par simple pudeur
Aurait dû s'étouffer pour ne nuire à mon coeur.

   Soyez sûr ma dame, que la chose fut faite
   Mais tout petit déjà, l'aimée étant parfaite
   Je ne puis me résoudre à tuer cette bête.

Sortez-le, divertissez-le à une fête
Pour que, de toutes pulsions, il n'en reste rien
Qu'inoffensif dans l'âme, il passe son chemin.

   Mais croyez, mon amie, que du haut des
   persiennes
   Tous les mots lourds et douloureux qui me
   parviennent
   Ne chasseront point cette amour que je
   vous porte,
   Puisse l'âme se réchauffer, devenir forte,
   Propice au poète que vous saurez aimer.
   Sous cette nuit, ma défaite est bien
   entamér...

Oh, si je vous ai bléssée, il n'en était rien
Un pas de prudence que je ne ferai demain
Si ce petit poète vient me tendre la main
Mes mots seront plus doux, plus légers et plus fins.

                   ©Post'it




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