TRAVAILER POUR
LA PAIE : LES RACINES DE LA REVOLTE 1. QU’EST-CE QUE LA CLASSE OUVRIERE ? |
Nous donnons ci-après le
premier chapitre de l'ouvrage de Martin Glaberman et de Seymour Faber, Working
for Wages : The Roots of Insurgency*. Martin Glaberman est décédé
récemment**. L'intérêt pour la
classe ouvrière est presque aussi vieux que la classe ouvrière elle-même. Cet
intérêt, pourtant, n'a pas été toujours uniforme ou consistant. Les écrits
les plus anciens furent ceux des économistes classiques, qui traitaient les
travailleurs principalement comme des catégories économiques. Peu après eux
vint Karl Marx qui fut et reste la figure magistrale de l'étude de la classe
ouvrière sous le capitalisme. Nous reviendrons souvent aux positions de Marx
dans le courant de cette étude. Il nous suffit de dire maintenant que Marx
voyait la classe ouvrière comme un tout. Elle n'était pas fragmentée en
catégories économiques ou politiques ou sociologiques. Les travailleurs sont
des êtres humains et ils ne peuvent pas être résumés par une loi de la
valeur, un niveau de conscience, une organisation politique ou un syndicat. Marx et les économistes
classiques partageaient une caractéristique essentielle : ils écrivaient tous
dans des termes correspondant à l'analyse d'un système économique global --
un système purement économique pour les économistes classiques, un système
social pour Marx. D'autres ont écrit sur -- en gros -- la classe ouvrière,
mais ils rétrécissent leur champ d'investigation et présupposent l'existence
du capitalisme sous la forme dans laquelle ils le voient. Les attitudes envers la
classe ouvrière ont changé selon les différentes périodes. Les raisons de ces
changements tenaient habituellement à l'activité de la classe ouvrière
elle-même. Dans la dernière partie du xixe siècle, avec à la fois
l'industrialisation massive et de très hauts niveaux de luttes ouvrières et
de militantisme, ainsi que la croissance de toutes sortes d'organisations
ouvrières, l'intérêt pour la classe ouvrière s'intensifia. Il prit d'abord la
forme de travaux sur l'histoire du travail, abordé habituellement de manière
institutionnelle (1). Puis s'exprimèrent des préoccupations relatives à la
productivité du travail. La nécessité de mieux contrôler la classe ouvrière
dans le procès de travail conduisit à une théorie ouvertement orientée vers
les besoins du management comme celle de Frederick Taylor. Mais cela
conduisit aussi aux travaux encore plus sophistiqués et plus ouvertement
orientés des sociologues et psychologues industriels. Elton Majo fut le
pionnier de ce champ de recherche, et des études comme celle de Hawthorne à
l'usine Western Electric de la Bell Telephone System, dans les années 1920 et
le début des années 1930, restent toujours valables pour la compréhension de
la nature de l'aliénation de la classe ouvrière (2). Au même moment, la
stabilisation relative du mouvement syndical, sous la forme de l'American
Federation of Labor (AFL) et ses syndicats de travailleurs qualifiés,
conduisait à l'essor d'une école d'historiens du travail pro-syndicaux,
autour de John R. Commons et de ses associés (3). La vision que partageait
cette école prit corps dans la théorie du mouvement ouvrier (4) de Selig
Perlman. Selon Perlman, les préoccupations et la conscience de la classe
ouvrière américaine sont essentiellement limitées à des buts économiques
étroits liés aux salaires, aux conditions de travail et à la sécurité de
l'emploi. Cette théorie justifiait la philosophie de l'AFL et faisait rejeter
le socialisme comme alternative valable pour les travailleurs américains. Après les batailles des
travailleurs les plus militants des années 1930 et la formation de grands
syndicats ouvriers, les historiens du travail commencèrent à transformer les
théories de Perlman. Mais les changements importants dans les théories sur la
classe ouvrière apparurent après la seconde guerre mondiale. La guerre
froide, le déclin du militantisme dans le mouvement ouvrier, l'érosion de
l'influence et du pouvoir des syndicats comme leur incapacité à faire face à
une politique de plus en plus anti-syndicale amenèrent, dans les années 1950,
puis plus particulièrement dans les années 1960, de nouveaux travaux. Les
historiens du travail en particulier allèrent bien au-delà des préoccupations
institutionnelles touchant l'histoire des syndicats, pour s'occuper de
questions comme la culture ouvrière, les changements dans la nature de la
classe ouvrière et les formes des luttes ouvrières. L'avant-garde de ce
mouvement vers une nouvelle histoire du travail comptait David Brody, Herbert
Gutman et David Mongomery. Les dimensions de l'ethnicité et de la race furent
ajoutées au panorama de l'histoire de la classe ouvrière américaine, et
finalement, le rôle des femmes dans la classe ouvrière commença à être estimé
d'une façon plus en rapport avec sa place réelle (5). Mais cette nouvelle
histoire du travail s'arrêta avant de s'occuper de la classe ouvrière
contemporaine. Les historiens découvrirent un radicalisme et un militantisme
de base chez les travailleurs américains ou dans des parties de la classe
ouvrière américaine qu'ils étudiaient ; mais ce radicalisme n'est plus de
mise chez les travailleurs d'aujourd'hui. D'où l'on déduit très souvent que
le radicalisme était une tradition que la classe ouvrière américaine a
abandonné. Cette façon de voir fut
approfondie par les travaux sociologiques, y compris de gauche. La
fragmentation des analyses en compartiments apparemment rigides -- économiques,
politiques, procès de travail, organisations ouvrières, conscience de classe
-- permettait facilement d'insister sur les limites des travailleurs
américains. Elles existent bien. Mais les limites des travailleurs ne doivent
pas être confondues avec les limites des universitaires qui étudient la
classe ouvrière. Les nouvelles étapes
des relations entre le capital et le travail et les nouvelles crises dans les
relations de travail provoquent souvent un retour à Marx. Dans une période
qui vit un nombre croissant de grèves sauvages, de sabotage et un déclin de
la productivité, Time notait en 1970 que l'industrie des pays de l'Ouest a
depuis longtemps détruit les prédictions de Marx selon lesquelles les
travailleurs deviendront toujours plus pauvres dans un état capitaliste. Mais
l'inexactitude de sa prédiction, bien moins souvent citée, selon laquelle les
travailleurs deviendraient progressivement plus aliénés de leur travail doit
être encore démontrée (6). L'analyse de Marx est bien mal servie si on
la formule sous forme de prévisions ou de projections. Elle est trop complexe
pour être reproduite en un bref essai. Mais certains de ses aspects doivent
être compris. Dans sa loi générale de
l'accumulation capitaliste, le point central du 1er volume du Capital, Marx
écrit : Il en résulte que, quel que soit le taux des salaires, haut ou
bas, la condition du travailleur doit empirer à mesure que le capital
s'accumule. Enfin la loi, qui toujours équilibre le progrès de l'accumulation
et celui de la surpopulation relative, rive le travailleur au capital plus
solidement que les coins de Vulcain ne rivaient Prométhée à son rocher. C'est
cette loi qui établit une corrélation fatale entre l'accumulation du capital
et l'accumulation de la misère, de telle sorte qu'accumulation de richesse à
un pôle, c'est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d'ignorance,
d'abrutissement, de dégradation morale, d'esclavage, au pôle opposé, du côté
de la classe qui produit le capital même. (7) On peut voir ici que
Marx ne présente pas la paupérisation absolue de la classe ouvrière. Il
n'exprime pas plus une croyance dans une conscience de classe, intelligence
et objectivité croissantes des travailleurs. Au contraire, ignorance,
brutalité, dégradation mentale grandissantes. D'où vient alors la capacité
que la classe ouvrière aurait de transformer la société, ce qui est l'élément
absolument essentiel de la théorie marxiste ? Les conditions de vie et de
travail du prolétariat contraindront, pensait Marx, la classe ouvrière à se
conduire de telle façon qu'elle accomplira finalement cette transformation.
Peu importe ce que tel ou tel prolétaire ou même le prolétariat tout entier
imagine momentanément comme but. Seul importe ce qu'il est et ce qu'il sera
historiquement contraint de faire en conformité avec cet être. (8) Alors, qu'est-ce qui
rendra possible pour la classe ouvrière la création d'une nouvelle société ?
Pour produire massivement cette conscience communiste, aussi bien que
pour faire triompher la cause elle-même, il faut une transformation qui
touche la masse des hommes ; laquelle ne peut s'opérer que dans un mouvement
pratique, dans une révolution. Par conséquent, la révolution est nécessaire
non seulement parce qu'il n'est pas d'autre moyen pour renverser la classe
dominante, mais encore parce que c'est seulement dans une révolution que la
classe du renversement réussira à se débarrasser de toute l'ancienne fange et
à devenir ainsi capable de donner à la société de nouveaux fondements.
(9) Ceci, bien sûr,
n'épuise pas ce que Marx a écrit sur la classe ouvrière. Mais ces citations
autorisent certaines observations préliminaires. La classe ouvrière lutte
contre le capitalisme parce que ses conditions objectives de vie l'y
contraignent, pas parce qu'elle est éduquée à une quelconque conscience
plus élevée par quelque force extérieure comme un parti politique.
Il semblerait aussi que
la lutte contre le capitalisme inclut toutes les formes et tous les niveaux
de lutte, des luttes individuelles aux luttes collectives, depuis les luttes
locales jusqu'aux luttes nationales (ou internationales), des luttes
économiques aux luttes politiques. En fait, il serait bien difficile de
concevoir comment les formes de lutte plus générales ou plus radicales comme
les grèves générales, les occupations d'usine ou les conseils ouvriers,
pourraient survenir sans la préexistence des formes plus limitées de lutte :
sabotage, grèves locales, organisation syndicale et tout ce qui peut y
ressembler. Il semblerait que Time
soit tombé juste. C'est l'aliénation, caractéristique fondamentale de la vie
et du travail dans la société capitaliste, plutôt que quelque paupérisation
abstraite, qui donne l'élan de base des luttes ouvrières. C'est l'incapacité
persistante du capitalisme à réduire de façon significative l'étendue de
l'aliénation dans le procès de travail qui semble assurer la perpétuation des
résistances et des luttes ouvrières. Ceci n'exclut naturellement pas les
luttes pour les salaires et ce qu'on appelle avantages sociaux. Au moment où Time
faisait cette incursion chez Marx, le job enrichment était la
marotte des sociologues du travail. Plus récemment, cette mode a pris la
forme de préoccupations relatives à la qualité dans la vie au travail ,
vraisemblablement inspirées du modèle japonais, tout comme les modes
antérieures suivaient le modèle scandinave. Dans un cas comme dans l'autre,
les succès furent limités et temporaires (10). L'aliénation est-elle
pas limitée aux travailleurs, ou l'est-elle à la société capitaliste. Elle
est plus intense dans les lieux de travail modernes et parmi ceux qui y
uvrent. Ce sera un concept essentiel de cette étude. Aliénation
est un mot qui a beaucoup de sens, certains liés à la folie (aliéniste est le
terme démodé pour désigner celui qui s'occupe des problèmes mentaux). Mais la
plupart des sens du mot sont relatifs au contrôle d'un être humain par une
force extérieure ou une force dominatrice. Le philosophe Erich Fromm fait
remonter le concept d'aliénation jusqu'à la Bible qui enjoint de ne pas
adorer de fausses idoles. Cela veut dire que les
humains ne doivent pas donner à des objets matériels (les idoles qu'ils ont
eux-mêmes fabriquées) le pouvoir de les contrôler. Chez Marx, l'aliénation se
rattache essentiellement à la division du travail, mais elle devient plus
sévère dans la société capitaliste. Dans la section Le
travail aliéné des Manuscrits économiques et philosophiques de 1844, Marx
présente quatre aspects de l'aliénation (11). Le premier d'entre eux
est l'aliénation de l'être humain du produit du travail. Ce produit, tout d'abord,
est l'outil créé par les humains. Aux temps primitifs, cela pouvait être une
lance, un hameçon, un arc et des flèches. Dans les sociétés plus proches,
naturellement, l'aliénation n'atteignit nulle part l'intensité de
l'aliénation dans une société industrielle. A l'époque moderne,
l'outil c'est la machine. Toujours, l'outil détermine comment le travailleur
vit, ce que la population est capable de produire, ce qu'elle peut manger, ce
qu'elle peut porter, où elle peut vivre. On doit comprendre que chez Marx,
toute chose implique des contradictions. L'aliénation n'est pas simplement un
mal en développement, mais elle contient des contradictions. Elle est aussi,
tout comme la division du travail, une productivité croissante, un confort
accru, une longévité croissante, etc. Le deuxième aspect de
l'aliénation est l'aliénation du procès de travail. Le travailleur travaille
de la manière dont la machine lui impose de le faire. Son travail n'est pas
une expression de l'activité humaine. Le travail devient un moyen pour
atteindre un but. On travaille pour pouvoir vivre, mais on ne vit pas dans un
travail. Naturellement, certains travaux sont plus plaisants que d'autres.
Mais, quelle que soit la nature du travail que l'on fait, la division du
travail, limitant une sorte de travail à une seule personne, est la source
d'une aliénation plus profonde. Selon une des plus célèbres formulation de
Marx, l'homme (le travailleur) se sent seulement librement actif dans
ses fonctions animales -- manger, boire, procréer, ou au mieux dans son
habitation, dans son habillement, etc. ; mais dans ses fonctions humaines il
ne se sent plus du tout lui-même,rien d'autre qu'un animal. Ce qui est animal
devient humain et ce qui est humain devient animal (12). Troisièmement, les être
humains deviennent aliénés par rapport à leur propre espèce, c'est-à-dire par
rapport à l'humanité. Les êtres humains ont la capacité de créer l'art, la
science, la technologie, etc... Pour le travailleur,
cela se présente sous la forme de la machine qui contrôle sa vie. Et
finalement, en conséquence des trois premières formes ainsi définies, le
quatrième aspect est l'aliénation d'un être humain par rapport à l'autre. Les
moyens de production, les produits du travail, le procès de production,
toutes les qualités qui caractérisent les êtres humains, sont incorporées
dans d'autres êtres humains -- le possédant, le manager, l'homme de science,
l'ingénieur, etc. Ces concepts sont
beaucoup trop complexes pour pouvoir être présentés ici, mais un aspect doit en
être clairement compris. Marx ne voyait pas l'aliénation simplement comme un
phénomène psychologique. L'aliénation est largement admise dans la sociologie
et la psychologie académique. Mais le plus souvent, elle est présentée comme
psychologique, c'est-à-dire que les travailleurs sentent ou pensent qu'ils
n'ont aucun contrôle sur leur travail ou sur leur vie. Pour Marx, cela va
beaucoup plus loin que ça. Les travailleurs pensent et sentent qu'ils n'ont
aucun contrôle parce qu'en fait ils n'en ont pas et que les programmes de
management qui leur donnent le sentiment d'être impliqués, en fait
égratignent à peine la surface du problème. Ils peuvent même accroître l'aliénation,
c'est- à-dire rendre les travailleurs encore plus impuissants. Avant d'aller plus
loin, il est nécessaire de définir la classe ouvrière. Que veut-on dire par
définir ? On doit comprendre que les définitions ou concepts dans les
sciences sociales ne sont pas des absolus et qu'ils ne sont pas des
choses qui seraient vraies ou fausses. Les définitions sont des outils
qui nous aident à comprendre la réalité et à clarifier les catégories avec
lesquelles nous examinons la nature de la société humaine. Ils peuvent être
plus ou moins utiles. Ils peuvent clarifier et rendre plus perceptible notre
point de vue sur les éléments de la société que nous examinons. Les
définitions ne sont pas universelles et doivent changer à mesure que la
société change. Dans le pire des cas, les définitions, si elles ne sont pas
clairement formulées, peuvent distordre notre vision de la réalité sociale et
limiter notre compréhension du monde. Une définition
classique de la classe ouvrière a été avancée par l'historien britannique du
travail E. P. Thompson : J'entends par classe un phénomène historique,
unifiant des événements disparates et sans lien apparent, tant dans
l'objectivité de l'expérience que dans la conscience. J'insiste sur le
caractère historique du phénomène. Je ne conçois la classe ni comme une
"structure" ni même comme une "catégorie", mais comme quelque
chose qui se passe en fait -- et qui, on peut le montrer, s'est passé -- dans
les rapports humains. () Comme tout autre
rapport, c'est un phénomène dynamique qui échappe à l'analyse dès lors qu'on
tente de le figer à un moment particulier pour en dégager les composantes. La
grille sociologique la plus fine ne saurait mettre en évidence un pur modèle
de classe, pas plus qu'un pur modèle de déférence ou d'amour. Ce rapport doit
toujours s'incarner dans des hommes et un contexte réels. () L'amour n'est
pas concevable sans amants, ni la déférence sans squires et paysans. ()
L'expérience de classe est en grande partie déterminée par les rapports de
production dans lesquels la naissance ou les circonstances ont placé les
hommes. La conscience de classe est la manière dont ces expériences se
traduisent en termes culturels et s'incarnent dans des traditions, des
systèmes de valeurs, des idées et des formes institutionnelles. (13) Nous aimerions apporter
une modification à cette définition. Alors que la classe consiste en
relations dynamiques qui changent constamment et alors qu'elle ne forme pas
une structure au sens des sociologues, à un moment et à un endroit
particulier quelconques, la classe a une forme et un caractère qui peuvent
être examinés et définis. La nature de la classe ouvrière et la nature de la
classe capitaliste ou employeuse changent constamment. Des firmes de famille
et d'associés, le capitalisme a évolué vers des structures de sociétés, de
monopoles, de conglomérats et d'entreprises d'Etat, de contrôle et de
régulation d'entreprises industrielles, commerciales et financières. De la même façon, la
classe ouvrière dans la société américaine a changé de dimension et de
composition. De l'artisan au professionnel indépendant et aux travailleurs
non qualifiés qui formaient un faible pourcentage de la population, la classe
ouvrière commence à inclure un grand nombre d'ouvriers d'usine non qualifiés
ou semi-qualifiés et un nombre croissant de cols blancs . On doit considérer
clairement qu'au centre d'une définition quelconque de la classe ouvrière,
comme le nom lui-même l'indique, se trouve la relation au travail. Les
salariés sont le facteur déterminant. Les enfants et les conjoints sont dans
la classe définie par le travail de celui, mâle ou femelle, qui soutient la
famille et la relation du travailleur à un employeur et aux moyens de
production. A l'exception de quelques travaux manuels, les travailleurs
travaillent pour d'autres, qui contrôlent les moyens de production. Les frontières entre la
classe ouvrière et la classe moyenne ont toujours été fluides et souvent pas
très nettes. Des activités qui autrefois étaient indépendantes sont devenues
salariées. Des professionnels divers comme les comptables, les ingénieurs,
les juristes, qui étaient traditionnellement indépendants, sont devenus en
nombre croissant des employés salariés de grandes firmes. D'autres activités
relativement nouvelles, comme les travailleurs sociaux, sont le plus souvent
des salariés. Ces catégories d'employés salariés font-elles partie de la
nouvelle classe ouvrière ? Ou d'une nouvelle classe moyenne en essor ? Notre réponse à ce
sujet ne peut être qu'une approche. Aux extrêmes, les réponses sont
relativement simples. Le mode de paiement n'est pas un critère adéquat pour
situer une classe, les vice-présidents de compagnies et les managers ne sont
pas des travailleurs, même s'ils sont des salariés de la firme et nullement
des entrepreneurs indépendants. A l'autre bout de
l'échelle, les cols blancs qui ont peu ou pas de contrôle sur leurs
conditions de travail ne sont pas transformés en membres de la classe moyenne
par le fait qu'ils ne sont pas payés à l'heure et n'ont pas à pointer.
D'autres catégories d'employés peuvent être quelque peu marginaux, comme les
enseignants et les travailleurs sociaux. Leurs salaires sont garantis, ils
ont un statut professionnel et ils ont un certain pouvoir de contrôle sur
leurs clients, que ce soit les étudiants ou les pauvres. Pourtant, eux aussi
souffrent d'une importante aliénation. Les cadres font pression sur eux pour
qu'ils produisent et souvent ils s'organisent en syndicats, mènent des grèves
militantes, etc. On doit souligner que
les écrivains d'il y a un siècle, un siècle et demi, ne se souciaient guère
de définir la classe. Ce n'était pas parce qu'ils étaient peu scientifiques
ou peu exigeants. C'était principalement parce que l'existence de classes et
leur nature générale étaient considérées comme évidentes. Une des conséquence
de cent ans de sciences sociales et de spécialisations, sans oublier la
propagande gouvernementale, a été de fragmenter et de diluer le concept de
classe, presque au-delà de toute reconnaissance. Les deux plus grandes
puissances du monde proclamèrent être des sociétés sans classe. Les
Etats-Unis n'avaient pas de classes : tout le monde était de la classe
moyenne. L'URSS n'avait pas de classes : tout le monde y était prolétaire.
Dans la mesure où on accepte ces idées superficielles, en totalité ou en
partie, la capacité de comprendre la société et les travailleurs en
particulier est déformée et limitée. Les définitions, par
suite, ne sont pas absolues. Elles changent en même temps que les catégories
définies. Les travailleurs peuvent être définis en relation avec le rapport
qu'ils ont dans une activité productive quand on examine les préoccupations
liées à un emploi. D'autre part, la définition peut être modifiée pour
inclure les conjoints et les enfants quand l'objet de l'investigation est la
famille ouvrière, soins maternels, éducation, logement, voisinage et tout ce
qui s'ensuit. Une des limites des sciences sociales traditionnelles tient à
la nécessité d'avoir des définitions absolues pour rendre possibles des
analyses statistiques. Ce qui est important, c'est que la définition dont on
se sert soit claire, pas qu'elle soit éternelle. La composition de la
classe ouvrière est toujours en mouvement, puisqu'elle est le résultat de
changements technologiques et autres. Les changements des années récentes ont
été assez grands pour que beaucoup d'écrivains affirment qu'il s'agit d'une
nouvelle étape du capitalisme. Quelques-uns l'appellent ère
post-industrielle , d'autres société de services qui
remplacerait une société produisant des marchandises. Tout ceci met en
question la vision marxiste traditionnelle de l'importance cruciale du
prolétariat industriel. Il est nécessaire de voir brièvement comment les
changements influencent les possibilités de militantisme ou de révolte. Traditionnellement, le
militantisme et l'organisation syndicale ont été associés à de grandes unités
industrielles. On trouvait là deux éléments faciles à voir. L'un était la
dimension des concentrations ouvrières. L'autre était le pouvoir social et
économique significatif de ces grandes concentrations. L'usine Ford Range (60
000 ouvriers à son zénith) dominait tout l'empire automobile Ford. Dodge Main
jouait un rôle similaire dans la Dodge Division de l'empire Chrysler. Mais
Dodge Main est maintenant rasé et le complexe de Ford Range n'est plus qu'une
coquille vide. De grands conglomérats industriels ont décentralisé leurs
activités manufacturières. Mais cela n'a pas laissé les travailleurs
impuissants et inactifs. Des usines importantes, requérant très souvent
d'importants investissements en capital et qui par suite ne peuvent être aisément
reconstruites, jouent encore le même rôle que les vieilles installations
centralisées. Les usines d'emboutissage, de l'automobile, par exemple, qui
pouvaient être situées dans de petites ville du Midwest et qui emploient 6
000 à 8 000 travailleurs, peuvent encore bloquer un tiers, voire plus, de
General Motors ou Chrysler ou Ford, et cela s'est déjà produit. De plus, il est
nécessaire d'élargir la notion de travail des cols bleus . Les
catégories des statistiques gouvernementales ne sont guère utiles. La
production de l'électricité et du gaz est classée dans les services. Les
travailleurs du téléphone sont classés parmi les employés. Pourtant, les
opérateurs du téléphone furent au centre de l'occupation de la British
Columbia Telephone Company en 1981 (voir chapitre 4). Les postiers sont aussi
classés comme employés. Les travailleurs des transports (chemins de fer, bus,
camions, lignes aériennes) sont comptés comme employés des services, etc.
Transports et communications ont toujours été des éléments essentiels du
procès de production, et c'est ce qui donne du poids dans le rapport de force
aux travailleurs, et par conséquent au militantisme (14). Bien d'autres secteurs
que ceux qui se trouvent considérés comme les services contribuent à la
production de marchandises. La restauration rapide nécessite plus de
production que de service. Les médias, toujours classés comme services,
impliquent la production de marchandises : livres, journaux, magazines,
disques, cassettes, disquettes... Les ordinateurs et leurs périphériques sont
des marchandises souvent produites dans des conditions hors normes (15) : ...Il est évident
que la production high-tech de la Silicon Valley fut, dans ses débuts,
fabriquée en partie sur la base de bas salaires pour des travaux parfois
dangereux qui se situaient dans la Valley elle-même (et dans les zones
spéciales d'exportation de l'Asie du Sud-Est). Depuis lors, pourtant, de
telles tâches ont été soit dispersées sous forme de travail à domicile pour
des femmes -- ce que certains observateurs appellent les nouveaux
sweatshop -- de Los Angeles, soit transférées dans de nouvelles
usines réparties dans une région s'étendant de la frontière mexicaine à
travers le Sud-Ouest des Etats-Unis, jusque dans les Etats d'Orégon et de
Washington... . L'introduction
d'ordinateurs dans les usines ne change pas fondamentalement le caractère des
ouvriers qui les utilisent. Ce que ça signifie, c'est qu'ils peuvent stopper
ou saboter la chaîne simplement en pressant un bouton, que ce soit intentionnel
ou pas. N'importe comment, la domination de la production de
marchandises dans l'économie industrielle moderne n'est tout simplement pas
mise en question (16). La production des
marchandises, la circulation des marchandises et la communication nécessaire
à ces deux fonctions, que ce soit poste, téléphone ou ordinateur, sont
indispensables au maintien de l'activité économique et de la vie physique et
sociale. Le processus que tout
cela implique n'est pas simple ou automatique. Un atelier ou un bureau avec
50 ou 100 travailleurs n'est pas -- en règle générale -- supposé être très
radical. Ce qui ne signifie pas que de petites unités ne puissent pas
déclencher des explosions sociales plus importantes. Et tous ces événements
et relations sont affectés par le temps. Le premier résultat d'un changement
technologique massif tend à être une récession de la lutte ouvrière (hors la
résistance instructive aux effets immédiats les plus pervers). Il faut du
temps pour que les travailleurs absorbent la nouvelle situation et arrivent à
composer avec elle. Très souvent, si d'importants licenciements sont la
conséquence des changements technologiques, cela peut signifier que des
travailleurs nouveaux plus jeunes seront ceux qui se trouveront confrontés
aux nouveaux problèmes. Rien ne dit que, tôt ou tard, il n'y aura pas de
réponse. Un autre élément de
l'étude de la classe ouvrière (comme de toute catégorie sociale) est
l'élément de contradiction. La contradiction entre théorie et pratique, entre
leaders et base, entre organisation et spontanéité, etc. peut rendre la
perception de la réalité extrêmement difficile, dans le cadre d'une science
sociale qui essaie d'imiter les absolus supposés rigides des sciences
naturelles. Mais il y a assez de preuves de l'importance de la contradiction
pour exiger d'en faire une partie intégrante de notre méthode (17). Un
exemple de cette réalité est le référendum sur une clause de non-grève
organisé par le syndicat de l'automobile UAW, début 1945. Une majorité de
travailleurs vota par correspondance pour la clause de non-grève. En même
temps, une majorité d'entre eux participait à des grèves sauvages. Il y avait
une contradiction évidente entre ce que ces ouvriers pensaient sur ce qui
devait être la politique du syndicat en période de guerre et ce qu'ils
faisaient contre les conditions de travail. Cela n'aiderait guère à notre
compréhension de la réalité ouvrière, de voir une telle situation à travers
une logique formelle et d'en conclure que les travailleurs sont dans l'erreur
ou fous ou stupides. Il est nécessaire de voir que la contradiction est
partie intégrante de la vie dans cette société, pas seulement pour les
travailleurs, mais pour toute classe ou groupe. La contradiction
s'applique aussi à la manière dont nous voyons l'activité de la classe
ouvrière. Le lieu de travail, dans la société capitaliste, est
essentiellement une structure autoritaire. La résistance à cette structure
implique, entre autres, des tentatives de démocratisation du lieu de travail.
Cela peut s'étendre à la vie hors du travail. Mais quelques sociologues et
autres voient la classe ouvrière comme autoritaire (18). Quel sens donner au
terme autoritaire s'il inclut d'une part le droit pour l'employeur de
licencier, de discipliner et de contrôler et le droit de briser les grèves et
de limiter les droits des travailleurs ; et d'autre part, l'usage de la
violence pour préserver un piquet de grève et empêcher l'utilisation des
jaunes ? Ne pas voir les contradictions dans les luttes ouvrières par la
démocratisation de la vie sociale dans et hors le procès de production est
fournir une description très inexacte de la vie ouvrière. Nous comprenons la
contradiction dans ses termes les plus fondamentaux. La contradiction entre
pensée et action, la contradiction entre la production de marchandises et
services utiles et la production de profits, la contradiction entre quantité
et qualité de production, la contradiction entre le travail comme
caractéristique inhérente aux êtres humains et le travail comme moyen d'avoir
un revenu -- toutes sont nécessaires pour comprendre le monde dans lequel
nous vivons et spécialement le monde du travail. Contradiction signifie
conflit et le conflit, nous estimons, est un élément permanent de notre
société. L'intérêt pour la
classe ouvrière et son étude ne cessent de croître parmi les universitaires.
La faiblesse fondamentale de la plupart de ces études est leur caractère
fragmentaire, le caractère fragmentaire de toute science sociale. Les études sur la
classe ouvrière viennent sous nombre de formules et dans nombre de
disciplines. La sociologie, l'histoire, l'économie, les relations sociales,
etc., sont quelques-uns des champs qui publient des travaux sur le travail.
Mais ces travaux peuvent être, pour l'essentiel, déformés. Quelle que soit leur
valeur en tant que source d'information, ils ne peuvent voir le sujet comme
un tout. Est-ce que la situation présente du mouvement ouvrier est affectée
par l'histoire ? Est-ce que les problèmes du travail renaissent chaque matin
quand le soleil se lève ? Est-ce que les travailleurs sont affectés par leur
éducation et celle de leurs enfants ? Y a-t-il une relation entre le travail
et les problèmes du couple ? Bien d'autres questions pourraient illustrer
l'importance qu'il y a à considérer la classe ouvrière dans sa totalité comme
un élément central de notre société. Il y a un autre
problème impliqué dans l'étude du travail et des travailleurs. Le sujet est
le plus souvent vu dans la presse comme présentant un intérêt limité pour le
grand public et marginal dans la société. Nous pensons qu'essentiellement
cela est faux. Les êtres humains se distinguent des autres espèces en ce
qu'ils travaillent, qu'ils produisent leur propre nourriture, leur
habillement, leurs abris et tout le reste. La société ne peut pas exister
sans le travail -- pas seulement la société capitaliste mais toute société
humaine. Pourtant le travail et les problèmes concernant le travail sont
constamment relégués dans des zones très spécialisées. Dans les quotidiens,
les informations routinières sur les activités touchant le travail peuvent
être trouvées dans la section Affaires comme si un lecteur
quelconque ne pouvait être intéressé par ce sujet. Dans une étude comme
celle-ci, il n'est évidemment pas possible d'aborder toutes les questions.
Mais nous voulons parler de la classe ouvrière dans tous ses aspects
relativement au travail et voir les problèmes du travail dans cette
perspective. Du problème de
considérer la classe ouvrière hors de toute perspective historique découle le
manque de vision critique et l'acceptation d'un statu quo. Nous pensons que
la science sociale doit être critique. Pas au sens d'explorer les scandales
(bien que cela ne soit pas toujours exclu). Nous voulons dire que le statu
quo ne doit pas être accepté comme allant de soi. Si l'histoire humaine est
celle d'un conflit et d'un changement continuels, il n'est pas
scientifiquement valide de prétendre, quand on traite d'un aspect quelconque
de la réalité sociale, que l'Histoire est finie et que, par suite, la seule
préoccupation d'un observateur serait de trouver comment fonctionne ce qu'on
examine (ou comment on peut le faire fonctionner). D'une manière générale,
les historiens et chercheurs des sciences sociales peuvent trouver ce qu'ils
cherchent. S'ils veulent comprendre le fonctionnement des choses, ils
trouvent toujours cette sorte d'information. Le problème surgit quand les
choses ne fonctionnent pas, quand les crises, les dépressions, les
révolutions, les guerres surviennent. Dans de telles circonstances, les
palliatifs et les réformes ne fonctionnent pas, les choses ne sont pas
aisément stabilisées et, ce qui est plus important, les observateurs
académiques sont pris au dépourvu. Ce problème est
camouflé par la réalité du monde académique. Bien des financements de
recherche, des conditions d'emploi et de promotion, des possibilités de
publier sont basés sur la conformité avec les besoins de ceux qui détiennent
le pouvoir économique et politique. Quelques-unes des disciplines en rapport
avec le travail sont très consciemment consacrées à assurer le fonctionnement
du système tel qu'il est. Ce qui veut dire que les problèmes du travail sont
vus comme des problèmes de discipline, de productivité et de rentabilité. Les
questions sous-jacentes sont : comment faire travailler les travailleurs ?
comment rendre compétitives les entreprises américaines ? comment faire pour
que les travailleurs améliorent la productivité ? Dans une telle perspective,
il n'est pas étonnant que les solutions proposées pour ces problèmes n'aient
aucune universalité, ce qui veut dire qu'ils ne sont aucunement valables hors
du monde des affaires. Un aspect de cette
acceptation du statu quo par presque toutes les sciences sociales est leur
dépendance étroite par rapport à la quantification et aux études de
recherches..Si la science tient à sa capacité à compter les choses, il n'est
alors pas surprenant que la science sociale devienne une défense de ce qui
existe. Il n'est pas non plus surprenant qu'elle éprouve de grandes
difficultés à traiter des conflits et des changements. Ceux-ci ne sont pas
facilement quantifiables et les rapports de recherches (habituellement les
sondages d'opinion) découvrent des vérités très éphémères. Comme l'a écrit
Rick Fantasia : La sociologie américaine qui a étudié la conscience de classe
l'a presque invariablement traitée comme des conceptions, des images, des
attitudes des travailleurs et des réponses verbales aux arrangements sociaux
dans lesquels ils se trouvent. L'approche de base a été de développer un
modèle d'enquête destiné à mesurer les attitudes ouvrières dans un ensemble
de sujets : identification de classe, satisfaction et insatisfaction dans le
travail, agressivité de classe et préférences politiques. Ces attitudes sont
alors mises en relation avec un certain nombre de variables indépendantes
comme le niveau de qualification, l'identification ethnique ou raciale,
l'âge, le sexe, etc. Avec de telles
statistiques, les sociologues établissent le degré de "conscience de
classe" d'une population donnée de travailleurs. Quelques-uns ont trouvé
des indications sur la conscience de classe en employant cette méthode, bien
que la plupart n'aient pas tiré grand-chose de valable dans cette voie. Mais qu'il trouve ou
pas la conscience de classe... ne fait que révéler le relatif optimisme ou
pessimisme du sociologue plutôt qu'une avancée au sujet de l'existence de
cette conscience (19). M. G. (à suivre) * Voir Echanges n 91,
automne 1999, p. 35. ** Echanges n99, hiver
2001/2002, p. 75. (1) Pour un bref aperçu
des changements d'attitudes de la recherche vis-à-vis de la classe ouvrière,
voir John H. M. Laslett, La tradition américaine des théories sur le travail
et son adéquation avec la classe ouvrière d'aujourd'hui , dans The American
Working Class, Prospects for the 1980's, éd. Irving Louis Horowitz, John C. Leggett et Martin
Oppenheimer (Nerw Brunswick, N.J., Transaction Books, 1979). (2) F.J. Roethlisberger et William J. Dickson :
Management and the Worker (New York, Wiley, 1964) publié initialement en 1939.
(3) John R. Commons and
Associates, Histoire du travail aux Etats-Unis, 4 volumes (New York, Augustus
M. Kelley, 1966) initialement publié en 1918. (4) Selig Perlman, Une
théorie du mouvement ouvrier (New York, Macmillan, 1928). (5) Voir David Brody :
Métallos de l'acier en Amérique ; la période sans syndicats (Cambridge,
Harvard University Press, 1960) ; Herbert G. Gutman : Pouvoir et Culture (New
York, Knopf, 1975) ; David Montgomery : Au-delà de l'égalité : le monde du
travail et les républicains radicaux (New York, Knopf, 1967) et La chute du
temple du travail (Cambridge University Press, 1987) ; William H. Harris : Le
plus dur que nous subissons : les travailleurs noirs depuis la guerre civile
(New York, Oxford University Press, 1982) Alice Kessler-Harris : En dehors du
travail : une histoire des femmes salariées aux Etats-Unis (New York, Oxford
University Press, 1982). (6) Time, 9 novembre
1970, p. 74. Il ne faut pas une étude approfondie de Marx pour comprendre
qu'il parlait de la paupérisation relative du travailleur et pas de sa
paupérisation absolue. (7) Le Capital, Livre
premier, chapitre XXV, IV : La loi générale de l'accumulation capitaliste
(uvres, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade , t. I, p. 1165 ; Le Capital,
Editions sociales en 3 vol., 1976, p. 466). (8) Marx et Engels, La
Sainte Famille, chapitre IV (uvres, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade ,
t. III, Philosophie , p. 460.) (9) Marx : L'Idéologie
allemande (uvres, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade , t. III, Philosophie
, p. 1123.) (10) Voir James
W.Rinehart : La Tyrannie du travail, 2e édition (Don Mills, Ont, Harcourt
Brace Jovanovich, Canada, 1987). (11) Manuscrits de 1844,
Le travail aliéné , trad. et éd. Emile Bottigelli, Editions sociales, 1972,
p. 55 et pp. 59 à 65. (12) Ibid., pp. 60-61. (13) E.P. Thomson, The Making of the English Working
Class (New York, Vintage Books, 1966, pp. 9-10). Trad.
La Formation de la classe ouvrière anglaise, Gallimard/Le Seuil, 1988, p. 13.
(14) Voir Kin Moody La
classe ouvrière industrielle d'aujourd'hui, pourquoi est-ce important ou
est-ce que ça l'est ? , Against The Current n 58, septembre-octobre 1995, pp.
20-25. (15) Bennett Harrison, Lean and Mean : the changing
landscape of corporate power in the age of flexibility (New York, Basic
Books, 1994, p. 197). (16) Andrew Sayer et
Richard Walker : La Nouvelle Economie sociale : la réorganisation de la
division du travail (Cambridge Mass, Blackwell, 1992, p. 65). (17) La
contradiction est à la base de tout mouvement et de la vie et c'est seulement
pour autant qu'il contient une contradiction que toute chose bouge déployant
impulsions et activité. G. W. F. Hegel, Science de la logique. (18) Seymour Martin
Lipset : L'Homme politique : les bases sociales de la politique (New York, Anchor
1960). (19) Rick Fantasia, Cultures de la solidarité (Berkeley, University of California, 1988, pp. 4-5). Publié dans Echanges
n° 102, automne 2002 |