LECONOMIE MONDIALE PLONGE DANS LA RECESSION

 

Alors que le monde capitaliste se réjouissait de la reprise quasi générale de la croissance, que la nouvelle économie ou « net économie » était la nouvelle Jérusalem qui devait sauver le monde, léconomie réelle à subitement ramené nos prédicateurs à la réalité.

Il est vrai, qu après les dévalorisations financières latino-américaine, asiatique et russe de 1997/98 le capitalisme mondial a eu un regain de santé. La croissance mondiale , qui sétait fortement ralentie après les dévalorisations reprenait son souffle sur la base de la destruction de la pléthore de capital. Le taux de croissance mondial passait de 2,5% en 1998 à 3,3% en 1999 et les prévisions étaient des plus optimistes pour lannée 2000 on parlait de 4% de croissance. Les capitaux les plus puissants et donc hégémoniques renforçaient leur présence dans tous les coins du monde au détriment de certaines industries nationales.

 

De leffet viagra de la high tech, a la débandade

Cest à partir de mars 2000, que lenthousiasme pour la nouvelle économie va tracasser le monde de la finance. Une véritable campagne dintoxication en faveur de la nouvelle économie a été propulsé par les médias, et les experts de lOCDE... . Pour lOCDE la page était tournée, désormais les états unis entraient dans une « nouvelle économie » qui serait soumise à des lois différentes de lancienne.

La promotion de la bourse, des actions et de la nouvelle économie commença à battre de laile quand le Nemax 50 (indice Allemand) de la nouvelle économie commença à descendre en dessous des 9600 points (son sommet). Tous les gogos intoxiqués par la propagande dun capitalisme renouvelé jugèrent cette faiblesse de lindice comme une bonne occasion pour acheter à bas prix de la « nouvelle économie ».

A la mi-octobre 2000 la catastrophe était consommée, le Nemax 50 chutait de 60% par rapport à son sommet. Dans le même temps lEuro plongeait de 30% par rapport au dollar malgré lintervention du G7. « Le G7 a réagi pour éviter une catastrophe boursière et non pas pour défendre leuro » (Antoine Brunet, chef économiste de marché au CCF.)

On allait encore une fois se rendre compte que la crise financière ( monétaire et économique) était toujours là en toile de fond, malgré les cris de joie sur la croissance retrouvée. Londe de choc de la dégringolade de la net-économie, celle de lEuro et comme cerise sur le gâteau la hausse du prix du pétrole1 va tuer dans lœuf les espérances dun renouveau capitaliste en Asie. Le Japon toujours en train de panser ses blessures financières, doit maintenant faire face aux catastrophiques faillites de ses sociétés dassurances-vie et autres. Le secteur du BTP ( bâtiment et travaux publics) est toujours sous perfusion et ne survit que grâce aux grands travaux gouvernementaux.. La dette publique continue de grimper (132% du PIB) elle était à 115 % fin 1998. Le 18 octobre, le gouvernement japonais décidait pour éviter une nouvelle « liquidation à la Bourse » de reporter sa réforme de limpôt, un indice de plus qui montre la fragilité actuelle des places financières. En Asie, les grands marchés boursiers se retrouvent à la case départ, l indice Nikkei tombait à la mi-octobre à son niveau le plus bas depuis 19 mois.

Tout a été fait, pour masquer ou minimiser le Krach de lan 2000 : la mise en spectacle des élections américaines et la crise de la vache folle en Europe et léternel hausse des carburants qui expliquerait tous les déboires de la société.

Souvenons nous, en octobre 1987, le cours des actions chutait de 20% et toute la presse titrait « Le Krach boursier du siècle ».Le Nasdaq (indice de la nouvelle économie) prend le bouillon Depuis le 1er janvier 2000 indique « le Figaro économique » du 29-11-2000  le Nasdaq a perdu 32,8% le Dow Jones 8,6% et le Standard et Poors 9,1%. Le « journal des finances » du 24-11-2000  nous donne dautres chiffres 25% pour le Nasdaq depuis janvier et 7% pour le Dow Jones.

Peter Geibel, gestionnaire de fonds basé à Genève , qui selon le journal « Le Point » avait prévu le Krach de 1987, et le plongeon de 1998 se doit de déclarer «  Pour ma part, je prévois un Nasdaq à 2500 points (1) dici trois à six mois (NDLR contre 3316 points le 13 octobre ) . Des secteurs entiers sont en effet toujours surévalués. Je pense en particulier à celui des petites valeurs télécoms, des fabricants déquipements pour cette activité ou des sociétés de biotechnologie. Nous allons encore avoir des morts ! » ( Le Point du 17 novembre 2000.) .

Actuellement, de nombreux pays du monde sont directement ou indirectement entrer en récession, dabord lArgentine considérée fin décembre comme un Etat en faillite, puis la Turquie, les Etats-Unis , le Japon, lEurope occidentale, le Brésil. On parle même maintenant de « risque souverain » pour des pays comme lArgentine, la Turquie, le Liban, le Brésil, la Thaïlande et les Philippines.

 

Etats-Unis : Le terrorisme de la récession

Depuis 1996, léconomie américaine se targuait dune croissance de 4% en rythme annuel, elle a même atteint des pics de 5,1% au second semestre 1999 et 5,6% au premier semestre 2000. Pour lOCDE ( Organisation de coopération et de développement économiques) la page était tournée, désormais les Etats-Unis entrait dans une « nouvelle économie » qui serait soumise à des lois différentes de lancienne. Dans son rapport annuel, la Banque des règlements internationaux était beaucoup moins optimiste elle considérait que la croissance américaine était plus lente que lors des phases dexpansion de l après guerre :

«  Cette expansion na pas été la plus forte : même au cours des quatre dernières années, la croissance moyenne a tout juste atteint le rythme des années quatre-vingt, loin derrière celui des années soixante » (juin 2000,page 15).

Même le FMI restait très septique sur le  « nouvel âge dor ».

La situation économique des Etats-Unis était caractérisée par lessor des produits technologiques (informatique, télé-communications) mais aussi il faut le souligner par un ralentissement industriel marqué . Les investissements en nouvelles technologies dans les services vont dans le sens contraire du développement même du capital si les hausses de productivité restent nulles. Il n a dailleurs pas fallu attendre longtemps, pour que lextase retombe, on ne comptait plus les articles faisant état de la débandade de la « nouvelle économie ».

Ed Yardeni, chef économiste de la Deutsche Bank déclarait fin octobre 2000 :

« La chute de lEuro a plombé les comptes des grands groupes américains, provoqué une forte chute de leurs cours en bourse, et donc pesé sur la croissance de léconomie des Etats-Unis » et il précise «  Si lon exclu la hig-tech, la production industrielle a stagné ».

« Il est donc probable que la prochaine récession aux Etats-Unis sera sévère, quel quen soit le facteur déclenchant, puisquon y verra à la fois un fort recul de linvestissement des entreprises et des dépenses des ménages nécessaires pour stabiliser les taux dendettement. » ( Artus P. déjà cité , page 28)

Il semble quactuellement nous en soyons arrivé là :

La période de croissance ininterrompue aux Etats -Unis avait pour caractéristique la hausse de la dette des ménages (120% de leurs revenus nets), des entreprises et du pays. La presse relatait assez souvent que les Etats -Unis vivaient au-dessus de leur moyen, que les ménages sendettaient et népargnaient plus depuis 1992 (début de la forte hausse des cours boursiers et de lendettement). En effet les dettes des ménages étaient payées à terme par les rendements boursiers, cependant cette année (2000) la catastrophe est au rendez vous et la récession menace au Etats-Unis .Une à une les entreprises révisent leur bénéfice à la baisse ( une partie des profits des entreprises venant de gains en bourse) et engagent des restructurations, la plus grande entreprise automobile du monde Général Motors (388 000 salariés) vient dannoncer une réduction deffectif de 10%. Lusine Eaton américaine de St-Nazaire va fermer, lentreprise qui produit des boites de vitesses semi-automatiques arrête ses activités en Europe. Le goupe VF, fabricant de Lee et Wrangler, va licencier 13000 salariés, soit 18% des employés de son usine de Caroline du nord.(15/11/2001). Au début du mois de décembre 2001 cest la débâcle, voir la faillite du géant américain ENRON de lélectricité.

Si la récession frappe ainsi que le chômage, lensemble des ménages américains seront contraints de vendre leurs portefeuilles dactions pour rembourser leurs dettes, la valeur des actions chutera et la capitalisation boursière ne couvrira plus leurs dettes .

Au quatrième trimestre de lannée 2000 les profits des entreprises non financières diminuaient de 38,9% voilà où en était léconomie américaine à la fin de lannée 2000. Le jeudi 4 janvier 2001, le journal français « la Tribune » titre : « La Fed abaisse ses taux pour conjurer la récession » puis développe, «  La multiplication des signes dun atterrissage catastrophe de léconomie américaine et ses répercussions sur les marchés financiers et le dollar ont conduit Alan Greenspean à intervenir avant la prochaine réunion de la Fed », par une baisse surprise dun demi-point de son taux inter-bancaire pour le ramener à 6%.

Après les attentats du 11 septembre 2001.

Nous venons de voir, que la récession américaine était depuis longtemps à lordre du jour, et que ce nest pas (comme veut le faire croire Bush) les attentats qui ont précipité léconomie américaine dans la récession. Comme nous lavons dit à plusieurs reprise les dévalorisations financières successives ont rongé le système capitaliste dans son ensemble au point que la dernière manoeuvre possible consiste à retourner à la formule du vieux Proudhon des prêts à taux zéro. Cest le Japon qui en est arrivé à cette situation, il a voulu remonter les taux, mais rapidement il en est revenu au taux zéro cest à dire à la relance de la consommation par le crédit, la Suisse est aussi à taux zéro.

Les Etats-Unis sont sur la même voie, en octobre 2001 les taux directeurs de la Réserve fédérale américaine étaient de 2,5%, sous le taux de linflation qui est de 2,7%. Le mardi 6 novembre 2001 , la Réserve fédérale américaine (banque centrale) annonce quelle ramène le taux bancaire à 2% et le 12 décembre à 1,75%. Quant aux industriels de lautomobile, ils proposent des taux zéro pour vendre leur surproduction. ; Selon la presse, rien que pendant le mois de novembre 415000 emplois ont disparu, portant le taux de chômage des USA de 4,9% à 5,4%, le même quau Japon.

Le Japon vers la dépression.

Le Japon tente de sortir de la récession au prix d un accroissement de faillites ( plus de 21,5% en un an , la plus spectaculaire ayant été celle de la chaîne des grands magasins Sogo) et dune hausse du taux de chômage. La reprise de léconomie japonaise pourrait tourner court, prévient le ministre de la planification, Taichi Sakaiya les dépenses publiques vont fléchir et la consommation va rester atone, a-t-il expliqué. La production industrielle a reculé de 0,9% en juillet 2000. Le gonflement continu de la dette (132% du PIB ) devient limite. A noter que léconomie nippone représente 15% du PIB mondial et que son budget militaire est le deuxième de la planète. Les deux grandes faillites dassureur-vie, laissent une dette respective de 3500 milliards de yens et 4600 pour Chiyoda Mutual Life. Nippon Shinpan le numéro un des cartes de crédit japonais est au bord de la faillite et réclame à ses créanciers 500 milliards de yens. La destruction de capital au japon est très importante 13000 milliards de yens actuellement soit 932 milliards de francs ( même si le taux de croissance est revu à la hausse :2%.)

Nous voyons quun des principaux bastions productifs du capitalisme mondial est mal en point, et la hausse des produits énergétiques ne va pas arranger ce pays très dépendant. (progression plus rapide des importations +16% par rapport aux exportations +8,6%).

Fin janvier 2001, le Japon a désigné un nouveau ministre de léconomie, Monsieur Taro Aso, qui par ses déclarations indique létat réel de la crise :

« Le temps où le Japon dépendait des grands chantiers publics, de la politique du taux zéro ( abandonnée en août par la banque du Japon) et des injections de fonds publics est fini ». ( La Tribune du 24.01.2001.)

Les financiers indiquent quil ne viendront plus au secours de léconomie, ils vont « laisser faire » la grande dégringolade, même la banque du Japon ne bougera plus. La suppression des taux zéro, ne tiendra pas longtemps, Le Japon qui sachemine vers sa quatrième récession ( linvestissement productif a chuté de 2,8% en novembre 2001) a été contraint de revenir au taux zéro . La publication, le 28 septembre 2001 du rapport Tankan de la banque du Japon a sanctifié le déclin de léconomie japonaise. « Ce nest plus une récession, cest une dépression » déclarait la banque britannique HSBC. En octobre 2001 la presse indiquait que le nombre de faillites dentreprises continuait de progresser de 11,7% sur un an..

La grande menace qui pèse en cette fin 2001, cest une dévaluation du yen « Mais pour quelle ranime lactivité, la baisse du yen devrait au moins atteindre 40% », précise Robert Feldman, chef économiste chez Morgan Stanley à Tokyo. Une forte dévaluation du yen atteindrait de plein fouet la sidérurgie américaine et son industrie automobile, elle ruinerait les géants coréens et taïwanais de lélectronique. Sur qui faire retomber la charge de la crise, tel est le jeu macabre du capital.

 

 

 

 

LEurope occidentale .

Comme toujours, en apparence, tout allait bien en Europe fin 2000 début 2001, mais la baisse de leuro ( fuite de 200 milliards de capitaux depuis 1999 ) et son impact sur les compagnies américaines avait fait fortement reculer les bourses mondiales. Dans toute lEurope, linflation renaissait de ses cendres : 3,2 % en moyenne.

PIB et production industrielle

glissement annuel %

2éme trimestre 2000

2éme trimestre 2001

 

PIB

Production

industrielle

PIB

Production

industrielle

Etats -Unis

5.2

6.5

1.2

-2.2

Zone euro

3.2

5.1

1.8

0.1

Japon

0.1

6.9

-0.8

-5.6

Source : Datastream

Depuis, ce nest plus seulement les marchés boursiers qui chutent, cest aussi léconomie réelle, les licenciements collectifs se démultiplient , environ 300 000 licenciements. Le numéro un européen de la chimie BASF va fermer 10 sites et 14 usines dans le monde, et tout le secteur des nouvelles technologies annonce quil va devoir réduire de 30% son personnel.. Début octobre NortelNetworks annonçait quil allait supprimer 20 000 emplois en plus des 30 000 du printemps soit une chute de 50% des effectif depuis le début de lannée; de même chez Lucent Technologies, 50 000 emplois liquidés sur 100 000. Le secteur des microprocesseurs est en pleine crise, le secteur aéronautique-aérien fait la une des médias, les lignes américaines parlent de 100 000 licenciements ; en Europe et dans les autres pays le bal infernal des licenciements se poursuit : Alcatel, après avoir mis en œuvre la suppression de 23 000 emplois depuis le début de lannée, annonce une nouvelle fournée de 10 000 emplois en Europe . Dans les transports aériens, cest la catastrophe de jour en jour, British Air ( 5000 licenciements) KLM, compagnie hollandaise 2500 et 12 000 en chômage technique, la faillite de Swissair , la faillite de la SABENA (6./11/2001), La compagnie espagnole Iberia (2500 emplois) ( le 14/11/2001).

En cette fin 2001, le bilan est bien sombre, la croissance est revue à la baisse dans toute lEurope et linflation culminait à 3,4% en mai 2001 : au Portugal la banque centrale tablait sur 2,5% de croissance, elle ne dépassera pas les 1,5%, lAllemagne est entrée en récession et voit sa production industrielle chuter de 2%, pendant que sa force militaire fait la queue aux porte de lAfghanistan pour souvrir des marchés. La Grande-Bretagne résiste à la récession pour le moment mais au prix dun accroissement du chômage. tout comme lEspagne ou le taux des demandeurs demplois était de 9,11% en octobre 2001, contre 8,81% en septembre .

En France, la presse était optimiste le journal lExpansion du 12 au 26 octobre 2000 indiquait que les capacités de production sont saturées, lindustrie manufacturière, les usines tournent déjà à 87,5% de leurs capacités, lindustrie automobile tourne à 95,8 %. Fin 2001, Renault est contraint darrêter ses usines de Curitiba (Brésil) et de Cordoba (Argentine) du 3 décembre au 26 janvier 2002. La croissance française se limiterait à 1,6 % en 2002 contre 2,1 % initialement prévu.

Lannée 2000 aura été lachèvement de la mise à plat de toutes les conventions collectives; toutes ont été revues à la baisse. La loi Aubry sur les 35 heures a permis dintroduire la flexibilité totale du temps de travail et le patronat français à enfin le pouvoir de bientôt faire tourner ses entreprises 24H sur 24H , les jours fériés et les week-end ; il sattaque en ,ce moment à la retraite quil veut repousser à 68 ans. Pour rentabiliser les entreprises lEtat les aide le plus possible le coût du travail baisse par le biais des prélèvements directs dimpôts sur les salaires , les retraites , les indemnités des Chômeurs ( CSG, CRDS cest à dire 8,5% du salaire brut environ) et des ristournes de lEtat.

A cela il faut ajouter les multitudes de contrats précaires qui par roulement permettent de maintenir un coût du travail extrêmement bas, ( CDD, temps partiel , contrats de qualification) ces derniers contrats payés à un pourcentage du SMIC qui va de 30% à 75% en plus de lexonération des cotisations patronales de Sécurité sociale, les employeurs passent encore à la caisse de lEtat providence ils touchent une prime de 5000 F à 24000F selon lancienneté dans le chômage..

Le patronat français, vient de faire passer sa politique de travail obligatoire, politique qui se veut humaniste mais qui en fait nest que la fameuse dictature de la valeur toujours utilisée sous le vocable « qui ne travaille pas ne mange pas ». La France va de nouveau connaître le STO ou ses « samedis communistes ». Le principal cest de relancer, la compétition des travailleurs entre eux à léchelle mondiale, dou la nécessité douvrir les frontières et pas seulement pour de la main-dœuvre.

Malgré les belles déclarations, la situation économique de la zone Europe nest pas brillante, la récession commence déjà à ronger la « locomotive » allemande, la Finlande est en fin de boom (croissance + 0,5%), L Autriche, la Belgique, la Norvège, le Danemark, vont bientôt décrocher eux aussi.

La Chine entre dans lOMC.

Elle vient de rentrer dans lOMC et va concurrencer dun coup tous « les pays de lASEAN » au moment même ou il y a une crise des semi-conducteurs où les prix chutent depuis le mois de septembre 2000 et certains en dessous du coût de production.. Le Japon, dont nous venons de voir les difficultés, cherche à resserrer ses liens avec la Chine. Le premier ministre chinois Zhu Rongji a passé début octobre 2000 six jours au Japon. Le capital japonais et américain sont cette fois sur le même terrain de chasse. Le Japon est déjà le premier partenaire commercial de la Chine.

La Chine va émettre pour 150 milliards de yuans (18 milliards de dollars) de bons du trésor pour stimuler encore son économie, dans ce cadre elle compte procéder à la rationalisation de sa production dacier ( elle est le premier producteur mondial) cette mesure coûtera 5 millions demplois. Le combat risque dêtre très rude puisque les numéros deux et trois de la sidérurgie mondiale viennent de passer un accord de coopération ( Nippon Steel et Usinor) pour relever le défi de la mondialisation. Nous verrons comment le prolétariat chinois va réagir aux prévisions de suppressions demploi.

 

LAsie depuis la fin novembre 2000, et plus particulièrement depuis le sommet des dirigeants de (lASEAN- plus-trois) Chine Corée du Sud et Japon , cherche à constituer une association de libre -échange (ALEA) élargie, ainsi quune zone dinvestissement asiatique (ZIA) et réaliser de grands projets de développement régional. Tout comme la constitution de lEurope, le projet asiatique se présente comme un véritable barrage aux projets américains sur la région. Mais plus ambitieux encore le projet de mise en place dun Fonds monétaire asiatique (FMA) et de lInitiative de Chiang Mai (ICM) de soutien aux monnaies nationales contre les attaques spéculatives.

 

 

 

 

LAsie de lest, la croissance des illusions.

A lexception de la Chine et de lInde, tous les pays asiatiques sont affectés par la récession américaine.

Les 4 tigres connaissent une croissance de 8% cest assez spectaculaire mais il faut dire quils sont repartis de très bas (-2.3%) en 1998. Dernièrement on assiste à un ralentissement de ces économies avec une défiance pour leur devises. La crise asiatique a permis aux capitaux étrangers les plus puissants de pénétrer en force lindustrie automobile.

Exemples :

GM (General Motors) le premier constructeur automobile mondial renforce sa présence en Asie il va doubler sa présence dans Suzuki (Japon 10%), il détient déjà 49% dIsuzu (Japon) et 20% de Fuji Heavy. Ford qui devait reprendre Daewoo se retire et GM tente de négocier. Renault a mis la main sur Samsung Motor et ses installations ultramodernes de Pusan (Corée du Sud 70,1%) et sur Nissan (Japon 36,8%), Daimler-Chrysler (Allemagne) a 34% sur Mitsubichi Motors (Japon) et 10% de Hyundai Motor (Corée du Sud).

Le retour à la croissance des pays les plus frappés par la crise de 1997 ne va pas faire illusion longtemps , en effet lassainissement financier est très lent , en Indonésie, en Thaïlande et en Corée du Sud, les mauvais crédits dépassent encore les 20%, les surcapacités de production ne se résorbent pas. En Corée du sud, 52 groupes ont été déclarés en faillite en novembre 2000.

Dean Witter, léconomiste de Morgan Stanley à Séoul déclarait :

« La dette des chaebols (les conglomérats) dépasse encore une année de production nationale, et la persistance des participations croisées multiplie les risques de faillites en chaîne ». Et comme toujours les dettes des capitalistes deviennent des dettes nationales et les dettes nationales des hausses dimpôts ; plus 10% pour lan 2001.

"La dette publique, en d'autres termes l'aliénation de lEtat qu'il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l'ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c'est leur dette publique. (K. Marx ,T. I., p. 721. du Capital,édt. Moscou).

LEtat sud-coréen injectait fin décembre 2000, 4.130 milliards de wons (22,4 Milliards de francs) dans six banques défaillantes après lengagement de procéder à des licenciements (75000 emplois). Le gouvernement prévoit même une rallonge de 3.000 milliards de wons (16.3 milliards de francs ) courant 2001. Le personnel des banques Kookmin Bank et Housing and Commercial Bank étaient en grève avec occupation des locaux ; la poursuite de la grève a poussé quelques 3000 policiers anti-émeute à demander des renforts. Des hélicoptères ont patrouillé, exhortant les manifestants à mettre fin à leur grève qui paralyse un tiers du marché de la banque de détail du pays. Le KFTU menace de généraliser la grève à toutes les banques.

La dévalorisation financière de la nouvelle économie va avoir des répercutions directes sur les économies de l Asie de lEst qui est lusine mondiale de la nouvelle économie ( neuf circuits intégrés sur dix et six écrans à cristaux liquides sur dix y sont fabriqués). La hausse du prix du pétrole narrangera rien pour la Corée du Sud. Seule la Malaisie et lIndonésie sont exportateurs nets.

Lasie du sud.

L Asie du Sud, totalise 22,3% de la population mondiale, cela fait maintenant 3 ans que cette zone affiche les meilleurs taux de croissance du monde ( cest la vitrine).

De lautre coté , le sous-continent indien bas le record de pauvreté ; la création de richesse par habitant y est la plus faible du monde . Si la croissance moyenne de ces pays est de lordre de 6% en 2000 , une bonne partie est le résultat du boom des technologies de linformation. LInde est le leader incontesté de la production de logiciels , et les exportations des technologies de linformation progressent de 50% par an. Dewang Mehta, (président de lassociation nationale des logiciels et de compagnies de services ) prédit que lindustrie informatique atteindra un chiffre daffaire de 87 milliards de dollars dici à 2008 , soit 20% de la production annuelle du pays. En fait si nous gommons, cette industrie, il y a un ralentissement de lactivité industrielle comme aux Etats-Unis. Nous voyons que léconomie indienne qui manque terriblement dinfrastructures ( ferroviaires, routières, électriques...) va elle aussi mettre le genou à terre et offrir aux capitaux en jachère les privatisations quils attendent ( construction automobile Maruti, la pétrochimie, les phosphates...)

Au Pakistan, comme partout ailleurs , le programme libéral capitalistique ne fait quengendrer un peu plus la misère,

linflation et la dette extérieure, (40% de la population en dessous du seuil de pauvreté) . Quant au Bangladesh, il fait de plus en plus figure dusine textile de la planète, la mondialisation cest de plus en plus la division internationale du travail comme contre tendance à la baisse du taux de profit. Comme nous venons de le voir lInde alimente le monde entier en capital constant informatique à bas prix, le Bangladesh livre son textile à bas prix et permet de bloquer ou de baisser le pouvoir dachat des salariés tout en leur permettant de sacheter autant de vêtements et autres quavant. Mais en revanche les accords multifibres qui protégeaient lEurope de la concurrence tombent , et lindustrie textile dEurope ferme ses portes . Le problème semble résolu dun coté mais il va renaître plus fort de lautre.. LAfghanistan est ravagé par des années de guerres.

La Russie entre ombre et lumière.

En apparence, des succès comptables ont été remportés par lEtat, le déficit budgétaire a reculé passant de 6,7% en 1997 à 4,9% en 1998 et 2,3% en 1999. Les dépenses publiques sont de nouveau en hausse, on parle même daugmenter les fonctionnaires de 10% . Le budget de la défense est le mieux servit plus 50% en lan 2000 et pour 2001 il passe à 218,9 milliards de roubles (7,3 milliards de dollars): la rente pétrolière vient à point pour redonner un peu de souffle comptable à la Russie . Le PIB a augmenté de 7,6% et la production industrielle de 9% (2000). Et fin décembre 2001 la Russie de Poutine remboursait intégralement son emprunt de 1996.

Cependant lappareil de production Russe est complètement obsolète et il devra laisser le champ libre aux investissements directs étrangers. Le ministère Russe de léconomie évalue à 2500 milliards de dollars le montant nécessaire sur 25 années dont le quart devrait venir d investissement étrangers. A en juger par les faits, entre 1992 et 1998 il ny a eu quune douzaine de milliards de dollars dinvestissements en Russie. Selon le ministre russe des finances Alexeï Koudrine la croissance économique devrait atteindre 4% en 2001 et permettre en quatre ans daugmenter le revenu disponible des Russes de 25%. Plus de 40 millions de russes vivent sous le seuil de pauvreté soit 27,2% de la population.

Comme nous le disions en 1999 , la Russie est déçue de loccident . Le bombardement de la Yougoslavie et le soutien de l OTAN aux Tchétchénes va la conduire à renouer des liens avec ses anciens alliés. La Russie ne veut pas que ses richesses énergétiques tombent sous la coupe des Etats-Unis.. Car Washington fait tout pour mettre la main sur les gigantesques réserves de pétrole, de gaz et de minerais du Caucase et de la Sibérie. La Russie de Poutine compte bien retrouver son pouvoir en dominant la zone économique de la CEI, y compris en utilisant sa force armée. Le journal Les Echos du 27.12.2000 indiquait que :

«  Les commandes darmements de lEtat russe vont plus que doubler lan prochain, augmentant de 135% par rapport à celles de lanné 2000 »

La presse financière sinquiète du risque politique de cette décision sur le cours des grands métaux industriels (nickel, étain, cuivre, palladium) «  Les russes se préparent à relancer une industrie darmement très gourmande en métaux de base » ( La Tribune du 17.02.2000). Certains spécialistes considèrent que le programme russe pourrait réduire de 65% les disponibilités de métal russe à lexportation.. Les japonais ont passé un accord de livraison sur le long terme de palladium avec le géant minier russe Norilsk ; les cours du palladium sont passés en 10 jours de 600 dollars lonce à 965 dollars. Le même phénomène va se produire pour les autres métaux : platine et cuivre...dautant que lIndonésie ne sera pas en mesure de compenser cette déficience..

LEtat russe, fait une reprise en main de la situation économique et Vladimir Poutine veut « une stratégie de développement de lEtat russe jusquen 2010 », notamment par des accords avec les pays asiatiques et lEurope occidentale. Lors du sommet de lAPEC, Poutine a proposé aux pays asiatiques une collaboration dans plusieurs domaines, notamment : projets de transports à grande échelle, coopération technologique et de développement conjoint de la Sibérie en relation avec la récente percée de la Russie, et lEurope continentale, centrée sur les accords de « pétrole et gaz contre technologie ». Il a évoqué de grands projets énergétiques « pont énergétique entre la Russie et le Japon via Sakhaline, des gazoducs entre la région de Tomsk et la Chine occidentale, ainsi quentre Irkoustsk et la Chine orientale, se prolongeant vers les Corées du Nord et du Sud ». La Russie va jusqu'à favoriser laccès des pays asiatiques aux technologies de pointe en matière aérospatiale, de machine-outil.

Le président chinois Jiang Zemin sest rendu à Moscou afin dy signer, le 16 juillet, avec le Président russe Poutine, un traité damitié et de bon voisinage. Une volonté de voir émerger un monde multipolaire où linfluence américaine ne resterait pas sans contrepoids (Le Monde du 17.07.2001)

Le New York Times (17.07.2001) résume le traité en ces termes :

« Ils sengagent à sopposer ensemble au système de sécurité internationale que les Etats-Unis veulent mettre en place ; il les unit dans leur opposition aux plans de missiles américains et lie la Russie encore plus solidement à la revendication chinoise de souveraineté sur Taiwan ; il renforce la coopération militaire entre Pékin et Moscou tout en condamnant lintervention de lOtan dans les Balkans en 1999 ».

La Russie adhère au front anti-terroriste uniquement pour contraindre les Etats-Unis à respecter le rôle institutionnel de lONU et du Conseil de sécurité , dont la Chine et la Russie sont membres permanents. Dans le conflit de lAfghanistan les troupes russes ninterviendront que sur la demande des Nations-Unies a encore déclaré Sergei Ivanov le ministre de la Défense russe. En létat ce conflit fait de plus en plus penser au partage de la Pologne ; il faut bien se rendre compte, que petit à petit, les Etats-Unis cherchent à encercler la zone Eurasie, pour empêcher sa consolidation.

Les pays dEurope centrale

En Europe centrale, la progression du PIB sera probablement en 2002 inférieur à celui de 2001 Les experts tablent sur une croissance de 2,5% à 3% contre 3,5% à 4% en 2001 ( Bulgarie, Croatie, République tchéque, Pologne, Roumanie). La Hongrie et la Slovaquie se maintiendraient avec une croissance de 3,5 à 4%. LEurope centrale est cité au tableau des bonnes performances, mais à quel prix ! ! !

 

Croissance en % du PNB

Inflation en %

Chômage en %

 

1999

2000

2001

2002

1999

2000

2001

2002

1999

2000

2001

2002

Russie

5,4

8,3

5,5

4,0

86,1

20,8

21,4

12,5

12,3

9,7

9,7

nc

Pologne

4,1

4,0

2,0

2,0

7,3

10,1

5,6

3,8

13,0

15,0

18,0

nc

Hongrie

4,2

5,2

4,5

4,0

10,0

9,8

9,1

5,5

9,6

9,0

5,8

nc

Rép. tchèque

-0,8

3,1

3,5

3,0

2,1

3,9

4,9

4,7

9,4

8,8

8,2

nc

Slovaquie

1,9

2,2

3,0

3,0

10,6

12,0

7,4

7,0

10,0

17,9

19,0

nc

Bulgarie

2,4

5,8

4,0

3,5

0,7

9,9

8,0

5,0

11,0

17,9

18,0

nc

Roumanie

-3,2

1,6

4,0

3,5

45,8

45,7

34,2

25

11,5

10,5

7,7

nc

Sources : BERD, FMI, Business Central Europe, OIT

 

Dans tous ces pays « la colonisation financière » a balayer les industries nationales, En trois ans (1994-1997) la part du secteur privé dans le PIB est passée en Hongrie de 55% à 75%, en République tchèque de 65 à 75%, en Roumanie de 35 à 60%. Les capitaux les plus puissants au niveau mondial appliquent lIDE (linvestissement direct étranger) et bénéficient dénormes avantages fiscaux et douaniers ( exemption dimpôt pendant 5 ans en Roumanie), du droit de rapatrier les bénéfices, de procéder à des restructurations et licenciements. Les multinationales imposent toute une série de règles qui favorisent leur pénétration. En 2000 les IDE ont battu leur record : 27 milliards de dollars investis principalement dans les privatisations.

La reprise de la raffinerie de Leuna par ELF -Aquitaine, lentrée en force des transnationales française EDF, GDF, France-Télécom, Vivendi (ex-Générale des Eaux), Bouygues, Lafarge, Renault (Roumanie). La Pologne cède 35% de son opérateur de télécommunications TPSA à France-Télécom pour 4,3 milliards de dollars. La Roumanie se fait reprendre par Renault le constructeur automobile Dacia . La Slovaquie lache Slovak Telecom à Deutsche Telekom en juillet 2000 ; son aciérie géante VSZ passe aux mains de US Steel.. LUkraine va être contrainte de céder un tiers de son réseau de gazoduc au russe Gazprom pour 25 ans au titre du remboursement de la dette. Ce même Gazprom est sur la liste des privatisables qui seront mises aux enchères sur le marché domestique ou international. pour rembourser la dette russe auprès du Club de Paris.. Kiev , souhaite restructurer sa dette de 500 millions de dollars auprès du club de Paris, alors que déjà en mars 2000 , cest plus de 2,5 milliards de dollars de sa dette extérieure qui avaient été restructurés ( le montant totale de la dette est de 10 milliards de dollars). On peut se demander pourquoi les Occidentaux sintéressent de si prés à lUkraine et pourquoi le FMI a débloqué 246 millions de dollars dans le cadre dun prêt élargi dun total de 2,6 milliards de dollars. Le taux dinflation de lUkraine était de 26% en 2000. La Pologne. dont la presse ventait le taux de croissance est dans lincapacité de faire face au paiement de 600 millions de dollars du Club de Paris. Pour 2001 la croissance est quasi nulle. De plus la population de la plupart des pays de lEst, consomme à crédit et comme on dit : «  avant sous le « communisme » on avait de largent mais les magasins étaient vides ; aujourdhui les magasins sont pleins mais nous navons pas dargent pour acheter ». Le taux de chômage est de 12 % en Lituanie, de 14% en Pologne, de 18% en Bulgarie , de 19 % en Slovaquie. La situation de lUnion européenne ( elle absorbe 70% des exportations de lEurope centrale) aura fatalement des répercussions négatives sur cette zone et lembellie pourrait se transformer en déboires et catastrophe pour les salariés.

 

 

¥ ¥

 

 

Pour conclure.

Nous venons de voir comment après les dévalorisations financières, en Asie 1997, en Russie 1998, et au Brésil 1999 de la périphérie ont fait remonter londe de choc de leur crise au cœur même du système capitaliste ( les USA). La nouvelle économie qui devait provoquer un rebond de léconomie mondiale, termine sa course avec 4000 milliards de dollars qui partent en fumée ( la moitié du PIB des USA). La mondialisation de la récession , est au rendez vous. Au moment ou jécris ses dernières lignes, la presse reconnaît que la croissance globale sera voisine de 1%, et moins pour la France et lEuroland. Les USA et lAllemagne seront en croissance zéro et le Japon en dépression avec -2%. Quant aux pays de la périphérie, certains sont déjà en situation de faillite, où pré-faillite (lArgentine, la Turquie, Le Liban, Le Brésil, la Thaïlande et les Philippines). La situation est telle, que le FMI envisage de cadrer « le risque souverain » dans un cadre légal pour gérer la débâcle.

Cette situation, va donner un véritable coup de fouet, à la lutte des classes, tout dabord sous la forme de révoltes spontanées ( comme nous venons de le voir en Argentine avec les pillages de magasins) , ensuite sous la forme dune véritable contagion vers les pays ou la population na plus rien à perdre, et enfin dans les pays du centres ou le chômage et les liquidations demplois pousseront à la riposte généralisée, contre linsécurité sociale .

Lannée 2002 ne sera certainement pas une année de paix sociale, et les dirigeants de ce monde en sont parfaitement conscients, cest pourquoi à la faveur des attentats ( du Pentagone et WTC du 11 septembre 2001) ils viennent de lancer une opération sécuritaire de grande envergure dans le monde, contre le réseau Ben Laden et ses complices...

Pour nous, cette opération aura surtout pour conséquences de renforcer et dentraîner dans le réel les forces de lordre à des opérations dintervention et de contrôle qui cible surtout les prolétaires, la campagne « anti-terroriste » cherchant à criminaliser les actions grévistes comme « association de malfaiteurs », et à justifier les crédits pour le renforcement de la sécurité en sappuyant sur les classes moyennes.

Nous avons dailleurs, pu le constater en France, quand les actions illégales des prolétaires de Cellatex, et autres ( Voir ECHANGE N°94 et 95 ) ont été condamnées, où détournées vers des utopies comme lautogestion.

 

Gérard Bad, 12/ 01