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1           Caractères généraux de la langue Yoruba

La langue Yoruba est une langue agglutinante dont le monosyllabisme est la base.

  1. Dans cette langue, plus de la moitié des mots sont des monosyllabes. Ces monosyllabes sont presque tous des verbes racines qui ne servent à former d’autres verbes polysyllabes ; ceux-ci à leur tour deviennent aussi racines.

Les verbes forment les autres mots à l’aide de préfixes et d’infixes, et par duplication et juxtaposition , de cette sortes le verbe qui, dans le Yoruba comme dans les autres langues, est la partie la plus essentielles du discours est encore la clef de toute la lexicologie.

On peut avec facilité composer les mots nagots, séparer les affixes et trouver les radicaux qui sont des verbes monosyllabiques.

  1. Malgré ces nombreux monosyllabes, le Yoruba est une langue agglutinante. Les éléments qui composent les mots sont moins fondus, moins étroitement agrégés que dans les langues européennes. Les différentes parties des mots composés sont moins modifiées, plus reconnaissables ; ils conservent encore une sorte d’individualité et d’existence distincte.
  2. un très grand nombre de mots composés dont de véritables phrases dont les différents mors , par leur union en un seul, ont acquis une nouvelle signification. Par exemple : Foribalç adorer vient de : fi mettre ori la tête ba rencontrer ilç la terre, le sol. Le Yoruba présente des phénomènes de polysynthétisme ou réunion d’un certain nombre d’idées en un seul et même mot. Ainsi le mot Ironuwipada signifie : penser en soi pour changer de conduite : ìro penser, ìnu intérieur, pa…da changer, iwa conduite.
  3. une paricularité de cette langue est la persistance du sens des racines dans les mots dérivés. Le sens métaphorique ou autres acceptions dans lesquelles peuvent être pris les mots, n’effacent point leur sens étymologique dans l’esprit de celui qui parle. Aussi pour bien parler le Yoruba est-il nécessaire de faire attention au sens de chacune des racines qui entrent dans la composition.
  4. dans la langue Yoruba, les voyelles abondent. Tout mot et même toute syllabe finit par une voyelle ; quelquefois cependant cette voyelle est suivie de la consonne nasale n. tout mot, si on lui retranche ses affixes, commence par une consonne. L’aspiration n’existe que dans un petit nombre de mots et encore est-elle peu marquée.
  5. On s’attendrait à ce que cette langue ne soit qu’une chaos de sons plus ou moins durs, discordant et sans ordre ; celle qui nous occupe est au contraire riche, harmonieuse et parfaitement organisée. Elle a de la délicatesse et de la douceur ; elle possède des règles pour rendre agréablement le concours des voyelles,  des consonnes, des accents et éviter tout ce qui pourrait choquer l’oreille. L’élision, la contraction, l’assimilation des voyelles et l’accord euphonique sont très usités pour combiner les sons et les accents et rendre la prononciation plus douce et plus courante.
  6. Enfin, le Yoruba est une vraie langue et non un dialecte, car il possède les racines et des procédés de formation des mots nécessaires pour exprimer la pensée sous toutes ses formes et toutes ses nuances.

Remarque importante

La difficulté de la langue consiste à saisir avec une grande justesse d’oreille les modulations vocales et à les reproduire en parlant. Ces modulations ou inflexions de la voix sont faites par les locuteurs Yoruba d’une manière si délicate, qu’un étranger a beaucoup de la peine à les saisir tout d’abord et à les reproduire ensuite avec exactitude. Il est exposé au double danger ou de ne pas être compris, ou de dire une chose toute différente de celle qu’il veut exprimer

Pour apprendre cette langue trois choses semblent indispensables :

  1. il est nécessaire d’entendre parler la langue ; pour bien en saisir les
  2.  modulations, il faut les entendre. Faisons remarquer cependant que les mots dont le sens varie avec la modulation ne sont pas très nombreux.
  3. faire attention à la composition des mots et aux règles qui les dirigent.
  4. bien étudier les règles de position des mots et le rôle si important des particules, s’exercer à analyser les mots, les composer et les décomposer.