Le secteur des agrumes joue au Maroc un rôle socio-économique de premier choix, ce qui permet de le classer parmi les branches les plus importantes de l'économie nationale.
Economiquement, les exportations d'agrumes constituent pour l'Etat une source importante de devises : 2,5 à 3 milliards de dirhams par an. (Office des changes, 1999).
Socialement, ce secteur constitue la source principale de revenus pour 10.000 familles de producteurs et procure, soit directement (vergers), soit indirectement (stations de conditionnement, ports et autres) un total de 21 millions journées de travail.
Les agrumes assurent l'approvisionnement et le maintien en activité d'une importante industrie de conditionnement et de transformation : 61 stations de conditionnement d'une capacité de traitement de 1.200.000 T, 4 usines de transformation d'une capacité d'environ 300.000 T et de nombreuses autres structures. (cnca, 2001).
Superficie et régions de production :
Les plantations d'agrumes couvrent une superficie globale de 77.750 ha concentrée essentiellement dans les régions de Souss/Massa, Gharb, Moulouya, Tadla et Haouz qui détiennent, à elles seules, 94.1 % du patrimoine national.
Profil variétal
Le profil variétal du verger agrumicole compte plus de 20 variétés dont 5
Principales constituant plus de 90 % de la superficie nationale.
Tableau 1: Superficies des principales régions agrumicoles au Maroc.
Régions |
superficie en ha |
part en % |
27840 |
35.8 | |
20020 |
25.7 | |
MOULOUYA |
11260 |
14.5 |
TADLA |
9730 |
12.5 |
HAOUZ |
4300 |
5.5 |
AUTRES |
4600 |
5.9 |
Total |
77 750 |
100 |
(cnra,2001)
Tableau 2: REPARTITION DE LA SUPERFICIE PAR REGION ET PAR VARIETE (campagne 1998/99, en hectares)
REGIONS |
Clémentine |
Navel |
Salustiana |
Sanguines |
Ortanique |
Maroc-Late |
Autres |
Souss-Massa |
7 310 |
4 005 |
870 |
380 |
1 370 |
11 560 |
2 350 |
Gharb |
2 280 |
3 740 |
220 |
2 180 |
460 |
10 570 |
570 |
Moulouya |
5 805 |
3 345 |
0 |
40 |
140 |
385 |
1 540 |
Tadla |
1 565 |
2 930 |
180 |
420 |
215 |
3 700 |
720 |
Haouz |
965 |
940 |
45 |
95 |
265 |
1 230 |
765 |
Autres zones |
330 |
555 |
0 |
265 |
85 |
1 080 |
270 |
TOTAL |
18 255 |
15 515 |
1 315 |
3 380 |
2 535 |
28 525 |
6 215 |
(cnra,2001)
L’analyse de l’évolution de la production d’agrumes au Maroc fait ressortir des variations importantes d’une année à l’autre, en raison du phénomène d’alternance physiologique et surtout des conditions climatiques. A titre d’exemple, de la campagne 1997/98 à la campagne suivante, la production a chuté de 18%, passant respectivement de 1.591.000 tonnes à 1.303.000 tonnes (cnca,2001), par contre elle a augmentée de 13 % de la compagne 2001/2002 à la compagne 2002/2003 avec des productions qui s’élèvent respectivement à 429 966 et 484 258 tonnes (eacce,2003).
L’exportation :
Le tonnage exporté en 1998/99 s’est élevé à 583.000 tonnes et a rapporté 2,56 milliards de dirhams, en devises.
Nos exportations d’agrumes avaient régressé de près de 10%, en passant de 566.000 tonnes (période 1981/85) à 518.000 tonnes (période 1991/95), pour des raisons liées, entre autres, à la défaillance commerciale sur quelques marchés (Russie, Pologne, Arabie Saoudite) et à l’arrêt des exportations de certains calibres sur les pays de l’Union Européenne (tableau 4).
L’analyse des exportations par destination, et de leur évolution depuis 1981, fait ressortir quelques éléments importants à prendre en considération, en particulier :
· L’Union Européenne est encore le principal débouché de nos agrumes, avec 67% du marché ; son poids a toutefois légèrement diminué sur les 2 dernières décades (61% sur la période 1981/85) grâce à des efforts de diversification, mais qui restent largement insuffisants ;
· Au sein de l’UE, la France absorbe 23% des exportations marocaines ; elle est suivie par l’Allemagne et la Grande Bretagne avec respectivement 13% et 10% ;
· Le poids de la France a sensiblement régressé, dans la mesure où il était de plus de 31% sur le quinquennat 1981/85 ; nous avons perdu aussi 3 points sur l’Allemagne ;
· Par contre, nous avons doublé nos exportations sur la Grande Bretagne et sur d’autres pays de l’UE ;
· En dehors de l’UE, il y a une reprise progressive et positive sur le marché de l’Europe de l’Est et notamment la Russie et la Pologne, avec respectivement près de 20% et 3% de nos exportations totales ;
· Une percée notable a été enregistrée également sur la destination Amérique du Nord, dont la part dans nos exportations d’agrumes est passée de 3,2% sur la période 1981/85 à 5,8% sur la période 1996/99.
Tableau 3: EVOLUTION DES EXPORTATIONS PAR DESTINATION (en tonnes)
PAYS |
1981/85 |
1986/90 |
1991/95 |
1996/99 | |
France |
175 690 |
200 100 |
156 320 |
134 000 |
23,0% |
Allemagne |
91 110 |
75 360 |
82 780 |
77 000 |
13,2% |
Grande Bretagne |
29 550 |
54 560 |
63 980 |
59 000 |
10,1% |
Autres pays UE |
47 520 |
66 060 |
65 880 |
121 000 |
20,8% |
S/Total UE |
343 870 |
396 080 |
368 960 |
391 000 |
67,1% |
Amérique du Nord |
17 900 |
28 920 |
28 730 |
33 600 |
5,8% |
Russie |
96 000 |
6 220 |
24 640 |
114 000 |
19,6% |
Pologne |
0 |
1 270 |
13 450 |
17 000 |
2,9% |
Arabie Saoudite |
52 170 |
34 100 |
8 420 |
10 000 |
1,7% |
Autres marchés |
56 060 |
97 110 |
74 520 |
17 400 |
3,0% |
S/Total hors UE |
222 130 |
167 620 |
149 760 |
192 000 |
32,9% |
TOTAL |
566 000 |
563 700 |
518 720 |
583 000 |
100% |
(cnca,2001)
Les problèmes du secteur agrumicole marocain :
Ce secteur d’une importance incontestable souffre d’un ensemble de problèmes dont les plus importants sont les suivants :
ü Vieillissement des plantations
ü Rareté et coût élevé des ressources en eau (prix de l’énergie surtout) dans de grandes régions de production telle que le Souss-Massa .
ü Concurrence de plus en plus rude, en terme de qualité et de prix, sur les marchés extérieurs
ü Problèmes phytosanitaires
ü Problèmes de résidus.
En effet, quatre ravageurs dits clés sont inféodés aux agrumes au Maroc : Les cochenilles, essentiellement le pou de Californie, la mineuse des pousses des grumes, Les acariens et La mouche méditerranéenne des fruits ou la cératite (Mazih, 2002).
Ce dernier ravageur, qui occasionnent des dégâts importants sur les agrumes et bien d’autres espèces cultivées (Prunier, pêcher, cafier…) et non cultivée (Arganier, jujubier…) est considérée comme étant un grand défit pour les chercheurs et les agriculteurs des cinq continent où il est présent.
En plus de ces dégâts directs, ce ravageur est considéré comme un ravageur de quarantaine dans plusieurs pays, parmi lesquels figurent des clients potentiels importants pour écouler la production agricole marocaine comme les Etats-Unis et le Japon. Ceci va avoir également des retombés sur l’accord de libre échange signé dernièrement entre le Maroc et les Etats-Unis en constituant un handicap surtout pour les producteurs de la région de Souss/Mass, première zone productrice des agrumes et de tomate au Maroc et même temps classée ‘‘zone de haut risque’’ pour l’introduction de la cératite par les américains du fait qu’elle considérée comme le plus grand foyer naturel au monde de la cératite.
Les mesures de lutte basées essentiellement sur la lutte chimique ne fait qu’aggraver la situation. L’augmentation de la fréquence des traitements pesticides pose des problèmes de pollution de l’environnement, de résidus sur les cultures et de destruction de la faune auxiliaire utile.