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LOGE DE TABLE
 
 

OU
 
 

DE BANQUET.

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DISPOSITION DE LA LOGE.

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La salle où se fait le banquet doit être située de façon qu'on ne puisse rien voir ni entendre de dehors. La table, autant que faire se pourra, sera en fer à cheval. La place du vénérable est au sommet, et celle des surveillants aux extrémités.

Le frère grand-orateur se place en tête de la colonne du sud, et le frère secrétaire en tête de celle de l'ouest; l'est est occupé par les F.·. visiteurs, ou par des officiers de la loge, s'il n'y a pas de vis.·..

Excepté les cinq officiers qu'on vient de désigner, personne n'a de place marquée, si ce n'est dans le cas où il y aurait des visiteurs décorés de grades supérieurs, et que l'est serait occupé par eux. On placerait les autres visiteurs en tête des colonnes.

Le pain s'appelle pierre brute; le vin, poudre forte (blanche ou rouge); les bouteilles et carafes, barriques; les verres, canons; l'eau, poudre faible; les liqueurs, poudre fulminante; les bougies allumées, étoiles; les serviettes, drapeaux; les assiettes, tuiles; les plats, plateaux; les cuillers, truelles; les fourchettes, pioches; les

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couteaux, glaives; le sel, sable; le poivre, sable jaune; les aliments, matériaux; les mouchettes, pinces; les chaises, stalles.

Quand chacun a pris sa place, il est à la volonté du vénérable de porter la première santé avant de mastiquer, ou d'attendre qu'on ait mastiqué le potage, ou tel autre instant qu'il juge à propos.

Quand il veut porter la première santé, il frappe un coup de maillet; à l'instant les frères servants sortent de l'intérieur du fer à cheval, et se retirent à l'occident. Il en est de même à toutes les santés. Tout le monde cesse de mastiquer. Le frère M.·. des cérémonies est ordinairement seul en dedans du fer à cheval, et vis-à-vis du vénérable, pour être plus à portée de recevoir ses ordres et de les faire exécuter: quelquefois il est placé à une petite table entre les deux surveillants; le frère maître des cérémonies se lève et le vénérable dit:

Vén.·. - Frères premier et second surveillant, faites-vous assurer si nos travaux sont bien couverts.

 Chacun des surveillants s'assure de la qualité maçonnique de tous les individus qui sont sur les deux colonnes, en jetant les yeux sur eux, et les reconnaissant pour maçons.

 Le second surveillant dit au frère premier surveillant:

IIe S.·. - Je réponds de ma colonne.

 Le premier surveillant dit:

Ier S.·. - Très-vén.·., le frère second surv.·. et moi, nous sommes assurés des frères qui sont sur les deux colonnes.

 Le vénérable dit:

Vén.·. - Je réponds aussi de ceux qui sont à l'est. = Frère couvreur, faites votre office.

 Pendant ce temps-là les frères se décorent de leurs cordons; il n'est pas nécessaire d'avoir de tablier.

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Le frère couvreur va ôter la clef de la porte, qu'il ferme; et, dès ce

moment, personne n'entre ni ne sort plus. Le second surveillant avertit le premier que les travaux sont couverts; celui-ci le dit à haute voix au vénérable, qui frappe un coup de maillet, et dit:

Vén.·. - Mes frères, les travaux, qui étaient suspendus, reprennent vigueur.

(NOTA. Si, avant de passer au banquet, on les avait fermés, il faudrait les ouvrir de nouveau.)

 Les frères premier et second surv.·. répètent l'annonce; après quoi le vén.·. dit: À l'ordre, mes frères!
 

PREMIERE SANTÉ.



Vén.·. - Frère premier et second surveillant, invitez les frères de l'une et de l'autre colonne à se disposer à charger et aligner, pour la première santé d'obligation.

 Les frères surveillants répètent l'annonce.

Vén.·. - Chargeons et alignons, mes frères.

 (NOTA. Ce n'est que de cet instant que l'on doit toucher aux barriques, sans cela la confusion se met dans les travaux.)

 Chacun se verse à boire comme il lui plaît. Si quelqu'un, par régime ou par goût, buvait de l'eau, rien ne doit le contraindre à changer son usage.

À mesure que chacun s'est versé à boire, il place son canon (le verre) à la distance du bord de la table, à peu près du diamètre de la tuile; par ce moyen les canons se trouvent alignés en un instant.

On aligne aussi les barriques et les étoiles sur une seconde ligne.

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Quand tout est aligné sur la colonne du sud, le second surveillant en avertit le premier, qui dit au vénérable:

Ier S.·. - Tout est aligné sur les deux colonnes.

Vén.·. - L'Est l'est également. = Debout et à l'ordre.

 On se lève; le drapeau est sur l'avant-bras; les frères décorés de hauts grades, le mettent sur l'épaule, et on est à l'ordre. (Si la table est en fer à cheval, les frères qui sont dans l'intérieur, restent assis.)

 Vén.·. - Frères premier et second surveillant, voulez-vous bien annoncer sur vos colonnes que la première santé d'obligation est celle de Sa Majesté et de son auguste famille; nous joindrons à cette santé, des voeux pour la prospérité de ses armées. C'est à une santé aussi précieuse pour nous, que je vous invite à faire le meilleur feu possible. Je me réserve le commandement des armes.

 Les frères premier et second surv.·. répètent l'annonce.

Quand l'annonce est faite, le vénérable dit:

Vén: - Attention, mes frères!

La main droite au glaive!

Haut le glaive!

Le salut du glaive!

Le glaive dans la main gauche!

La main droite aux armes!

Haut les armes!

En joue!

Feu!

Bon feu!

Le plus vif de tous les feux!

En avant les armes!

Un, deux, trois!

Un, deux, trois!

Un, deux, trois!

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En avant!

Un, deux, trois!

La main droite au glaive!

Haut le glaive!

Le salut du glaive!

Le glaive au repos!

 Ensuite on applaudit par la triple batterie et le triple houzzé. Après quoi le vénérable dit:

Vén.·. - Reprenons nos places, mes frères.

 Les surveillants répètent l'annonce.

Tant que les travaux restent en vigueur, il est bien permis de continuer à mastiquer, mais on doit le faire en silence.
 

SECONDE SANTÉ.

 Quelquefois, et c'est même le plus convenable pour la commodité de tout le monde, et pour ne pas interrompre le service, le vén.·. commande la seconde

santé aussitôt que la première est portée.

S'il ne juge pas à propos de la faire tirer tout de suite, il est convenable de suspendre les travaux.

Si le vén.·. a suspendu les travaux avant de proposer la seconde santé, il doit les mettre en vigueur; s'ils y sont restés, il la commande de suite, et dit:

Vén.·. - Frères premier et second surv.·., invitez, je vous prie, les frères de l'une et de l'autre colonne à se disposer à charger et aligner, pour la

seconde santé d'obligation.

 Les frères surveillants répètent l'annonce.

Vén.·. - Chargeons et alignons, mes frères.

 Les surveillants annoncent que tout est chargé et aligné, comme ci-dessus.

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Vén.·. - Frères premier et second surveillant, la seconde santé d'obligation que j'ai la faveur de vous proposer est N.·....

 (Cette santé est celle de l'autorité maç.·. sous laquelle on travaille.)

 Nous y joindrons enfin nos voeux pour la prospérité de l'ordre en général. Invitez, je vous prie, les frères de l'une et de l'autre colonne, à se joindre à moi pour faire le feu le plus maçonnique et le plus fraternel.

 Les surveillants répètent l'annonce.

On tire la santé; on y applaudit comme à la première.

S'il y avait quelques-uns des frères dont la santé été tirée, vénérables de loges, députés de loges, etc., ces frères ont dû ne pas tirer la santé, et

se tenir debout ou assis. Quand l'applaudissement est fini, ils demandent à remercier tous ensemble; l'un d'eux portant la parole. Pendant ce remerciement, les frères restent debout.

Lorsqu'après avoir tiré la santé, ils ont fait leur applaudissement, la loge couvre cet applaudissement, qui est commandé par le vén.·..

Quand tout est terminé, le vénérable frappe un coup de maillet, et dit:

Vén.·. - Mes frères, reprenons nos places.

 Alors il est le maître de suspendre les travaux, ou de les laisser en vigueur.
 

TROISIEME SANTÉ.

 Dans le moment où les surveillants le jugent convenable, et surtout lorsqu'il ne doit pas se faire de service, le premier surveillant frappe un coup de maillet, que répète le second, puis le vénérable. Aussitôt le vénérable dit:

 Vén.·. - Que demandez-vous, frère premier surveillant?

 Si le travaux sont suspendus, le premier surveillant prie le vénérable de les remettre en vigueur; ce qu'il fait en ces mots:

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Vén.·. - Mes frères, à la réquisition du frère premier surveillant, les travaux qui étaient suspendus reprennent vigueur.

 Les surveillants répètent l'annonce.

Après cela, le premier surv.·. frappe un coup de maillet, qui est répété par le second, puis par le vén.·., et dit:

Ier S.·. - Très-vén.·., voulez-vous bien faire charger et aligner, pour une santé que le frère second surveillant, le frère grand-orateur et moi, aurons la faveur de proposer.

 Le vén.·. fait charger et aligner, comme aux précédentes santés. Quand il est informé que tout est en règle, il dit:

Vén.·. - Frère premier surv.·., annoncez la santé que vous voulez proposer.

Ier S.·. - C'est la vôtre, très-vénérable. = Debout et à l'ordre, glaive en main, mes frères.

La santé que le frère second surveillant, le frère grand-orateur et moi, avons la faveur de vous proposer, est celle du très-vénérable qui dirige les travaux de cette respectable loge, et celle de tout ce qui peut lui appartenir: nous vous prions de vous joindre à nous pour faire le meilleur feu possible.

 Le second surveillant répète, et dit:

IIe S.·. - La santé que le frère premier surv.·., le frère grand-orateur et moi, avons la faveur de proposer, etc.

 L'orateur répète la même annonce.

Le frère premier surv.·. dit: À moi, mes frères! et commande l'exercice, ou en défère le commandement au second surv.·., comme il le juge à propos; il fait l'applaudissement et le houzzé.

Pendant cette santé, le vén.·. est assis: tous les frères sont restés debout et à l'ordre.

Quand le vén.·. a remercié, le premier surv.·. dit:

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Ier S.·. - Par respect pour le vén.·., les applaudissements ne seront pas couverts.

 Chacun reprend sa place.

 Le vén.·. suspend les travaux quand il le juge à propos, ou les laisse en vigueur.
 

QUATRIEME SANTÉ.

 Quelque temps après, le vénérable remet les travaux en vigueur, s'ils n'y sont pas, et fait charger et aligner, pour une santé.

Quand tout est chargé et aligné, il propose la santé des frères premier et second surveillants. Le frère grand-orateur et le frère secrétaire répètent l'annonce.

Le Vén.·. commande cette santé: tous les frères restent assis; les surveillants seuls se lèvent, et remercient.

Le frère premier surveillant porte la parole.

Le vén.·. fait couvrir l'applaudissement.
 

CINQUIEME SANTÉ.

 Le vén.·. commande ensuite, à l'instant qui lui paraît le plus convenable, la santé des frères visiteurs. Pendant cette santé, les visiteurs sont

debout: un d'eux remercie. Le vén.·. fait couvrir l'applaudissement.

On joindra à cette cinquième santé celle des loges affiliées ou correspondantes; mais s'il n'y a ni visiteurs, ni loges correspondantes, alors on détachera de la sixième santé celle des officiers de la loge.

L'orateur portera la parole, pour remercier.

 (NOTA. Après la santé des visiteurs, si quelques frères ont des cantiques à chanter, ou quelques morceaux d'architecture à lire, ils peuvent le faire, en demandant la parole. Il est même à propos de chanter quelques-uns de ces cantiques moraux, qui ont été faits sur le but de

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la maçonnerie, et qui, chantés en choeur, portent dans l'âme une douce émotion, en célébrant les agréments et les avantages de l'union maçonnique.)
 

SIXIEME SANTÉ.

 La santé des frères officiers et des membres de la loge. On y joint celle des frères nouvellement initiés, s'il y en a.

Cette santé n'est portée que par le vénérable, les surveillants et les frères visiteurs, s'il y en a; les officiers et les membres de la loge sont debout. Le frère grand-orateur remercie pour les officiers; le plus ancien membre, pour les membres; et l'un des initiés, s'il y en a, pour les autres.

 On couvre leurs applaudissements.
 

SEPTIEME ET DERNIERE SANTÉ.

 Enfin, le vén.·. prie le frère M.·. des cérémonies d'introduire les frères servants, qui doivent apporter avec eux leurs drapeaux et leurs canons.

Quand ils sont entrés et placés à l'ouest, entre les deux surv.·., le vén.·. frappe un coup de maillet, invite à charger et à aligner, pour la dernière santé d'obligation.

Les frères surveillants frappent chacun un coup de maillet, et font la même annonce. le vén.·. dit:

Vén.·. - Chargeons et alignons, mes frères.

 Quand le vénérable est averti que tout est chargé, il dit:

Vén.·. - Debout et à l'ordre.

 Tout le monde se lève, donne un bout de son drapeau à ses voisins, à droite et à gauche, prend de même un bout des leurs, et les tient de la main gauche, ce qui n'empêche pas de tenir de la même main le glaive. Les frères servants font, avec les surv.·.,

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la même chaîne, le frère maître des cérém.·. étant au milieu d'eux.

Alors le vénérable dit:

Vén.·. - Frères premier et second surveillants, la dernière santé d'obligation est celle de tous les maçons répandus sur la surface de la terre, tant dans la prospérité que dans l'adversité. Adressons nos voeux au grand Architecte de l'Univers, pour qu'il lui plaise secourir les malheureux, et conduire les voyageurs à bon port. Invitez, je vous prie, les frères de l'une et l'autre colonne de s'unir à nous, pour porter cette santé avec le meilleur de tous les feux.

 Les surveillants répètent.

 Alors le vénérable entonne le cantique de clôture, dont on ne dit communément que ces deux couplets, et tous les assistants font chorus.


Frères et compagnons

De la maçonnerie

Sans chagrin, jouissons

Des plaisirs de la vie.

Munis d'un rouge bord,

Que par trois fois le signal de nos verres

Soit une preuve, que d'accord,

Nous buvons à nos frères.
 
 

Joignons-nous main en main;

Tenons-nous ferme ensemble:

Rendons grâce au destin

Du noeud qui nous rassemble;

Et soyons assurés

Qu'il ne se boit sur les deux hémisphères

Point de plus illustres santés

Que celles de nos frères.

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Le vénérable dit:

Vén: - Attention, mes frères!

La main droite au glaive!

Haut le glaive!

Le salut du glaive!

Le glaive dans la main gauche!

La main droite aux armes!

Haut les armes!

En joue!

Feu!

Bon feu!

Triple feu!

En avant les armes!
 
 

On reprend deux fois les deux derniers vers.
 
 

Un, deux, trois!

Un, deux, trois!

Un, deux, trois!

En avant!

Un, deux, trois!

La main droite au glaive!

Haut le glaive!

Le salut du glaive!

Le glaive au repos! (On le repose doucement sur la table.)
 
 

 On applaudit, et on chante trois fois la dernière reprise.

Le vén.·. frappe un coup de maillet, que répètent les surv.·., et fait faire lecture de la planche des travaux du banquet, demande les observations et fait applaudir; puis il fait demander s'il n'y a pas de propositions intéressantes pour le bien de l'ordre en général, et pour celui de la loge en particulier.

S'il s'en trouve, on les écoute, et on y statue si elles sont courtes; sinon, on les renvoie à la première assemblée.

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Ensuite le Vén.·. fait aux surv.·. les trois questions suivantes:

Vén.·. - Frère premier surv.·., quel âge avez-vous?

R. Trois ans, vén.·..

D. À quelle heure sommes-nous dans l'usage de fermer nos travaux?

R. À minuit.

D. Quelle heure est-il?

R. Il est minuit, vén.·..
 
 

C'est un usage louable de se donner le baiser fraternel avant de se quitter. Le vén.·. le donne à son voisin à droite, et il lui revient à gauche. Puis il frappe trois coups de maillet, que les surveillants répètent, fait faire l'applaudissement et le houzzé.

Enfin, il frappe un coup de maillet, et dit:

Vén.·. - Mes frères, les travaux sont fermés, retirons-nous en paix.

 Les surveillants frappent également chacun un coup de maillet, et font la même annonce.

Chacun quitte ses ornements, et se retire en paix.

 (NOTA. Dans les différentes annonces des santés, le vén.·. et les surv.·. instruits ne doivent pas s'en tenir strictement au protocole indiqué. Les variations qu'ils peuvent y mettre, ne peuvent qu'être agréables à tous les frères, et être un motif d'augmenter les agréments que procurent les travaux de table.)

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