LIVRET :
ADAPTE DE L'ITALIEN PAR :
PAROLES ORIGINALES ET   MUSIQUE :
ADAPTATION FRANCAISE :
ARTHUR KOPIT 
MARIO FRATTI 

MAURY YESTON 
ERIC-EMMANUEL SCHMITT

 
 
 

 
 
C'est possible 
Mon Guido 
Toi 
Les cloches de Saint-Sébastien 
Sans raison sans pouvoir réfléchir 
Film 
Simple 
Reste tout seul 
Je ne peux finir ce film


 
 
C'est possible
 
Je voudrais être ici, je voudrais être là.
Être là au même instant, ici là
Partout, abolir l'espace, et briser le temps
La vie me freine, aujourd'hui je sens
40 ans dans mes veines mais dans mon esprit... 9 ans!
 Je ne peux pas veiller, ni non plus me coucher
J'ai trop peur du sommeil, qu'on me réveille abruti et sans idée
Mais qui va se soucier de mon cas?
Qui y voit un destin tragique, à part moi?
 Je veux rajeunir! Je veux aussi vieillir.
Je voudrais être sage tant qu'il est temps
Mais aussi fou, imprudent, ardent
je voudrais que l'univers s'agenouille et me dise enfin Guido
Fais ce qu'il te plaît c'est d'accord et si tu veux la lune oui
C'est possible! C'est tout c'que j'demande!
 Je voudrais toujours plus!
J'ai choppé ce virus
Oui vraiment, le plaisir du plaisir, l'excès engendre l'excès
L'unique obstacle, sur quoi j'ai buté,
c'est de n'avoir pas pu me rencontrer
 Je voudrais avoir un autre moi qui voyagerait avec moi
Je serais capable une fois de chanter un duo avec moi
Je voudrais être ici " Ô Guido ton chant est si joli! "
Être là " Unissons nos deux voix! "
De partout, de partout, à la fois
Maîtrisons l'espace et le temps
Je veux être ici, je veux être aussi là, je passe par là,
Ah! C'est trop beau, quel couple!
Guido, Guido, Guido, Guido, Guido, Guido
MOI MOI MOI!
Je veux être Proust! Et le Marquis de Sade
Devenir Mahomet, Jesus ou Bouddha, mais sans avoir jamais la foi
Oui vraiment, je le dis en toute conscience
Je me tue si rien de notable ne commence
 Je veux rajeunir! Pourtant je vais vieillir
L'univers est un conte de bruit et de fureur, fait par un idiot menteur
Je voudrais que le monde s'agenouille et me dise enfin Guido!
Fais ce qu'il te plaît
C'est d'accord quoi que tu exiges de moi
C'est possible!
C'est possible!!
C'est tout c'que j'demande
C'est bien compris?
 
 
 
Mon Guido
 
Mon Guido,
Il tourne, retourne, les idées dans sa tête
Il peut poursuivre les pensées les plus secrètes
Rêve ou réalité, jamais rien ne l'arrête
Certains sont rois, certains sont profs
D'autres encore jouent du hautbois
Mon Guido s'est rendu dingue pour faire du cinéma
 Mon Guido fantasme
Ses rêves, il les vit puis les donne
Ils sont parfois peuplés de filles et de matronnes
Mais c'est du cinéma et pour ça, je pardonne
Certains sont pions, d'autres maçons
D'autres encore jouent les patrons
Mon Guido, avec ou sans caméra, il se fait son cinéma
 Guido Contini, Luisa Contini
Celui-là crée, celle-là l'applaudit
Guido Contini, Luisa Contini
Fils de rien, fille de vieux sang romain
C'est si loin, oui vingt ans, c'est loin
Je me souviens
 Guido Contini, Luisa del Forno
Elle rêvait d'être actrice et d'aimer
Mais la passion l'a brûlée bousculée
Guido devint son unique soucis
C'est si loin, est-ce moi, si loin
Comme il a besoin
De moi mais il n'en sait rien, rien
 Mon Guido,
Il tourne, retourne les idées dans sa tête
Il fait des films depuis le matin jusqu'au soir
Je crois qu'il voit aussi la vie en blanc et noir
Certains au lit, font des petits
D'autres dorment ou lisent, ou même font un repas
Guido ne me rejoint pas dans les draps
Guido lui, il tourne sans moi
 Mon Guido, il tourne...
 
 
Toi
 
Être moi-même, ce n'est plus un problème quand je suis avec toi
Être sincère, sans aucune surenchère va de soi
Depuis toujours j'attendais cet amour
Je t'ai vu, et j'ai su, c'était toi
Je ne pourrais être heureux dans ce monde qu'avec toi
 Nuit après nuit, en épuisant les lits, j'ai plongé loin en toi
Toujours surpris, étourdi, ébloui chaque fois
Tu brûles tant, d'un désir si violent
Que parfois je me dis " Pourquoi moi? "
Toute ma force, tout ce qui me renforce vient de toi
 Avoir rencontré celle qu'on peut aimer, c'est précieux
J'ai deux amours, merci mon Dieu
 Déesse pure, reine des salles obscures, je languis après toi
Les spectateurs sont transis de bonheur à ta voix
Ensorcelé je suivrai tes pensées, tes désirs, tes soupirs, tous tes choix
La vie est suave, quand on est esclave de ta loi
 Il tourne sans trêve, ce manège de rêves
Tous ces souhaits qui n'deviennent jamais vrai
Je serais paisible, si je pouvais rester, avec toi... et toi... et toi
 
 
Les cloches de Saint-Sébastien
 
J'ai un curieux souvenir de mon vieux collège Saint-Sébastien
Et toujours j'entends les cloches quand je reviens
Dans une église, dans mon esprit
Ces cloches, vierges et prudes, ne retentissent qu'une fois
Ici c'est tout petit qu'on les reçoit
Elles résonnent, toute la vie
 Et la musique de notre enfance
Était la musique de l'innocence
Quand nous chantions le Kyrié eleison,
Kyrié eleison, Kyrié eleison
Tous les matins, et tous les soirs
Toutes les cloches nous dictaient nos devoirs
Et nos voix faites avec les cloches de Saint-Sébastien, montaient au ciel
 En classe, chaque jour, on disait qu'à Saint-Sébastien
Un démon nous guettait dans chaque coin
Quand on regardait, on ne voyait rien
La soeur nous donnait des cours sur le mystère féminin
Deux femmes existent au monde, mes chérubins
L'une est épouse, l'autre putain
 Et la musique de notre enfance
Écartait toutes les violences
Quand nous chantions le Kyrié eleison
Kyrié eleison, Kyrié eleison
Ange de l'aube, ange du soir
Qui de la voûte s'envolait vers le ciel
Pour les élèves de Saint-Sébastien
Oui chaque jour, c'était Noël
 Au déjeuner du lait, du fromage et un quignon de pain
Et puis une prière tout en latin
Et ensuite la sieste, dans des draps de lin
 Mais la musique de notre enfance
Était la musique de notre enfance
Quand nous chantions le Kyrié eleison
Kyrié eleison, Kyrié eleison
On aurait dû, nous avertir
Que nous vivions alors nos jours les plus heureux
Car dans les messes, les chants des cloches, et les prières obscures
On voyait Dieu
 
 
Sans raison, sans pouvoir réfléchir
 
Sans raison, sans pouvoir réfléchir, j'ai eu besoin de toi
Sans raison, sans pouvoir réfléchir, je t'ai aimé
Ca n'a duré qu'un seul jour,
Ca n'a duré qu'un temps très court
Mais cet instant vivra toujours
Sans raison, sans pouvoir réfléchir, je crois que je tiens à toi
Sans raison, sans pouvoir réfléchir, je vais pleurer
Quelque chose en moi faiblit
Quelque chose en moi t'attendrit
Tout en moi te dit oui
Tout te dit oui
Tu n'sais pas ce que tu m'as fait, je n'ai plus de rêve
Tu n'sais pas ce que je ressens en te regardant
J'ai peur, si peur, que j'en perds tous mes mots
Sans raison, sans pouvoir réfléchir, je fais tout ce que tu veux
Même si parfois je veux partir, je reste là
Tu es entré dans ma vie, rien qu'en posant tes yeux sur moi
Tu m'as fais forte et plus jolie
Et j'ai besoin de toi
Sans raison, sans pouvoir réfléchir, je suis à toi
 
 
FILM
 
Contini renait
J'ai trouvé mon sujet
Sujet vaste et profond
Il s'agit de moi-même,
C'est un sujet que j'aime
Je serai un miroir où chacun peut se voir, retrouver ses désirs, ses
pensées, ses soupirs
L'homme fatal, fondamental, idéal
Je ferai concurrence à Dieu,
Je ferai peut-être même encore mieux
Car Dieu s'y prend mal,
Il peaufine les details mais le gros du travail demeure un peu bancal
Dieu est myope sur le fond et la choppe
Car Dieu ne sait pas commencer ni finir
Gratifier ou punir
Il ne dirige pas
Au fond il bâcle et il néglige le spectacle
Mais moi je prends tout le film en charge
Pour ce sujet-là je vois très large
C'est une épopée philosophique
A caractère autobiographique
Vite! je sens que je suis près à le filmer
Tout devient clair, il n'y a plus qu'à tourner
Auditionnons, auditionnons!
Je veux trouver mon exacte vision!
 
 
 
SIMPLE
 
Simples sont les mots du vrai bonheur
Simples sont les voies du coeur
Simple cette main qui cherche ta main
Si évident que tout le monde le comprend
Sauf toi
Simples les façons de se quitter
Simple comme un soir d'été
Simple de partir et si simple de le dire
Aussi simple que les choses les plus simples qui soient
Simple le soleil, les etoiles, la tristesse et la joie
Je viens simplement te dire adieu
 
 
RESTE TOUT SEUL
Reste tout seul!
Tu m'as toujours parlé de voyager,
Vas-y, pars donc, débrouille-toi tout seul!
Vas donc draguer, blaguer, frimer, briller,
Essaie de trouver quelqu'un qui te veuille!
Vas t'en! Vas ton chemin!
Il n'y a plus le moindre espoir restant
ni rien qui justifie le lendemain.
Ni l'moindre geste pour rabibocher nos liens,
Ni aucun prix qui n'inverserait le destin.
Aucun moyen qui nous permette d'éviter la triste scène de la fin!
Vraiment plus rien, vas ton chemin!
Vas t'en.
Mieux vaut, vite arrêter, cette comédie!
Le couple, dont nous rêvions, est bien fini!
Ta liberté,
Ne te plains plus, je te la rends,
Ta si précieuse liberté, tu l'as gagné!
Emporte la bien vite, et sans me remercier.
Si je te vois partir, merci, je suis payée.
Allez vas vivre tes fictions sans importance,
Etourdis-toi, fais le malin,
Oui mais demain, tu riras moins
Idée, désir, bonheur, envie,
Tout sera parti, et moi aussi
 
 
 
JE NE PEUX FINIR CE FILM
 
Je ne peux finir ce film,
Arrêtez, ce tournage!
Je ne peux plus voir la pellicule,
Mon sujet m'a échappé,
Je suis en plein naufrage,
C'est trop tard, j'ai perdu la formule
Cassez le décor, brûlez les robes!
Faites place a la télévision.
Rêves et cinema, tout se dérobe!
Baissez la lumière et coupez le son
Trouvez un autre génie, Moi je vous rends le rôle,
Tout m'est devenu bien trop confus,
Au secours, Louisa à moi!!
J'ai lâché tout contrôle!
A qui me confier? je suis perdu!
Je flotte, je plane dans le vide!
Sans main ni sourire qui me guident
Dans un grand chaos cosmologique.
Livré au mépris de la critique!
Seul, tout seul avec moi-même!
PITIE!
COUPEZ!
 
 
 
Dernière mise à jour : 23 janvier 1999
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