AUTEURS
 
MICHEL BERGER
LUC PLAMONDON
 
 
"En 1975, Michel Berger m'a donné un coup de fil de Paris à Montréal. Il s'était trompé dans le décalage horaire, j'étais donc en plein milieu de ma nuit. Il m'a dit d'un trait : "Bonjour, c'est Michel Berger. Je voudrais faire un opéra-rock. J'ai envie de travailler avec toi parce que tu décris la violnce du monde moderne. J'ai une violence en moi que je voudrais exprimer dans ma musique." J'ai dû répondre : "Ouais, pourquoi pas!" Je ne lui ai pas dit tout de quite que, moi aussi, je rêvais de faire mon opéra-rock. Mais j'étais étonné que la proposition me vienne d'un compositeur français.  Bref, je suis venu à Paris le rencontrer.
Il avait déjà une musique à me faire entendre. Cette musique, c'est celle sur laquelle j'ai écrit "Stone, le monde est stone". mais avant de trouver ces paroles, j'ai essayé tous les mots d'une syllabe de la langue française. Je sentais que Michel attendait de moi quelque chose de différent. Pour lui, j'étais un parolier rock nord-américain qui écrivait un français qui sonne. J'ai d'abord trouvé des choses comme : "Seul, je marche seul, je cherche le soleil au milieu de la nuit." Il disait : "Oui, c'est beau, mais ça, un Français pourrait l'écrire. "Trois mois plus tard, j'ai trouvé "Stone, le monde est stone". Et là je me suis dit : Il va tomber de sa chaise quand je vais lui mettre ça sur son piano. Il l'a chanté, il a levé les yeux vers moi et m'a dit : "C'est exactement ce que j'attendais de toi." A partir de là, ça a été tout seul. Enfin, on a discuté du sujet pendant longtemps avant de s'y mettre. Les discussions ont bien duré un an. Finalement, on a loué une maison dans le midi pendant deux mois au printemps 77, et tous les jours on écrivait. On est revenus de là avec les principales chansons de Starmania.
Moi, je suis un oiseau de nuit, donc j'écrivais plutôt la nuit. Michel se levait toujours assez tard et il composait plutôt l'après-midi. Je lui donnais des bouts de textes et il me donnait des bouts de mélodie. Starmania ça a vraiment été un aller-retour constant entre les paroles et la musique... Et aussi entre Montréal et Paris!
Ou la musique venait toute seule ou [Michel] abandonnait le texte au bout d'une demi-heure. Il ne travailait que sur l'inspiratiob. Je ne l'ai jamais vu bûcher sur une musique. A certains moments, quand j'étais à bout d'inspiration, il s'énervait après moi. Un soir par exemple, j n'avias rien à lui donner. Alors il s'est mis à fouiller dans mes brouillons : "Tiens, c'est pas mal çc : On dort les uns contre les autres, on se déchire, on se désire, etc." J'ai répondu : "C'est un départ, tout juste huit lignes..." Il m'a arraché le brouillon des mains et il est parti avec. Un quart d'heure d'après, il est revenu en disant : "Voilà, la musique est faite, t'as qu'à écrire huit lignes de plus!" Je les ai écrites sur le champ et la chanson était finie. C'est le texte le plus court et la chanson la plus vite faite de tout Starmania, mais ce fut notre plus gros hit.
Bien qu'étant lui-même auteur, [Michel] en faisait totalement abstraction quand il travaillait avec moi. Jamais il n'essayait de réécrire une ligne. Il me donnait son jugement bien sûr, qui était toujours très perspicace et très intransigeant, mais il ne tentait pas de se substituer à moi, comme ça m'est arrivé avec d'autres. Il me disait : "Je crois que ça pourrait sonner mieux..." ou "Non, ça, c'est trop québécois!"
Il s'attendait toujours à être étonné. Et je l'étais souvent moi aussi par les musiques qu'il faisiait sur mes textes. Par exemple, quand j'ai écrit "Le blues du businessman", c'était pour moi une chanson satirique. Or ça lui a inspiré cette musique tellement lyrique que la chanson a été prise complètement au premier degré. Le phénomène d'identification à cette chanson, aussi bien au Québec qu'en France, m'a beaucoup surpris. En lisant "J'aurais voulu être un artiste" pour la première fois, Michel s'est mis au piano et la mélodie lui est sortie de la voix. L'accord lui est venu au bout des doigts à la fin de la phrase, puis il a laissé la musique se dérouler jusqu'à la fin. La chanson était faite. C'était vraiment un magicien."
 
(Récit de Luc Plamondon, extrait de l'émission "Celui qui chante")
 
 
MICHEL BERGER
 
Musicien esthète, Michel Berger plongea très jeune dans l'univers de la musique populaire. De ses admirations pour l'amérique, il avait retenu la force du rock'n'roll et le balancement des mélodie de la musique soul où viennent se caler des mots simples.
"Puzzle", son premier album "pour piano, orchestre symphonique et groupe de rock", aujourd'hui introuvable, sort en 1968. Trois ans plus tard, Michel Berger rencontre Véronique Sanson dont il produit les deux premiers disques. Michel Berger travaille également avec Françoise Hardy ("Message Personnel") et France Gall ("Il jouait du Piano Debout", "Evidemment", "Débranche", "Ella, elle l'a"). Prestigieuse liste accrochée au tableau d'honneur du Top 50 dont Michel Berger reprend le flambeau en 1980 avec "La Groupie du Pianiste" extrait de son cinquième album solo.
1978-1979 sont les années "Starmania".
En 1980, Michel Berger monte sur les planches pour la première fois au Théâtre des Champs-Elysées. Un spectacle-concept avec projections sur grand écran et la participation de quarante musiciens de l'Orchestre Colonne. Il revient au Palais des Sports en 1984 et au Zénith en 1986.
Il met en scène tous les spectacles de France Gall et en 1989 le Zénith de Johnny Hallyday à la suite de l'album "Rock'n roll Attitude", où figure la chanson "Quelque Chose de Tennessee".
L'année 1990 est consacrée à "La Légende de Jimmy".
Après sept albums pour France Gall et sept pour lui-même, "Double Jeu", le premier album que Michel Berger et France Gall enregistrait en duo, devait préluder à leur retour sur scène.
Michel Berger nous a quitté le 2 août 1992.
 
LUC PLAMONDON
 
Né au Québec, où il grandit à la ferme de son père, rien ne le prédestine à une carrière d'auteur ni à une vie de globe-trotter. Sa tante Augustine, l'organiste du village, lui donne des leçons de piano dès l'enfance, mais il abandonnera l'instrument à quinze ans. Au collège, à la fin des années 50, entre un thème latin et une version grecque, il commence à écrire des chansons et des pièces de théatre. Son premier choc théatral : "l'Opéra de quat' sous" de Brecht et Kurt Weil, le fait déjà réver de théatre musical. Fan de Presley autant que de Ferré, de Tennessee Williams comme de Jean-Paul Sartre, il est attiré par New York et Paris. Après un bac en pédagogie à Québec, des études de lettres à l'université de Montréal, d'histoire de l'art à l'Ecole du Louvre, de moderne en Angleterre, en Allemagne, en Espagne et en Italie, il se destine à l'enseignement ou au journalisme tout en travaillant toujours secrètement ses chansons. Sa découverte des Stones et des Beatles à Londres en 1967 et des groupes rock de la contre-culture américaine à San Francisco en 1969 changent sa vision de l'écriture. Il fera du rock en français.
Revenu à Montréal en 1970, c'est en Diane Dufresne qu'il trouvera l'interprète idéale sur qui il modèlera son style, sur des musiques de François Cousineau. Parolier de nombreux interprètes québécois dont Fabienne Thibeault, Nanette Workman, Robert Charlebois, Martine Saint-Clair et Marie Carmen, il se fera surtout connaître au Québec et en France comme auteur des sept premiers albums de Diane Dufresne. Il écrira aussi pour elle deux opéras-rock en un acte : "Opéra-Cirque", créé à Montréal en 1973, et "Dioxine de Carbone" créé à Paris en 1983. C'est "Hair", "Tommy", "Ziggy Stardust" et "Jesus Christ Superstar" qui lui donnent envie d'écrire un opéra-rock.
En 1978 vient "Starmania".
Dès 1979, sa renommée grandissante l'amène à écrire pour plusieurs artistes internationaux dont Julien Clerc, Catherine Lara, Nicole Croisille, Pétula Clarck, Murray Head, Richard Cocciante, Françoise Hardy, Johnny Hallyday, Régine, Céline Dion, Gino Vanelli, etc...
En 1985, il collabore avec Barbara à l'écriture de "Lilly Passion".
Avec le compositeur Michel Berger, Luc Plamondon récidive en 1990 en créant à Paris "La Légende de Jimmy", mise en scène par Jérôme Savary, avec Diane Tell, Tom Novembre, Renaud Hantson et Nanette Workman.
En septembre 1991 sort en France l'album "Sand et les Romantiques" avec Catherine Lara, Véronique Sanson, Daniel Lavoie et Richard Cocciante. Plamondon signe également le livret de ce "musical rock symphonique" créé à Paris au Théâtre du Châtelet et mis en scène par Alfredo Arias.
L'album de Céline Dion intitulé "Dion chante Plamondon", double platine au Québec, est sorti en France sous le titre "Des mots qui sonnent" en 1993. C'est cette même année qu'une toute nouvelle production de "Starmania" est mise en scène par Lewis Furey au Théâtre Mogador de Paris. Cette production a également permis la création sur scène de l'adaptation anglaise de Tim Rice présentée une fois par semaine.
1998 marque le grand retour de Luc Plamondon avec le spectacle "Notre-Dame de Paris".
Luc Plamondon est Chevalier de l'Ordre du Québec et Chevalier de la Légion d'Honneur en France.
 
(D'après  brochure  Starmania 1993, Théâtre Mogador et brochure Notre-Dame de Paris 1998, Palais des Congrès de Paris)
 
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