Les présumés signataires de la Déclaration ont nié en grande
partie d'avoir eu connaissance de ce document. Sabin Gherman, le
président de la Fédération civique Pro Transilvania a présenté
sa propre déclaration, différente de la premiere. Tout
semblait etre plutôt une diversion qui a suscité en tout cas
des confusions au niveau des déclarations politiques et de la méfiance
dans l'opinion publique.
En tout cas, de telles prises de position, ayant l'aval présidentiel,
destinées a attirer l'attention sur le danger du séparatisme régional,
ne font que diminuer la crédibilité de la coalition au
pouvoir, dans laquelle la minorité magyare est représentée
aussi.
Alors que l'UDMR force maintenant, a la fin de mandat électoral,
la réalisation de ses desiderata politiques concernant
l'enseignement et l'administration publique locale, une mise en
cause de la question de l'autonomie régionale dans le cadre plus
large d'une décentralisation qui ne pourra etre évitée a
l'infini est de nature a générer des désaccords. C'est
pourquoi il faut faire une distinction entre trois problemes différents
: la législation interne relative aux minorités, les politiques
régionales et l'évolution des alliances politiques.
Les lois qui concernent les droits des minorités doivent sortir
du contexte politique. Ce probleme réclame une démarche
constante, qui devrait réunir l'accord de principe des
principales forces politiques. Pourtant, aussi longtemps qu'un débat
public prolongé et avisé ne génere pas une mentalité générale
favorable aux droits des minorités, ces démarches seront
simplement un objet de transactions politiques. En effet, le
principe de base doit etre celui de la flexibilité, toute
dispositions concretes devant tenir compte de l'évolution des
intérets spécifiques.
En ce qui concerne la décentralisation, il faut tenir compte du
fait qu'il existe, surtout dans les régions a potentiel économique
élevé, un courant d'opinion favorable réel. Une nouvelle
conception sur les budgets locaux et les pouvoirs de décision
des autorités locales représente une nécessité de l'évolution
démocratique de la société roumaine. Cependant, il est
essentiel d'élaborer une stratégie cohérente de coordination
des politiques régionales. Étant donné qu'entre les différentes
régions il ne s'agit pas de conflits d'intérets proprement
dits, mais plutôt de l'absence d'une coopération économique réciproquement
profitable, on ne pourra pas parler de décentralisation tant que
les responsables politiques ne vont pas assumer cette fonction,
qui ne rapporte pas pour l'instant, mais assure le développement
a long terme. Lors des élections, les forces politiques devront
etre sanctionnées en prenant également en compte la réalisation
de leurs programmes de politique régionale.
Le sujet le plus sensible demeure celui des futures alliances
politiques. Les débats relatifs a la question de l'autonomie régionale,
incriminant des accords occultes et des ambitions
séparatistes, isoleront politiquement l'UDMR. Son retour dans
l'opposition va générer des frustrations et des attitudes
radicalisées. Il reste une chance, que les forces politiques
roumaines laissent la porte ouverte a la collaboration avec
l'UDMR, évitant d'utiliser la question de la minorité magyare
comme un argument électoral. .
La Transylvanie, une autre Padanie?
A Bucarest, les aspirations autonomistes transylvaniennes ont été
considérées en général comme une affaire magyare. Mais, cette
fois, c'est un Roumain, Sabin Gherman, qui plaide pour une plus
grande indépendance de sa province dans les colonnes du "Monitorul
de Cluj". Une idée dangereuse, selon "Evenimentul
Zilei", meme si la déception de l'auteur est légitime.
(Courrier International n° 414, 8 au 14 octobre 98)