Source: http://www.bucarest-matin.ro/ARHIVA/99tr2/709rom.html

La Déclaration de Cluj, sujet de disputes politiques

 "La Déclaration de Cluj",  récemment présentée par un journal central comme étant le document auquel le président Constantinescu avait fait allusion dans un appel adressé aux intellectuels de Transylvanie, a suscité ces derniers jours un intéret injustifié.

 Catalin Bogdan
 (Bucarest Matin)

 
Les présumés signataires de la Déclaration ont nié en grande partie d'avoir eu connaissance de ce document. Sabin Gherman, le président de la Fédération civique Pro Transilvania a présenté sa propre déclaration, différente de la premiere.  Tout semblait etre plutôt une diversion qui a suscité en tout cas des confusions au niveau des déclarations politiques et de la méfiance dans l'opinion publique.
 
En tout cas, de telles prises de position, ayant l'aval présidentiel, destinées a attirer l'attention sur le danger du séparatisme régional,  ne font que diminuer  la crédibilité de la coalition au pouvoir, dans laquelle la minorité magyare est représentée aussi.
 
Alors que l'UDMR force maintenant, a la fin de mandat électoral, la réalisation de ses desiderata politiques concernant l'enseignement et l'administration publique locale, une mise en cause de la question de l'autonomie régionale dans le cadre plus large d'une décentralisation qui ne pourra etre évitée a l'infini est de nature a générer des désaccords. C'est pourquoi il faut faire une distinction entre trois problemes différents : la législation interne relative aux minorités, les politiques régionales et l'évolution des alliances politiques.
 
Les lois qui concernent les droits des minorités doivent sortir du contexte politique. Ce probleme réclame une démarche constante, qui devrait réunir l'accord de principe des principales forces politiques. Pourtant, aussi longtemps qu'un débat public prolongé et avisé ne génere pas une mentalité générale favorable aux droits des minorités, ces démarches seront simplement un objet de transactions politiques. En effet, le principe de base doit etre celui de la flexibilité, toute dispositions concretes devant tenir compte de l'évolution des intérets spécifiques.
 
En ce qui concerne la décentralisation, il faut tenir compte du fait qu'il existe, surtout dans les régions a potentiel économique élevé, un courant d'opinion favorable réel. Une nouvelle conception sur les budgets locaux et les pouvoirs de décision des autorités locales représente une nécessité de l'évolution démocratique de la société roumaine. Cependant, il est essentiel d'élaborer une stratégie cohérente de coordination des politiques régionales. Étant donné qu'entre les différentes régions il ne s'agit pas de conflits d'intérets proprement dits, mais plutôt de l'absence d'une coopération économique réciproquement profitable, on ne pourra pas parler de décentralisation tant que les responsables politiques ne vont pas assumer cette fonction, qui ne rapporte pas pour l'instant, mais assure le développement a long terme. Lors des élections, les forces politiques devront etre sanctionnées en prenant également en compte la réalisation de leurs programmes de politique régionale.
 
Le sujet le plus sensible demeure celui des futures alliances politiques. Les débats relatifs a la question de l'autonomie régionale, incriminant des accords occultes et des ambitions
séparatistes, isoleront politiquement l'UDMR. Son retour dans l'opposition va générer des frustrations et des attitudes radicalisées. Il reste une chance, que les forces politiques roumaines laissent la porte ouverte a la collaboration avec l'UDMR, évitant d'utiliser la question de la minorité magyare comme un argument électoral. .


La Transylvanie, une autre Padanie?

A Bucarest, les aspirations autonomistes transylvaniennes ont été considérées en général comme une affaire magyare. Mais, cette fois, c'est un Roumain, Sabin Gherman, qui plaide pour une plus grande indépendance de sa province dans les colonnes du "Monitorul de Cluj". Une idée dangereuse, selon "Evenimentul Zilei", meme si la déception de l'auteur est légitime. (Courrier International n° 414, 8 au 14 octobre 98)