Gustave
Flaubert, ami de sa mère et selon certains son père biologique, lui
présenta d'autres écrivains, comme Emile Zola ou Henry James (The Turn
of the Screw).
Il rencontrera aussi le poète Swinburne qui lui montra une main humaine
desséchée. Ce fait lui inspirera deux histoires : "La main d'écorché"
(1875) et "La main" (1883).
C'est peut-être sur le front Franco-Prussien qu'il attrapa la syphilis,
qui lui causa des troubles de plus en plus importants.
Certes Guy de Maupassant était atteint de démence et se finit par se
suicider en 1893 mais son extrème lucidité pendant la majeure partie
de sa vie me semble par contre acquise, et elle est cependant contemporaine
de l'écriture de contes fantastiques.
On y a vu plutôt une influence de Paul Le Poitevin, le grand'père maternel
de Maupassant, qui s'adonnait à l'occultisme. Il écrivit d'autre part
des livres réalistes (comme Une Vie) et des contes campagnards ou sur
la vie mondaine parisiennne ; on se rappelle qu'un des éléments importants
d'une nouvelle fantastique est l'hyperréalisme.
Il est donc évident que son style souvent dépouillé employé dans la
plupart de ses romans l'a aidé lors de l'écriture de ses nouvelles fantastiques.
Mon préféré : Aux Champs.
Un conte qui n'est pas fantastique mais très agréable à lire.
Je vous propose de télécharger également "Ce Cochon de Morin",
une des histoires les plus drôles et les plus paillardes de Maupassant.
Parmi les contes fantastiques, on distingue beaucoup de nouvelles où
la double interprétation est de rigueur et où la folie du personnage
principal (le narrateur souvent) est un élement probable (paranoia,
comme dans "Une nuit à Paris").
C'est la façon dont beaucoup de contes fantastiques étaient racontés
au 19ème siècle ; certains y ont vu la folie de Maupassant lui-même.
Cette double interprétation se manifeste également par la multiplication
des points d'interrogation dans les titres de ses nouvelles.
Dans le Horla, le personnage décrit en détail sa persécution par un
être invisible, qui le mènera à incendier sa maison, puis au suicide.
L'Auberge ressemble étrangement à The Shining par Stephen King, tandis
que "Un fou" décrit comment un juge faciné par le meurtre fait condamner
un innocent pour un meurtre qu'il a commis "pour voir".
Le monde de Maupassant n'est pas rose, en effet. Après la défaite de
1870, la France plonge dans la morosité, jusqu'à la Guerre de 14-18.
D'une part un sentiment anti-allemand profond (qui lui fera, à quelques
choses près, refuser l'Art Nouveau), mais aussi une négation et une
usure des valeurs religieuses et morales, et "un ennui fin de siècle"
qui plongera certains dans l'occultisme, dans la drogue. L'idée que
nos sens sont imparfaits, nos connaissances relatives et la baisse des
valeurs religieuses (non encore remplacées par la foi aveugle dans le
capitalisme) amène une montée des croyances parallèles (notons ici le
parallèle avec Howard Philip Lovecraft, qui considéra longtemps Maupassant
comme un de ses maîtres).
Maupassant, contrairement aux auteurs de littérature gothique ou d'horreur,
ne situe pas ses histoires de folie dans des décors gothiques ; il n'y
a pas de châteaux, de paysages lugubres, mais au contraire ce sont des
lieux ordinaires, des objets ordinaires qui témoignent soudain de la
réalité (?) des événements surnaturels, comme le verre d'eau bu par
le Horla. Une erreur de perception, une altération des sens, et la raison
chancelle, le récit bascule dans l'étrange et l'angoisse.
De même les personnages dont l'existence est dérangée sont des êtres
simples, ordinaires. Maupassant base ses récits sur le risque d'aliénation
constant de notre être, sur l'idée que nous ne sommes jamais à l'abri
de la destruction de cette santé mentale qui nous semble pourtant acquise
; comme lui peut-être se savait fou par moments.
Les contes fantastiques de Maupassant peuvent être classés en trois
catégories : les contes d'angoisse qui laissent un sentiment de malaise,
les contes de la folie et les contes étranges.
Dans les contes d'angoisse, Qui sait ? rappelle "Poltergeist" car il
met en scène des meubles en mouvement. Une seule des histoires parle
d'un spectre (Apparition), et certaines des histoires parlent de l'au-delà.
Le Horla est entre les contes d'angoisse et les contes de la folie.
D'autres auteurs comme Jean Lorrain, Remy de Gourmont (Histoires magiques
- 1895) et Catulle Mendès (Monstres parisiens - 1882) écrivent vers
la même époque des histoires courtes mettant en scène des monstres,
des masquerades dans une ambiance mondaine et lubrique.
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