![]() |
![]()
Online eBooks Related writers |
La littérature fantastiqueGenre difficile à définir, à cerner, mais également tellement facile à quitter. Depuis deux ans maintenant j'erre, cherchant simplement à définir le genre fantastique. J'ai vu des livres d'horreur, des livres merveilleux, des histoires où l'impensable est synonyme de folie, mais tentant de définir le fantastique, je n'y arrive pas. Le genre fantastique semble même bien plus que rare, insaisissable, lui-même bien mystérieux. Il n'y a pas d'auteur de genre fantastique car les auteurs sont multiples, mais aussi car leur production fantastique n'est jamais l'ensemble de leur oeuvre, quelques histoires courtes, guère plus. Il n'y a pas de livres fantastiques ; la nature même du genre rend la nouvelle particulièrement aisée à créer, particulièrement difficile à quitter sans immédiatement entrer dans un autre genre. Le fantastique réunit les genres qui lui sont reliés, on ne peut l'ignorer. Mais en même temps il semble ne pas avoir d'existence à lui. |
|
Related
reviews Le Horla La Venus d'Ille |
![]() |
Certains éléments amènent l'idée d'une définition : D'une part un élément essentiel est une description hyperréaliste : le monde décrit est le nôtre dans lequel apparaissent des éléments surnaturels qui provoquent la peur, avec une pointe d'horreur. Elle met en scène la lutte entre le bien et le mal par la présence d'éléments étrangers à notre monde. Le héros d'une oeuvre fantastique est un héros solitaire, pas comme le solitaire volontaire d'une oeuvre romantique, mais isolé, seul, rejeté, souvent le narrateur subjectif des événements. Il est donc aisé grâce à ce point de vue subjectif d'amener la possibilité d'une double interprétation. Une narrative courante est la double interprétation, qui laisse au lecteur choisir entre une interprétation rationnelle et une irrationnelle, l'explication rationnelle étant souvent liée à la folie du narrateur. |
Selon Tzvetan Todorov, un conte véritablement fantastique doit maintenir le mystère en ce qui concerne les éléments fantastiques, et ne pas permettre une interprétation symbolique, sans quoi le récit devient métaphorique. Egalement, pour citer Ferreras, le fantastique ne doit pas se permettre de figures de style ni de métaphores compliquées sans mettre en danger l'effet fantastique. La clé de la description réaliste d'un monde qui se veut celui du lecteur doit en effet être un style le plus clinique et réaliste possible, avec, pour parler comme un linguiste, un lien simple et assez strict entre signifiant et signifié. Cette simplicité du style s'impose comme conséquence directe de la narrative subjective. Selon Todorov, qui a en partie inspiré ces notes, la double interprétation n'existe que le temps du récit car une fois le récit terminé, le lecteur choisit nécessairement entre une explication rationnelle et une irrationnelle. C'est en grande partie vrai. De plus, il reste difficile pour l'auteur de maintenir une ambigüité totale : le lecteur a nécessairement le choix entre une explication surnaturelle ou naturelle une fois le récit terminé. Ce n'est pas le cas, même si l'ambiguité existe pendant un long moment dans "The Shining". Parmi ces oeuvres, "La Vénus d'Ille", de Prosper Mérimée, et bien sûr "Le Horla" de Maupassant, ou "The Portrait of Dorian Gray", d'Oscar Wilde. The Portrait of Dorian Gray parle d'un garçon qui reste éternellement jeune mais dont le portrait vieillit, mais surtout porte la marque de ses actes les plus répugnants : trahison de ses amis, goût du lucre, plongée dans la vanité. Dorian Gray cache ensuite fanatiquement ce portrait qui dévoilerait le hideux secret de son éternelle jeunesse, pacte avec les forces obscures très proche de celui de Faust. Seul roman d'Oscar Wilde, repris à l'écran plusieurs fois, mais qui laisse un goût de reviens-y. Je vous offre The Black Cat, d'Edgar Allan Poe, une histoire dans la veine du Horla, un conte de la folie au sens le plus strict. La littérature de la folie ou de la double interprétation décrit des événements en laissant au lecteur le choix de l'interprétation, et la littérature d'horreur décrit des événements sanglants ou supernaturels sans laisser de marge à l'interprétation. Le film récent le plus réussi en termes de double interprétation est "The Others", film espagnol d'Alejandro Amenábar. La double interprétation (rationnelle ou irrationnelle, naturelle ou surnaturelle) correspond parfaitement à l'état d'esprit de la fin du 19ème, où les opinions étaient très partagées entre société traditionnelle et développement scientifique, foi religieuse et foi dans la science et ses mécanismes. La double interprétation disparaît pratiquement au 20ème siècle où parfois la réalité dépasse la fiction. Il y a aussi des livres où, à partir d'un postulat fantastique, l'auteur développe même une histoire d'amour très conventionnelle (comme "Como agua para chocolate" de Laura Esquivel). Dans un monde qui est le nôtre (l'Amérique de 1890), Laura Esquivel introduit un postulat fantastique, magique, même si il n'a pas pour effet de provoquer la peur. L'héroine possède le pouvoir de faire passer ses émotions par sa cuisine. Cette histoire s'approche donc d'une histoire merveilleuse. Dans certains cas, comme dans le genre insolite, l'auteur propose une situation qui demanderait à être expliquée par des faits irrationnels, mais résout le mystère par une explication rationnelle. Un des meilleurs livres de ce genre insolite est "The Hound of the Baskervilles" de Conan Doyle, où Sherlock Holmes élucide le mystère d'un énorme chien aux yeux de feu, et "Double Assassinat dans la rue Morgue" d'Edgar Allan Poe. On peut également citer le très mauvais "Château des Carpathes" de Jules Verne, probablement écrit suite au succès de Dracula. Que ce soit un vampire, monstre de la nuit créé par Bram Stoker ou les entités mystérieuses du mythe de Cthulhu, le monde est envahi par des forces qui dépassent la raison humaine. Lovecraft s'exprime dans son plus célèbre essai non-littéraire au sujet des origines de la littérature fantastique. Selon lui, les cauchemards, les substances psychotropes et l'inconscient sont à l'origine des éléments d'horreur en littérature et en mythologie. L'oeuvre de Lovecraft soutient plus ou moins de façon implicite que ces hallucinations pourraient également exister réellement dans des dimensions différentes de la nôtre auxquelles les divagations de notre esprit nous donneraient en fait accès. Des éléments fantastiques existent en fait depuis longtemps de façon marginale en littérature, et des gargouilles du Moyen-Age au fantôme de Hamlet, plongent dans nos peurs inconscientes et servent parfois de deus ex machina. (j'adore cette expression latine: un dieu dans une machine... genre ET ?). Fantômes nés de la plume de M.R.James (The stalls of Barchester Cathedral) ou puissances obscures de celle de Stephen King ("The Shining"), notre monde est décidément bien peu sûr. Avec l'arrivée de la révolution industrielle, le Mythe de Frankenstein reprend le mythe grec de Prométhée et le modifie par la peur des sciences (née de la Révolution Industrielle). Les récits où la science et ses dangers sont quelquefois gothiques, mais dans le groupe des écrits du Mythe de Frankenstein. |
| Home | Disclaimer | Feedback | Sitemap | Guestbook |