EPISODE 10
FAIBLESSES


Renan bondit de son fauteuil, le visage déformé par la rage. Cette fois, il allait en finir avec le misérable petit insolent qui se dressait devant lui, le sourire plein d’un mépris non dissimulé.
Sa "victime" tendit nonchalamment sa main devant lui sans se départir de son rictus méprisant. Rénan ne l’atteignit jamais. Devant la main tendue de son interlocuteur, ses muscles refusaient de lui obéir. Il était pétrifié.
- A présent, tu vas m’écouter sans m’interrompre, lâcha l’homme, sa voix sérieuse tranchant avec le regard moqueur qu’il adressait à Rénan. Tu est l’Exécuteur, rien de plus, rien de moins. Tu es ici pour veiller à ce que l’Elue n’atteigne pas son but… Le Cercle des Sorciers m’a envoyé pour te le faire comprendre. Tu n’es rien de plus qu’un Serviteur !
Il s’accorda une pause, ignorant totalement le regard rempli de haine du sorcier, qui se trouvait toujours dans l’incapacité de faire le moindre mouvement.
- Si tu veux retrouver ta place parmi nous, reprit-il plus posément, tu as intérêt à mener à bien la mission que l’on t’a confiée. Tu sais ce que tu risques…
Sur ces mots, il s’enveloppa dans sa cape et s’évapora de la pièce, sans un regard pour son hôte.
Rénan sentit la chape de plomb qui le retenait prisonnier se briser d’un coup. Ses jambes ankylosées ne réagirent pas assez rapidement et il s’étala de tout son long sur le sol parqueté. Les poings serrés, il se mit à marteler le sol de toutes ses forces, insensible à la douleur.
Quand il fut calmé, le magicien se rassit dans son fauteuil, des milliers de pensées tourbillonnant dans sa tête.
« Le Cercle s’imagine que je n’ai pas paré à toute éventualité, ricana-t-il dans son for intérieur, un sourire machiavélique se dessinant sur ses lèvres. Ils vont être surpris… Quoi qu’elle fasse à présent, Jessica finira par venir à moi… Elle m’appartient déjà… »
Rénan devait bien admettre que le réveil de la chasseuse avait quand même été un coup dur… Qui lui avait valu une visite aussi impromptue que désagréable. Mais les choses étaient sous son contrôle à partir de maintenant et il n’allait pas les laisser s’échapper…
Un sourire de pure jouissance se répandit sur son visage quand il vit son compas luire dans la pénombre de la pièce.
En attendant son heure de gloire, il allait pouvoir s’amuser un peu…

Eloïse sortit de sa méditation à la sonnerie du téléphone. Elle savait ce qui l’attendait. Mais elle ne regrettait pas son geste. Elle avait toujours considéré la Loi Immobilité comme une loi inutile et sans fondement de la Table des Prêtresses. Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait changer d’avis… Elle décrocha prestement le combiné :
- Allô ?… Mes hommages, Prêtresse Li… Je me doute de la raison de votre appel… Je sais que cela vous attriste de devoir m’annoncer cela… Dites à l’Ordre que j’accepte sa décision et que je ne ferai rien qui aille à son encontre… Oui, et ne vous inquiétez pas pour moi… Merci pour tout… Que Meiling vous protège vous aussi… Au revoir.
Alors qu’elle raccrochait, Eloïse sentit une larme couler silencieusement sur sa joue. La Prêtresse Li, son Instructrice, avait tenu à l’appeler pour lui notifier sa radiation de l’Ordre. Cette femme exceptionnelle, cette femme qui lui avait tout appris avait eu la délicatesse de lui annoncer elle-même la nouvelle qui bouleversait sa vie…
La jeune fille essuya presque avec regret cette marque de faiblesse. Une larme sur le passé. Eloïse prit une grande inspiration et retourna à sa méditation, tentant de tourner son esprit vers l’avenir. Un avenir meilleur, grâce à l’Elue.

Jessica était debout face à la fenêtre, alors que le crépuscule tombait doucement au-dehors. Mais la jeune fille ne contemplait rien de tout cela, le regard perdu dans le lointain, comme à des milliers de kilomètres. Et c’était précisément là-bas qu’elle était. A des kilomètres du Japon. En France.
Elle sortit de sa rêverie et se replongea dans la lettre que lui avaient envoyé ses parents.

Jessica Chérie,
Nous espérons que tout se passe pour le mieux pour toi.
Comment se passent les cours ? Tu n’es pas trop dépaysée ?
En tout cas, tu nous manques beaucoup, mais nous allons bien et nous savons que nous te reverrons au mois d’août.
Nous sommes très contents que tu te sois fait des amis. Amuse-toi bien et profite de la vie !
Nous t’embrassons bien fort.


Jessica releva les yeux, soudainement remplie d’une nostalgie irrépressible. Elle était revenue de son coma depuis quatre jours maintenant et le mal du pays qu’elle ressentait ne faisait qu’augmenter. Pour couronner le tout, ses nuits étaient peuplées de cauchemars plus horribles les uns que les autres, la plupart mettant en scène son échec ou sa mort, et le manque de repos n’arrangeait pas les choses.
Ce qui lui faisait le plus mal dans cette lettre, c’était le "Profite de la vie". Si cela se trouvait, elle ne serait plus là en août… Et elle ne reverrait jamais ses parents…
« Je devrais en parler à Cyril, songea-t-elle avec un regain d’espoir. Après tout, il est étranger comme moi. Je suis sûre qu’il comprendra »
Réconfortée par cette pensée, elle posa la missive et s’allongea sur son lit. Elle sentit la fatigue la gagner doucement et s’endormit, un petit sourire aux lèvres.

Sakura se réveilla difficilement, malgré les tentatives répétées de Kéro pour la tirer du lit.
Kéro (tout en se concentrant sur son jeu vidéo) : Dépêche-toi Sakura ! Ou bien tu vas être en retard !
Sakura (horrifiée, regardant le réveil) : Ooooohhhhh nooooooonn !!! C’est pas vrai !!! En plus, je suis de corvée ce matin !!!
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la jeune fille s’habilla, attrapa ses affaires et prit son petit déjeuner en tentant d’ignorer les railleries de son frère concernant « Sakura, la fille qui mange plus vite que son ombre ». Elle marmonna un "au revoir" indistinct et partit, tous patins dehors.
Ces derniers temps, le Professeur Soutine paraissait fatigué et il se montrait souvent irritable. A tel point que la pauvre Sonia, très impressionnable, en venait à compter les jours qui la séparait du retour de son cher monsieur Terada. Ce n’était donc absolument pas le bon moment pour arriver en retard.
L’école apparut bientôt dans le champ de vision de Sakura. Elle consulta sa montre et poussa un soupir de soulagement. Elle était dans les temps ! Contrôlant parfaitement son virage, elle franchit le portail et se hâta jusqu’à sa salle de classe.

"La lune est immense. Je fais face à un sanctuaire. Tout a l'air calme et pourtant je ressens une sensation étrange, insidieuse, qui me pénètre jusqu'au plus profond de mon âme. Je ne veux pas ! Il faut que je l'empêche de prendre possession de moi ! Je résiste… mais je ne suis pas assez forte… Je…L’ombre s’étend autour de moi… Il est trop tard ! Trop tard ! "
Jessica se réveilla en sursaut, la respiration haletante. Elle était en sueur et se mit à grelotter en sentant l’air frais venant de la fenêtre ouverte la caresser doucement.
Encore ce cauchemar… Toujours le même… Elle n’en pouvait plus. Depuis qu’elle avait fait bien malgré elle un petit tour dans le futur, elle doutait de ses capacités. La jeune fille se mit à réfléchir, tripotant nerveusement son pendentif. Meiling avait-elle eu raison de la choisir pour récupérer ses cartes ? Méritait-elle seulement le titre de chasseuse ? Sans Sakura et ses amis, Jessica devait bien admettre qu’elle aurait sûrement eu beaucoup plus de difficultés… Et les révélations de la jeune femme qu’était devenue Sakura trottaient toujours dans sa tête, pesant de tout leur poids. Elle avait décidé de ne pas en faire part aux autres, de peur de les inquiéter inutilement… Mais c’était un secret bien lourd à porter…
Jessica secoua énergiquement la tête, tentant de chasser ces pensées moroses. Elle avait un but à atteindre et devait absolument se concentrer dessus. Elle devait trouver ce Rénan et l’empêcher d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Elle consulta l’heure et commença à se préparer pour le lycée. Elle avait hâte d’être à la répétition. Elle avait vraiment besoin de parler…

Meiling soupira faiblement alors que l’image de sa jeune protégée s’estompait lentement devant ses yeux.
Clow : Vous êtes inquiète, Mère ?
Meiling se retourna pour faire face à son fils :
- Nous sommes à une phase critique du déroulement de la Prophétie. Beaucoup de choses dépendront des choix que Jessica fera… Le futur qu’elle a entrevu sous l’influence de forces magiques était l’un des plus désespérés…
- Mais Mère, il n’est que potentiel !
Meiling sourit tristement.
- Oui. Cela nous le savons. Pas elle. Et j’ai bien peur de ne pouvoir la protéger d’elle-même…

- Jeune homme, je crains que vos histoires, aussi abracadabrantes soient-elles, n’intéressent personne dans cette classe. A commencer par moi. La prochaine fois, trouvez quelque chose de plus intéressant à dire.
Le ton du professeur Soutine était cassant. Yvan ouvrit la bouche pour protester mais abandonna devant le regard sévère de l’enseignant. Il retourna à sa place sans un mot, se jurant de ne faire dorénavant que des rédactions réalistes, quel que soit le sujet.
Sakura et Tiffany échangèrent un regard inquiet puis se replongèrent dans leur travail.

Lorsque la cloche les libéra, Jessica se dépêcha de rassembler ses affaires et se rendit à la salle de répétitions. Depuis son réveil, à chaque fois qu’elle y pénétrait, son estomac se nouait. Elle revoyait le hangar désaffecté, poussiéreux et dans lequel flottait une odeur de moisi.
- Ça ne va pas ? Tu es toute pâle…
Jessica eut un sursaut mais se força à sourire à Cyril, qui venait de la rejoindre.
Jessica (rassurante) : Non, non, tout va bien… Je réfléchissais…
Cyril : N’empêche que tu as une petite mine… Tu es sûre que tu es tout à fait remise de ton malaise d’il y a quelques jours ?
- J’en suis ab-so-lu-ment certaine, insista la jeune fille. Mais… il y a une question que je voudrais te poser… La Russie… elle ne te manque pas ?
Cyril eut l’air surpris, mais il répondit tout de même :
- Pas tellement, non. Disons qu’en quelque sorte, je me sens plus chez moi ici qu’en Russie… Mais toi, la France te manque, n’est-ce pas ?
Jessica hocha simplement la tête, incapable de prononcer un mot. Une énorme boule semblait s’être formée dans sa gorge. Elle tenta de réprimer le chagrin qui l’envahissait mais n’y parvint pas. Elle se mit soudain à sangloter, le visage entre les mains.
Cyril s’approcha de la jeune fille et la prit tendrement dans ses bras.
- Allons, allons, chuchota-t-il comme s’il s’adressait à une petite fille. Tout va bien, je suis là…
Peu à peu, Jessica se sentit se détendre, réconfortée par la voix douce et pleine de chaleur de son ami. Elle appuya sa tête contre la poitrine du jeune homme, le regardant avec des yeux rougis.
- Je suis désolée, murmura-t-elle. Je suis fatiguée en ce moment… Tellement fatiguée… J’aimerais être libre… Ne plus avoir de responsabilités… C’est trop lourd…
Jessica doutait que Cyril comprenne un mot de ses élucubrations, mais il lui sourit avec tendresse sans lui poser de questions.
Elle releva la tête et lui sourit en retour. Cyril la regardait intensément. Et avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir, il se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. Jessica sursauta mais ne se déroba pas. Elle passa ses bras autour du cou du jeune homme, se laissant emporter par ce baiser. Quand celui-ci prit fin, Jessica sourit à Cyril, qui paraissait troublé. Il ne souriait pas, passant et repassant ses doigts sur ses lèvres.
- Jessica… Je… je ne sais pas ce qui m’a pris… Je n’aurais pas dû… Ce… C’était une erreur…
- Mais enfin de quoi tu parles ?
- Tu dois oublier ce qui s’est passé… Cela n’aurait jamais dû avoir lieu…
Jessica sentit son cœur s’arrêter alors qu’elle prenait conscience des paroles du jeune homme. Ce n’était pas vrai… Il ne pouvait pas regretter son geste…
- Pour qui tu te prends ??? explosa-t-elle, alors que toute la frustration qu’elle avait accumulé refaisait surface. Qu’est-ce qui te donne le droit de jouer avec moi ??? Et dire… Et dire que je te faisais confiance !!! Je croyais…
Elle ne finit jamais sa phrase. Rageusement, elle récupéra son sac et courut jusqu’à la porte, la claquant derrière elle.
Cyril ne bougea pas d’un pouce, les yeux fixés sur la porte.
- Je suis désolé, Jess, murmura-t-il. C’est de ma faute…

Samantha menait la petite troupe d’un bon pas. Il fallait toujours qu’elle rappelle à certains le jour et l’horaire des répétitions. Ils perdaient chaque fois un temps précieux. Heureusement, le rassemblement des comédiens s’était fait rapidement et le groupe se rendait à la salle où Jessica et Cyril les attendaient sûrement.
Alors qu’elle s’engageait dans l’allée qui menait à la salle Nadeshiko, Samantha se fit bousculer par une personne venant en sens inverse et manqua de tomber à la renverse.
- Eh ! grommela-t-elle, se rétablissant tant bien que mal. Vous pouvez pas regarder où vous allez ?
La jeune fille qui l’avait heurté ne répondit même pas, continuant sa route. Samantha la rattrapa rapidement, prête à lui dire sa façon de penser quant à son comportement. Elle écarquilla les yeux en la reconnaissant.
- Jessica ? Mais que… balbutia-t-elle, que se passe-t-il ?
Jessica ne daigna pas répondre mais lui adressa un regard triste et l’écarta de son chemin. Samantha voulut la retenir mais Eloïse s’interposa :
- Laisse-la. Je crois… Je crois qu’elle a besoin d’être seule.

Rénan sourit et se cacha de la vue des comédiens. Ça ne pouvait pas se présenter mieux. Même les événements semblaient jouer en sa faveur. Cette petite chasseuse était fragile… Trop fragile pour pouvoir résister bien longtemps… Bientôt, elle le rejoindrait. Très bientôt. Mais pour l’instant, il avait quelque chose de plus urgent à faire…

Jessica courait. Elle courait à perdre haleine. Elle voulait mettre le plus de distance entre elle et ce qui s’était passé. Elle voulait faire le vide. Oublier… Mais elle ne pouvait pas. Elle avait l’impression que son monde s’écroulait autour d’elle. Elle avait besoin de faire le point. De retrouver un peu de paix. Et pour ça, elle ne voyait qu’un endroit où aller.

Sakura quitta l’école avec un soupir de soulagement. La journée avait été dure… Le professeur Soutine ne devait véritablement pas être dans son assiette. A la moindre petite anicroche, il prenait la mouche. Ça en devenait épuisant…
Dans ces circonstances, elle fut même heureuse d’entendre son frère Thomas la saluer d’un "Bonne journée petit monstre ?". Mais visiblement, le cœur n’y était pas. Il semblait contrarié. Devant le regard interrogateur de sa sœur, celui-ci capitula.
- C’est Jessica, avoua-t-il. Elle a disparu depuis la pause déjeuner. On ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais quand on l’a croisée ce midi, elle semblait bouleversée.
Lionel : Dans ce cas, unissons nos forces pour la retrouver ! Elle ne peut pas être bien loin.
Thomas lui adressa une moue dubitative.
- C’est ce que j’ai dit, mais Eloïse semble penser qu’il vaut mieux la laisser seule.
Sakura se tourna vers la jeune chinoise, ne dissimulant rien de sa surprise.
- C’est en effet ce que je crois, admit celle-ci. Depuis son réveil, elle semble contrariée, comme sous pression. Elle a besoin de faire le point. Sans nous.
- Mais enfin, rétorqua Stéphanie, toujours pratique, nous pouvons l’aider !
Eloïse : Je crois que dans le cas présent, c’est de paix dont elle a besoin… Rentrez chez vous. Si elle n’est pas de retour demain, alors nous la chercherons.
Tous hochèrent la tête, résignés. Sakura ne put s’empêcher de songer que même si Eloïse n’était plus prêtresse, elle en gardait la prestance et l’autorité. Puis chacun partit de son côté, espérant sincèrement le retour de leur amie le lendemain.

Ysande était plongé dans une profonde réflexion. Il commençait à se demander en quoi consistait exactement son rôle de Protecteur. Depuis l’ouverture du Livre de Read, il n’était pratiquement pas intervenu, se contentant la plupart du temps d’être là au cas où.
- Tu dois la laisser se débrouiller seule et n’intervenir qu’en cas d’urgence, lui avait intimé Meiling.
Et il avait obéi. Mais les choses étaient passablement en train de se compliquer…
Le bruit de la porte d’entrée le ramena à la réalité. Il se mit debout pour accueillir son visiteur.
- Bonjour Protecteur.
- Eloïse ! sourit-il. Quel bon vent t’amène ?
La jeune chinoise eut un sourire complice.
- Ce serait plutôt à toi de me le dire… argua-t-elle. Je dois dire que je ne m’attendais pas à ce genre de réaction de ta part…
- Je ne vois vraiment pas de quoi tu veux parler, mentit le gardien.
Eloïse (taquine) : Voyons, ne joue pas à ce petit jeu avec moi. Je te connais trop bien. Je me doute de ce qui s’est passé…
- Tu as deviné, admit-il à contrecœur. Et après ? Tu vas me faire la morale ?
- Non. Mais tu devrais y réfléchir…
Ysande tourna délibérément le dos à la jeune fille.
- Merci du conseil, ironisa-t-il. Je dois t’avouer que ça ne m’avait pas traversé l’esprit…
L’ex-prêtresse eut un petit rire.
Eloïse : Bien. Dans ce cas, je peux rentrer chez moi.
Et elle quitta les lieux, laissant Ysande à ses pensées.

La nuit était déjà tombée depuis quelques heures quand Eloïse franchit le seuil du temple tsukimine. Elle se dirigea d’un pas lent vers le bâtiment, se laissant griser par l’air de la nuit. En passant près du cerisier sacré, il lui sembla distinguer quelque chose. Elle se rapprocha et eut un sourire soulagé en reconnaissant Jessica. La jeune fille dormait paisiblement, lovée contre le tronc de l’arbre.
Eloïse utilisa un sort de lévitation pour l’amener jusque dans un lit sans la réveiller. Le repos était ce dont Jessica avait le plus besoin. Une fois son invitée installée, elle se rendit à la salle de prière et fit brûler de l’encens. Elle avait besoin de méditer.

Rénan se glissa silencieusement dans la maison. Le coup qu’il tentait était risqué… Et il ne s’attaquait pas à n’importe qui… Avec précaution, il leva son sceptre et murmura la formule qui lui permettait de tenir les cartes de Meiling en son pouvoir. A l’étage, il sentit sa victime se réveiller. Il fallait qu’il se dépêche…

Jessica s’éveilla doucement, sentant le soleil matinal caresser sa peau. Elle ouvrit les yeux et regarda autour d’elle. Elle ne reconnaissait pas l’endroit, mais il s’en dégageait une telle sensation de plénitude qu’elle ne s’affola pas.
- Bonjour ! Tu as bien dormi ?
Jessica se tourna et sourit à son amie chinoise.
- Très bien, sourit-elle. Mais qu’est-ce que je fais là ?
- Eh bien, je t’ai trouvée endormie au pied du cerisier centenaire et je me suis dit que tu serais bien mieux dans un bon lit.
La mine de Jessica se refrogna à l’évocation des événements de la veille. Mais elle se reprit.
- Tu as eu raison. Merci !
Un silence s’installa entre les deux jeunes filles. Jessica le rompit soudain :
- Dis-moi Eloïse… Qu’est-ce que tu penserais si je te disais que je veux tout arrêter ?
Eloïse (désarçonnée) : Tout arrêter quoi ?
Jessica : Ben la chasse aux cartes. Tout ça. Je veux rentrer en France.
La phrase avait un ton définitif. Eloïse aurait pu protester mais elle savait que cela ne servirait à rien.
Eloïse : Tout cela ne dépend pas de moi, tu le sais bien… Mais sache que je te soutiendrai, quelle que soit ta décision.
Jessica lui sourit avec gratitude. Pour la première fois depuis son réveil, elle se sentait plus légère.

Sakura se réveilla avant la sonnerie du réveil. La disparition de Jessica la remuait et elle avait hâte de savoir si elle allait bien.
Elle s’apprêtait à se lever quand elle ressentit une aura magique. Le temps se figea tout à coup autour d’elle et on toqua à la fenêtre.
- Qu’est-ce qui se paaaaasse ? bailla Kéro, s’extirpant du tiroir où il dormait.
Sakura fronça les sourcils et ouvrit la fenêtre, prête à se défendre. Elle suspendit tout de suite son geste.
- Désolé pour cette entrée, s’excusa Yué en pénétrant dans la chambre.
- Yué ??? s’exclama Sakura. Qu’est-ce qui se passe ???
- Tu ne pourrais pas plutôt utiliser ta forme d’emprunt, plutôt que d’utiliser la carte du Temps pour venir ? grommela Kéro, mal réveillé.
Yué : Ça aurait été avec plaisir, mon cher. Mais j’ai malheureusement un petit problème…
- Lequel ? demanda innocemment Sakura.
Yué : Mathieu et moi avons été séparés.
Sakura mit quelques secondes à assimiler la nouvelle. Mathieu et Yué ? Séparés ? Comment était-ce possible ?



A suivre...
 
 


Sur ce fanfic, tu peux aussi voir une présentation des nouveaux personnages, les génériques et quelques dessins.
 


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