EPISODE 8
LE VOYAGE DE JESSICA (1/2)


Rénan arpentait la pièce de long en large, en proie à une vive fureur. Cette dernière offensive aurait dû marcher ! Ce qu’il utilisait, même si ça n’en était qu’une parcelle, possédait un pouvoir infini... Il en était à l’origine... Il ne comprenait pas comment ces deux petites chasseuses avaient pu s’en sortir...
- C’est parce que tu les sous-estimes, lâcha une voix derrière son dos.
Rénan sursauta et se retourna, faisant face de toute sa stature au nouveau venu.
Rénan (cassant) : Qu’est-ce que tu fiches ici ? Tu n’as aucun droit ! ! !
Dans l’ombre, son interlocuteur éclata de rire puis le dévisagea d’un air méprisant.
- Je constate que même le pouvoir que tu possèdes ne te suffit pas à vaincre deux apprenties magiciennes ! Tu es bien loin de ton heure de gloire...
- Ce n’était qu’un essai ! se défendit Rénan, prêt à bondir sur l’insolent qui lui faisait face. Cette fois, je n’échouerai pas...
- Il vaudrait mieux pour toi... Le Cercle des Sorciers commence à s’impatienter... Et... ça me ferait de la peine de devoir prendre ta place...
Rénan serra les poings et fit quelques pas en direction de l’ombre, prêt à frapper, mais la silhouette s’évapora avant qu’il n’est pu esquisser son geste. Il resta ainsi durant quelques secondes puis baissa les yeux vers le sol, contemplant la fresque dont il était recouvert.
- Le Cercle... murmura-t-il. Je dois réussir !

Lionel sursauta quand la sonnerie de la porte tinta. Etant donné l’heure matinale, il ne voyait pas très bien de qui il pouvait s’agir. La voix de Stéphanie lui parvint, étouffée par la porte de la salle de bains :
- Lionel, tu peux aller ouvrir s’il te plaît ?
Lionel : J’y vais !
Il se rendit à l’entrée et ouvrit prestement la porte… pour tomber nez à nez avec le facteur.
- Pardonnez-moi de vous déranger, jeune homme, s’excusa l’homme en uniforme. J’ai un paquet en recommandé en provenance de Chine pour un certain… Lionel Li.
Lionel (surpris) : C’est moi-même.
Le facteur (en souriant) : Fort bien. Veuillez signer ici… Merci ! Je vous souhaite une bonne journée, jeune homme !
Lionel regarda l’homme s’éloigner de la maison puis reporta son attention sur le volumineux paquet qu’il tenait entre les mains. Perplexe, il retourna à l’intérieur. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ?
- Qui c’était ? le questionna sa cousine, en train de sécher ses cheveux humides à l’aide d’une serviette.
Lionel : Seulement le facteur. Il vient de me remettre un colis en provenance de Chine. C’est ma mère qui l’a expédié…
Stéphanie (légèrement déçue) : Ah… Et tu sais ce que ça contient ?
Lionel la regarda avec le plus grand sérieux.
- Je ne sais pas. Mais il est possible que ce soit de la plus grande importance… J’ai parlé à ma mère des cartes de Meiling… Peut-être a-t-elle trouvé quelque chose…
Joignant le geste à la parole, il ouvrit le colis… et étouffa un cri de surprise en découvrant le titre du volumineux ouvrage.
Stéphanie (incrédule) : Tu crois que…
Lionel : J’en suis absolument certain… Il va falloir en parler à Sakura et à Jessica. Cela pourrait changer bien des choses…
Il ouvrit précautionneusement le livre et commença à lire. Il fut interrompu par la voix de Pierre, venant de l’entrée :
- Maître Lionel ! maîtresse Stéphanie ! Dépêchez-vous ou vous allez être en retard à l’école !
Le jeune garçon s’arracha à sa lecture et se dirigea vers l’entrée, son cartable dans une main, le livre dans l’autre.
- Pierre, je vous confie cet ouvrage, lança avec un sérieux presque inhabituel. Prenez-en soin, il est très précieux.
Pierre lui sourit et hocha la tête :
- Vous pouvez compter sur moi. Partez sans inquiétude.
Lionel adopta une marche rapide et entama mécaniquement le chemin qui le conduisait à l’école, perdu dans ses pensées. Ce livre était d’une importance capitale, il en était sûr… Une vague impression l’assaillit. C’était quelque chose de… presque familier. Il tourna la tête mais ne vit rien. Haussant les épaules, il reprit sa route. Il avait dû se tromper.

Du coin de rue d’où il se trouvait, Rénan regarda le jeune garçon et sa cousine s’éloigner. Son instinct ne l’avait donc pas trompé… Les Li avaient retrouvé le Livre… Il devait agir… et le plus vite serait le mieux. Il esquissa un sourire sournois en contemplant l’objet lumineux qu’il tenait dans sa main. Son compas magique venait de localiser une nouvelle carte de Meiling. Très bien… Cela allait lui servir… Il jeta un coup d’œil à sa montre et s’aperçut qu’il avait juste le temps s’il voulait arriver à l’heure. Il tourna les talons rapidement et se fondit dans la masse des passants.

Ysande sentit la colère monter chez la personne qui lui faisait face, tandis qu’il répondait froidement à sa question.
- Bien sûr que je ressens ce qui va se produire. Mais je ne peux intervenir, tu le sais. Elle doit en passer par là.
- Et si jamais elle ne revenait pas ? Hein ? Qu’est-ce que tu ferais ?
Ysande (agacé) : Mon rôle est ailleurs. J’ai été choisi. Et toi aussi d’ailleurs. Acquitte-toi de ta tâche, et je m’acquitterai de la mienne.
- Tu sais très bien que mes pouvoirs sont très loin d’égaler les tiens. Sans toi, je ne pourrais rien…
Ysande percevait l’inquiétude qui habitait son interlocutrice. Malgré tout, il maintint sur elle un regard ferme.
- C’est son Destin, lui rappela-t-il. Ni toi ni moi n’avons le droit de nous en mêler. Elle doit devenir forte.
Le Protecteur sentit que sa protégée cédait.
- Très bien, soupira-t-elle. Mais je ne comprends pas comment tu parviens à faire abstraction de tout sentiment…
Elle sortit en claquant la porte. Ysande se laissa tomber dans un fauteuil. Non, il ne faisait pas abstraction de tout sentiment… C’était bien ce qui le gênait.

Jessica arriva assez tôt au lycée. Après ce qui s’était produit le week-end précédent avec la carte des Arts martiaux, elle tenait à s’assurer que tout allait bien. Elle trouva Alexandre en salle de musique en train de jouer du piano.
Jessica (d’un ton enjoué) : Salut Alex ! Comment vas-tu aujourd’hui ?
Le jeune homme s’arrêta de jouer, étonné. Puis il lui répondit en souriant :
- Bien. Mais j’ai l’impression que ce week-end est passé à la vitesse de la lumière. J’ai du mal à me rappeler de ce que j’ai fait. Mais à part ça, tout va bien.
Jessica poussa silencieusement un soupir de soulagement. Tout allait bien, heureusement. Sakura avait en effet utilisé Erase pour effacer de la mémoire du jeune homme le terrible combat qu’il avait mené contre Thomas. Elle avait ensuite fait promettre à celui-ci de tout oublier. Thomas avait fait la grimace mais avait accepté.
-Je vois que tu as fini de composer pas mal de musiques pour le spectacle, lâcha-t-elle pour relancer la conversation.
Alexandre (tout fier) : Oui. J’ai pratiquement fini. Il faut dire que ça approche à grands pas.
Jessica : C’est vrai. Bon, je te laisse travailler. On se retrouve ce soir pour la répétition !
Elle sortit de la salle et partit rejoindre Thomas et les autres, car la cours n’allait pas tarder à commencer.

La matinée parut interminable à Lionel. Il bouillait de raconter à ses amis ce qui était arrivé par la poste le matin-même mais il n’en eut pas l’occasion. Du coup, les secondes semblaient des minutes et les minutes des heures. Sakura sembla s’apercevoir de son malaise, car elle se retourna discrètement pendant le cours de mathématiques et lui lança un regard inquiet. Le jeune garçon lui répondit par un sourire encourageant. Rassurée, elle retourna suivre le cours.
Quand la pause-déjeuner arriva enfin, ce fut comme une délivrance pour Lionel.
- Dis-moi Sakura, est-ce que Jessica vient déjeuner avec nous aujourd’hui ? demanda-t-il innocemment.
Sakura : Pas aujourd’hui. Elle devait répéter certaines scènes pour la pièce. Mais elle doit venir à la maison après les répétitions de ce soir. Pourquoi cette question ?
Lionel (un peu gêné) : Eh bien, il y a quelque chose dont je dois vous parler. Comme elle est la première concernée, je préfèrerai qu’elle soit là. (il prit un grande inspiration) En fait, ce matin j’ai reçu…
- Eh ! Oh ! Les amis ! Vous venez déjeuner avec nous ?
Sakura tourna la tête et vit Sandrine et Nadine agiter les bras dans leur direction.
Sakura (toute joyeuse) : Evidemment qu’on arrive !!! (elle se tourne vers Lionel) Puisque Jess n’est pas là, tu nous expliquera tout ce soir, d’accord ?
Lionel hocha la tête. De toute façon, il n’avait guère le choix… le sort semblait se jouer de lui aujourd’hui… Il répondit au sourire de Sakura et la suivit à travers la cour.

Jessica sortit du vestiaire avec précaution. C’était la première fois qu’elle essayait son costume de Juliette et, à dire vrai, elle était assez intimidée. Il n’y avait pourtant pas de raison. Elle était seule et Cyril ne devait pas arriver avant au moins dix bonnes minutes. Cela lui laissait largement le temps de se changer… Elle fit quelques pas de danse dans la longue robe de soie bleue fluide qu’elle portait. Le vêtement était agréable à porter et s’adaptait parfaitement à toutes sortes de mouvements et de positions. C’était vraiment…
- Laisse-moi te dire que cette robe te convient à merveille !
La jeune fille se retourna vivement et rougit en reconnaissant Cyril. Il se tenait près de la porte de la salle et la regardait, le regard malicieux.
« Depuis combien de temps est-il là ? » se surprit à songer Jessica.
Cyril : Bien, je vois que tu est prête à répéter les scènes, à ce que je vois.(Il grimpa sur le plateau) Je propose de démarrer par la scène du bal.
Jessica se sentait tout à coup mal à l’aise dans sa tenue. Mais ne voulant rien montrer à son partenaire, elle acquiesça.
-D’accord. Allons-y.

Rénan se sentait empli de confiance en pénétrant dans le vestiaire de la salle de répétitions. Cette fois-ci, il ne pouvait que réussir. La jeune chasseuse était seule, sans aucun de ses amis pour lui porter secours. Quant au jeune homme qui se trouvait avec elle, il n’avait rien à craindre de lui. Il attendit en silence quelques instants, histoire de savourer ce moment. Ce moment où il était si proche de la victoire… puis, lentement, presque avec délectation, il leva son sceptre. Celui-ci se mit à luire faiblement au départ, puis de plus en plus distinctement. Il sortit la carte de Meiling qu’il avait soumis à sa volonté et la coupla.
- Carte de Meiling, récita-t-il. Tu es à présent sous la protection des forces obscures ! Obéis-moi comme à ton ancienne maîtresse. Par la puissance du Yang, je te l’ordoooonne !!!
Une forte lumière se dégagea de son corps et la carte fut prise dans le souffle magique. Elle disparut. Rénan tomba à genoux, la respiration haletante. Il lui avait fallu puiser dans sa magie pour réussir mais c’était fait. Il se retint d’éclater de rire, tant sa joie était immense. Les dés étaient jetés. Et cette apprentie chasseuse ne pourrait rien faire, cette fois !

Cyril (prenant la main de Jessica) : Si j’ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d’effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.
Jessica : Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n’a fait preuve en ceci que d’une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ;et cette étreinte est un pieux baiser.
La jeune fille venait juste de terminer sa réplique quand elle ressentit une étrange sensation. Insidieuse, pénétrante et en fait plutôt désagréable. Elle se retint de frissonner.
Son compagnon la dévisagea avec inquiétude :
- Tout va bien ? Tu veux faire une pause ?
- Non, non, ça va aller je t’assure, le rassura-t-elle. On continue.
Elle prit quelques secondes pour se reconcentrer puis elle reprit :
- Oui pèlerin, des lèvres vouées à la prière.
Cyril : Oh ! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.
Jessica entendit la fin de la réplique de son partenaire comme à travers une porte. La sensation qu’elle percevait était de plus en plus puissante, elle semblait vouloir la dominer. Faisant des efforts pour repousser ce qui tentait de la soumettre, elle tenta de continuer.
- Les… saintes… restent… im… immobiles… tout……….. en…….. exau…….. çant…. les……… prières…………..
Elle se tint la tête entre les mains alors que la force magique se répandait en elle. Elle ne pourrait plus lutter longtemps… Mais elle avait reconnu son auteur… Ses joues ruisselaient de larmes… C’était cette aura… Toujours la même… dans une ultime tentative, elle essaya de concentrer ses pensées vers Sakura, dont elle sentait la présence non loin de là.
« Aide-moi !!! je t’en supplie !!!!! Sakuraaaaaaaaaaa !!! » hurla son esprit.
Elle tomba à genoux, incapable de résister plus longtemps à la puissance magique. Dans un sorte de flou, elle vit Cyril se précipiter, le visage terrifié. Ses lèvres remuèrent mais elle n’entendit rien. Son corps avait abandonné la lutte. Et bientôt son esprit succomberait. C’était comme dans son rêve… Cette sensation qui voulait prendre possession d’elle… Soudain, son esprit céda à la force et le combat fut fini. Le noir envahit doucement l’espace. Il n’existait plus rien.

Rénan se trouvait déjà à quelque distance de la salle quand la jeune chasseuse abandonna la lutte. Un rire machiavélique le secoua brièvement. Enfin, il avait réussi ! La chasseuse était prisonnière, elle ne reviendrait jamais ! Il allait enfin pouvoir rabattre le caquet de ces présomptueux membres du Cercle, qui l’avaient toujours considéré comme une pièce rapportée… Maintenant qu’il avait prouvé sa valeur, ils allaient enfin l’accepter parmi eux, le considérer comme l’un de leurs pairs… Plus rien ne l’arrêterai désormais ! Sur cette pensée euphorique, il pressa le pas et retourna d’où il était venu.

Sakura bavardait tranquillement avec ses amis. Yvan était justement en train de leur expliquer pourquoi les baleines étaient énormes, sous l’air amusé de Nadine et Tiffany, et celui plus que résigné de Sandrine, qui secouait tristement la tête devant un tel ramassis de sornettes.
Yvan (en pleine explication) : … Et donc le tout petit poisson du départ, n’arrivant pas à calmer sa faim, ingurgita et ingurgita tout ce qu’il put ! Et au fur et à mesure qu’il mangeait, son corps prenait des proportions gigantesques, tellement gigantesques que, pour finir…
La jeune fille n’entendit jamais la fin de l’histoire. Un cri portant une détresse telle qu’elle n’en avait jamais perçu venait littéralement d’exploser dans sa tête.
« Aide-moi !!! Je t’en supplie !!!!! Sakuraaaaaaaaa !!! »
Elle manqua de tomber à la renverse devant la violence du choc.
Sakura : Jessica ! Non !
Sonia (légèrement inquiète) : Qu’est-ce qui t’arrive Sakura ? A qui tu parles ?
- A personne, voyons, rassura-t-elle ses amis éberlués, tentant de trouver une excuse valable. J’étais juste… en train de… dormir debout ! Oui, c’est ça !
Elle eut un petit rire qu’elle espérait convaincant.
- Euh… je dois vous laisser les amis… J’ai promis à une amie de venir la voir… Tiffany, Lionel, Stéphanie… Vous m’accompagnez ?
- Bien sûr qu’on t’accompagne, s’empressa de la secourir Lionel. Allez, allez, on se dépêche !
Le petit groupe s’éloigna rapidement en direction de Seijo.
Nadine (toujours perplexe) : Je me demande quelle mouche l’a piquée… (elle réfléchit intensément) A moins… qu’il y ait du surnaturel là-dessous ! (ses yeux se mirent à briller d’un intérêt soudain tandis qu’elle formulait cette théorie) Peut-être qu’elle est possédée par l’esprit de quelqu’un d’autre et…
Yvan (le doigt levé) : … cette personne lui dicte ses paroles et ses actes. C’est sûrement ça, car cette école a été le théâtre de bien des drames.
- C’est bon, on a compris ! le coupa net Sandrine, exaspérée. En tout cas, j’espère que Sakura va bien…
Sonia : Je l’espère aussi. Elle n’avait pas l’air dans son assiette.

Cyril se tenait près du corps apparemment endormi de Jessica. Il lui avait improvisé un oreiller avec son manteau. Elle respirait toujours et il pouvait entendre le rythme régulier de sa respiration. Elle était donc hors de danger. Pourtant, son corps ne semblait pas répondre à ses tentatives pour la tirer du sommeil où elle était tombée si subitement.
« Endormie comme Juliette par un filtre qui la ferait presque passer pour morte » songea-t-il.
Il passa doucement sa main sur sa joue et se pencha vers elle… Non, il ne devait pas… Se ressaisissant, il décida d’aller chercher du secours.

Quand Sakura et ses compagnons entrèrent dans la salle de répétitions, un lourd silence y régnait. Ils étaient allés chercher Thomas, Mathieu et Samantha, et Kéro et Gotar avaient été appelés à la rescousse. L’équipe était vraiment au complet.
Ils avancèrent prudemment jusqu’à la scène et découvrirent, dans le même état que quand Cyril l’avait quittée.
- Que s’est-il passé ? s’écria Sakura, horrifiée. Est-ce qu’elle est…
Elle sentait déjà les larmes lui monter aux yeux.
Thomas (posant une main sur son épaule) : Rassure-toi, elle est vivante. Regarde, elle respire.
Sakura poussa un soupir soulagé et se blottit contre Lionel, qui se tenait à ses côtés. Il la prit tendrement par le cou pour la rassurer à son tour.
Un flash les illumina quelques secondes et Mathieu céda la place à Yué. Le gardien lunaire s’approcha de la jeune fille endormie et passa sa main au-dessus de son corps, les yeux fermés.
- Il y a de la magie là-dessous, déclara-t-il, solennel. Une très grande magie…
Il replongea dans son examen, se concentrant un peu plus.
Yué : Cette une magie lunaire pour la plupart.
Sakura (toujours blottie contre Lionel) : Oui, je ressens l’aura de Meiling. C’est donc une carte qui se trouve là-dessous… Mais comment…
Yué (l’interrompant d’un geste) : Attendez, je ressens autre chose… Quelque chose d’éminemment plus puissant…
Samantha : Deux forces se sont donc combinées en elle. Pour que cela soit possible, il a donc fallu une intervention humaine.
Gotar : Oui. Deux forces ne se seraient jamais alliées d’elles-mêmes de cette manière.
Stéphanie, qui était restée à l’écart depuis le début de la discussion, s’approcha de Jessica.
- C’est quand même étrange, souffla-t-elle. Que ce soit arrivé aujourd’hui…
Sakura (perdue) : Comment ça, aujourd’hui ? De quoi tu parles Stéphanie ?
Elle tourna son regard vers Lionel. Celui-ci soupira.
- C’est ce dont je voulais vous parler… à Jessica et à vous tous. Ce matin, j’ai reçu un colis venant de Hong-Kong, de la part de ma mère. Il contenait un livre volumineux que ma mère a retrouvé dans notre bibliothèque. Elle en a apparemment fait une traduction des passages les plus importants puis elle me l’a fait parvenir. Ce livre…
Il avala sa salive, hésitant à poursuivre. Un regard de Sakura l’y encouragea.
Lionel : Il s’intitule "L’équilibre Parfait : La prophétie du Ying-Yang". Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de m’y intéresser, car il a fallu partir pour l’école.
Yué : Tu veux dire que ce livre…
Stéphanie : … pourrait être l’explication au combat de Jessica. L’auteur de ce livre n’est autre que Meiling Read elle-même.
Un long silence suivit cette déclaration, chacun essayant d’assimiler cette nouvelle étonnante.
- Pourquoi n’irions-nous pas chercher le livre chez le morveux ? proposa Kéro, qui avait gardé le silence jusque là. Nous pourrons peut-être y trouver quelque chose, pour ramener Jessica !
Thomas (secouant la tête) : Je crains fort que ce ne soit pas possible. Nous allons tous devoir retourner en classe. Quant à Kéro et Gotar, il ne pourraient sûrement pas porter le livre sous leur forme d’emprunt…
Sakura soupira. Visiblement, la situation semblait sans issue. Yué lui tapota la tête pour tenter de lui remonter le moral.
- Courage ! lui sourit-il. Je suis sûr que nous trouverons une solution.
Lentement, le petit groupe quitta la pièce. Avant de sortir, Sakura jeta un dernier regard en arrière. Cette fois, il fallait vraiment qu’elle trouve quelque chose !

La fine silhouette encapuchonnée attendit que le groupe soit hors de vue pour se faufiler à son tour dans la bâtisse où reposait Jessica. Si Ysande avait décidé de ne pas lever le petit doigt, c’était son problème après tout. Le protecteur commençait à l’agacer : il se réfugiait toujours derrière diverses excuses pour éviter d’intervenir… Ce coup-ci, il dépassait les bornes !
La jeune fille se dirigea vers l’endroit où "dormait" la chasseuse. Elle la contempla quelques instants, comme craintive de troubler un sommeil si paisible. Puis, retirant la capuche de sa cape et prenant une dernière grande inspiration, elle s’agenouilla à côté du corps et commença à faire appel à la magie.

Jessica ouvrit brusquement les yeux. Que s’était-il passé ? Combien de temps avait-elle dormi ? Elle jeta un regard encore un peu flou autour d’elle. Bizarrement, elle ne reconnaissait rien. Il faisait si sombre ici… Elle tenta de fouiller sa mémoire, sans résultat. Elle se sentait totalement perdue.
« Je dois garder mon calme », songea-t-elle, serrant le pendentif qu’elle portait autour du cou.
Cela ne lui servirait probablement à rien de rester ici sans bouger. Se remettant un peu difficilement sur ses jambes, elle entreprit de faire le tour de l’endroit où elle se trouvait. Des tonneaux rouillés étaient empilés dans un coin, des grillages occupaient tout une partie du mur et elle entendait le bruit caractéristique de goutte-à-goutte d’un robinet mal fermé. Il se dégageait un odeur de légèrement moisi et la luminosité était très réduite. Jessica frissonna devant ce décor quelque peu sinistre et assurément glauque. Elle avait tout l’air de se trouver dans un entrepôt désaffecté. Mais cette découverte ne la rassura guère. Elle ignorait toujours où elle se trouvait.

La jeune fille baissa la tête, découragée. Jessica n’avait réagit à aucune des formules qu’elle avait utilisé. Cela ne servait à rien. Elle n’y parviendrait pas, en tout cas, pas toute seule. Elle ne voyait plus qu’une seule solution… Cela ne plairait peut-être pas à Ysande, mais sa décision était prise. Et rien, même pas lui, ne l’en détournerait.



La suite dans l'EPISODE 9
 
 


Sur ce fanfic, tu peux aussi voir une présentation des nouveaux personnages, les génériques et quelques dessins.
 

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