Agressions et vandalisme des Services spéciaux de la police demeurent impunis

Tunis le 1er Janvier 2002

L’année 2001 s’est achevée par un regain de la persécution ciblant les militants de la société civile. Encore une fois, les autorités publiques laissent faire une police hors-la-loi qui sévit en toute impunité contre les opposants avec des procédés de délinquants et en signant leurs forfaits.

  • Le vendredi 28 décembre vers 17 heures, la porte d’entrée du domicile de madame Gilda Khiari, militante pour les libertés de longue date et mère de Sadri Khiari, membre dirigeant de RAID (Rassemblement pour une alternative internationale de développement) a été défoncée, le battant et le chambranle brisés. Rien n’a été volé. Rappelons que Sadri Khiari, également membre fondateur du CNLT, est toujours interdit de quitter le territoire (et ne peut soutenir sa thèse de doctorat à Paris depuis avril 2001) sous prétexte qu’il serait sous le coup de poursuites judiciaires dont ni lui ni ses avocats n’ont pu prendre connaissance.
  • Le même vendredi 28, la villa de Fathi Chamkhi, président de RAID, est cambriolée à Soliman plage. La porte d’entrée ainsi que les portes intérieures de la villa ontété défoncées. Le fer forgé de la fenêtre du garage a été arraché. Tout le matériel de plomberie, le chauffe-bain, le matériel de l’installation électrique et plusieurs outils ont été emportés.
  • Le mercredi 26 décembre, Nizar Amami, membre du comité de coordination de RAID, a été sauvagement agressé et blessé en plein jour devant son domicile par trois individus qui ont pris la fuite à bord d’une voiture immédiatement après leur forfait.
  • Le vandalisme des voitures est devenu monnaie courante Le 20 décembre dans la soirée, la voiture de Saïda Zoghlami, sœur de Taoufik Ben Brik, a été saccagée devant son domicile. La tôle du toit, du capot, des portières de la voiture a été défoncée. Le rétroviseur gauche brisé. Le 26 novembre, la voiture de Ali Zedini, membre du comité directeur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) a été saccagée devant son domicile. Rappelons que la voiture de la femme de Taoufik Ben Brik a été saccagée le 23 novembre et celle de Sihem Bensedrine le 4 décembre 2001.
  • La surveillance policière s’est resserrée autour des défenseurs des droits humains et particulièrement contre l’avocate Radhia Nasraoui qui subit depuis le premier janvier une surveillance collante jusque dans le jardin d’enfants de sa fille. Depuis quelques jours, les mêmes barbouzes qui avaient agressé les chercheurs d’Amnesty International au mois de septembre dernier ne la quittent plus ; les différents services de police régulière (dont le chef du poste de la rue de Yougoslavie) qu’elle a essayé de solliciter ont refusé d’intervenir ou même de relever l’identité des barbouzes.

Des plaintes ont été déposées pour ces forfaits, mais il y a tout lieu de craindre qu’elles aient le même traitement que toutes les plaintes déposées par les représentants de la société civile durant toute l’année 2001, classées sans suite !

Le CNLT appelle encore une fois les autorités publiques à faire respecter l’état de droit et à sanctionner les agissements de cette police hors-la-loi.

Pour le Conseil,

La porte-parole

Sihem Bensedrine