Hamadi Jebali en danger

Tunis le 16 février 2003

Le CNLT alerte l’opinion publique sur l’aggravation de l’état de santé de monsieur Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr et dirigeant d’Ennahdha, en grève de la faim depuis plus d’un mois.Lors de la visite hebdomadaire, sa femme s’est présentée le 15 janvier à la prison du Nadhour, à Bizerte et l’a trouvé très affaibli, tenant à peine sur ses jambes.

Contrairement à son habitude, Il était entouré par de nombreux gardiens en présence du directeur de la prison, dans le parloir séparé par un double grillage, ce qui a rendu l’entretien avec la famille presque impossible. Lors de sa dernière visite, sa femme et ses enfants ont été soumis à une fouille corporelle illégale par l’administration pénitentiaire et à une surveillance rapprochée par la police politique.

Hamadi Jebali avait entamé une grève de la faim depuis le 13 janvier 2003 pour protester contre ses conditions de détention et exiger sa libération ainsi qu’une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques. Il souffre d’insuffisance cardiaque et cette grève risque d’avoir de graves répercussions sur sa santé. Il avait été transféré le 12 février, à l'hôpital Habib Bougafta, à Bizerte, mais remis le lendemain dans sa cellule malgré son affaiblissement et la détérioration patente de son état de santé par cette grève qui dure depuis plus d’un mois.

Rappelons que Hamadi Jebali est détenu depuis plusieurs années en isolement, en violation de la législation tunisienne et internationale qui prohibe l’isolement et l’assimile à un traitement cruel.
Emprisonné depuis 1990 pour un délit de presse, Hamadi Jebali a été condamné à 16 ans d’emprisonnement en 1992 par le tribunal militaire de Bab Saadoun, pour appartenance à une association non reconnue, dans un procès inique selon les rapports de toutes les ONG qui ont observé ce procès.
Hamadi Jebali a déjà purgé injustement une peine de plus de 12 ans de prison. Il est temps que son calvaire cesse.

Le CNLT appelle à ce que toute forme de persécution de sa famille cesse et exige la libération immédiate et inconditionnelle de Hamadi Jebali et fait assumer aux autorités publiques la responsabilité de toute conséquence malheureuse sur sa santé ou sa vie.

Pour le Conseil,

La porte-parole

Sihem Bensedrine