Communiqué

Tunis le 20 Avril 2002

Après l’attentat perpétré contre la synagogue de la Ghriba à Djerba le 11 avril courant, le CNLT s’associe à la douleur des familles des victimes auxquelles il présente ses sincères condoléances et condamne cet acte barbare contre un lieu de culte qui fait partie du patrimoine historique de la Tunisie. Il s’insurge aussi contre la lamentable gestion de ce douloureux événement par les autorités publiques tunisiennes tant sur le plan médiatique que sécuritaire.

En effet, celles-ci se sont entêtées, contre toute évidence, à présenter l’attentat durant plus d’une semaine comme un simple accident de la route. Et n’eu été l’insistance de la partie allemande qui a exigé une enquête sérieuse pour ses ressortissants victimes, la version de l’accident aurait continué à être servie aux citoyens tunisiens qui n’ont jamais droit à l’information.

De nombreuses interrogations continuent de peser sur le comportement irresponsable de la sécurité tunisienne qui s’est empressée de faire disparaître les traces de l’attentat, y compris les débris de l’épave.

Pour ceux qui connaissent le quadrillage policier de la Tunisie et la surveillance policière permanente des défenseurs des droits humains, de l’opposition et de tous les citoyens, on est en droit de s’interroger sur la réduction de l’effectif de surveillance de la Synagogue de la Ghriba à une dizaine de jours du pèlerinage.

En l’absence de toute version convaincante permettant de décoder cet attentat, nous sommes enclins à penser à deux hypothèses :

  • soit, il s’agit d’un attentat à la voiture piégée (qui ne pourrait être le fait d’un acteur isolé mais d’un réseau) dont le principal bénéficiaire est le gouvernement Sharon et ses alliés de l’administration américaine, qui continue de se livrer à une guerre de purification ethnique et d’extermination du peuple palestinien. Face à un isolement devenu aujourd’hui quasi-total au niveau des instances des Nations unies, du Parlement Européen, des ONG de droits humains dans le monde ainsi que de nombreux intellectuels du monde entier notamment ceux de confession juive, qui le désignent de plus en plus ouvertement comme un criminel de guerre, le gouvernement Sharon tente de présenter ses odieux massacres perpétrés contre le valeureux peuple palestinien, comme un acte d’autodéfense visant à assurer sa sécurité face à un monde arabe raciste et qui veut sa perte, dans une vaine tentative de s’attirer la sympathie des juifs du monde et notamment des juifs arabes.
  • soit, il s’agit d’un attentat « kamikaze » qui serait le fait d’un réseau terroriste. Cette hypothèse est un aveu d’échec de la politique éradicatrice de Ben Ali qui a longtemps servi de légitimationà une dérive sécuritaire dont le résultat a davantage été l’éradication de la démocratie et de la société civile tunisienne.

Ce dont nous sommes sûrs, c’est que les citoyens tunisiens sont innocents de cet attentat qui ne correspond pas à leurs traditions de tolérance et auquel ils n’ont aucun intérêt. Le prestige de la Tunisie et son économie ont été sérieusement mis à mal, le gouvernement Ben Ali doit quelques explications au peuple tunisien pour l’incompétence de sa police pléthorique et pour sa gestion catastrophique de ce douloureux événement.

Pour le Conseil,

La porte-parole

Sihem Bensedrine