Nouvelle agression contre le bâtonnier

Tunis le 25 janvier 2003

Le matin du 25 janvier courant, le bâtonnier Béchir Essid a découvert son cabinet saccagé. L’effraction a eu lieu sans que la porte d’entrée n’aie été forcée. Les tiroirs de son bureau étaient brisés, les dossiers de ses clients éparpillés sur le sol. Aucun objet de valeur n’a été volé.
C’est la seconde fois depuis son élection à la tête du barreau tunisien que maître Béchir Essid subit une telle violation de son cabinet, la première s’étant produite le 27 octobre 2001.

Ces procédés de délinquants sont signés par la police politique et en Tunisie, plus personne n’a de doutes sur les commanditaires de tels agissements illégaux. Durant l’année 2002, pas moins de douze avocats (dont le président de la LTDH, un député et des responsables de conseils de l’ordre régionaux) ont été la cible de ces « cambriolages politiques » qui ont pour fonction de fragiliser les avocats victimes en montrant à leurs clients que leurs bureaux ne sont pas fiables, puisque ces cabinets ne bénéficient pas d’immunité et leurs documents originaux ne sont pas en sécurité. Jamais les auteurs véritables de ces actes n’ont été retrouvés, jamais les plaintes déposées n’ont eu de suites.

Pour le Conseil de l’Ordre des avocats tunisiens, il s’agit là d’un message d’avertissement la veille de l’assemblée générale extraordinaire, convoquée pour le 26 janvier en signe de protestation contre les multiples agressions qui ont ciblé les avocats ces derniers temps et qui peut prendre des décisions importantes.

Rappelons que le barreau en tant que tel est la cible d’une persécution judiciaire. Une campagne est actuellement orchestrée contre le barreau par la cellule du parti au pouvoir qui a intenté un procès pour "excès de pouvoir" visant à rendre nulle la grève générale des avocats à laquelle avait appelé le Conseil de l'ordre le 7 février 2002 et qui avait été largement suivie par les avocats tunisiens. Les agents du pouvoir cherchent ainsi a briser l'autorité du barreau qui fait parallèlement l'objet d'une cabale dans la presse aux ordres l'accusant de faire le jeu de l'opposition!

Le CNLT qui s’inquiète de cette dérive sécuritaire, condamne avec la plus grande fermeté ces agissements criminels ciblés Il assure maître Essid et le Conseil de l’ordre des avocats de son entière solidarité et appelle la société civile à resserrer les rangs pour mieux faire respecter les libertés fondamentales.
Il rappelle à l’Etat tunisien son devoir de protéger les citoyens et d’assurer leur sécurité personnelle et celle de leurs biens. Il invite les autorités publiques à faire respecter le corps des avocats, à sanctionner les responsables de ces agissements illégaux et faire cesser ces dérapages susceptibles d’ouvrir la voie à une logique de violence incontrôlée.

Pour le Conseil,

La porte-parole

Sihem Bensedrine