La Vie d'artiste
(Léo Ferré)
(paroles de Léo Ferré et Francis Claude)


Je t'ai rencontrée par hasard, 
Ici, ailleurs ou autre part, 
Il se peut que tu t'en souviennes. 
Sans se connaître on s'est aimés, 
Et même si ce n'est pas vrai, 
Il faut croire à l'histoire ancienne. 
Je t'ai donné ce que j'avais 
De quoi chanter, de quoi rêver. 
Et tu croyais en ma bohème, 
Mais si tu pensais à vingt ans
Qu'on peut vivre de l'air du temps, 
Ton point de vue n'est plus le même.

Cette fameuse fin du mois 
Qui depuis qu'on est toi et moi, 
Nous revient sept fois par semaine 
Et nos soirées sans cinéma, 
Et mon succès qui ne vient pas, 
Et notre pitance incertaine. 
Tu vois je n'ai rien oublié 
Dans ce bilan triste à pleurer 
Qui constate notre faillite. 
" Il te reste encore de beaux jours 
Profites-en mon pauvre amour, 
Les belles années passent vite."

Et maintenant tu vas partir, 
Tous les deux nous allons vieillir 
Chacun pour soi, comme c'est triste. 
Tu peux remporter le phono, 
Moi je conserve le piano, 
Je continue ma vie d'artiste. 
Plus tard sans trop savoir pourquoi 
Un étranger, un maladroit, 
Lisant mon nom sur une affiche 
Te parlera de mes succès, 
Mais un peu triste toi qui sais 
" Tu lui diras que je m'en fiche... 
		que je m'en fiche..."


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