Geneviève Jeanson |
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5 octobre 1999
MARTIN SMITH
La jeune Québécoise de 18 ans s'est illustrée dès la première journée du championnat du monde junior qui se déroule en Vénétie. Elle a devancé sa plus proche rivale, la Française Juliette Vandekerckhove, par onze secondes au contre-la-montre individuel.
Dans les annales du cyclisme canadien, seules Tanya Dubnicoff en piste (1993), puis Alison Sydor en vélo de montagne (1994, 1995 et 1996) sont parvenues à s'emparer d'un titre mondial. Sur route, Steve Bauer est passé très près avec une médaille d'argent au championnat du monde de 1988, mais la consécration suprême lui a toujours échappé.
«Je le voulais tellement...»
Tout juste de retour d'un souper avec ses parents, Jeanson a raconté que rien n'aurait pu l'arrêter sur le parcours très technique de 11,1 km dans les rues de Trévise.
« Je le voulais tellement ce titre, je savais que ce serait ma journée. J'étais très nerveuse en matinée, mais dès que la course est partie, tout a disparu car j'ai senti que ma préparation était parfaitement à point. »
Sans être tout à fait prévisible, la médaille d'or de Jeanson ne relève pas de la surprise totale.
La jeune cycliste de Lachine a tout de même remporté une médaille de bronze dans cette même épreuve lors du championnat du monde de 1998. Cependant, comme elle le fait remarquer, « il y a une marge entre le dire et le faire. »
Merci aux Américains
Pour mettre toutes les chances de son côté, Jeanson est arrivée en Italie dès le 19 septembre en compagnie de son entraîneur, le Montréalais André Aubut. Un « petit luxe » qu'elle a pu se payer grâce aux Américains...
« J'ai établi un record de la montée du mont Washington cet été, a-t-elle expliqué. Les organisateurs de la course remettent une Audi à ceux qui améliorent la marque, mais comme je n'ai pas de permis de conduire, j'ai pris la bourse de 30 000 US$ avec laquelle j'ai pu nous payer le voyage en Italie. »
Aubut et elle ont donc pu scruter le parcours à la loupe, déterminer les lignes idéales pour les onze virages du circuit et ainsi lui permettre de grignoter les secondes qui ont fait la différence à l'arrivée.
Jeanson a maintenu une vitesse moyenne de 46 km/h, une performance impressionnante.
« J'ai la gorge encore tout irritée, a-t-elle raconté. Les chats dans la gorge, c'est un signe qui ne trompe pas, ça veut dire que j'y suis allée à bloc! »
Pour trouver une autre non-Européenne dans le classement de l'épreuve, il faut descendre au 14e rang occupé par l'Australienne Fiona Dwyer. On peut s'attendre à ce que les Françaises, les Italiennes, les Allemandes et autres Européennes veuillent laver l'affront en se liguant contre Jeanson lors de l'épreuve en ligne de vendredi.
«Après le mont Washington, j'ai gagné la classique de Killington, (au Vermont) alors que j'ai dû me défendre sans l'aide d'équipières contre les filles des équipes Timex et Saturn, a-t-elle raconté. EIles lançaient des attaques sans arrêt en ne me laissant aucune minute de repos.
« Si j'ai été capable de résister à des femmes professionnelles, je devrais pour voir répéter le scénario contre des juniors amateurs. »
Geneviève Jeanson pourrait donc porter un autre grand coup dans trois jours. Mais, comme elle le répète avant de mettre fin à la conversation, « le dire et le faire, c'est deux choses ... »
Dans la lignée des grandes canadiennes
Pierre Hutsebaut, directeur général de l'Association cycliste canadienne, a été témoin de l'exploit de Jeanson puisqu'il se trouve actuellement en Italie.
«J'ai beaucoup d'admiration pour ce qu'elle vient de faire car elle marque l'histoire de notre sport au Canada, dit-il. Elle poursuit ainsi la tradition voilant que chez nous, ce soient les femmes qui poussent le cyclisme vers le haut.
Louis Barbeau, son homologue à la fédération québécoise, ne tarit pas d'éloges sur la nouvelle championne du monde junior.
«C'est un résultat extraordinaire, mais ce n'est pas de la chance, a-t-il souligné. On ne voit pas souvent des athlètes douées comme Geneviève. Non seulement sur le plan physique, mais aussi, et surtout, à cause de sa très grande discipline et d'une maturité hors du commun pour une fille de son âge. »
Geneviève Jeanson a su faire les sacrifices nécessaires pour s'imposer au niveau international tout en poursuivant ses études en sciences administratives au cégep André-Laurendeau.
« Ça promet pour le cyclisme québécois, a poursuivi Barbeau. Avec Lyne Bessette qui s'est illustrée toute la saison, avec Annie Gariépy qui revient en très grande forme et avec Geneviève qui passe chez les seniors l'an prochain, on a des chances de retrouver deux filles du Québec aux Jeux olympiques de Sydney ! »
du contre-la-montre du 4 octobre 99
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