VÉLOPTIMUM
Geneviève Jeanson
la course sur route du 8 octobre


la victoire de Geneviève fait la "une" du Journal de Montréal

Deuxième médaille d'or aux championnats mondiaux juniors de cyclisme sur route

"Je ne le réalise pas encore !"

- Geneviève Jeanson

Geneviève Jeanson ne fait pas les choses à moitié. Après avoir marqué les annales du cyclisme canadien lundi en remportant un premier titre mondial sur route lors du contre-la-montre, elle a ajouté hier un titre de championne du monde junior de l'épreuve en ligne, à Vérone.

Martin Smith

" Quand je pensais à cette éventualité, j'imaginais que j'allais capoter en passant la ligne d'arrivée ! a-t-elle déclaré en soirée lors d'une conversation téléphonique depuis son hôtel de Vicenza. Ça peut paraître étrange, mais le sentiment qui a dominé tous les autres, une fois que la victoire a été dans la poche, c'est celui d'avoir livré la marchandise. »

Pour les émotions exagérées, on repassera, car Geneviève Jeanson ne loge pas à cette enseigne.

« C'est sûr que je suis fière, que ça me fait plaisir, mais je ne veux pas accorder trop d'importance à cet exploit, a-t-elle soutenu. Je ne veux pas vivre toute ma vie là-dessus. »

Ses deux titres de championne vont lui ouvrir des portes, celles d'une équipe professionnelle et de commanditaires, entre autres. Toutefois, la jeune femme de 18 ans à peine admet que sa retenue s'explique aussi autrement.

« J'ai reçu un tas d'appels du Québec, a-t-elle révélé. Je sais que c'est gros, mais je ne le réalise pas encore. Moi, Geneviève Jeanson, une petite Bobinette, comme dit mon père, double championne du monde... ça ne me rentre pas encore dans la tête. »

Bessette, la plus toffe
Sa lutte de tous les instants contre l'Allemands Trixi Worrack (voir autre texte) a été éprouvante « surtout à cause de l'enjeu en bout de ligne, a-t-elle souligné, mais ce n'est pas la course la plus dure que j'aie faite puisque j'ai couru contre une rivale bien plus toffe qui s'appelle... Lyne Bessette».

L'été prochain, à l'occasion des courses canadiennes de sélection olympique, Jeanson retrouvera Bessette en plus d'Annie Gariépy, de Clara Hughes et de toutes les autres seniors qui rivaliseront pour les places disponibles dans l'équipe canadienne des Jeux de Sydney.

Cependant, Jeanson a d'autres chats à fouetter avant cette échéance olympique, plus précisément ses études au cégep André-Laurendeau.

« Je reviens à à Montréal lundi et, dès le lendemain, mes cours de maths m'attenent, a-t-elle indiqué. J'ai beaucoup de retard à rattraper.

« Heureusement, j'ai des bons profs...»

Lutte sans merci avec l'allemande Trixi Worrack

Comme voir deux Mike Tyson dans le même ring ! "
- son entraîneur André Aubut

"Geneviève et Trixi Worrack sont des tigresses : leur lutte dans les rues de Vérone, c'était comme voir deux Mike Tyson dans le même ring !", a affirmé hier André Aubut, l'entraîneur de la jeune cycliste de Lachine.

Martin Smith

Le Montréalais exultait à l'autre bout de la ligne. « Geneviève a suivi le plan à la perfection, a-t-il expliqué. Dès le signal du départ, elle a foncé pour arriver en tête à la montée distante d'environ quatre kilomètres. La stratégie consistait à faire sauter toutes les rivales dès la première ascension. »

Arrivée en haut, Jeanson a vu que la tactique avait fonctionné à merveille... à une exception près. L'Allemande Warrack, qu'elle avait dépossédée de son titre mondial junior du contre-la-montre quatre jours plus tôt, était parvenue à s'accrocher.

« Elles ont roulé ensemble pendant les trois premiers tours, une bonne minute et demie devant le peloton, a poursuivi Aubut. Quand est venu le moment de grimper pour la dernière des quatre boucles, j'étais posté au pied de la grande côte et j'ai lancé à Geneviève : pousse à fond ! C'est dix minutes de ta vie à souffrir, mais c'est là que tu peux l'avoir! »

Rendue au sommet, Jeanson possédait vingt secondes d'avance sur Worrack. Le duel n'était pas encore, réglké car « l'Allemande a fait beaucoup de piste et est plus agile sur son vélo », a souligné Aubut,

Au bas de la longue descente, à quatre kilomètres de la fin, l'écart avait diminué de moitié.

« Ça n'a pas été facile jusqu'aux 100 derniers mètres, mais Geneviève a tenu le coup de façon magistrale », a dit Aubut.

Son chrono final de 1 heure 47 minutes 16 secondes, pour une course de 65 kilomètres, représente une vitesse moyenne de 36,4 km/h.

Jeanson a franchi la ligne d'arrivée, tout près de la célèbre arène de Vérone, avec une mince avance de huit secondes sur Worrack, qui avait décroché la médaille de bronze au contre-la-montre lundi.

« En fait, l'écart aurait dû être de 10 à 12 secondes, mais Geneviève a levé les bras pour marquer sa victoire alors qu'il restait encore quelques dizaines de mètres à parcourir», a souligné son entraîneur.

Aubut connaît parfaitement le potentiel de sa jeune protégée, mais réalise que son talent laisse pantois bien des gens et encore plus ses rivales.

« Nous sommes venus dans la région en février pour l'entraînement et nous sommes devenus amis avec Giuseppe Ceccheto, un cycliste de compétition dans la fin de la vingtaine, a souligné Aubut. Il nous a aidés à trouver des sites d'entraînement et a participé quelques fois à des séances d'intensité. Il regardait aller Geneviève et n'en revenait pas. Un jour, il a dit: C'est incroyable, elle est capable de grimper plus vite qu'un écureuil dans un arbre!»

Comme un écureuil qui se prépare à hiberner, Geneviève Jeanson rentrera au Québec lundi avec de belles et riches provisions : deux médailles d'or du championnat du monde de cyclisme sur route !


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Cette page du site www de Geneviève Jeanson (une section de VÉLOPTIMUM), a été mise à jour le
9 octobre 1999 par